C215 à la Galerie J.P. Jouffroy de Bonneuil

STREET ART

Ukrainienne de C215- affiche de l’exposition

Voir du Street-Art à l’intérieur d’une galerie? A priori, cela ne va pas de soi, le Street Art c’est l’art de la rue, comme le cinéma a sa place d’abord en salle.  Ce n’est pas ma première fois, j’avais été à Malakoff pour une exposition Banksy et j’avais découvert Jeff Aerosol à la MAC de Créteil. J’aime les découvertes au hasard (ou non) des promenades dans le 13ème ou à Vitry Christian Guémy alias C215 a beaucoup travaillé. Encore mieux, la découverte par hasard, à Sarcelles ou ailleurs du style et de la signature de C215 !

Clochard

Bonneuil est notre voisine, je ne pouvais pas passer l’occasion de mieux connaître l’artiste, graffeur et pochoiriste. Son Soulage est un hommage au peintre, autre hommage à Ernest Pignon Ernest

Soulage

C215 fait apparaître des visages sur les murs des cités, visages connus ou anonymes comme le clochard ou les amoureux de Catane

c215 les amoureux de Catane

portraits de hasards ou de circonstances parfois très politiques ou de mémoire, comme Joséphien Baker avec son calot militaire ou Cabu et une victime des attentats de Charlie Hebdo

Cabu

La plupart des œuvres présentées sont des œuvres présentées sont des photographies prises sur place dans la rue où même en prison

Dans la prison de Versailles

C215 peint aussi le mobilier urbain, j’aime bien les boîtes à lettres décorées ici ce sont des pompes à essences très politiques l’une d’elle porte d’un côté le portrait de Khomeini de l’autre le président Carter, aussi sur une autre Bush

« j’ai toujours aimé davantage peindre sur des objets que sur  des toiles ou des feuilles blanches. Comme dans la rue les objets me fournissent un contexte avec lequel je peux interagir, qu’il s’agisse de la patine, de la matière de la forme de son époque ou de sa fonction… »

c215pompe à essence Khomeini

l’avantage dans une exposition en galerie est de lire les cartels où l’artiste s’exprime

En 2001, j’ai pleuré au Louvre devant un portrait de cheval  poignant peint par Géricault. C’est ainsi que j’ai compris la puissance du portrait animalier »

Chat saint Petersbourg

« Dans la tradition du pochoir nombreux sont les artistes qui se sont identifiés à un animal urbain. chacun songe au rat de Blek ou de Banksy. J’ai pour ma part opté pour le chat, animal mutique et mystérieux »

J’ai bien aimé m’approcher des œuvres, lire les textes mais il me semble que la place du street-art est la rue et les cimaises des galeries sont trop tranquille pour cet art vivant.

Lekha Singh – les femmes portent le monde au Musée de l’Homme

Exposition temporaire jusqu’au 2 janvier 2023

 

« Elles sont des millions de femmes, à transporter des millions de kilos, sur des millions de kilomètres. Chacune, à sa manière, porte une part du monde. « 

Indiennes, Africaines, Asiatiques, dans tous les pays où la motorisation n’est pas encore courante, ce sont les femmes, parfois de très petites filles qui portent des charges nécessaire à la survie de tous : l’eau dans des bidons ou des bassines, le bois nécessaire à la cuisson des repas, les récoltes, la lessive….

Sur la tête ou à l’épaule,

Ou les récoltes

coton

Quand les voitures, tracteurs prennent le relais les femmes font du sport

je n’ai pas retenu la photo de la femme enceinte qui porte le monde à venir…

Une belle exposition féministe qui montre des femmes fortes.

Lekha Singh 

Lekha Singh est une artiste visuelle américaine. Jouissant d’une notoriété internationale, elle a eu l’occasion de voyager dans le monde entier, et de puiser dans ses voyages son inspiration artistique. Elle a exposé son travail photographique, depuis 2004, dans de nombreux musées américains

Les Choses : une Histoire de la Nature Morte au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 23 janvier

Jacques Linard : les 5 sens et les 4 éléments

 Une Histoire de la Nature Morte de la Préhistoire à nos jours : Vaste programme !

