Fin de vacances à Essaouira – Marrakech, Guéliz

PLAGES DE L’ATLANTIQUE- MONTAGNE DE L’ANTI-ATLAS

Retour des pêcheur dans le port d’Essaouira

La fin des vacances approche, enregistrement du Vol Royal Air Maroc en ligne de mon téléphone. Il faut surtout confirmer la demande d’assistance à l’aéroport pour Dominique. Une boîte vocale en arabe annonce quelque chose qui doit dire qu’il faut rappeler ultérieurement. Puis après tous ces essais c’est Maroc Telecom qui m’informe que je n’ai plus de crédit ! j’ai épuisé les 20€ payés il y a trois semaines à l’aéroport.

Très facile de recréditer : n’importe quel magasin édite un code de 14 chiffres pour n’importe quelle somme même minime comme 20 dirhams (2€) On compose 555 et on rentre ce code.

Pour l’assistance de Dominique, Philippe connait un responsable à Royal Air Maroc qui fera la demande. Dans l’après-midi, la compagnie m’appelle pour s’excuser du désagrément du bogue.

Au port d’Essaouira, le retour de la pêche est un spectacle. Il y a un monde fou sur le quai où les pêcheurs débarquent les cagettes de poisson. Un très grand filet pourpre est étalé par terre. Près de la porte Bab el Marsa  un véritable marché se tient (différent de la criée réservée aux professionnels). Très pittoresque avec toutes sortes de poissons : sardines, bien sûr, amis aussi petits requins, raies, sabres, bonites, crustacés…

N°5 notre restaurant de sardines

Dans la médina, je cherche des ponces en poterie. C’est plus amusant d’avoir un but. Mais où les trouver, pas avec les poteries vernissées de Safi ou Tamgroute proposées aux touristes. Je trouve dans une boutique qui vend des savons, savons noirs et des poudres d’argile pour le Hammam. Il a fallu que je demande, elles étaient cachées dans un panier.
Je veux aussi offrir un bracelet à Dominique : j’ai trouvé un très simple, mince, juste ciselé discrètement. Pas de prix, pas de marchandage non plus, le bijoutier jette le bracelet sur la balance et annonce 520 dirhams, le poids de l’argent. Je ne m’attendais pas à cette somme que je n’ai pas en espèces.

Nous avions prévu de manger des sardines sur le port. Dès le parking, le placier nous reconnaît. Il nous trouve une place juste derrière le restaurant n°5. Le patron se souvient de l’assiette de sardines que nous avons mangée dans la voiture sur le carton ondulé. Cette fois-ci, nous nous installons sur une belle table bleue à l’avant du petit chalet. Nous choisissons des petites soles et des crevettes, cadeau du patron 2 sardines. C’est servi avec de la salade marocaine (tomate poivron oignons). C’est amusant de voir passer les touristes que les serveurs des différents restaurant essaient d’attirer avec de gros homard. Amusant aussi le manège des mouettes et des chats. Un gros chat jaune perché sur l’auvent élit Dominique et la persécute bien qu’elle ne manifeste aucune volonté à lui céder du poisson et qu’elle le chasse sans aucun résultat. Heureusement, un gamin de 3 ou 4 ans parlant une langue slave, lui jette un peu de son assiette et nous délivre du matou.

Je recommence ma marche sur la plage, au moins deux heures pieds dans l’eau.

De retour à Dar D’Art, Philippe veut prendre sa revanche au flipper mais je préfère profiter des derniers rayons du soleil près de la piscine. Pour diner briouates au fromage, à la viande et aux aubergines puis un tagine de poisson, loup et dorade cuits avec des tomates fraîches, poivrons et citron confit. Crème caramel.

– dernier jour à Essaouira, route vers Marrakech

Pour arriver à Marrakech 176 km et un peu plus de trois heures de route. Nous disposons donc encore d’une belle journée de plage. Détour par Diabat, haut lieu des hippies autrefois. C’est un golf Sofitel. Les golfs me mettent en colère dans les pays souffrant de sècheresse. A plage de Diabat, c’est m’extrémité de celle d’Essaouira où je me suis déjà promenée.Sardines grillées au N°5 .

Juste après prenons la route. On nous avait prévenues, il faut respecter les limites de vitesse ! sur une portion à 100 km/ h un car veut faire la course et colle au coffre de la Citroën en nous poussant. On aurait été mieux inspirées de la laisser doubler. Au premier barrage, PV pour excès de vitesse : 150 DH à payer sur l’heure, reçu fourni écrit manuscritement avec lenteur mais sans application.

L’hôtel Palais Al Baja est très bien situé au Guéliz dans une rue tranquille : parking juste devant l’entrée . C’est un beau bâtiment rose, élégant mais un peu décati. La terrasse est en rénovation, le restaurant est plutôt une cafétéria sans charme. L’accueil est gentil et efficace, il y a bien un ascenseur. Chambre standard, pas très palace, plutôt 2* pour la taille. En revanche le petit déjeuner est offert : à emporter à 4h30 du matin, dans un sac en papier kraft. Un quart d’heure suffira pour rejoindre l’aéroport en passant à côté de La Menara.

Marrakech ThéâtreRoyal

En attendant la nuit, je fais un tour dans le quartier du Guéliz, très agréable, découvre le Théâtre Royal, inauguré en 2001, œuvre d’un architecte tunisien. La Gare a aussi très belle allure. J’aurais bien prolongé la promenade mais la nuit tombe et pour nous elle sera courte : réveil à heures pour être à  l’aéroport.

 

 

Marrakech Guéliz

 

 

Retour à Essaouira – Dar D’Art

PLAGES DE L’ATLANTIQUE -MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS

Sans passer par Taroudant ni la 2×2 voies, route d’Agadir, nous trouvons une route tranquille entre serres et villages. Ecoliers et collégiens vont à l’école à vélo.La rocade d’Agadir nous permet de mesurer l’importance économique de la ville : extension du port et les futures zones logistiques pour l’expédition des fruits et légumes du Souss-Massa, l’Université (faculté des Sciences et de Médecine privée) . Avec les chantiers sur la rocade, il nous faut trois quarts d’heure pour contourner Agadir que nous avions traversée rapidement en passant par les quartiers chics.

A la sortie d’Agadir, des plages. Nous faisons une belle pause à la seconde sur une plage immense que je parcours pieds nus, comme à mon habitude. Des bungalows, des restaurants, quelques lits et parasols (très peu). En revanche les surfeurs sont très nombreux. Ils s’échauffent sur le sable avant d’aller dans les vagues.

