Mon Jardin sauvage – Meir Shalev – Gallimard

LITTERATURE ISRAELIENNE

« Au premier plan deux champs bordés de cyprès à la silhouette élancée, que surplombaient deux rangées de collines boisées, émaillées de tout un camaïeu de vert. Une vraie palette impressionniste : le vert pâle du chêne du Mont Thabor, le vert foncé du chêne palestinien, le vert éclatant du caroubier et du pistachier – nuance légèrement fanée du térébinthe de Palestine et celle plus vibrante de l’arbre à mastic. »

J’ai choisi la même citation que Dominique qui m’a donné envie de lire ce livre et qui j’espère me pardonnera. Dans ces lignes, je retrouve ce paysage méditerranéen que j’aime tant décrit avec une précision qui m’a interpellée.

U Lentiscu  (corse)’il manque un personnage pour donner l’échelle

Térébinthe, pistachier, arbre à mastic sont pour moi des essences voisines que je confonds. j’ai donc cherché sur Internet et trouvé que le Térébinthe de Palestine Pistacia palaestina et le Térébinthe Pistacia terebinthus qui donne la térébinthine sont des espèces distinctes, tous les deux de grands arbustes, arbres à feuilles caduques, tandis que Le Pistachier lentisque Pistacia lentiscus est un arbuste plus petit à feuilles persistantes, l’arbre à mastic qui pleure des larmes de sève donne le mastic à Chios, pourquoi seulement dans un petit territoire de cette île?

arbre à mastic chios

Je retrouve ces essences dans mes voyages aussi bien en Corse, au Maroc, en Grèce, en Turquie….ils me sont familiers et pourtant je ne m’étais jamais penchée sur la variété et la diversité de ces espèces.

Ce livre semble m’être destiné tout personnellement (quelle prétention! quelle outrecuidance!) non seulement cette flore méditerranéenne m’est chère mais le jardinage a été mon premier métier, et pas très loin du jardin de Méir Shalev! J’ai retrouvé avec joie les noms en hébreu des outils, passoires, cribles et tamis.

Scille maritime (Gozo)

Mise  en scène des fleurs des champs comme le coquelicot, l’anémone ou le cyclamen, moins connue la Scille maritime dont j’ai fait la connaissance à Malte. Animaux des jardins : oiseaux, rat-taupe, araignées et serpents divers, mais aussi plus prosaïques fourmis et guêpes.

« Les oiseaux ne piquent pas les tuyaux par pure méchanceté ou par soif – contrairement aux sangliers et aux
chacals qui rongent les tuyaux pour boire – mais par erreur. Yossi Leshem, zoologiste et célèbre ornithologue, m’expliqua que le pivert confond le bruit de l’eau circulant dans le tuyau avec les vibrations provoquées par les insectes grouillants sous l’écorce. »

Chapitres tendres et ironiques quand l’auteur se met en scène désherbant à quatre pattes ou à la recherche d’une graine tombée sous son bureau.

Références aux pionniers venus d’Ukraine ou citations bibliques.

 » Par chance, la plupart de nos concitoyens ont conscience de la pénurie d’eau, et même les non-croyants prient pour qu’il pleuve. La prière rituelle pour la pluie n’est hélas pas toujours exaucée. Le fait est bien connu et la raison est double. D’une part, nos chefs religieux ne sont pas à la hauteur, Dieu ne leur parle plus, Il ne les écoute plus comme autrefois. »

j’ai oublié d’écrire comme c’est drôle.

Livre utile : on y apprend comment préparer les olives!

Lecture délicieuse!