Ce qui reste : De objets témoignent par eux-mêmes

Dès la première salle, je suis perplexe : de nombreuses œuvres contemporaines voisinent avec un estampage des  haches de Gavrinis, un rêmeavissant flacon chypriote en forme de grenade et un bas-relief d’Abydos .

Une courte séquence de Stalker de Tarkovsky occupe un mur. sur un autre,  des photographies de Boltanski : les habits de François C 1971-1972.

Boltanski les habits de François C

L’installation la plus étrange est ce Repas Hongrois, avec assiettes (et restes de nourriture) couverts, verres, « tableau-piège » de Spoerri. 

Le dialogue entre les œuvres est amorcé et cette démarche  me parle. Deux pistes s’entremêlent : la Chronologie et cette confrontation.

l’Art des choses ordinaires a été représenté depuis l’Antiquité, des fresques d’Herculanum, mosaïques de Pompéi. 

Ces représentations de gibiers, crustacés avec des ustensiles du repas sont très proches des natures mortes qu’on a l’habitude de voir.

-Pierre Buraglio : Dessin d’après Six Kakis 1979-82

 

Les objets de Croyance correspondent aux représentations médiévales, les objets forment le décor d’une image pieuse, symboles qu’on savait lire alors comme le fruit qui évoque la tentation, ou le lys blanc la pureté de la Vierge lors de l’Annonciation. Le contour de la sandale du Prophète dans les représentations islamiques. Face à ces objets de croyance on a placé les kakis qui invitent à la méditation. 

 

Jan Davidz de Heem (1606-1684) la Fermière Hollandaise

A partir du XVIème siècle la peinture s’émancipe de la représentation religieuse. De beaux trompe-l’œil, des marqueteries de Padoue Cette représentation profane est principalement flamande ou hollandaise. 

Joachim Beuckelaer : Marché au Poisson

étaJoachim Beuckelaer : Marché au Poisson Joachim Breuckelaer brosse des tableaux truculents du marché au Poisson ou de l’Etal du Boucher. Ces victuailles sont étalées, avec à l’arrière-plan un Christ dans le Lac de Tibériade, si loin, si petit. En face de ces tableaux truculents, et non moins truculents les collecteurs d’impôt et tous ces trésors dorés étalés suggèrent l’arrivée (déjà!) du capitalisme culminant en 2019 avec la Chambre des Trésors de Gilles Barlier

Chambre des Trésors-2019 Gilles Barlier

La confrontation de deux œuvres m’a beaucoup intéressée : Matisse s’est inspiré de Jan Davidz de Heem dans La Desserte il a peint les mêmes choses tout en composant un Matisse original. 

Matisse : La Desserte
jan davidz de Heem : La Desserte

On peut jouer au jeu des erreurs mais on n’en trouvera pas beaucoup.

Sélectionner, Classer, Collectionner, nous conduit au 17ème  siècle du côté des Cabinets de curiosité, des monstres de la Nature au pillage colonial. Puis aux plus classiques coupes de Cerises et melon (1633) de Louise Moillon .

Au milieu de ces natures mortes classique un étonnant Dali

Dali

Tout reclasser

commence avec une vidéo qui mélange les différents éléments, les regroupe, s’amuse à construire de nouveaux sujets comme autrefois Arcimboldo

Arcimboldo ; l’Automne

bizarrement, je préfère les fleurs de Séraphine de Senlis à un Delacroix bien terne

Vanitas : les vanités avec crânes ou putréfaction montrant la brièveté de notre vie terrestre

Franciscus Gijsbrecht(1670)

je traverse avec assez de répulsion une salle sinistre présentant des tableaux de gibier, tête d’animal sanguinolents, pieds humains coupés de Géricault, lapins morts, truites de Courbet, un Bernard Buffet pour les modernes

la Vie simple me conduit vers de sages asperges peintes par Manet, la Chambre de Van Gogh exposée en face d’un intérieur hollandais de Samuel van Hogestaten étrangement moderne. 

Bonnard Le Coin de Table

le coin de table de Bonnard fait face à un Cezanne

Cézanne : la table de cuisine

Plus loin je repère Morandi que j’aime tant depuis notre voyage à Bologne.

