Dublin : Château – Christchurch – National Gallery

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Chateau de Dublin : tour médiévale
Chateau de Dublin : tour médiévale

Je descends du 66b sur les quais de la Liffey dès que j’aperçois les toits du château.

On visite individuellement les cours et jardin ainsi que les appartements d’Etat. La visite guidée est tout à fait recommandée, elle permet d’accéder aux fondations médiévales – même vikings – et d’entrer dans la chapelle. Le château est un ensemble assez hétéroclite : une grande cour géorgienne (18ème siècle) pavée entourée de bâtiments symétriques avec fronton et colonnes, un clocheton élégant. Dans la cours du bas, il y a la d’un côté, la tour médiévale et la chapelle néogothique, en face un bâtiment géorgien, un immeuble moderne ferme la quadrilatère.

Chateau de Dublin : cour géorgienne
Chateau de Dublin : cour géorgienne

En attendant l’heure de la visite, je découvre seule les jardins contemporains. Le parterre central est circulaire et décoré d’entrelacs à dessin celtique. Là, se trouvait un étang noir Dubh Linn qui a donné son nom à Dublin. Dans un coin se trouve un mémorial aux victimes des guerres civiles. De l’autre côté du jardin, j’entre dans la Chester Beaty Library où on garde des livres anciens précieux. En ce moment se tient une exposition de Corans précieux. Accueil sympathique, entrée gratuite, mais je n’aurai pas le temps de la voir.

La visite est menée rondement. Patricia, la guide, marche vite, parle vite, elle a beaucoup de choses à raconter. De la forteresse construite en 1204 par Jean D’Angleterre (Jean Sans Terre 1167-1216), il ne reste que la Tour ronde et les fondations d’une poudrière que l’on découvre dans les sous-sols. Les archéologues découvrirent même des vestiges vikings, ces derniers construisaient de bois et ont laissé peu de traces, des peignes et des pinces à épiler. Les fondations sont entourées d’une eau verdâtre qui provient de la rivière Poodle maintenant enterrée.

Château de Dublin : chapelle néo-gothique
Château de Dublin : chapelle néo-gothique

Depuis Jean Sans Terres, le château fut le siège du pouvoir anglais délégué à des vice-rois. En 1535, le Parlement Irlandais reconnu Henry VIII comme chef de l’Eglise Irlandaise. La chapelle néogothique (début 1800) rénovée récemment est passée du rite anglican au rite catholique pur être dé- consacrée pour restauration finalement. Elle est utilisée maintenant pour des concerts, expositions et même événements plus frivoles. Les boiseries de chênes sont magnifiquement sculptées, aux armes des différents vice-rois.

Dans un coin de la cour, un panneau signale que Bram Stoker a travaillé dans les bureaux situé dans le bâtiment géorgien.

Appartements d'Etat : salle
Appartements d’Etat : St Patrick’s Hall

Les appartements d’Etat s’ouvrent dans la cour supérieure. Cette cour occupe l’espace du château médiéval qui a été détruit lors d’un incendie. Le Château de Dublin est un « working castle », encore en fonction ; c’est le lieu des réceptions officielles. La semaine dernière François Hollande y est venu. Avant lui, Nelson Mandela, Kennedy, et la Reine Elisabeth.

St Patrick’s Hall : grande salle de balle tendue de bleu et or ; pavoisée de drapeaux. Patricia nous montre  La Harpe celtique – symbole officiel de l’Irlande . Le trèfle irlandais est le symbole de Saint Patrick. Guinness qui est une institution à Dublin a aussi choisi la harpe mais inversée.

Dans la salle à manger, la table est dressée comme pour un dîner officiel avec la « porcelaine d’Etat », blanche, très fine très sobre avec pour seul décor une harpe. Le vice-roi ne présidait pas en bout de table mais au milieu avec le dos à la cheminée pour mieux participer aux conversations.