Seul regret, j’ai opté pour la lecture sur liseuse et les illustrations ne sont pas sous leur meilleur jour. Préférez le livre-papier

La Porte du Voyage sans retour – David Diop

LIRE POUR LE SENEGAL

Gorée : la maison des esclaves

« La religion catholique dont j’ai failli devenir le serviteur, enseigne que les Nègres sont naturellement esclaves. Toutefois, si les Nègres sont esclaves, je sais parfaitement qu’ils ne le sont pas par décret divin, mais parce qu’il convient de le penser pour continuer à les vendre sans remords. 

je suis donc parti au Sénégal à la recherche des plantes, des fleurs, des coquillages et des arbres qu’aucun autre savant européen n’avait décrit jusqu’alors. Les habitants du Sénégal ne nous sont pas moins inconnus que la nature qui les environne. Pourtant nous croyons les connaître assez pour prétendre qu’ils nous sont inférieurs. »

Merci à Babélio et au Seuil pour  ce voyage au Sénégal et au voyage dans le temps, à la fin du 18ème siècle jusqu’à l’Empire! Merci pour cette lecture passionnante et poétique!

Du même auteur,  David Diop, j’avais beaucoup aimé Frère d’Ame lu à sa parution et dont la lecture à Avignon par Omar Sy m’a enthousiasmée (podcast France Culture, Avignon Fictions). Quand Babélio m’a proposé ce livre, j’ai sauté sur l’occasion et encore une fois j’ai lu ce livre avec un grand plaisir. 

Le titre, La porte du voyage sans retour, évoque clairement la Traite Atlantique. la première fois que j’ai entendu cette expression c’était à Ouidah au Bénin. Puis à Gorée où se déroule une partie du récit.  

La Porte du Non-retour Ouidah

L’esclavage n’est pas le seul thème évoqué dans le roman de Diop. Le personnage principal du récit est un Savant du Siècle des Lumière, Michel Adanson, personnage qui a vraiment existé, qui a débarqué en 1750 à Saint Louis du Sénégal pour décrire flore et faune de la région, cartographier, étudier les coutumes…Le jeune homme a appris le wolof et s’est lié d’amitié avec un jeune prince, Ndiak,  qui l’introduit au plus près de la population. 

Le livre est aussi une réflexion sur la culture orale des Sénégalais, par un Encyclopédiste qui passera le reste de son existence à écrire son encyclopédie. Le botaniste, proche de la nature, reconnaît l’importance des croyances africaine :

 » Malgré mon cartésianisme, ma foi dans la toute-puissance de la raison, telle que les philosophes dont j’ai partagé les idéaux l’ont célébrée, il me plaît d’imaginer que des femmes et des hommes sur cette terre sachent parler aux arbres et leur demandent pardon avant de les abattre. Les arbres sont bien vivants, comme nous, et s’il est vrai que nous devrions nous rendre comme maîtres et possesseur de la nature, nous devrions  avoir des scrupules à l’exploiter sans égards pour elle. « 

C’est une histoire d’amour impossible. Orphée et Eurydice. 

Portrait de madeleine : marie-Guillemine Benoist (1800)

C’est aussi une relation de voyage aventureux et une exploration des paysages, des mœurs, aventure et magie.

Des surprises, rien n’est convenu, pas de manichéisme non plus, chaque personnage apparaît sous plusieurs points de vue….

Je n’en dis pas plus, lisez-le!

 

Desert de las Palmas (2) botanique et promenade

CARNET DE BENICASSIM

Baalade au château de Miravet
Balade au château de Montornes

 

J’avais beaucoup aimé la promenade samedi soir au coucher du soleil. Nous y revenons à la lumière du matin.

Le Centre d’Interprétation – La Bartola – se trouve dans une belle maison à étage crépie de jaune.