Morandi

Braque est confronté au sculpteur italien Boccioni son contemporain et non loin de là Fernand Léger avec le Ballet mécanique

Umberto Boccini : Développement d’une bouteille dans l’espace.

nous sommes entrés dans le XXème siècle et la modernité, ready-made, compressions de déchets d’Arman, poupées de Schütte, coca-cola de Warhol et vidéos : film de Resnais et Queneau : Le Chant du Styrène. Une vidéo a retenu mon attention Semiotics of the kitchen vidéo féministe, parodie d’une émission de télévision culinaire où les choses de la cuisine se chargent de colère et de révolte. https://youtu.be/ZuZympOIGC0

L’exposition explose Les Choses en beauté avec Zabriskie Point (1970) d’Antonioni

 

Sam Szafran – Obsessions d’un peintre à l’Orangerie

Exposition temporaire jusqu’au 16 janvier 2023

Hommage à Jean Clair

Une belle découverte!

Sam Szafran est né à Paris en 1934 dans une famille juive polonaise. Pendant la guerre, se cache à la campagne alors qu’une grande partie de sa famille est exterminée dans les camps. Autodidacte, il est initié à la littérature et la peinture dans les cafés et ateliers de Montparnasse.

Atelier – 1970 – fusain

Nous découvrons d’abord d’intéressantes études au fusain de son atelier. chaos très étudié de cadres, châssis, chevalets. En regardant plus attentivement on découvre le dessinateur à sa table, parfois seulement ses deux mains dans un coin. Allongé il se repose…Grande précision ans le dessin.

Atelier de la Rue Crussol

La salle suivante réunit des études de son Atelier de la rue Crussol, le titre est Le chaos apprivoisé. Avec les pastels, la couleur fait irruption dans ces études d’atelier où il décrit sa vie quotidienne, ses outils avec des gammes de couleurs dans ses boites bien rangées de pastels.

L’imprimerie Bellini

Ancienne fabrique de lithographie cette imprimerie fut un lieu important dans les années 1970. Szafran dessine les volumes de la verrières, les escaliers, les machines sous différentes perspectives. on peut voir les ouvriers au travail.

Funambule (1969)

Le Vertige de l’escalier

L’escalier est un thème qu’il a déployé de manière cinématographique : les différentes perspectives sont vertigineuses et suggèrent une déformation de la vision. C’est l’escalier du 54 rue de Seine, siège de la Revue poétique La Délirante . Il dessine aussi des personnages coincés et dans une illusion d’optique. 

l'escalier du 54 rue de Seine
l’escalier du 54 rue de Seine

Dans l’escalier, des personnages découvrent le monde extérieur. le paysage fait irruption dans le tableau

Désormais, Szafran utilise l’aquarelle. Il peint aussi de grands tableaux de paysages urbains

Tableau paysage urbain

l’escalier structure encore le bas du tableau tandis qu’autour de la cour, les murs se déploient en un curieux entonnoir sous des toits plus conventionnels

L’invasion de l’intérieur

C’est l’invasion du feuillage : philodendrons et aralias se développent jusqu’à occuper tout l’atelier du graveur. Dans ce luxuriant jardin d’hiver les feuillages dessinés avec une précision extrême masquent les personnages. On devine encore un escalier dans l’un d’eux, un personnage se cache : Lilette (la femme du peintre). un tableau est un hommage à George Pérec qui a publié Espèces d’Espaces, un autre à Jean Clair.

Les formats des tableaux deviennent plus grands, et plus colorés, les végétaux de plus en plus étouffants. On imagine les tropiques, l’Asie du sud Est ce qui n’est pas fortuit , le peintre Zao Wou Ki lui a justement prêté son atelier!

Devambez – Vertige de l’Imagination

Exposition temporaire au Petit palais jusqu’au 31 décembre 2022

Noce en Aérotaxis

L’exposition de Devambez est amusante!

Quand on découvre un peintre on est parfois impressionné par le génie, ou par une technique révolutionnaire, ou choqué, étonné, surpris….

Avec Devambez je me suis amusée (si j’exclue les grands portraits académiques que j’ai trouvé ennuyeux) . Amusée par l’humour qui irrigue si souvent son œuvre. Amusée par la variété des sujets. Je me suis promenée avec curiosité dans le Paris de la Belle Epoque vu du ciel, du dirigeable-autobus ou vu d’avion de cette nuée d’aérotaxis. Point de vue décalé. Devambez prend de la hauteur, montre d’infinis détails, caricature les personnages ….