Nous retrouvons avec plaisir la route côtière et ses belles vues sur l’océan. Au Cap Rhi le phare et les cabanes construites de bâches en plastique, si petites qu’il nous avait semblé impensable que des humains les occupent. Elles sont pourtant bien habitées. Des femmes cuisinent sur leur kanoun de terre rouge. Des hommes brandissent des sacs en plastique avec quelques dattes ou amandes ?

Après Tamri et ses bananeraies la route monte dans les montagnes.  Le long de la Nationale1, des étals de miel, d’Amelou, d’huile d’argan ou olive, sont abrités sous des parasols. Nous descendons et traversons le gros bourg commerçant de Smimou. 3 km plus loin, sur la gauche nous prenons la petite route côtière P2222 qui nous conduira en corniche à Sidi Kaouki. A côté du panneau « Cascade » des voitures de touristes sont garées et des familles descendent vers la mer. Nous nous arrêtons aussi pour voir cette étonnante « cascade » dans un environnement aussi sec. Pas de ruisseau, ni source, ni cascade en vue, mais une plage en contre-bas. Philippe, du Riad Dar D’Art, recommandera à d’autres touristes cette plage complètement sauvage. Je regrette maintenant de ne pas avoir suivi ces familles. Puisque je suis descendue de voiture, je fais un bout de chemin sur la P2222, très calme entre les arganiers, avec vue sur mer au loin. Promenade très calme et très agréable. Des dromadaires broutent dans les arganiers, ce sont sans doute ceux qui transportent les touristes sur la plage de Sidi Kaouki.

Dar d’Art, 

En fin d’après midi, nous découvrons notre nouvelle maison d’hôte : Dar d’Art, à l’écart de la grande route dans les arganiers et les oliviers. Dès l’entrée, nous comprenons l’appellation Dar D’Art : le patio est encombré d’innombrables sculptures africaines traditionnelles, de sculptures contemporaines hétéroclites et souvent fantaisistes, sièges de coiffeur en skaï orange, mannequin peint aux couleurs vives. Il faut ruser en portant les valises pour ne pas les renverser. Notre chambre est aussi abondamment décorée de tableaux colorés. Il y a tant d’œuvres d’art qu’on ne déballera pas les valises. Elle est très gaie dans les teintes orange des murs au plafond, couvre-lit rouge. Une étrange table basse verre et métal porte trois plateaux qui pivotent mais ne sont pas forcément horizontaux. Attention au plateau du thé d’accueil qui pourrait bien glisser ! Lampadaires modernes, bibliothèques garnies. On hésite entre galerie d’art ou débarras.

Le maître de maison est chaleureux et original comme le lieu. Impossible de s’ennuyer dans une maison pareille. Il y a tant à regarder. Il y a aussi un flipper de bar, qui fonctionne. Philippe, notre hôte, vient nous solliciter pour une partie que je décline (je suis lente et maladroite, la boule disparait à ma grande frustration). Dominique, au contraire gagne trois parties de suite, la revanche sera pour demain.

 

Il y a une très belle piscine en L qui me tente. Glaciale, je ne ferai qu’un court aller-retour sur le petit côté du L, frigorifiée. Elle est dans un jardin d’oliviers, accompagnée de beaux palmiers. En face, le bâtiment d’un étage, en U s’ouvre sur une cour pavée où sont disposées chaises longues, tables et bancs tous vintage. La maison crépie de beige est peinte de motifs africains (lion, éléphant). Un endroit original !

Le dîner est servi dans l’aile qui fait face à notre chambre, où se trouve la cuisine, quelques tables et un coin-salon en creux autour d’une cheminée où brûle un beau feu. Philippe, notre hôte et des clients mangent autour du feu. Dîner en musique : Debussy. Au menu, aubergines grillées à la chair ferme aromatisée avec de l’ail et de la tomate, un tagine de bœuf aux abricots, pruneaux et amandes, un délice. Salade de fruit. Souad est une fine cuisinière.

la Palmeraie de Tioute

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Casbah de Tiout

38 km du gîte, au pied des contreforts de l’Anti-Atlas.

Après avoir quitté la route Agadir-Ouarzazate,  la route P109 traverse une plaine déserte puis une zone caillouteuse petite route vers Tioute  5km .

Le gros village masque la palmeraie. Les touristes sont attendus. Au premier croisement, un homme vêtu de l’habit bleu des hommes du désert qui semble être l’uniforme des guides touristique, s’approche. Son insistance nous déplait. Je n’ai pas envie d’un guide, j’ai juste envie d’être tranquille. J’aime le calme des jardins de la palmeraie ; D’un autre côté, les petits jardins et les champs appartiennent à un propriétaire et c’est délicat de se promener chez des particuliers sans leur être présentée. S’il faut marcher sur les petites levées entre les cultures un guide est nécessaire.

Au village suivant (il y en a 7) un homme sur une mobylette nous indique la direction de la Casbah. Il ne fait pas que nous l’indiquer, il nous accompagne jusqu’au sommet de la colline au parking d’n énorme restaurant en ciment. Il ne reste qu’à négocier le prix ; « ce que vous voulez » est très agaçant. Je fixe 200 dirhams pour au moins 2 heures de promenade.

Tiout palmeraie casbah

Je suis donc le guide au pas de course dans la casbah authentique mais bien ruinée. On ne voit plus rien de sa splendeur ; on devine des citernes, une tour de guet. Pas grand-chose si ce n’est une belle ruine dans le paysage. Au pied de la colline des parkings sont aménagés près d’un bassin stockant l’eau d’irrigation. On peut s’y baigner à la chaude saison. La palmeraie est très touristique : on passe par un restaurant sous une tonnelle de bignone rose. L’eau fraîche coule dans de petis canaux. Plus loin un restaurant de plein air, des coussins alignés pour de grandes réunions.

Des murets de pierre, des allées dallées offrent une promenade facile et confortable d’une terrasse à une autre. Un moulin à eau est encore en état de moudre de la farine. Plus loin, il y en a deux autres mais plus ou moins ruinés. Des bougainvillées fleurissent un autre établissement.

