BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Hier, invasion des rails de la Gare du Nord par la manifestation anti-CPE. Je panique.
Roissy,9h45 ,l ’enregistrement ne commence qu’à 10h20. Nous sommes les premières, piaffant derrière le chariot. Bernique ! Il ne reste plus de place-hublot.Furieuses ! Oubliée la peur d’être bloquées par les manifestants! Formalités de sécurité très tatillonnes, dix fois, il faut montrer le passeport. Je négocie une nouvelle carte d’embarquement,22A et 22B, nous pourrons voir le paysage!
En vol
La caméra embarquée filme le paysage. Excitées comme des enfants, nous nous promettons d’essayer tous les divertissements. Déjeuner luxueux, menus imprimés : entrée, salade de pâtes, maïs, tomates avec un pavé de chèvre frais, puis poisson au cresson aux trois riz .
J’essaie de suivre le voyage, vexée de ne rien reconnaître dans la mosaïque de bocage et de bois. Survol de montagnes encore enneigées, lesquelles? Nous arrivons au bord de la mer. La caméra embarquée n’est d’aucune aide. Sur la côte, des lagunes, on dirait Gruissan ! Mais peut être est ce l’Espagne ? Traversons-nous la Méditerranée ? Sommes-nous sur l’Atlantique ? A nouveau le rivage. J’hésite : Algérie ou Maroc ?
Beaucoup plus tard, le pilote viendra en personne nous détailler l’itinéraire : Paris –Perpignan- l’Algérie puis le Niger.
Le Sahara est rose, irréel, flou. Je n’ai jamais vu un environnement aussi rose. Sur le petit écran rose, parfois, des dunes. Plus tard, du rocher noirâtre émergent, des oueds à sec : des nombreuses ramifications forment des dendrites. Le manque de netteté m’étonne : nébulosité ou tempête de sable, peut être ? Le Niger, à la tombée de la nuit, dans une sorte de brouillard. L’Afrique se dérobe.
Au dernier moment : la frange blanche de la plage. Cotonou illuminée, des rues très encombrées..
Cotonou la nuit, chaleur africaine
La chaleur lourde s’abat sur nous. L’aéroport est sans charme particulier, sans bousculade ni impatience malgré la longueur du vol. Un officier de santé, vêtu de blanc, contrôle avec beaucoup de conscience notre carnet de santé. La délivrance de bagages est laborieuse. Des caisses monstrueuses se présentent sur le tapis roulant. Les valises arrivent après, au compte-gouttes. Tout le monde est bien patient. Des porteurs se proposent, sans insister, les chariots sont gratuits. A la douane, seuls les Africains sont contrôlés.
Deux hommes brandissent un plateau de bois peint artistement de blanc, rouge, vert aux couleurs du Jardin Helvetia. L’un d’eux est le porteur, l’autre, le chauffeur. Le taxi jaune et vert est d’une marque indéterminée, son pare-brise fêlé. Toutes vitres baissées, la température est agréable. Au rond-point, le chauffeur nous prévient qu’il va emprunter un « chemin de terre » qui longe la mer. Des piétons surgissent dans l’obscurité. Ils marchent tranquillement sans que rien ne les signale. Sur les bords de la piste, des cabanes de bois éclairées par une bougie ou, luxe, par une lampe à pétrole. On devine la misère dans le noir, sans la voir.
Lorsqu’on s’éloigne de l’aéroport, la mer se fait plus présente. Les cocotiers, les paillotes de plage et des restaurants illuminés évoquent des plaisirs balnéaires. Je n’arrive pas à distinguer les constructions de plage des paillotes habitées. Nulle part, lors de nos précédents voyages, nous n’avons vu un habitat si précaire. Les bidonvilles de Bangkok les maisons des Acas de Thaïlande étaient luxueux à côté de ces huttes de palmes. Le taxi fait de grandes embardées pour éviter les nids de poules. Après une dizaine de kilomètres, la cocoteraie devient plus belle, la mer plus proche. Le taxi fait demi-tour pour emprunter un chemin de traverse.