Dirigeable au dessus de la Place de l’Opéra pour éviter les embouteillages du chantier du métropolitain

Il offre un regard émerveillé sur la modernité : la naissance de l’aviation, le métropolitain, l’arrivée du téléphone.

Avions fantaisistes

Une vidéo montre un projet de décoration de l’Ambassade à Vienne (1909) où 12 tableaux illustraient les inventions de la vie moderne, composition trop originale qui a déplu. 

le métropolitain : le quai à l’heure de pointe

Debambez flâne dans le Paris Belle Epoque offre une chronique des spectacles ;théâtre Montparnasse, les concerts Colonne et les cafés. Il croque une série de personnages. On l’a même comparé à Daumier. 

Les Incompris – scène de café

Face à l’évènement il illustre Paris sous la Communela répression policière après les grèves de 1902-1903, La charge . La Grande Guerre lui inspira des sujets : Verdun, des eaux fortes aussi   sont des témoignages des atrocités de la guerre et des destructions. 

La charge

A côté des portraits de famille ou de ses étudiants en grand format, Devambez a peint de très petits formats les « tout-petits » exposés dans la galerie Georges Petit (cela ne s’invente pas)  pour les amateurs pas assez fortunés pour acquérir un grand tableau original.

Un autre volet de l’œuvre de Devambez  est l’illustration– Zola, Kipling, ou l’Odyssée. J’ai beaucoup aimé le Gulliver devant lequel on pourrait rester longtemps à observer chaque petit personnage ou les coupoles de la cité féérique. De sa hauteur le géant a une vue plongeante, comme vu d’avion, ou d’un bâtiment élevé, un des points de vue caractéristique du peintre

Gulliver

Affiches, publicités, souvent humoristiques complètent cette oeuvre tout à fait éclectique

Affiche publicitaire pour un journal

Le « Conseiller » comme Gulliver est un géant surplombant la foule lilliputienne, et en plus il démonte le toit de l’Hôtel de Ville comme un jouet.

En fin quelle belle vue de Paris avec l’Exposition 1937 

L’Exposition de Paris 1937 vue du second étage de la Tour Eiffel

Rosa Bonheur à Orsay

Exposition temporaire jusqu’au 15.01.2023

Rosa Bonheur dans son atelier

Depuis notre visite au Château de By j’attendais avec impatience cette exposition. Un billet d’un blog que je suis avec beaucoup d’intérêt m’avait un peu irritée : avec condescendance le blogueur comparait les peintures de Rosa Bonheur aux illustrations des anciens calendriers des Postes. J’étais donc pressée de voir les tableaux de Rosa Bonheur dont je n’avais vu que des photos ou des copie. 

labourage

j’ai aimé l’attention que Rosa Bonheur accordait aux animaux et au monde rural : charbonniers, laboureurs, bergers, marchands de bestiaux. le monde rural est décrit avec minutie et exactitude. Même si parfois les couleurs font un peu « chromos » (surtout dans les barques d’Ecosse).

Berger des Highlands

Le tableau qui l’a rendu célèbre en France, à Londres et en Amérique : le Marché aux chevaux exposé à New York n’a pas fait le voyage mais la copie londonienne si, toute une salle montre les différentes gravures, études pour ce chef d’œuvre

le marché aux chevaux

je ne vois aucune « miévrerie » dans la course musclée des percherons ni dans les attitudes des maquignons

course des chevaux sauvages fuyant l’incendie

Le tableau américain des chevaux sauvages est le contrepoint du précédent : impression de liberté de ces animaux sauvages.

Cerfs dans la brume

les cerfs de la forêt de Fontainebleau sont aussi peints dans toute leur majesté comme ces bisons menacés par les « blancs usurpateurs »

Bisons

La personnalité de Rosa Bonheur transcende  son talent de peintre. Même si la peinture animalière n’est pas à la mode, sa figure de femme libre, défenseure des animaux, des Indiens, qui a adopté le pantalon quand les femmes n’y avaient pas droit, qui a vécu au grand jour avec une femme toute sa vie, en font une icone très moderne. En passant lire le petit livre  de la collection féministe la petite ixe.