Tiout aiguillage de seguias

Des familles marocaines portent des sacs de victuailles et des couvertures pour le pique-nique. Tourisme local du Jour de l’an férié aussi au Maroc. Cette palmeraie est aménagée, je n’avais vraiment pas besoin d’un guide. Ce dernier justifie sa présence en donnant des explications : ici, les gens vivent 50% de l’agriculture, 50% du tourisme, il faut bien que le village vive !  Mohamed fait des efforts pour m’être agréable. il tresse pour moi une feuille de palmier en étoile. Il me montre l’aristoloche avec sa feuille en forme de cœur et ses fleurs en cornet très creux. Dans son verger, il me cueille trois citrons petits mais doux, ce n‘est pas une exagération, il ne sont pas du tout acide et on pourra les déguster à la petite cuiller. Trois récoltes par an pour l’orge, deux pour la luzerne. Ils élèvent des vaches à l’étable. Le labour est fait avec des fait avec des bœufs. C’est un plaisir de voir une palmeraie si bien tenue.

Aristoloche

La promenade n’a duré que 1h45, j’ai donné les 200dh convenus mais pas plus puisque le contrat de 2 heures n’a pas été respecté.

Nous pique-niquons dans un verger d’arganier. Mohamed m’a assuré qu’ils ne sont pas morts et qu’à la prochaine pluie ils « reverdureraient »

A 15h15, nous sommes au pied des remparts de Taroudant. Plus le temps d’en faire le tour (8 km/2h) mais je peux en faire une partie en choisissant un tronçon ancien (Saadiens). J’entre dans la médina par la Porte de la Kasbah qui fait une encoche dans le tracé de l’enceinte pentagonal avec des décrochements. J’arrive dans un quartier tranquille de rues désertes ; je ne prolonge pas trop la promenade de peur de me perdre.

Taroudant – Souk du Dimanche – place Assaragh

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Les remparts de Taroudant

Dimanche : jour du Souk à Taroudant qui se tient à l’extérieur des remparts de l’autre côté de l’Oued. On vend tout ce qu’on peut imaginer : des vêtements, fripes mélangées, des épices, des dattes, des graines, des légumes frais en vrac ou bien disposés en bottes d’oignons ou en  tas de carottes, des animaux vivants, poussins tassés dans des enclos en carton ondulé, chevreaux attachés ensemble par deux ou par trois, moutons debout ou couchés pattes liées(mauvais présage), un âne à l’arrière d’un pick up…Et un vacarme ! Certains vendeurs nous assourdissent, une sono installée dans la camionnette.

Souk bottes d’oignons

Tout autour des centaines de vélos. Ils ne sont pas à vendre, ils sont cadenassés. C’est le parking ! Très peu de voitures. Le long de la route de Tamaloukt cela continue. On a étalé tout un fourbi : outils de jardinage neufs, vieilles serrures, filets de toute maille et de toute couleurs. Nous aurions besoin d’une sangle pour la valise ; il y en a tant qu’on veut sauf que ce sont des sangles pour le chargement des ânes. Les vendeurs des rues sont venus avec leurs charrettes à bras chez les « grossistes ». On se cogne, on se pousse, au milieu des allées « Balek ! »

Souk épices

 

nous faisons une incursion dans la Médina en voiture jusqu’à la place Assaragh. Le GPS nous y conduit. Mais le parcours en labyrinthe est stressant. Il y a, certes, des voitures, mais aussi des carrioles tirées par des ânes, des calèches et des chevaux, des vélos et mobylettes, des portefaix, des charrettes à bras couvertes d’oranges ou d’oignons ? Sur les trottoirs des marchandises sont étalées si bien que les piétons marchent tranquillement sur la chaussée déjà bien encombrée. Le GPS claironne « à gauche à 150 m » « à droite à 20 m » on ne voit même pas de rue, cauchemardesque. Et pourtant un vaste parking est prévu, très bien organisé : placiers en gilets jaunes, consignes pour les vélos et colis, même des toilettes. Payant mais très raisonnable.

Taroudant les calèches place Asseragn

La place Asseragh est un vaste rectangle. En son centre des arbres touffus donnent de l’ombre sur les bancs très occupés. Assis par terre, des musiciens. Sur les deux grands côtés, les terrasses des cafés et des restaurants. Les petits côtés sont occupés par des boutiques et des banques. A l’ombre les cafés sont bondés. Au soleil personne. Public masculin exclusivement, pas une femme. Sur els ardoises les menus sont écrits en français, pour les touristes, je suppose. Les calèches tournent.

Pour le Réveillon de la Saint Sylvestre Claude et Isabelle ont invité des musiciens. Au dîner, tous sont conviés, les clients(nous), les amis de nos hôtes, le personnel au grand complet avec leurs enfants. Tous à la même table. En face au fond, un buffet. Près de l’entrée des coussins, pour les musiciens. Il reste même de la place pour une piste de danse.

A l’apéritif, champagne, foie gras et pizzas coupées en petits carrés. Verrines de mousse d’avocat, mousse de betterave -une découverte – avec du citron vert et des feuilles de menthe, c’est à la fois acide, sucré parfumé et très joli, verrine d’aubergine grillées.

Les musiciens arrivent, djellabas jaunes brodées, calots assortis. Ils devaient être quatre, ils arrivent à huit. Première prestation sans instruments, seulement voix, frappant des mains et des pieds. Ils dansent en ligne et nous invitent à participer. Je me lève et me ravise, c’est un peu incongru, ces hommes dansent entre eux (et très bien) je ne me sens pas à ma place. D’ailleurs, les autres femmes resteront assises alors qu’hommes et enfants se défoulent.

Dîner : autre buffet poulet grillé, la harissa est dans des demi-citrons verts, briouates minuscules, seffa : vermicelle sucré-salé décoré de cannelle et d’amandes . Petites pastillas rondes individuelles, le poulet aux amandes est emballé dans des feuilles de brik très fines, légères délicieuses.

Je  n’ai vraiment plus faim, j’ai négligé les lentilles alors que j’adore cela et je laisse les tartelettes très appétissantes pour terminer par la mousse au citron rafraîchissante.

Entre chaque service les musiciens mangent entre eux.

Réveillon : gnaouas

Ils reviennent avec leurs instruments. L’un d’eux accompagne le repas avec son oud. Puis els autres arrivent avec des crotales qui suppléent aux applaudissements. Un guembri est même électrifié : c’est un instrument à corde avec une caisse de résonnance rectangulaire. Plusieurs tambours. Musique et danse, au début? nous ne prêtons aucune attention aux paroles. Nous appelons Brahim 10 ans le fils d’Abdou pour traduire. « C’est du français ! » Ce Labalaba répété comme une incantation c’est tout simplement « là-bas ».