Appartemetns d'Etat : drawing room
Appartemetns d’Etat : drawing room

Dans la Salle du trône, les dimensions du trône sont imposantes, construit pour le roi George IV qui avait une stature hors norme. Pour Victoria on a imaginé une sorte de tabouret rembourré pour lui permettre d’y grimper et de trôner en majesté ;

La Drawing Room, pièce des dames est la plus élégante. J’ai longtemps été étonnée par cette appellation ; « Drawing » m’évoquer des dessins. Pas du tout cela vient de withdraw = se retirer. A la fin du dîner, les hommes restaient fumer, boire, discuter politique et affaires, les dames se consacraient à des activités plus frivoles. L’histoire du château de Dublin se confond avec celle des rois et reines d’Angleterre, entre Stuart et Orange, succession des George, règne victorien…

Il faut aussi imaginer que le château fut transformé en hôpital pendant la Première Guerre Mondiale.

On commémore cette année le centenaire de la Révolution de 1916. Une exposition occupe plusieurs salles du château avec des panneaux illustrés. Patricia nous explique que la dernière exécution, le 12 mai 1916 de James Connolly retourna l’opinion publique qui, au début du soulèvement était tiède : de nombreux soldats irlandais se battaient dans l’armée britannique en guerre.

Le Château est un lieu symbolique de l’Indépendance Irlandaise : deux photos sur le mêm bureau se font face celle de Michael Collins qui reçu les clés du château des mains de Lord Fitzallen, dernier vice-roi. Cette semaine Theresa May vient à Dublin parler du Brexit. Les Irlandais se sentent très concernés par la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne : la frontière avec l’Irlande du nord va-t-elle être rétablie ?

Christchurch

Christchurch
Christchurch

Christchurch se trouve à proximité du château. Après la longue visite guidée, je n’ai pas très envie de faire une visite exhaustive. Le prêtre est en chaire, ce n’est pas l’heur pour le tourisme. L’office se termine. Le Pasteur serre la main de ses ouilles et celles des visiteurs. Encore une église commencé avec le style roman terminée gothique, beaucoup remaniée au 19ème siècle. La crypte est impressionnante avec ses gros piliers. Elle est transformée en musée fourre-tout. Costumes d’époque. Audiovisuel racontant l’histoire de l’église (intéressant), un panneau détaillé racontant la Bataille de la Boyne (je commence à mieux comprendre). Comme le château, siège de la vice-royauté, Christchurch est la Cathédrale anglicane. Je devrais visiter Saint Patrick !

Déjeuner fish&chips

Fish & chips
Fish & chips

Pour déjeuner, sur Dame str., Il y a l’embarras du choix, pubs traditionnels, fast food, restaurants exotiques du monde entier. J’entre chez Beshoff : à Howth j’avais remarqué les dizaines de personnes mangeant dans le jardin des frites dans de jolie barquettes ou se promenant avec des sacs Beshoff. Il sert des Fish&chips mais également des moules ou des fruits de mer à la place du poisson. Beshoff de dame st. fonctionne comme dans la restauration rapide : on commande au comptoir mais on n’attend pas debout ; on emporte un numéro, on choisit sa table et la serveuse arrive avec les couverts et un plateau de bis rappelant une caisse à poissons. Les frites sont artisanales, grosse, irrégulières, savoureuses. Le cabillaud est délicieux et la friture légère.

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J’ai envie de voir la peinture irlandaise de la National Gallery. Bâtiment moderne très clair, ouvert à tous. Je suis encore surprise de ne trouver ni contrôles de sécurité ni billetterie. Dans le hall Bernard Shaw en pied (et en bronze) nous accueille. Malheureusement les salles de peintures irlandaises ne sont pas accessibles aujourd’hui. Je ne découvrirai pas les peintures de l’autre Yeats (le peintre, frère du poéte). En revanche il y a un Picasso à côté d’un Braque, plus loin Seurat etc…la peinture française est bien représentée ?

Retour par le 66b sous la pluie battante.