Munch à Orsay – un poème de vie, d’amour et de mort à Orsay

Exposition temporaire jusque au 22 janvier 2023

Soirée sur l’avenue Karl Johan

De Munch, je ne connaissais que le Cri célébrissime sinon la neige fraîche sur l’avenue vu à Marmottan en compagnie de Hodler et Monet (2016). 

la neige fraîche sur l’avenue

Munch n’est pas le peintre d’un seul tableau, son œuvre est abondante et diverse. Diverse par ses thèmes : portraits, paysages, décors de théâtres, affiches, projets décoratifs de grands formats pour l’université de Kristiania. Diverse aussi par les techniques : il maîtrise la peinture et toutes sortes de gravures. Diverse aussi par les styles : influencé par l’impressionnisme,  symboliste à la fin du XIXème siècle, puis expressionniste … Cependant l’impression qui domine est une  inquiétude qui culmine avec le Cri et qui se dissipe rarement. Inquiétude et parfois morbidité sont récurrents.

Désespoir Humeur malade au coucher du soleil

Trois versions de Près du Lit de mort sont accrochées : 1895, 1915 une version monumentale expressionniste

Près du lit de mort 1915

orphelin de mère très jeune, il perd sa sœur à 14 ans. mais c’est la version gravée que je trouve la plus réussie

Ses portraits de femmes sont aussi inquiétants, dépeintes parfois en vampires. Les titres Angoisse, Jalousie sont aussi dans cette veine.

Le Vampire

Cette femmes aux cheveux roux semble l’inspirer. Est-ce la Nouvelle Eve dépeinte par les peintres de la fin du XIXème siècle, une Eve tentatrice ou Mélisande de Pelléas et Mélisande?

Le Baiser est aussi un de ses thèmes de prédilection. Baiser-fusion aux visages blafards qui se confondent. C’est aussi le sujet de ses gravures

Baiser gravure

J’ai beaucoup aimé les gravures, une vidéo (3 minutes) explique les techniques développées par Munch, gravure sur cuivre, eaux fortes, lithogravure, gravure sur bois avec une utilisation de « puzzle »quand il découpe une partie de la plaque de bois ce qui permet l’impression avec différentes couleurs. Il utilise aussi les veines du bois pour des effets intéressants.

la Madone

Heureusement la morosité n’est pas toujours de mise et certains tableaux sont colorés comme les jeunes filles sur le pont

jeunes filles sur le pont

Un mécène lui commande un décor pour une chambre d’enfant : le résultat ne semble pas approprié :

Danse sur la plage

Pour ses autoportraits, au choix Autoportrait après la Grippe Espagnole ou

Nuit blanche Autoportrait au tourment intérieur.

Quand il se peint avec son modèle, il n’est pas plus gai!

Heureusement, dans ses projets de fresques décoratives pour l’Université de Kristiania il propose des projets colorés et plus sereins

Le Soleil

Joan Mitchell rétrospective – Monet/Mitchell – Vuitton

Cyprès

Exposition temporaire jusqu’au 27 février 2023

Eblouie! Impressionnée par les immenses diptyques, triptyques, polyptyques éclatants de couleurs qui explosent et emportent tout.

J’ai adoré ces jaunes chaleureux qui évoquent des tournesols

Je suis captivée comme au spectacle d’un feu d’artifice. Je m’arrête pour détailler les traces des coups de pinceaux, des coulures, des reliefs, parfois des grosses taches épaisses (j’aime moins).

Difficile de mettre des mots sur ces sensations violentes. D’ailleurs, Joan Mitchell  ne donne que de très rares indices pour une analyse ou une description. Rares références de lieux ou de circonstances. 

No birds

No Birds est une allusion à Van Gogh : même champ de blé mais pas de corbeaux comme dans Le Champ de blé aux corbeaux . Joan Mitchell est à Vetheuil non loin d’Auvers-sur-Oise. 

.

 

J’ai beaucoup aimé les jaunes, mais Mitchell sait aussi varier les couleurs et les techniques : j’ai imaginé des prés, des champs dans ces à-plats rectangulaires, imaginé des fenêtres sans qu’aucune indication n’y fasse allusion.