Ils dansent, le sol vibre, nos chaises aussi. Ils grimacent s’amusent. Tous se prêtent volontiers à leurs jeux très bon enfant. A propos d’enfants, le petit de 5 ans fait une démonstration de danse très amusante puis se prend au sérieux, joue sérieusement à la vedette, il devient suffisant et prétentieux.

Quel beau Réveillon ! Claude et Isabelle ont vraiment bien fait les choses. Tout a été parfait.

 

 

 

Taroudant : Vallée des Cédrats

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Vallée des Cédrats

Nous nous laissons guider jusqu’à la route d’Agadir, une 2×2 voies, presque une autoroute.  Selon le GPS nous devrions trouver la P1714, introuvable. Même les policiers qui tiennent le barrage à la sortie de la ville ne la connaissent pas.

6.3 km de la sortie de Taroudant sur la gauche dans un village à travers  une plaine presque vide, très poussiéreuse, très sèche parcourue par un oued invisible. Des cultures entourées de bâches : contre le vent ? la poussière ? le sable s’accumule à la base du tissu. A l’intérieur de ces enclos, des vergers, oliveraies, orangeraies.

Vallée des Cédrats charbonniers

La plaine fume, des cônes aplatis sont brûlés par des charbonniers. Ils préparent des tas de bois. Cette quantité de bois mort m’attriste : ce sont les arbres morts de la sécheresse.

Des bâtiments carrés très bas, en pisé, sont dispersés dans la plaine. les champs autour sont bien poussiéreux, abandonnés depuis longtemps. Les fermes sont vides.

Une curieuse montagne est surmontée d’un cube évidée par une carrière, sur les flancs traînent des blocs inutilisables.

Vallée des Cédrats : vu du col, les gorges

A Assads, une route grimpe dans la montagne au-dessus d’un ravin impressionnant. Où mène-t- elle ? Toute neuve, Googlemaps ne la connaît pas .  En haut, elle s’arrête net et devient une mauvaise piste. Deux mobylettes descendent à notre rencontre, venant  de Toufelaazet – nous y sommes passées en venant de Tafraout sur la P1723 . Au col la vue est saisissante sur des gorges étroites, des montagnes très resserrées. Est-ce cela la Vallée des Cédrats ? De cédrats je ne vois rien du tout, seulement quelques arganiers. Les cédrats sont des espèces de citrons à peau très épaisse et à forme bizarre qui poussent sur des citronniers (on en a vu au Cap Corse) Rien ici qui évoque des agrumes.

Vue de la route : le village de Tamguimsift ,

Je descends à pied cette route, découvre les villages blottis dans la vallée avec leurs petites mosquées roses et blanches, leurs imposantes kasbahs aux tours crénelées, les maisons de terre. Une piste les relie à Assads , au bout le dernier village est Tamguinsift. Côté montagne, un agadir coiffe un piton inaccessible. Imprenable, mais comment les villageois y apportaient-ils leurs richesses ? Il a au moins trois étages, peut-être quatre. La descente est une promenade très agréable et facile. La montagne est si haute que la route est dans l’ombre même à midi. Au village d’Assads, nous empruntons la piste qui conduit au fond de la vallée. Arrêt pique-nique près de la kasbah, haut édifice aux murs de pisé et aux quatre tours crénelées carrées plutôt trois parce que la quatrième s’écroule. Le portail est fermé, visite impossible mais de belles portes à admirer.

Un kilomètre plus loin, la piste est encore carrossable Dominique me rejoint avec la voiture. Petite mosquée rose, murs des maisons blancs. A la base ils sont enduits de ce bleu répandu au Maroc et jusqu’en Egypte réputé faisant fuir les insectes. Pratiquement pas de parpaing. Silence, jusqu’à l’appel du muezzin.

Assads mosquée et kasbah

La piste continue jusqu’à Tamguinsift. J’avais remarqué une installation de panneaux solaires sur le toit d’un bâtiment rouge sang. C’est le poste de traitement des eaux. Une porte a un écriteau : « station de pompage », une autre « javellisation ». A l’entrée un grand panneau aux couleurs Amazigh souhaite la bienvenue. Le village est tout en pisé, très beau. Plus loin, des bergeries contre la falaise, les murs coiffés de fagots épineux. A la sortie du village, la piste devient sentier. C’est sans doute le chemin du « Parc » indiqué par GoogleMaps ; peut-être nous y trouverions-nous les fameux cédrats ? Seule, je n’ose pas continuer.

Promenade à Afensou – Haut Atlas

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Haut Atlas : sous les maisons de terre blanches les baches cachent les abris des sinistrés du séisme

Claude a téléphoné à Tami, le guide qui travaille avec les clients des Trois Paons, et a conclu pour 800 dh une promenade de la journée dans le Haut Atlas.

10h30, nous quittons Les Trois Paons par l’allée couverte de bambous formant un tunnel le long des murs de la Gazelle d’Or – hôtel prestigieux où Chirac, Catherine Deneuve et d’autres étaient des habitués. Nous contournons Taroudant par ses remparts : les plus anciens datent des Saadiens (vers 1515) protégeaient la citadelle des armées espagnoles et portugaises. L’enceinte complète comporte 19 bastions et 130 tours. Certaines parties ont été restaurées récemment (subventions françaises Chirac) . le récent séisme de septembre 2023 a fragilisé la muraille et on a édifié des échafaudages.

Nous reprenons la grande avenue bordée de palmiers et d’immeubles récents, passant devant le Centre Culturel et l’Université, quartier destiné aux Roudanis plutôt favorisés et aux fonctionnaires qui ont un salaire fixe. La route de Tamaloukt file plein nord le long des vergers de Domaines (royaux), puis d’une mine de phosphate exploitée par des Espagnols, on voit des camions et de la poussière blanche.

Au village de Tamaloukt nous constatons les destructions du séisme : une maison en béton a glissé de ses fondations.

La route monte ensuite en lacets vers le Barrage Sidi Abdellah dont le remplissage récent n’est pas terminé.

Les couleurs du Haut Atlas sont extraordinaires : les couches se succèdent en passant du rouge à l’ocre puis au blanc et au rose. A l’horizon, les crêtes sont bleues ou grises. De petits arganiers plutôt de la taille d’un buisson sont verts tandis que les grands arbres sont morts. La sécheresse est très préoccupante. Tami ne minimise pas la tragédie pour les paysans. Que deviendront-ils sans leurs olives et leurs arganiers ?