Parc National du Connemara – promenades naturalistes et poétiques

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Mont diamond

Le Parc est situé à Letterfrack sur la Wild Atlantic Way à une quinzaine de km au nord de Clifden. On  est très bien accueilli au Centre des visiteurs. l’exposition, dans  une petite salle obscure, raconte 10.000 ans d’histoire du Connemara :

  • de la fin de la dernière glaciation lorsque une végétation rase de prairie portait seulement des buissons de genévriers et de saules nains(analogue à ce que nous avons vu au Quebec en montagne).
  • Il y a 7000ans, la forêt de chênes et de pins couvrait le Connemara ainsi que les houx et les bouleaux.
  • L’Homme est arrivé il y a 5000ans au Néolithique. Avec lui, le début des cultures de céréales et l’élevage.
  • Il y a 2500ans, la tourbière a remplacé la forêt. Deux hypothèses expliqueraient sa formation. Selon certains spécialistes son origine serait anthropique, les hommes auraient brûlé la forêt, la production d’une grande quantité de charbon aurait imperméabilisé le sol et empêché son drainage. L’autre cause serait climatique : la pluviosité en Irlande est telle qu’elle excède largement l’évaporation. (il tombe en moyenne 1650mm d’eau et ne s’en évapore que 550mm). Cet excédent et les conditions anoxiques forment un milieu très acide contribuant à la formation de la tourbe.

Dans une salle du musée consacrée à la tourbière, on a construit une haute colonne figurant une coupe stratigraphique de 10.000 ans. la conservation des pollens permet d’établir avec certitude les environnements végétaux. En plus de ces expositions, un audiovisuel de 17 minutes présente de très belles images du parc. J’ai été  étonnée d’apprendre que les rhododendrons sont considérés comme  invasifs et nuisibles pour la biodiversité. Trop touffus, ils ne laissent pas les autres végétaux se développer. On les « élimine » dans le Parc.

A 11h, j’ai la chance de participer à une promenade guidée. Carol, la guide, munie d’un bâton de marche, harnachée avec des guêtres, observe avec sévérité nos chaussures. « Nous allons dans des endroits très humides, vous allez être trempés ! « . Elle décourage deux jeunes couples qui feront la promenade  du Mount Diamond(445m) sur le sentier gravillonné. Les Allemands protestent. Ils ont du rechange dans la voiture. Je proteste : mes Columbia toutes neuves sont  Gortex ! Trop basses .

maisons pastels de Letterfrack
maisons pastels de Letterfrack

Première pause à l’aplomb du village : histoire de Letterfrack : Des Quakers anglais, James et Mary Ellis s’installèrent en 1849 pour aider les Irlandais frappés par la Famine.Ils louèrent 1000 acres de terre qu’ils bonifièrent, plantèrent des arbres, construisirent une école, un Tempérance hôtel. Depuis, le village est connu comme « village Quaker » alors que tous sont catholiques et qu’il n’y a plus de quakers. Aujourd’hui, Letterfrack abrite une antenne de l’Université de Galway, on y enseigne le design des meubles, l’ébénisterie. Un bâtiment est consacré à la restauration de meubles anciens des chantiers plus importants sont aussi exécutés . Letterfrack s’enorgueillit de sa radio locale, importante pour les personnes isolées dans la campagne.

apparition furtive et embrumée
apparition furtive et embrumée

Après avoir traversé une prairie bien mouillée (il vient de pleuvoir) deux cerfs se détachent sur l’arête d’une colline. Jolie apparition, assez rare selon la guide. Ce n’est qu’à la période du brame qu’ils se rapprochent du parking.   Carol nous montre les fleurs de la prairie : les

casse-lunettes euphrasia pratensis
casse-lunettes euphrasia pratensis

 

 

Casse-lunettes (Euphrasia officinalis pratensis) dont on faisait bouillir les racines pour soulager la conjonctivite.

 

 

 

Il y a plusieurs espèces d’orchidées et plusieurs espèces de bruyères : la « crossleaved

Erica tetralex
Erica tetralex

heath » Erica tetralix en français Bruyère tétragone ou bruyère des marais, est l’emblème du parc. Certaines plantes font partie de la flore lusitanienne, endémiques au Portugal et en Espagne Atlantique.

 

 

 

bog asphodel

Une plante m’a étonnée Bog Asphodel(narthecium ossifragum) n’a rien en commun avec les asphodèles que je connais, c’est un e petite plante de 10 à 15 cm aux fleurs jaunes étoilées.