Vétheuil

 

ici, dans cette salle où les toiles de Joan Mitchell dont confrontées à celles de Monet, le cartel précise qu’il s’agit bien de la vue de sa terrasse de Vétheuil. La mise en scène de cette confrontation est réjouissante!

Joan Mitchell et Monet : l’heure des bleus

Entre saule et nymphéas, les tableaux de Joan Mitchell s’insèrent parfaitement, se répondent. Accrocher un tableau face aux nymphéas pourrait être dangereux. Et bien non! Mitchell prend sa place en face du Maître de Giverny qui aurait pu être son voisin à cinquante ans près.

Monet : Pont Japonais

Le Pont Japonais frôle l’abstraction. Il figurait auprès des Peintres abstraits américains dans l’exposition à L’Orangerie en 2018 : Nymphéas : l’abstraction américaine et le dernier Monet .

Occasion aussi de découvrir un jardin de Monet que je n’avais jamais vu

Monet : Maison de l’artiste vue du jardin

ainsi que des hémérocalles, des agapanthes de toute beauté. Quelques fois j’ai des doutes, cet arbre est-ce Monet ou Mitchell?

Impressionnante, la série de la Grande Vallée dix immenses tableaux peints en 1983-1984

La Grande Vallée

J’ai volontairement photographié les visiteurs pour donner une idée de l’échelle.

la Grande Vallée

Une exposition réjouissante. Laissez-vous séduire par cette explosion de couleurs et de sensations!

Frida Kahlo au-delà des apparences à Galliera

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 5 mars 2023

Frieda Kahlo – 1939 par FK Murray

Attention! Exposition très courue : réserver le créneau de visite à l’avance!

Le Palais Galliera  est le Musée de la Mode, assurance de voir les robes et les bijoux de Frida Kahlo plus que ses œuvres (très peu de tableaux, plutôt des photographies de ses tableaux).

J’avais été impressionnée par l’Exposition à l‘Orangerie en 2013 et j’avais lu Diego et Frida, le livre de Le Clezio CLIC.  

Récemment j’ai aussi lu Rien n’est noir de Claire Berest, biographie colorée CLIC

L’exposition Frida Kahlo au-delà des apparences apporte un autre regard se focalisant sur la personnalité de l’artiste plutôt que sur ses œuvres. Occasion, également, d’admirer de merveilleux portraits de son père d’abord qui était photographe et de photographes de renom comme Gisèle Freund, Man Ray , Murray et d’autres 

Portrait de famille, Frida Kahlo est habillée en garçon

Frida Kahlo a joué avec son image et avec l‘apparence de genre, valorisant son côté masculin, ses sourcils épais et sa moustache qu’elle a parfois exagéré. C’est un aspect que je découvre ici. 

La galerie des portrait la présente avec Diego Rivera, bien sûr, mais aussi avec d’autres artistes. Son exposition à Paris est l’occasion de fréquenter les surréalistes. Le rôle d’André Breton ne le présente pas à son avantage, plutôt un sale type misogyne, tandis que Duchamp l’a aidée. 

Murray

L’exposition présente des objets de la Casa Azul qui se sont trouvés enfermés 50 ans  après sa mort. Objets très intimes comme flacons de parfums, médicaments, trousse de couture….Ainsi que les robes mexicaines merveilleuses.

 

Ce sont précisément les tenues qu’elle portait sur les photos présentées ici.

Frida Kahlo a tiré de son handicap, une inspiration  créatrice . Elle cachait  sa jambe mutilée sous ses longues jupes mais elle en faisait état en  le mettant en scène dans de nombreux tableaux  figurant l’accident, sa colonne vertébrale et ses corsets, ses fausses-couches. Ses prothèses et corsets occupent une salle de l’exposition, certains sont peints, véritables œuvres d’art

Florence Arquin : Frida Kahlo en corset

Autre facette de la vie de Frida Kahlo : l’engagement politique. Bien que Trotski  ait logé à la Casa Azul, elle s’est représentée peignant le portrait de Staline assurant de sa fidélité au communisme. On voit aussi sa critique des riches Etatsuniens : elle n’omet pas de représenter les files d’attente à la soupe populaire même si elle a beaucoup apprécié son séjour américain.