Arbutus
Arbutus

Le jardin est un arboretum planté des végétaux présents dans le massif : 4 espèces de chênes deux de pins, la plupart des buissons sont également étiquetés. Je reconnais le Genévrier qui a ici un port vertical, l’arbousier(Arbutus unedo) avec ses baies jaunes orange ou rouges,

laurier tin
laurier tin

le Laurier tin (Viburnum tinus)

 

 

 

 

 

le « Palmito » (Chamaerops humilis) petit palmier endémique qui a donné son nom au Désert de palmes. Je retrouve également le caroubier (Ceratonia siliqua) le Sorbier (Sorbus domestica) qu’on appelle aussi Cormier, le Pistachier Lentisque (Pistacea lentiscus) et Rhamnus alaternus le Nerprun alaterne.  Ainsi que le figuier (Ficus carica).  En revanche, Colutea arborens reste pour mi mystérieux, Google m’apprend qu’il s’appelle en français Baguenaudier (je ne connaissais que le verbe baguenauder, ne rien faire). Et bien sûr Cistus montpeliensis Cyste de montpellier et le Laurier-rose (Nerum oleeander).

Le sentier vers le château au premier plan chamaeropsis humilis palmito
Le sentier vers le château au premier plan chamaeropsis humilis palmito

A l’intérieur du centre, je reçois un très bon accueil : sur la maquette du massif, la guide me montre les promenades. La plus courte et la plus facile est celle du château de Montornes – forteresse arabe construit au 10ème siècle habité jusqu’au 15ème – peu de dénivelé, flirtant avec la courbe de niveau 400m. le sentier est très bon mais vers la fin j’ai dû m’aider des mains. Du Centre d’interprétation on peut aussi monter au sommet au pic Bartolo (729m). je regrette de ne pas avoir mon bâton de marche.

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Déjeuner de magnifiques soles d’une fraîcheur irréprochable. Temps merveilleux, 23°C à l’ombre, et baignade dans l’eau calme encore tiède. Après midi écriture. La brochure du Centre d’Interprétation me conforte dans mon intuition : le mot « désert » doit être compris comme une retraite spirituelle loin du siècle. Pour les Carmélites, dans la contemplation et la prière. Les palmes sont les Chameropsis humilis dont les frondes forment des touffes au sol que je n’avais pas vus pensant aux hautes colonnes des fûts des palmiers-dattiers.

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Douceur du soir. De très gros cargos stationnent au large du port de Castellon, certains sont illuminés comme des bateaux de croisière.

Le Désert de las Palmas

CARNET DE BENICASSIM 

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Benicassim vu de la montagne

Déjeuner de gala : crevettes roses et avocat sur la terrasse.

Nous descendons les stores pour faire de l’ombre sur la terrasse. Sieste avant la baignade.

Les épis brise-lame de la plage de Bénicassim, sont en forme d’équerre perpendiculairement à la plage. Ils dessinent des piscines très calmes et très sûres pour se baigner. Je compte mes allers-retours. Cela m’amuserait d’aller jusqu’à la bouée jaune plus loin vers le large et je me méfie un peu.

Le vieux monastère
Le vieux monastère

Vers 17h30 nous gagnons le Désert de las Palmas. Nous voulons voir le monastère au coucher du soleil. De Désert il faut comprendre le sens religieux plutôt que géographique, la montagne est couverte d’un maquis florissant pas du tout désertique. Le nombre de couvents, ermitages, églises est impressionnant. Las palmas est encore plus étonnant. Le littoral est bordé de nombreux haut palmiers, je n’en vois pas l’ombre d’un dans la montagne.

De Benicassim, on remarque un pic pointu aux chicots d’un beau rose. Après avoir traversé l’autoroute et la N-340 on arrive dans une montagne couverte d’une végétation méditerranéenne avec des Pins maritimes, des Lentisques pistachiers (Pistacia lentiscus) que j’affectionne particulièrement, quelques caroubiers (Cératonia siliqua) avec leurs gousses qui pendent, des arbustes desséchés, des Cistes et des Genets. Dans un creux se trouve le monastère précédé de  toutes sortes de ruines avec même une colonnade énigmatique.

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La route tournicote, monte en lacets, court sur une arête, s’élève encore puis surplombe le vieux monastère. D’un parking, une piste y descend, bordée de petites chapelles minuscules que je prends pour un chemin de croix. Au pied du monastère : un verger d’amandiers.