 

 

Les Linaigrettes sont nommées  Bog Cotton . Carol leur a cherché une utilité : la seule linaigrette_wolfqu’elle a trouvée est de servir de bourre pour des boutons.

 

 

 

 

Sphaigne et drosera
Sphaigne et drosera

Dans un endroit encore plus humide, nous trouvons les plantes carnivores Drosera intermedia  Sundew qui pallie la pauvreté en nutriments de la tourbière en piégeant les insectes. La plante la plus importante, celle qui va  être transformée en tourbe, c’est la sphaigne. Carol en saisit une poignée, l’essore, une énorme quantité sort, et il en reste ! Il en existe différentes espèces. Ces sphaignes furent utilisées comme pansement pour les blessés, leurs propriétés antibiotiques prévenaient les infections. Les Indiens d’Amériques les utilisaient comme couche pour les bébés.

Plus loin dans la montagne, on voit des carrés plus verts et des tas de pierre. Là vivaient des gens avant la Famine. Les villages abandonnés se remarquent à peine. A nos pieds, des blocs de granite recouverts de lichens parmi les fougères : une tombe préhistorique. Quand Carol nous la montre, je reconnais bien les deux blocs levés comme à l’entrée d’un dolmen. La grosse dalle du toit a glissé.

séchage de la tourbe
séchage de la tourbe

De retour dans le milieu humide, Carol nous parle de l’exploitation de la tourbe , combustible traditionnel pour le chauffage mais aussi pour la cuisson des aliments. Il existe même une centrale électrique fonctionnant à la tourbe. Autrefois, on creusait à la pelle. Il fallait déblayer la végétation, puis creuser en découpant des briques de tourbe. Aujourd’hui, des machines débitent des sortes de « saucisses ». le travail n’est pas terminé avec la découpe. Il y a le séchage au soleil, dans un  pays où il pleut autant. La tourbe contient énormément d’eau qu’il faut éliminer. Il faut retourner, mettre debout les briques et enfin les rassembler en tas. D’après ce que j’ai compris, les gens obtiennent une concession pour aller creuser, on en confie une pour 6. La tourbe réserve parfois des surprises : les objets sont très bien conservés dans ce milieu anoxique où la décomposition ne s’opère pas. On a retrouvé des cadavres en parfait état ; de l’état manucuré des mains, on a pu déduire  que l’homme retrouvé était le fils d’un noble assassiné. Telle jeune fille morte il y a des siècles a été retrouvée avec ses cheveux, mais éviscérée : mort étrange qui pourrait inspirer des romans policiers.

On a également retrouvé des mottes de beurre. La tourbière fut utilisée comme réfrigérateur. Le beurre était conservé dans un sac, puis oublié, il pouvait se conserver éternellement. Il s’imprègne malgré tout de l’odeur de la tourbe.

Ce soir, une conférence a pour sujet La boue, les fossiles et les pollens. J’aurais bien aimé l’écouter si nous avions été logées à proximité.

Pour pique-niquer nous retournons au dessus de Ballybakill harbour, la vue est merveilleuse.

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Letterfrack a aussi organisé un parcours poétique au départ du Centre des visiteurs. Le sentier descend dans le bois profond, passe une chapelle, un petit pont, sur un panneau, un poème qui me plait bien. Le sentier serpente dans le bois et revient au bassin et à la cascade. Il sort du domaine pour rejoindre le cimetière des enfants : sur la pelouse des cœurs en marbre noir poli, un prénom, 12 ans, 13 ans, 14 ans au plus; Dans le bâtiment du Centre des Visiteurs, il y avait autrefois une école réputée très sévère, les enfants sont morts pendant leur scolarité.

La promenade se poursuit dans le village où je découvre une série de maisonnettes de teintes pastels. Au rebord des fenêtres, des corbeilles de fleurette bleue, bégonias rouge orangé. Les poèmes sont introuvables, je m’arrête là.

Depuis 6 jours à Clifden, nous n’avons pas encore visité son musée. Il est temps de réparer cet lacune ! La Musée est installé dans l’ancienne gare (avec un hôtel et un restaurant). A la place des noms de rue, on a conservé les plaques des quais. Les rails courent encore sur la chaussée . Pour renforcer l’illusion, l’odeur de la tourbe ressemble à celle des anciennes gares du temps des locomotives à vapeur.