Costume traditionnel mexicain avec le Resplandor cérémonies religieuses. Eisenstein dans son film Que viva Mexico!  a filmé ces coiffes
REsplandor Haute Couture

Enfin, l’influence de Frida Kahlo sur la Haute Couture est importante : Jean -Paul Gaultier a dessiné des hauts s’inspirant des corsets orthopédiques de Frida Kahlo. Karl Lagerfeld a fait défiler Claudia Schiffer maquillée avec l’uni-sourcil de la peintre. couleurs et broderies des robes mexicaines se retrouvent sur les modèles de Haute Couture, sans parler de la collerette traditionnelle mexicaine.

Erdem 2020

Oskar Kokoschka – un fauve à Vienne -MAM

Exposition temporaire jusqu’au 23 février 2023

Oskar Kokoschka – Autoportrait 1917

Un enfant terrible à Vienne(1904-1916)

C’est ainsi que s’ouvre cette exposition sous-titrée « Un fauve à Vienne » qu’on associe volontiers aux acteurs de la Sécession viennoise (Klimt et Schiele) mais aussi aux expressionnistes par la crudité du dessin, l’expression des portraits où les mains  et le regard intense traduisent le caractère du sujet

Le joueur de Transe

Oskar Kokoschka excelle dans les portraits et l’exposition du MAM les a mis en valeur en choisissant un petit nombre et en accrochant sur un mur blanc ou noir. Il a aussi peint des paysages et comme ses contemporains a illustré des livres, fait des séries de gravure. Deux peintures aux sujets religieux m’ont étonné comme le Saint suaire et Véronique ou une étrange Annonciation. 

Véronique et le suaire

Original ce dessus de cheminée, image de mariage dans le style de la Renaissance

Hans et Erica Tieze portrait de mariage à la mode Renaissance

Ses portraits sont très intéressants

Carl Moll

Si les portraits dominent, l’œuvre viennoise est variée comme les séries de gravures et dessins très fins des cycles graphiques , ses collaborations avec la Presse Der Sturm d’Adolf Loos, ses illustrations et affiches, les éventails offerts à Alma Mahler avec qui il a entretenu une relation amoureuse et fait des voyages.

Träumenden Knaben (illustration)

Engagé militaire dans la Grande Guerre, il fut deux fois blessé. On le voit en photo avec son camarade le peintre hongrois Rippl Ronaï. Il a également fait des pastels et des dessins de guerre.

les années de Dresde (1916-1923)

Blessé, réformé il fait une dépression et il est soigné dans un centre de convalescence près de Dresde. 

Autoportrait au chevalet

Sa peinture devient plus colorée, moins empâtée avec plus d’à-plat

Diptyque Hans Mordersteig et Carl Georg

Voyages et séjour à Paris

Dans cette section sont accrochés des paysages colorés de Marseille, Annecy. Il voyage en Afrique du Nord : beau portrait Le Marabout de Temocine. Il exécute aussi des séries d’animaux : chevreuil, lion, tortues géantes ou Poissons sur une plage de Djerba

Poissons sur une plage de Djerba

Résistance à Prague 

mais sa peinture n’est pas appréciée, 5 de ses tableaux sont décrochés du Musée de Dresde et il s’exile à Prague. Sa peinture figurera dans une exposition nazie d’Art Dégénéré. En 1937 il se représente lui-même en artiste dégénéré dans une attitude en même temps de tristesse et de défi

Autoportrait en Artiste Dégénéré (1937)

Exil en Angleterre (1938-1946)

Les peintures que je retenues sont des allégories politiques comme L’Anschluss

Anschluss: Alice au pays des merveilles

ou le Crabe

le Crabe

Sur une plage britannique le crabe monstrueux cache une scène de noyade

L’oeuf rouge

tandis que dans l’oeuf rouge les accords de Munich sont mis en scène avec ma figure colossale de Mussolini, Hitler grimaçant, la France, un chat indolent et la Grande Bretagne détourne le regard.

un artiste européen (1946-1980)

Autoportrait 1969

Il s’établit en Suisse et reprendra sa nationalité autrichienne en 1975. Il continue à peindre et dessiner (suite lithographique de pan sur un thème de Hamsun

Cette très belle rétrospective m’a fait découvrir un peintre dont je ne connaissais que ses oeuvres viennoises de jeunesse.