Un peu plus loin, sur un épaulement, le monastère des Carmélites dont on peut visiter l’église et un petit musée ou acheter la liqueur qui y est confectionné. Il est trop tard pour faire la promenade jusqu’à une belle tour. Le chemin est bien fléché (1km). Au sommet on voit une grande croix, encore une église, un ermitage ; Pas très désert ce désert !

Bénicassim, en octobre, pendant la semaine est peuplée de retraités ;pour le week-end sont arrivées de Castellon, de Valence,ou de plus loin, des familles avec enfants, des groupes de jeunes gens, des motards. Ce n’est pas la cohue de l’été mais la corniche et les restaurants sont bien animés. Ce mélange de générations me plait. Demain, 9 octobre, la Communauté de Valence fête l’entrée de Jacques 1er dans Valence. Ce soir quelques feux d’artifices éclatent. Curieusement on n’a pas choisi de les tirer sur la mer.

Parc National du Connemara – promenades naturalistes et poétiques

CARNET IRLANDAIS 

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Mont diamond

Le Parc est situé à Letterfrack sur la Wild Atlantic Way à une quinzaine de km au nord de Clifden. On  est très bien accueilli au Centre des visiteurs. l’exposition, dans  une petite salle obscure, raconte 10.000 ans d’histoire du Connemara :

  • de la fin de la dernière glaciation lorsque une végétation rase de prairie portait seulement des buissons de genévriers et de saules nains(analogue à ce que nous avons vu au Quebec en montagne).
  • Il y a 7000ans, la forêt de chênes et de pins couvrait le Connemara ainsi que les houx et les bouleaux.
  • L’Homme est arrivé il y a 5000ans au Néolithique. Avec lui, le début des cultures de céréales et l’élevage.
  • Il y a 2500ans, la tourbière a remplacé la forêt. Deux hypothèses expliqueraient sa formation. Selon certains spécialistes son origine serait anthropique, les hommes auraient brûlé la forêt, la production d’une grande quantité de charbon aurait imperméabilisé le sol et empêché son drainage. L’autre cause serait climatique : la pluviosité en Irlande est telle qu’elle excède largement l’évaporation. (il tombe en moyenne 1650mm d’eau et ne s’en évapore que 550mm). Cet excédent et les conditions anoxiques forment un milieu très acide contribuant à la formation de la tourbe.

Dans une salle du musée consacrée à la tourbière, on a construit une haute colonne figurant une coupe stratigraphique de 10.000 ans. la conservation des pollens permet d’établir avec certitude les environnements végétaux. En plus de ces expositions, un audiovisuel de 17 minutes présente de très belles images du parc. J’ai été  étonnée d’apprendre que les rhododendrons sont considérés comme  invasifs et nuisibles pour la biodiversité. Trop touffus, ils ne laissent pas les autres végétaux se développer. On les « élimine » dans le Parc.

A 11h, j’ai la chance de participer à une promenade guidée. Carol, la guide, munie d’un bâton de marche, harnachée avec des guêtres, observe avec sévérité nos chaussures. « Nous allons dans des endroits très humides, vous allez être trempés ! « . Elle décourage deux jeunes couples qui feront la promenade  du Mount Diamond(445m) sur le sentier gravillonné. Les Allemands protestent. Ils ont du rechange dans la voiture. Je proteste : mes Columbia toutes neuves sont  Gortex ! Trop basses .

maisons pastels de Letterfrack
maisons pastels de Letterfrack

Première pause à l’aplomb du village : histoire de Letterfrack : Des Quakers anglais, James et Mary Ellis s’installèrent en 1849 pour aider les Irlandais frappés par la Famine.Ils louèrent 1000 acres de terre qu’ils bonifièrent, plantèrent des arbres, construisirent une école, un Tempérance hôtel. Depuis, le village est connu comme « village Quaker » alors que tous sont catholiques et qu’il n’y a plus de quakers. Aujourd’hui, Letterfrack abrite une antenne de l’Université de Galway, on y enseigne le design des meubles, l’ébénisterie. Un bâtiment est consacré à la restauration de meubles anciens des chantiers plus importants sont aussi exécutés . Letterfrack s’enorgueillit de sa radio locale, importante pour les personnes isolées dans la campagne.

