CARNET DES CYCLADES – NAXOS

Au réveil, la météo annonce une « jolie brise » venant du nord. Je viens de découvrir la météo marine sur le téléphone et cela m’amuse. Meltemi ou Boreas ? En tout cas, le miroir noir et doré du lever de soleil est en éclat et je naurai pas ma baignade de l’ »aurore au voile orangé » comme l’aurait chanté Homère dans l’Iliade ou l’ »aurore aux doigts de rose » de l’Odyssée ? je lis le Sourire d’Homère de Jean Soler qui m’enchante.
Nous cherchons une crique abritée pour une baignade tranquille. Pourquoi ne pas retourner à Apollonas avec sa mini-plage de sable fin abritée par la digue du petit port (3 bateaux) .
A l’envers de la carte SKAI, une randonnée de Koronidha à Apollonas, 5km, 1h30, convient tout à fait ;
La randonnée étant notée « très facile » nous prenons notre temps, passons à la Tour Bazeos entre Sagri et Halki, fermée à 9h. Une file de chèvres avance à la queue-leu-leu, peut être vont-elles à la traite ? Un paysan donne à boire à ses vaches. Seuls les agriculteurs sont matinaux. Toutes les boutiques sont fermées. Dans la jolie lumière du matin, je me propose de faire des photos dans les rues de Halki, l’ancienne capitale de l’île, que nous avons traversée à nombreuses reprises mais pas encore visitée et dont le centre historique est piétonnier.

Un panneau « Eglise byzantine Aghios Giorgios Diasoritis» me conduit hors de Halki par une rue dallée entre les murs des jardins débordant de bignonias, bougainvillées et jasmin odorant, puis une allée passe dans un tunnel de verdure. Les cognassiers portant des fruits se sont rejoints d’un verger à l’autre, puis un lierre a suivi le même parcours. La campagne est plantée d’oliviers très grands et très vieux aux troncs noueux. De petites murettes délimitent les parcelles. Aghios Giorgios est dans un écrin d’oliviers : vielle église de pierre à la coupole couverte de tuiles, précédée d’un narthex surmonté d’un clocher. Une autre église, se trouve à 6 minutes sur un chemin encore plus sombre qui emprunte le lit d’un ruisseau bordé de lauriers roses géants. Des plaques de marches forment un escalier pour monter à l’église à deux nefs jumelles. Elle est peinte à fresque comme Aghios Giorgios mais il faut faire le circuit entre 11h et 14h30 pour avoir une chance de les trouver ouvertes. Ce circuit des églises byzantines est long de 6.5 km autour de Halki. Malheureusement il ne figure pas sur notre carte SKAI.
La Panaghia Drossani, se touve sur la route de Moni. Elle aurait été fondée entre le 5ème et le 7ème siècle et serait l’une des plus anciennes églises byzantines des Balkans (selon le Petit Futé). Son nom, Notre Dame de la Rosée lui aurait été attribué de ce que ses murs perleraient de rosée quand Moni serait en danger. Elle n’ouvre pas avant 11h, en revanche elle ferme tard dans l’après-midi. Nous sommes repassées au retour et j’ai pu admirer ses fresques et me promener dans le couloir menant à une toute petite chapelle. La fresque de la Vierge est pas mal abimée ; on reconnait mieux les saints Cavaliers Saint Georges et Saint Demetrios. 4 Personnages debout en très bon état restent pour moi un mystère.
De Moni à Koronos la route panoramique m’enchante toujours autant. Les parfums complètent l’enchantement du spectacle qui se déroule sous mes yeux. Mieux, les odeurs permettent d’anticiper. Enivrée du parfum sucré et entêtant des genêts, je perçois l’approche d’un figuier ou d’une terrasse plantée de vigne. Depuis que le vent s’est levé la visibilité est meilleure. Au carrefour Stavros Karomotis où le panorama est à 360° je reconnais même les villages de Tholaria et Lagkada au dessus d’Aegiali (éclipsé par une petite île)sur Amorgos. Entre Koronos et Skadho des cerisiers portent des cerises.
Le sentier N°9 passe à la sortie de Koronidha (1h40, 6km) un peu plus qu’annoncé sur la carte SKAI.

Au début la promenade correspond au descriptif : un beau sentier en balcon, parfois dallé, parfois terreux. Aucun balisage mais le parcours est évident. Malheureusement cela ne va pas durer ! Sympathique rencontre une femme et un homme tiennent un âne à la bride chargé de seaux, de courses et de fromages. Salutations « kalo dhromo ! ».
Je croise une grosse piste de terre qui ne figure pas sur la carte et je suis perplexe. Je consulte mon smartphone sur lequel j’ai photographié la carte, je peux zoomer sur la photo, vraiment pas de piste ! Heureusement un panneau me dissuade de l’emprunter, il pointe vers les broussailles. Au début on devine le sentier mais quelques centaines de mètres plus tard il a complètement disparu mangé par les coussins épineux. Au bout de 10 minutes je suis perdue au milieu de nulle part. je viens sur mes pas jusqu’à la piste, vérifie bien la direction de la flèche, c’est bien la direction que j’ai prise tout à l’heure. En étant très attentive je retrouve des dalles et des marches d’un chemin qui a existé autrefois, il faut donc chercher ses vestiges. Le banc promis par la carte SKAI existe ! Sans balises, envahi par les épines, l’itinéraire est bien là. Ma progression est ralentie par les buissons, il ne faut pas m’accrocher. Les dalles inégales sont parfois descellées. Je marche sur du schiste. Heureusement, les chèvres sont de bonnes débroussailleuses et, sur le chemin il y a deux bergeries. Petite appréhension à cause des chiens. Je m’étais fait une belle frayeur à Lesbos. A Naxos, il semble que les troupeaux se gardent tout seuls, je n’ai pas encore rencontré de chiens. Confortée par la présence de dalles et de marche, j’avance plus vite. Certains poteaux sont calcinés. Un incendie a dû ravager la montagne et on n’a pas remplacé les poteaux indicateurs du sentier. Enfin ! une balise rouge et blanche confirme que je suis bien sur le N°9 je n’ai même pas de retard sur l’horaire prévu.

Dominique m’attend sur la route devant une maison ornée d’une treille de vigne.

Nous retrouvons « notre » table à la taverne Apollon. Aujourd’hui, il y a des roses dans les vases. La serveuse nous reconnaît. Le serveur nous apporte une carafe d’eau gratuite au lieu de nous imposer l’eau minérale payante. Nous sommes devenues des habituées ! Le téléphone retrouve sa connexion Wifi. Nous commandons de la moussaka et des côtelettes d’agneau servie avec des frites de patato naxou et du tzatzíki tellement aillé qu’il brûle presque les lèvres, mais ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Les imitations françaises de tzatzíki manquent toujours d’ail, je m’en souviendrai pour en ajouter !

Comme nous l’avions prévu la petite crique est tranquille et je peux nager. Je fais plusieurs fois le tour de la « piscine » délimitée par la digue, la plage et une barre rocheuse, sans m’aventurer aujourd’hui dans la mer ouverte agitée. Je suis ravie ; la journée d’hier sans baignade m’avis frustrée