Joli cadre, mais exposition sans intérêt sauf si on est passionné de chevaux. Le rez de chaussée est consacré au Poneys du Connemara.  Palmarès de récompenses, rosettes, diplômes décernés aux éleveurs, ne m’intéressent nullement. En mezzanine une petite histoire de Clifden. Fondée en 1812 par John d’Arcy dont nous avons vu le château. L’arrivée du train à la fin du 19ème siècle devait favoriser le développement de la « capitale du Connemara » avec l’essor du tourisme. Des paysans l’empruntèrent pour leur départ vers l’Amérique. Quelques objets rappellent cette époque : une balance pour peser la laine, une machine à écrire…rien de passionnant.

Derrimlagh :

Retour pour terminer la promenade sur les lieux de la Station Radio de Marconi. Je marche sur une vraie route goudronnée puis par des chemins de cailloutis dans une tourbière exploitée actuellement, un peu plus de 5 km sous un ciel menaçant, d’un bon pas. « Archéologie » du début du 20ème siècle. Des bâtiments, il ne reste que de vagues fondations (un peu comme dans les ruines antiques de Crète). Sur des socles artistiquement rouillés (ils sont neufs) on a planté des explications, des photos anciennes : ici, le condensateur qui vibrait avec un bruit infernal, là la centrale électrique fonctionnant à la tourbe, là le bungalow du contremaître… Au début, c’est amusant, ensuite je passe rapidement (il pleut) devant l’étang où les employés pêchaient la truite. Parcours plus sportif que culturel ! Quelques jours plus tard, je verrai à la télévision l’inauguration de cette attraction qui vient tout juste d’être réalisée.

Après dîner j’ai le projet d’aller au Pub. Tous les restaurants, tous les pubs de Clifden affichent de la musique live. Lequel choisir ? Tous sont peints de couleurs vives et avenantes. Je ne connais rien à la musique celtique (que je préfèrerais) ni au rock irlandais. Le « Griffins » en bas de chez nous peint en bleu me semble plus attirant. Nous garons la voiture devant. Les autres font plus « restaurant pour touristes » avec leurs menus en français, ou trop chic comme celui d’en face. A neuf heures je descend vêtue de mon Sweatshirt neuf  habillée « pour sortir ». Déception, la salle est  presque vide. Seules deux tables sont occupées. L’une par une famille française  avec deux petites filles sirotant un coca avec une paille. L’autre avec des touristes regardant les photos prises pendant la journée. Deux échalas coiffés de stetson sont perchés sur les tabourets du bar, ils grattent une guitare sans conviction sur des airs du far west. Je m’assieds seule à une troisième table. Personne ne vient prendre la commande, il aurait peut être fallu que j’aille au bar me servir… Dans cette ambiance morose, je ramasse mon sac et me tire. Je suis venue trop tôt, sans doute, et pas le bon jour, ni à la bonne adresse…piège à touristes.

Baltimore – le Beacon – le château et son histoire

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La brume, au réveil, n’incite pas à se lever tôt. A 8 heures nous sommes déjà impatientes de découvrir le village distant de 6km. La petite route de campagne passe devant des cottages, tous différents, tous fleuris. Le plus grand, le plus pittoresque, est une belle maison de pierre précédée d’une entrée de trois chevrons d’ardoise soulignés de tuiles, deux hortensias et un chien de pierre.

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Un gros buisson de roses à l’entrée d’un chemin d’herbe nous invite à une pause-photos. A l’arrière, la mer, lisse comme un miroir s’insinue dans la terre, baie étroite ou langue de mer entre continent et îles ? Un bateau de bois renversé. Plus loin, le bâtiment blanc des secours en mer.

Baltimore compte deux cents habitants permanents mais de nombreux vacanciers. Seuls les pubs et restaurants ont des façades colorées et soignées. Les maisons de vacances sont cachées dans des jardins fleuries.

Un départ se prépare pour une excursion dauphins et baleines. La météo est idéale (ciel voilé, très bonne visibilité). Les deux catamarans sont complets. Pour le week -end les prévisions sont mauvaises. Je nous inscris donc pour demain sans demander ni le prix ni la durée de l’expédition.