apparition furtive et embrumée
apparition furtive et embrumée

Après avoir traversé une prairie bien mouillée (il vient de pleuvoir) deux cerfs se détachent sur l’arête d’une colline. Jolie apparition, assez rare selon la guide. Ce n’est qu’à la période du brame qu’ils se rapprochent du parking.   Carol nous montre les fleurs de la prairie : les

casse-lunettes euphrasia pratensis
casse-lunettes euphrasia pratensis

 

 

Casse-lunettes (Euphrasia officinalis pratensis) dont on faisait bouillir les racines pour soulager la conjonctivite.

 

 

 

Il y a plusieurs espèces d’orchidées et plusieurs espèces de bruyères : la « crossleaved

Erica tetralex
Erica tetralex

heath » Erica tetralix en français Bruyère tétragone ou bruyère des marais, est l’emblème du parc. Certaines plantes font partie de la flore lusitanienne, endémiques au Portugal et en Espagne Atlantique.

 

 

 

bog asphodel

Une plante m’a étonnée Bog Asphodel(narthecium ossifragum) n’a rien en commun avec les asphodèles que je connais, c’est un e petite plante de 10 à 15 cm aux fleurs jaunes étoilées.

 

 

Les Linaigrettes sont nommées  Bog Cotton . Carol leur a cherché une utilité : la seule linaigrette_wolfqu’elle a trouvée est de servir de bourre pour des boutons.

 

 

 

 

Sphaigne et drosera
Sphaigne et drosera

Dans un endroit encore plus humide, nous trouvons les plantes carnivores Drosera intermedia  Sundew qui pallie la pauvreté en nutriments de la tourbière en piégeant les insectes. La plante la plus importante, celle qui va  être transformée en tourbe, c’est la sphaigne. Carol en saisit une poignée, l’essore, une énorme quantité sort, et il en reste ! Il en existe différentes espèces. Ces sphaignes furent utilisées comme pansement pour les blessés, leurs propriétés antibiotiques prévenaient les infections. Les Indiens d’Amériques les utilisaient comme couche pour les bébés.

Plus loin dans la montagne, on voit des carrés plus verts et des tas de pierre. Là vivaient des gens avant la Famine. Les villages abandonnés se remarquent à peine. A nos pieds, des blocs de granite recouverts de lichens parmi les fougères : une tombe préhistorique. Quand Carol nous la montre, je reconnais bien les deux blocs levés comme à l’entrée d’un dolmen. La grosse dalle du toit a glissé.

séchage de la tourbe
séchage de la tourbe

De retour dans le milieu humide, Carol nous parle de l’exploitation de la tourbe , combustible traditionnel pour le chauffage mais aussi pour la cuisson des aliments. Il existe même une centrale électrique fonctionnant à la tourbe. Autrefois, on creusait à la pelle. Il fallait déblayer la végétation, puis creuser en découpant des briques de tourbe. Aujourd’hui, des machines débitent des sortes de « saucisses ». le travail n’est pas terminé avec la découpe. Il y a le séchage au soleil, dans un  pays où il pleut autant. La tourbe contient énormément d’eau qu’il faut éliminer. Il faut retourner, mettre debout les briques et enfin les rassembler en tas. D’après ce que j’ai compris, les gens obtiennent une concession pour aller creuser, on en confie une pour 6. La tourbe réserve parfois des surprises : les objets sont très bien conservés dans ce milieu anoxique où la décomposition ne s’opère pas. On a retrouvé des cadavres en parfait état ; de l’état manucuré des mains, on a pu déduire  que l’homme retrouvé était le fils d’un noble assassiné. Telle jeune fille morte il y a des siècles a été retrouvée avec ses cheveux, mais éviscérée : mort étrange qui pourrait inspirer des romans policiers.