Nous avons pris de l’altitude et dans le creux de la vallée je découvre une palmeraie. Sous les hauts palmiers, les petits champs de luzerne ou d’orge sont vert vif. Miracle de l’eau et des oasis !

La route a aussi beaucoup souffert du séisme et du passage des camions. Par endroits, le goudron a disparu. La piste poussiéreuse est constellée de rochers éboulés de toutes tailles qui ont dévalé la pente. Deux véhicules peuvent à peine se croiser Un groupe d’hommes avec des seaux en caoutchouc de pneus tente de déblayer les bas-côtés. Ils ramassent les pierres, poussent les rochers. Ils travaillent bénévolement, tentent de rendre service. La solidarité n’est pas un vain mot chez les Berbères. Quand nous redescendrons, il ne restera plus qu’un vieil homme à qui le guide donnera quelques dirhams, je viderai le porte-monnaie de mes pièces. « Il faut aider ce vieil homme » dit Tami. « il n’a rien et vient travailler pour son village »

Haut Atlas, après le séisme

Sur la route des femmes cheminent avec leur bourricot qui transporte toutes sortes de chargements dans des paniers bien remplis. Elles sont enveloppées de voiles colorés. Toutes ont les cheveux couverts d’un foulard mais personne ne se cache comme autour de Tafraoute. Je suis étonnée de l’extension de la zone berbérophone ainsi que par leur langage mélangé. Tantôt je capte un mot français ou arabe, tantôt rien du tout. Etonnée aussi de la proportion de femmes dehors ; les enfants sont à l’école, certains vieillards aux champs ou au café, on voit très peu d’hommes en âge de travailler. Sauf quelques jeunes sur des mobylettes.

haut Atlas palmeraie

La route surplombe la palmeraie. Pour la touriste c’est toute une fête des couleurs : vet foncé des palmiers, gris-vert des oliviers, jaune et orange des grenadiers et même de quelques peupliers sur els bords de la rivière.

Au village d’Afensou, Tami gare la voiture à la fin du ruban de ciment qui tient lieu de route. Franchissant une porte, nous sommes dans la cour d’une grosse maison rouge – inhabitable après le tremblement de terre. Les gens vivent dehors sous des tentes en tout genre : blanches carrées, des abris cubiques faits de bâches plastiques renforcées par des roseaux et des canisses. On a aussi installé des préfabriqués en dur (genre Algéco). La terrasse du restaurant est en plein air : canapés tables. La cuisine est dans un cubé évidé auquel il manque la façade. C’est là que Tami emmène les touristes déjeuner. Mais je n’ai pas prévu de m’arrêter et cela arrange bien le guide qui a des clients plus tard dans l’après-midi. Après les salutations d’usage, nous quittons les femmes du restaurant, jeunes et souriantes, passons au ras des algécos et traversons un verger d’oranges. Tami m’en cueille une pour m’en faire cadeau. Nous cheminons sur de petites levées qui limitent les champs de luzerne. Certaines parcelles ne sont pas cultivées. Je remarque des rangées de piments (pour la harissa) un rang de des rangs de pois et des pommes de terre. L’eau court dans de petites rigoles. Le séisme a fait naître de nouvelles sources. L’eau est partout, joyeuse effaçant un peu le tragique des ruines. J’avais imaginé des rangées de tentes comme dans les camps de réfugiés, ici on bricole un abri dans son jardin, ses champs ou les oliveraies et la vie continue. Ils doivent avoir bien froid la nuit !

Le sentier passe sous des oliviers centenaires. Une trace de peinture bleue indique que les olives de cet arbre sont à la disposition de la communauté en l’absence de son propriétaire. Encore la solidarité villageoise s’exprime. On ne peut pas imaginer qu’il en soit autrement : comment vivre si la maison est écroulée dans les deuils et les ruines s’il n’y a pas d’entraide entre voisins.

Le circuit de la promenade arrive à un point de vue au-dessus de l’oued. L’eau est canalisée à mi-hauteur dans des seguias cimentées ressemblant aux levadas de Madère. On descend ensuite dans le lit du torrent tapissé de galets colorés – mes préférés sont les verts. Dans l’eau des plantes à feuilles rondes ressemblent à du cresson : Véroniques des Ruisseaux selon Plantnet. A mon habitude, je rcense les plantes rencontrées : la vigne qui a grimpé sur les branches d’un grand arbre, des caroubiers, des grenadiers avec de minuscules grenades séchées, des figuiers bien verts près de l’eau. Un pistachier lentisque – le premier vu depuis notre arrivée (à nos autres voyages au Maroc, ils étaient très communs), des ronces, de la salsepareille. Les villageois ont abandonné de très grosses courges de près d’un mètre de long sur le bord des chemins.

Haut Atlas oued séguias

Trois jeunes gens sont venus pique-niquer sous les oliviers ; Ils montent une caméra sur un trépied. Tami les interpellent. Ils préfèrent parler Anglais plutôt que Français, l’un d’eux apprend l’Allemand pour étudier en Allemagne. Tami prend des cours de langue en ligne. Encore une fois, je constate la régression de la langue française, pas Tami qui voit la solution des études  au Canada. Je butte sur un emballage rouge : du malathion. On a beau cultiver à la houe ou faire tirer la charrue par un âne, les légumes et les fruits ne seront pas bio pour autant !

Fin de la randonnée : nous retournons au restaurant. Les deux femmes nous offrent du thé à la citronnelle, froid mais délicieux.

Sur la route du retour, Tami prend en stop une veuve dont le mari a trouvé la mort dans le séisme qui va à Agadir chez sa fille pour réclamer les aides qui tardent à arriver. Je ne comprends rien de ce qu’elle raconte mais elle a l’air très remontée.

Retour au gîte à 15h15, Tami va prendre en charge ses autres clients. 8oo dirham pour une demi-journée c’est quand même bien cher !

 

 

 

 

Taroudant : Palais Claudio Bravo

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Loggia avec vue sur le Haut Atlas

Sur le conseil de Claude, notre hôte aux Trois Paons, nous allons visiter le Palais Claudio Bravo, proche de Taroudant. Ignoré par nos guides, c’est une belle découverte à une petite demi-heure de route.