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Après la marina, dans une baie toute calme avec quelques barques est limitée par un petit cap boisé desservi par une route étroite « cul de sac »(en français dans le texte). De chaque côté des roses (rosa canina) embaument. Le chèvrefeuille grimpe aux branches des arbres. Les fuchsias rouge semblent sauvages. Les maisons luxueuses sont tapies derrière les massifs fleuris. Chacune possède un accès à la mer. C’est un endroit splendide – pour privilégiés.

La route de Beacon part de la petite baie., dépasse un groupe de maisons plus traditionnelles toujours aussi fleuries. Devant l’une d’elle un artichaut a des dimensions impressionnantes. La route s’élève ensuite dans la colline entre fougères-aigles et bruyère. L es prairies sont remplacées par de la lande. Je remarque le curieux manège d’une grive qui tient dans soon bec une boule que je prends pour une graine de la taille d’un gland. Elle la lâche, puis la reprend. Elle sautille sur la chaussée en lançant la boule qui tombe sur le bitume, la reprend, la relance à nouveau. Quand l’objet se brise je découvre qu’il s’agissait d’un escargot dont elle cassait la coquille.

Le Beacon

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Le Beacon est une construction curieuse dont j’avais vu l’image sur les murs de l’aéroport de Dublin ; Il ressemble à une fusée blanche. C’est un amer – repère pour les marins – répertoriés dès 1788 – marquant la passe entre l’île de Sherkin et Baltimore. En mer flotte une énorme bouée verte. Après une courte montée sur un chemin escarpé, je découvre la mer ouverte beaucoup plus agitée qu’autour du village, les hautes falaises battues par les vagues. Le schiste se détache par plaques lisses et brillantes donnant une surface nette et brillante, une découpe précise. Les passants  sont nombreux, souvent promenant des chiens.

Le Centre-ville de Baltimore

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Le centre du village se résume à une place au dessus du port avec 4 ou 5 pubs, un minuscule supermarché, deux restaurants chics  « chez Jaouen » et un hôtel « la jolie brise » (en français dans le texte) et une rue au pied du château de O’Driscoll avec encore 4 pubs. Le bleu a pour enseigne « Algiers Inn » en souvenir du sac de Baltimore en 1631. Dans le livret sur Baltimore que Liam a laissé au gîte se trouve le poème de Thomas Davis 1844.

Dun na Sead

Le château a été réhabilité en 1977. Depuis que les troupes de Cromwell ont installé une garnison il est tombé en ruine. C’est un haut bâtiment rectangulaire perché sur un rocher Il a été meublé, un perroquet gris dans sa cage donne une touche d’originalité ? de nombreux panneau racontent l’histoire du château. Pendant près de 800 ans, il fut aux mains de deux familles O’Driscoll et Mac Carthy .

Dun na Sead fut bâti en 1215. L’Irlande était dominée par les clans qui élisaient leurs chefs. Munster (ma partie Sud Ouest de l’île) était sous le contrôle des O‘Brien et des Mac Carthy. En 1166, Dermott Mac Murrough – roi de Leinster – banni de son royaume demanda l’aide de Henry II d’Angleterre qui avait étendu son pouvoir sur le Pays de Galles et qui avait des plans pour la conquête de l’île. En 1169, les Normands arrivent en Irlande. Par la suite, ils adoptèrent les coutumes celtiques et modifièrent leurs noms. En 1261, la bataille de Callan empêcha la destruction du système des clans sur Munster.

L’histoire de Baltimore fut marquée par les actes de piraterie du clan O’Dricoll et leur rivalité avec les hommes de Waterford.

1368, raid des O’Driscoll sur Waterford,

1413 les hommes de Waterford firent prisonnier toute la famille O’Driscoll,

1537 arraisonnement d’un navire portugais apportant du vin à Waterford.

Les O’Driscoll furent d’abord les alliés des Espagnols avant d’obtenir le pardon d’Elisabeth en ravitaillant les navires anglais.