On a également retrouvé des mottes de beurre. La tourbière fut utilisée comme réfrigérateur. Le beurre était conservé dans un sac, puis oublié, il pouvait se conserver éternellement. Il s’imprègne malgré tout de l’odeur de la tourbe.

Ce soir, une conférence a pour sujet La boue, les fossiles et les pollens. J’aurais bien aimé l’écouter si nous avions été logées à proximité.

Pour pique-niquer nous retournons au dessus de Ballybakill harbour, la vue est merveilleuse.

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Letterfrack a aussi organisé un parcours poétique au départ du Centre des visiteurs. Le sentier descend dans le bois profond, passe une chapelle, un petit pont, sur un panneau, un poème qui me plait bien. Le sentier serpente dans le bois et revient au bassin et à la cascade. Il sort du domaine pour rejoindre le cimetière des enfants : sur la pelouse des cœurs en marbre noir poli, un prénom, 12 ans, 13 ans, 14 ans au plus; Dans le bâtiment du Centre des Visiteurs, il y avait autrefois une école réputée très sévère, les enfants sont morts pendant leur scolarité.

La promenade se poursuit dans le village où je découvre une série de maisonnettes de teintes pastels. Au rebord des fenêtres, des corbeilles de fleurette bleue, bégonias rouge orangé. Les poèmes sont introuvables, je m’arrête là.

Depuis 6 jours à Clifden, nous n’avons pas encore visité son musée. Il est temps de réparer cet lacune ! La Musée est installé dans l’ancienne gare (avec un hôtel et un restaurant). A la place des noms de rue, on a conservé les plaques des quais. Les rails courent encore sur la chaussée . Pour renforcer l’illusion, l’odeur de la tourbe ressemble à celle des anciennes gares du temps des locomotives à vapeur.

Joli cadre, mais exposition sans intérêt sauf si on est passionné de chevaux. Le rez de chaussée est consacré au Poneys du Connemara.  Palmarès de récompenses, rosettes, diplômes décernés aux éleveurs, ne m’intéressent nullement. En mezzanine une petite histoire de Clifden. Fondée en 1812 par John d’Arcy dont nous avons vu le château. L’arrivée du train à la fin du 19ème siècle devait favoriser le développement de la « capitale du Connemara » avec l’essor du tourisme. Des paysans l’empruntèrent pour leur départ vers l’Amérique. Quelques objets rappellent cette époque : une balance pour peser la laine, une machine à écrire…rien de passionnant.

Derrimlagh :

Retour pour terminer la promenade sur les lieux de la Station Radio de Marconi. Je marche sur une vraie route goudronnée puis par des chemins de cailloutis dans une tourbière exploitée actuellement, un peu plus de 5 km sous un ciel menaçant, d’un bon pas. « Archéologie » du début du 20ème siècle. Des bâtiments, il ne reste que de vagues fondations (un peu comme dans les ruines antiques de Crète). Sur des socles artistiquement rouillés (ils sont neufs) on a planté des explications, des photos anciennes : ici, le condensateur qui vibrait avec un bruit infernal, là la centrale électrique fonctionnant à la tourbe, là le bungalow du contremaître… Au début, c’est amusant, ensuite je passe rapidement (il pleut) devant l’étang où les employés pêchaient la truite. Parcours plus sportif que culturel ! Quelques jours plus tard, je verrai à la télévision l’inauguration de cette attraction qui vient tout juste d’être réalisée.