Nous contournons les Remparts de Taroudant fortifiée par les Saadiens au XVIème siècle, maintes fois restaurés, endommagés récemment en septembre 2023 avec le séisme. Ils valent à Taroudant le surnom de « petite Marrakech », beaucoup plus calme, cependant. Nous prenons la direction du nord sur une large avenue bordée de palmiers qui traverse des quartiers neufs. Le palais se trouve à 8 km sur la route de Tamaloukt, un peu à l’écart.

Le palais a été construit sur un domaine de 75 ha, entre 2002 et 2004 par le peintre chilien Claudio Bravo (1936 Valparaiso – 2011 Taroudant).

La visite est guidée (200 dh) et dure deux bonnes heures.

Pavoisée aux couleurs de l’Espagne, du Maroc et du Chili,le  palais aune silhouette de Kasbah, une grosse tour carrée et de hauts murs de pisé.  Dans l’entrée, deux grands portraits de Hassan II et Mohamed VI accueillent le visiteur. Ce ne sont pas des photographies mais des dessins de Claudio Bravo (fac-similés, les originaux sont à Rabat). A s’y méprendre. Ce premier contact avec le plasticien donne une idée de l’artiste : portraitiste virtuose, hyperréaliste.

Claudio Bravo ; autoportrait

Après le décès de Claudio Bravo, le palais a été transformé en hôtel de luxe qui se visite. Je ne verrai pas la Suite Farah Diba, ni la suite Chirac qui sont occupées par des clients. Farah Diba et Jacques Chirac ont été des hôtes du peintre, ainsi que Tahar Ben Jelloun…Suites, chambres s’organisent autour de plusieurs patios, l’un d’eux contient une belle piscine, dans les autres des fontaines jaillissent me faisant penser à l’Alhambra, avec des massifs fleuris en ce moment des lantanas mauves. On peut loger dans ce Palais des Mille et Unes Nuits pour un prix presque raisonnable si on choisit les chambres que le peintre destinait à son personnel (dignes d’un 4*), une piscine presque olympique (40 m) était aussi conçue au personnel.

 

Visiter un hôtel ? Plutôt un musée. Dans chaque pièce sont présentées les œuvres du peintre (souvent des copies, les originaux ont leur place dans des musées).

claudio Bravo : Paul Bowles

Claudio Bravo était un portraitiste hyperréaliste mais aussi inspiré de Velázquez qu’il a étudié au Prado à Madrid, influencé par Dali dont on retrouve par flash la parenté. Il s’installe e, 1972 à Tanger où il fréquente Paul Bowles dont le portrait est exposé. Du Maroc, il exalte (comme beaucoup) la couleur.

Etonnant contraste entre ses dessins de précisions aussi vrais que des photographies, les planches anatomiques ou études d’animaux, ânes, mouton de l’Aïd aux pattes liées et ses tableaux de natures mortes rappelant Morandi. Etranges tableaux grand formats de paquets ficelés, emballages ou sacs de papier kraft qu’il décline seuls ou par diptyques et triptyques. Sans oublier ces marocains, en djellabas, burnous, capuchons, en prière…Tout cela me fait aussi penser à l’a peinture espanole et à Zurbaran, en cherchant sur Internet je découvre un Agnus Dei (1640) pattes liées, comme l’agneau de l’Aïd, les burnous ressemblent aussi au Saint François encapuchonné.

C’est donc une œuvre très riche et très variée que je découvre aujourd’hui.

Claudio Bravo,  collectionneur, m’a encore plus séduite que le peintre. Son palais recèle des trésors : meubles marquetés, incrustés de nacre ou d’ivoire des meilleurs artisans marocains, syriens, iraniens ou indiens. Miroirs prodigieux dans lesquels se reflètent les tableaux du maître ou d’autres trésors ; perpétuelle mise en abyme dans les arches marocaines des fenêtres, les perspectives de couloirs, de patios. Curiosités comme cette chaise de circoncision juive, ces sculptures dogons, les têtes romaines, même des colonnes provenant de Volubilis. « Comment peut-on prélever des colonnes de Volubilis ? », je m’indigne, « quand on est riche, on peut ! » me répond le guide. Collectionneur de fossiles.

meulbles indiens

A l’étage, la vue sur l’Atlas est extraordinaire. Un salon est installé pour le contempler à l’aise ;

Le séisme de septembre 2023 a fait des dégâts. Les ouvriers sont encore au travail, les fissures visibles ; C’est un miracle que tous ces objets merveilleux n’aient pas été cassés.

En 2006, Claudio Bravo a fait construire un mausolée. Il avait prévu d’abriter une collection de céramique. Après son décès dans son atelier (qu’on a visité tel qu’il était le jour de son trépas) il repose dans le mausolée.

Claudio Bravo : mausolée

Plus loin, dans les jardins – agrumes et oliviers – comme autour de La Menara de Marrakech, il a fait une réplique du bassin et du pavillon de La Ménara. C’est ici que les clients du restaurant sont servis. C’est aussi là qu’on nous offre le thé.

Retour dans la médina de Taroudant : j’achète des kakis, bananes et clémentines.
Nous profitons de la fin de l’après midi aux Trois paons.

Pour dîner, sardines grillées, poivrons, aubergines haricots verts sautés. Gâteau à l’orange et salade de fruits

 

 

 

 

 

 

 

Taroudant : Les Trois paons

PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS

Googlemaps nous conduit dans les faubourgs de Taroudant sur des routes défoncées dans des quartiers improbables. Les blocs de maisons sont séparés par des terrains vagues qui seraient des terres cultivées si la terrible sècheresse n’avait pas anéanti la végétation. On voit des séguias, canaux de ciment en tubes coupés par moitié, reposant sur des supports. L’eau ne circule plus depuis longtemps. La route est en mauvais état avec des nids de poule énormes, le goudron disparaît même sur des tronçons. Et pourtant, sur le bord de cette route était l’hôtel mythique de la Gazelle d’or où Jacques Chirac avait ses habitudes, Catherine Deneuve et d’autres membres de la jet-set. Piscine, écuries, courts de tennis, rien ne  manquait. Il est fermé depuis de nombreuses années. On devine derrière le mur rouge le vaste domaine.

Nous nous laissons guider   jusqu’à un grand mur, un portail de fer : notre nouveau gîte, les Trois Paons.