1613 installation des colons anglais provenant de Cornouailles

1637 Le sac de Baltimore fut mené par le pirate hollandais Jan Jensen, converti à l’Islam sous le nom de Murat Reis. Il  avait auparavant razzié en Islande 400 prisonniers. 107 habitants de Baltimore furent emmenés en esclavage à Alger.

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première matinée en Irlande : Rock of Cashell

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Rock of Cashell dans la brume
Rock of Cashell dans la brume

Vol

Transavia  Orly:Dublin  6h30 – 7h25.

Survol grandiose de Versailles, le ciel s’embrume ensuite. La lecture du paysage devient difficile. Une plage bordée d’une frange d’écume, les côtes françaises ou déjà anglaises ? Nous ne découvrons Dublin qu’au dernier moment.

On rejoint en  navette les parkings des locations de voiture. Notre Polo est bleu vif. Le GPS  nous guide vers l’autoroute M8 pour Cork. Dès la sortie Dublin, j’appelle Liam, le propriétaire du gîte de Baltimore qui enverra les indications sur mon téléphone.

Cashell

« Vous vous arrêterez à Cashell . » suggère Liam – excellent conseil !

Hore Abbey
Hore Abbey

L’ imposant château se détache dans la brume grise,posé sur l’herbe vert fluo. Ruine irréelle d’un univers de légende. La haute tour ronde au chapeau pointu domine le château et la cathédrale. Malheureusement la chapelle romane de Cormac, décorée de fresques, est en restauration sous un échafaudage disgracieux.  Pour avoir une vue d’ensemble j’emprunte un chemin qui part dans la campagne vers Hore Abbey – abbaye cistercienne complètement ruinée.

Cashell : la cathédrale et la haute tour
Cashell : la cathédrale et la haute tour

Le 1er mercredi du mois, l’entrée et les visites guidées sont gratuites. Je rejoins une visite déjà commencée, j’ai du mal à suivre . Tout est nouveau pour moi : les rois de Munster, Brian Boru qui fut couronné roi d’Irlande au 11ème siècle. Il eut l’intelligence de céder son château de Cashell à l’Eglise coupant court aux rivalités et jalousies tandis que l’Eglise lui décernait le titre d’évêque, il récupérait ainsi son château. Un  siècle plus tard (1172), Henry 2 d’Angleterre força l’Eglise d’Irlande à passer sous l’autorité de l’Eglise catholique et romaine mettant fin aux pratiques originales celtiques.

la Croix de Saint Patrick dans la cour du châeau de Cashell
la Croix de Saint Patrick dans la cour du châeau de Cashell

Le guide nous montre la Croix de Saint Patrick et raconte le baptême du roi celte Aenghus en 450. Saint Patrick planta malencontreusement la crosse dans le  pied du roi qui ne protesta pas croyant que cette épreuve faisait partie du cérémonial. La Croix de Saint Patrick est curieuse, c’est une croix latine (les croix celtiques sont cerclées d’un rond). Elle est soutenue par deux piliers représentant peut être les deux larrons.   Elle repose sur un support. La croix de la cour est une réplique. La vraie en grès friable est à l’abri dans la crypte.

Plantant la visite guidée je me promène dans la grande cathédrale gothique aux ruines romantiques, puis parmi les tombes qui entourent le monument. Gravées de noms connus comme Kennedy. Sur d’autres stèles on voit les enfants morts en bas-âge du temps de la Famine.

High cross : croix celtique du cimetière
High cross : croix celtique du cimetière

Me voici projetée dans l’Histoire irlandaise. L’étape de Cashell, inattendue et pas préparée m’offre une introduction sous forme de raccourci historique.

La petite ville de Cashell, très jolie est aussi très touristique.

Nous faisons nos courses dans un supermarché. Les prix nous surprennent. Tout est au moins une fois et demie plus cher que chez nous. Ici, dépaysement au rayon des pains. Je choisis un pain artisanal aux raisins sec.  Je laisse les charcuteries pour le petit déjeuner : boudin en tranches, roulés multicolores. Le rayon fruits et légume est le plus pauvre. On peut acheter pour 5€ deux petits paquets de fraises, framboises ou myrtilles sinon des poires misérables et des pommes rouges (en provenance du Chili).