Après dîner j’ai le projet d’aller au Pub. Tous les restaurants, tous les pubs de Clifden affichent de la musique live. Lequel choisir ? Tous sont peints de couleurs vives et avenantes. Je ne connais rien à la musique celtique (que je préfèrerais) ni au rock irlandais. Le « Griffins » en bas de chez nous peint en bleu me semble plus attirant. Nous garons la voiture devant. Les autres font plus « restaurant pour touristes » avec leurs menus en français, ou trop chic comme celui d’en face. A neuf heures je descend vêtue de mon Sweatshirt neuf  habillée « pour sortir ». Déception, la salle est  presque vide. Seules deux tables sont occupées. L’une par une famille française  avec deux petites filles sirotant un coca avec une paille. L’autre avec des touristes regardant les photos prises pendant la journée. Deux échalas coiffés de stetson sont perchés sur les tabourets du bar, ils grattent une guitare sans conviction sur des airs du far west. Je m’assieds seule à une troisième table. Personne ne vient prendre la commande, il aurait peut être fallu que j’aille au bar me servir… Dans cette ambiance morose, je ramasse mon sac et me tire. Je suis venue trop tôt, sans doute, et pas le bon jour, ni à la bonne adresse…piège à touristes.

jardin exotique de Roscoff

 RETOUR A ROSCOFF 2014

jardin exotique de Roscoff
jardin exotique de Roscoff

Sous un beau soleil, nous terminons les vacances au jardin exotique de Roscoff situé juste derrière la marina du port des Bloscons.

Ce jardin a commencé par l’acquisition d’un rocher monumental,  les collections sont venues ensuite.

le rocher
le rocher

Nous sommes conviés à un voyage dans l’hémisphère sud : plantes d’Afrique du sud, de l’Australie, du Chili…Les plantes sont belles, mais tellement exotiques que je n’essaie même pas de mémoriser les noms. Je passe devant ébahie par les formes et les couleurs. Il me faut photographier le panneau pour identifier la plante. Des parcours sont fléchés entre les bosquets,  autour du grand rocher, vers une serre de succulentes, autour d’une pièce d’eau ornée d’animaux en mosaïques.

Ceci n'est pas un chou!
Ceci n’est pas un chou!

Sur des ardoises, des poèmes, des citations du Petit Prince, de Cioran aussi.

Les panneaux explicatifs nous emmènent à la suite des explorateurs, des botanistes, des connus comme Cook ou Bougainville mais d’autres inconnus. Je découvre la première femme à avoir fait le tour du monde Jeanne Barret qui accompagna Commerson, moins connu le breton Glaziou qui fonda un jardin pour l’Empereur de Brésil et professa des idées universalistes, Labillardère qui rapporta en Europe l’Eucalyptus en Tasmanie en 1792, Frazier qui rapporta du Chili des plants de fraisiers. Après plus d’une heure de déambulation, je quitte le jardin sans avoir tout vu. J’aurais dû apporter mon cahier.

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Comme dans les musées, on sort par la boutique. Ce n’est pas une boutique de souvenirs mais des étals de plants. Les prix sont vraiment plus que raisonnables. J’aurais tout acheté : des pélargoniums ou géraniums de collection , des petits grenadiers, des aloès… Les conditions de culture et les exigences de température sont très bien expliqués. De nombreuse plantes ne craignent pas le gel.

Achats au marché de Djourbel: cola, bissap et pain de singe

CARNET SÉNÉGALAIS

Noix de cola

Au marché de Djourbel, nous achetons deux noix de cola, une blanche et une rouge. La vendeuse a aussi des bâtonnets pour nettoyer les dents. Nous cherchons l’ »immodium local », pour le « rhume des fesses » : le fruit du baobab, séché, écorcé et concassé qui se présente sous forme de petites masses blanches , qu’on dissout dans l’eau (ajouter un pue de sucre pour le goût). Au même étal j’achète de l’hibiscus rouge séché pour faire du bissap 300CFA une mesure pour 5 litres d’eau.  Le marché est bien achalandé. Les bouchers vendent de la belle viande, il n’y a même pas de mouches. Le poisson est très frais.

Fleurs d’hibiscus pour le bissap et sachets du fruit de baobab