Abdou, très grand, de type africain, nous conduit à notre gîte par des cheminements sinueux de ciment laqué de rouge à travers un grand jardin qui fut précédemment une oliveraie  structuré par un paysagiste et un architecte dans un très bel ensemble du bâtiment des propriétaires, de deux villas et de petites dépendances. Aloès, agaves, cactées forment des massifs tandis que les bordures des chemins sont faites de romarin et autres feuillus.

La grande maison aux hautes et larges baies s’ouvre sur une étroite et longue piscine à l’eau claire et à la mosaïque verte. C’est la maison de Claude et Isabelle, nos hôtes. Deux pavillons accueillent les clients. La nôtre « les Oliviers » est précédée d’une terrasse couverte par des canisses meublée d’un canapé profond et d’une table basse pour le thé. Une table métallique avec d’élégantes chaises en fer forgé se trouve un peu plus loin, à l’écart, au soleil, deux lits de plage sur lesquels on a posé des chapeaux de paille bienvenus sous le soleil du Sud marocain. Dans le pavillon, il y a une grande chambre avec un grand lit au couvre-lit vert, un tapis vert, un pouf vert. Toute l’huisserie et les boiseries sont en bois tourné et travaillé,  laqué en vert olive. Deux paniers contiennent serviettes et pagnes pour la piscine pour une saison plus chaude. La porte arrière est en palmier.

Dans la salle d’eau,  tadelakt vert, très classe pour les murs, la douche et même le lavabo qui semble creusé dans la pierre. Une profusion d’accessoires : shampoing, savons, lait pour le corps. Une curieuse poterie joue le rôle de pierre ponce.

Il y a aussi une deuxième chambre que nous n’utiliserons pas, possibilité pour une famille de venir avec des enfants, ou un groupe d’amis.

Dans le jardin, trois paons en liberté, le paon bleu et deux paonnes une grise et une blanche ont donné le nom au riad.  Il y a aussi des tortues qui ne sont pas aussi discrètes qu’on l’imaginerait, bruyantes quand elles se cognent pour se battre ou pour copuler ?

La salle à manger se trouve dans une sorte de cabane en canisses. Un « petit souk » est aménagé où l’on peut acheter des poufs, sacs, poteries, souvenirs variés. Trois tables avec des nappes de couleur vive et de la vaisselle en céramique très jolie.

Nous n’avons pas l’impression d’être « à l’hôtel », plutôt invitées dans cette maison d’hôtes qui n’a que deux pavillons. Le personnel est très stylé, Abdou et deux femmes se déplaçant pour la moindre chose par trois mais l’ atmosphère est familiale. Nous fêterons le Réveillon de la Saint Sylvestre tous ensemble, avec Claude, Isabelle et sa mère, leurs amis, la famille d’Abdou, les enfants…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De Tafraout à Taroudant par les petites routes : rencontres

PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS

Nous avons repris la route de la Vallée des Ammeln; Comme nous ne réussissons pas à visualiser  la Tête de Lion Dominique demande à la policière du barrage routier t : elle photographie le sommet et nous le montre sur l’écran de son téléphone.

Nous quittons la route d’Agadir (R105) pour la R106, route de Tata jusqu’à Ait Abdallah où nous trouvons la très petite P1723, très étroite, très tortillante.

Nous allons y rencontrer beaucoup plus de piétons que de voitures. Le plus souvent des femmes courbées sous un fagot plus haut qu’elles qu’elles portent avec un bandeau sur leur front. Caravanes d’ânes bâtés, chargés de bidons allant ou revenant du puits. Chargés d’énormes ballots de foin que je prends de photo de dos de l’intérieur de la voiture. Photos volées, mais comment faire autrement, elles ne parlent pas français et souvent pas arabe non plus.

Dans un village, je suis descendue pour photographier de vieilles maisons. Une femme descend avec son bébé à califourchon sur l’âne. Je lui demande la permission de la photographier, étonnamment elle est d’accord, mais pas avec l’âne qu’elle repousse violemment de côté. Aux puis trois femmes puisent de l’eau pour remplir des bombonnes. Elles me montrent le puits mais pas de photos ! Le berger qui conduit ses moutons est ravi quand je lui montre son portrait. Il rigole puis demande « chouia » pour manger. Si j’avais su j’aurais pris mon temps pour mieux cadrer et le prendre de plus près.

La route traverse des collines pierreuses où il ne pousse rien. Des terrasses portent des amandiers  plantés régulièrement taillés, mais défeuillés< ; Avec cette sécheresse qui dure des années j’ai bien peur qu’ils ne meurent.

A Souktine Toufelaazet nous trouvons une épicerie ouverte et demandons du pain ; l’épicier n’en vend pas. Il charge un jeune qui trainait dans le coin d’aller à la boulangerie. Pendant que j’attend son retour je regarde les marchandises vendues à la hanout. Sur les étagères il y a un choix étonnant : des olives au détail, des conserves de thon et sardines, des pâtes, de l’huile de moteur, des télécommandes de TV, même des téléphones. Il n’a pas de pain mais il vend de tout. Comme il faut bien lui acheter quelque chose je prends des sablés dans une barquette au chocolat, au coco, glacés de sucre de différentes couleurs.

Pique-nique vers 13h : je fourre le pain de thon en boîte, un peu sec mais le pain est tout frais, délicieux. Deux mandarines. Les arganiers ici ont des silhouettes de bonsaï. Pas de cimier en forme de parasol mais des branches tordues avec des touffes vertes.

A 50 km de Taroudant, nous touchons le rebord de l’Anti-Atlas au-dessus de la plaine du Souss ; la descente est beaucoup plus longue que je ne l’imaginais avec des lacets serrés. Sur ce versant, les arganiers sont tous desséchés, un incendie géant les a-t-il tous cuits ? spectacle désolant.

la Vallée des Ammeln et la Maison Traditionnelle berbère d’Oumesnat

PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNE DE L’ANTI-ATLAS

maisons berbères

Suivant le Guide Vert p 446

A la sortie de la ville, route d’Agadir. Nous passons devant Tandilt où nous avions logé autrefois. A notre droite un massif granitique, le djebel Lkest culmine à 2374 m au dessus de Tafraout, surnommé La Tête de Lion.

Je passe un moment à dessiner la montagne. Ce n’est pas le résultat final qui compte. Le plaisir réside dans les observations consignées. Prendre le temps d’observer, chercher le cadrage, dessiner le plus exactement possible ou en raccourci, rajouter un arbre ou une maison pour combler un vide…Chercher à capturer un lieu, à me l’approprier, l’analyser, le saisir. Jouissance du paysage.

Lekst

Après le village d’Oumesnat, le haut minaret d’une mosquée monumentale dépasse du paysage. Un peu plus loin, un hôtel, tout aussi monumental loge le bureau des guides. Dans la Vallée des Ammeln, on voit grand : les maisons neuves peintes en rose, ont deux, parfois trois étages tandis que les maisons traditionnelles tombent en ruine.

Nous continuons la route dans un environnement quasi-désertique jusqu’à un col. Le relief change, s’adoucit. A un rond-point, la route de Taroudant que nous emprunterons demain ?

Le panneau « Maison traditionnelle » à Oumesnat nous indique une petite route jusqu’au cimetière. Sur la pente, les ruines du vieux village en terre qui s’effrite inexorablement. Un petit sentier y monte raide, je me perds dans les broussailles puis trouve l’entrée du musée.

Une visite guidée est en cours, je m’intègre à un groupe qui monte au premier étage.  J’ai loupé le rez de chaussée, étable ou bergerie, outils traditionnels. Au centre de la maison, la cuisine, surélevée et ouverte sur 4 côtés et au plafond. Surélevée, pour la sécurité des tout-petits qui ne s’approcheront pas du feu. La fumée du kanoun s’échappe par le plafond, on peut obturer l’ouverture en cas de pluie ou pour faire circuler la fumée pour faire fuir des insectes ou assécher les murs. La vaisselle est en poterie, plat à tagine simple rouge au couvercle bombé pour tous les jours, conique et vernissé de Tamgroute pour la présentation. Un bol incongru blanc orange t jaune vient de Sarreguemines, il a sa place au musée parce qu’on l’a soigneusement réparé avec de fines agrafes. La réparation est presque invisible. Les contenants tenant lieu de bouteille sont des courges. Il y a aussi une outre en peau de chèvre entière dont on voit les pattes pour garder le lait frais. Une outre pouvait aussi servir de baratte. Un trou communique avec le rez de chaussée : on y jetait les épluchures ayux animaux. Il n’y avait pas de poubelle. On ne jetait rien : on utilisait les os, une omoplate de mouton servait de spatule. Tous les jours, la famille consommait du couscous d’orge récolté sur place. La cuisson se faisait en trois étapes de 20 minutes dans la passoire de terre cuite sur la grosse marmite de terre en forme de jarre. Entre chaque cuisson, la graine était roulée dans un grand plat rond. Pendant le repas traditionnel, chacun mangeait sa part devant soi, le partage ressemblait à la pizza partagée en parts. « tu dis bismillah et tu manges sans parler » explique le conférencier.

maison berbètr : sèchage des dattes sur la terrasse

L’hiver, toute la famille comprenant trois ou quatre générations, dort dans le couloir autour de la cuisine sauf les enfants qui ont une pièce réservée. Filles et garçons chacun de chaque côté et au milieu la grand-mère pour les surveiller. Des berceaux garnis de laine sont suspendus au plafond du couloir. Le sol en terre battue était balayé et arrosé régulièrement pour éviter la poussière. Pour dormir, on déroulait les nattes et les tapis. Une pièce servait de réserve qui était un grenier collectif.

L’été on dormait sur la terrasse. Un voile protégeait les dormeurs de « coups de lune » ; le guide affirme que la lune fait saigner du nez. On faisait également sécher sur la terrasse les légumes et les dattes. Tout était conservé même les noyaux de datte qui favorisaient la conservation des restes de soupe ou des plats de la veille. Dans un coin, un abri pour le métier à tisser loin de l’agitation de la maison. La terrasse était l’espace des femmes. On y faisait également monter les invités pour montrer aux voisins qu’on recevait du monde, signe d’ouverture et de prospérité de la famille.

Les réceptions se faisaient dans une très belle pièce décorée de tapis et dont les coussins étaient disposés tout autour. Nous nous y installons pour la cérémonie du thé. L’au bout dans une bouilloire en cuivre sur un kanoun (aujourd’hui camping gaz) ; Sur un  plateau : les accessoires : la théière en argent, une boîte en argent pour le thé (Gunpowder, Chine). Un enfant apporte de la menthe fraîche mais le thé se boit aussi nature (pout les hommes) ou avec de l’absinthe. Le sucre est un gros cône qu’on casse avec un marteau. Ces pains de sucre pouvaient être des présents de mariage, cadeau toujours apprécié qui pouvait être troqué ou revendu à l’épicerie. La théière est rincée à l’eau bouillante une première fois au cas où de la poussière ou des insectes se seraient introduits. Puis c’est le thé lui-même qui est ébouillanté et purifié. Selon le guide ces purifications seraient des survivances chez les Berbères des coutumes des Juifs de la région. Le thé est ainsi versé mais on ne le boit pas, il est mis de côté. Le maitre de cérémonie du thé tapote chaque rameau de menthe sur le dos de ssa main, égouttant ainsi les feuilles qui ont été préalablement lavées chassant ainsi les insectes qui pourraient encore s’y trouver, aussi pour mieux exhaler le parfum.

Pendant que le thé infuse : démonstration de mode féminine. A Tafraout le voile est noir, brodé pour les fêtes, blanc pour le deuil. Les femmes mariées portent un bandeau sur le front. Des parures traditionnelles avec des cônes métalliques font ressembler la femme à la statue de la Liberté.

Le thé n’est pas encore prêt ; le maître de cérémonie y goûte pour être sûr de ne rien avoir oublié puis il « oxygène » le thé en le versant de très haut dans un verre qu’on reversera dans la théière. La mousse joue un rôle en capturant la poussière, elle filtre le thé.

Cette salle sert dans les grandes occasion, les mariages, les naissances, l’Aïd…

 

Le guide profite des demandes en mariage pour parler de la polygamie ; la femme est d’abord une aide pour le travail des champs, les soins aux bêtes, la cuisine, le linge. Pas étonnant que le mari ait besoin de plusieurs femmes !

Le soleil baisse, bientôt il fera nuit. Je laisse 40 dh et m’éclipse. Ce n’est pas poli mais il reste une bonne dizaine de km . Quand nous arrivons à Tigmi Ozro on allume les lampadaires

Bouchra a mis la clim réversible en chauffage. Pour dîner, soupe orange pommes de terre- potiron qui va bien nous réchauffer et des keftas dans de la sauce tomate.

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