27 km entre Ghisonaccia et Ghisoni sur la D344 en suivant le cours du Fium’Orbo.
Grande ligne droite de 8 km à travers les vergers d’agrumes et les vignobles. Dans la colline la route passe par un vilain maquis de buissons rabougris et desséchés jusqu’au barrage électrique de Sampolo . un joli lac reflète les sommets et le hameau de Sampolo. La vallée se resserre après le petit pont, les défilés de l’Inzecca et de Strette sont impressionnants. Le fleuve a creusé un canyon étroit. Piscines et cascades se succèdent en contrebas de la D344 très pittoresque mais très étroites. Par endroit deux véhicules ne peuvent pas se croiser et la circulation dans le tunnel est alternée. Des refuges permettent d’attendre que le véhicule d’en face soit passé. Chaque fois que l’arrêt est possible en sécurité je descends prendre des photos. Au fond, le massif du Monte Renoso (2352 m) porte encore des plaques de neige. Un grand pin fourchu mort ressemble à un grand diapason se détachant sur les crêtes.
Lac de Sampolo
A l’entrée de Ghisoni les deux sommets rocailleux qui dominent le village sont Kyrie Eleison (1260 m)et Christe Eleison (1535 m). Leur nom rappel le martyre de 6 Giovannali réfugiés à Ghisoni brûlés sur le bûcher comme hérétiques en 1363. Les prières renvoyées en écho des sommets.
Le village de Ghizoni est bâti de hautes maisons. Il a deux églises, un monument aux morts et une fontaine avec une statue de Neptune mais très peu de commerces. La minuscule épicerie est coincée à l’étage d’une maison proche de la Poste et de la Mairie. Des vaches divaguent autour de l’église, l’une d’elle escalade même les marche du perron. Des chiens se promènent en liberté mais il y a bien peu de présence humaine. Pas de terrasse de café.
l’église de Ghisoni
On croise des randonneurs très bien équipés : chaussures de montagne montantes, bâtons télescopiques, gros sacs à dos, marcheurs du GR 20 proche ou alpiniste. J’aurais bien aimé faire une balade mais le circuit le plus court autour du village est annoncé 3h30 avec un sérieux dénivelé. Après mes déboires de dimanche, je ne me sens pas d’entreprendre une telle aventure seule. Ici la montagne est pentue et dangereuse, pas question de m’y perdre ! D’autant plus que les balades ne sont pas balisées (en dehors du GR20.
Le Fium’orbo fait une courbe vers le sud. Une petite route très sinueuse monte vers la station de ski de Campannella (3 remontées mécaniques) et où se trouve un refuge du GR20 . C’est toute une aventure que cette route qui s’élève de 800 m à 1600 m en 11 km avec un nombre incalculable de tournants et épingles à cheveux. Heureusement il y a très peu de circulation. Seule une voiture viendra à notre rencontre (à vive allure, sûrement un habitant du village). La route traverse une forêt de pins aux fûts impressionnants. Les châtaigniers sont en assez mauvais état. En altitude les hêtres sont nombreux et magnifiques. A la sortie de la forêt, quand commencent les alpages, des pins spectaculaires dressent leur silhouette sur le ciel bleu violent d’altitude. Plantnet les identifie comme Pins Cembro les guides parlent de pin laricio.
D69 à travers la forêt de Marmano jusqu’au col de Verde où nous déjeunons en compagnie de génisses, veaux et même un taurillon. Les génisses sont curieuses et s’approche de la voiture ; un petit veau dort à quelques pas de nous, il est secoué dans son sommeil. A quoi rêve-t-il ? Où sont les vaches ? Ces bovins divaguent librement. Au col un sentier devait me conduire vers le « plus gros sapin de Corse » encore un arbre remarquable. La serveuse du restaurant-refuge me décourage « c’est loin ! » je demande » 45 minutes c’est aller/retour ? « Non ! deux fois 45 minutes « et encore l’itinéraire n’est pas indiqué.
Pour rentrer on reprend la même route. En montagne, il est parfois surprenant de faire le même chemin dans les deux sens. J’ai le plaisir de parcourir à pied (sut la route) le défilé de l’Inzecca. Dominique m’attend au petit pont qui franchit le Fium’orbo pour aller à Sampolo. Une belle ferme-auberge est installée non loin de l’eau. Au menu, des plats de montagne mais aussi des tartes de légumes : blettes poireaux brocciu que nous aurions bien essayées. On se contente d’un café.
Santa Lucia di Talllano vue du couvent franciscain
6h30, bain matinal. 4 dames font du longe-côte. Il y a quelques vagues ce matin. On a « construit » avec des flotteurs jaunes une « piscine » rectangulaire. D’habitude, j’aime nager le plus loin possible parallèlement à la côte. Avec les vagues et la « fermeture » de la plage, (sans aucun avis la confirmant) je ne veux pas cumuler les transgressions et reste dans la piscine.
Saint-Lucie-de-Tallano est située à 8.5 km de Levie. la D59 est un peu plus fréquentée que dimanche dernier mais toujours dans un paysage sauvage, des forêts magnifiques. J’admire les chênes-liège, les pins mésogéens très hauts. Le GPS est aussi altimètre, j’essaie de déterminer la limite des chênes et des pins. Ce n’est pas net, n’est pas Humboldt qui veut ! Même exercice avec les châtaigniers qui poussent plutôt vers l’intérieur tandis que les chênes-liège se trouvent près du littoral. Les châtaigniers sont en fleurs, forte de feu d’artifice végétal, jaune pâle. Les châtaigniers sont aussi ceux dont les branches desséchées dépassent des cimes vertes. Souffrent-ils de la sècheresse ou sont-ils malades ?
le couvent saint François
A l’entrée de Sainte-Lucie-de-Tallano, au-dessus du parking, une grande église se trouve près d’un haut bâtiment. C’est le Couvent Saint François . Bâti à l’écart du village, il est précédé par une terrasse en balcon plantée de mûriers, fraîche et ombragée avec un point de vue sur le village et les montagnes environnantes qui sont dominées par le Monte San Petru (1400 m). Le couvent a été construit en 1492 sur l’emplacement d’une maison-forte par Rinucciu della Rocca qui fut d’bord un partisan des Génois puis leur ennemi. Le 6 vendémiaire de l’an XII, bien national il abrita un bataillon d’infanterie.
Il fait frais dans la montagne, le vent souffle sous les mûriers. Pas facile de prendre en photo la grande église, très sobre ni les arcades du cloître, je filme quand je n’arrive pas à trouver le cadrage satisfaisant.
Sur la place du village, d’un côté l’église et un magasin de souvenirs qui vend des bracelets avec « l’œil de Sainte Lucie » qui est l’opercule d’un mollusque (Astrée rugueuse ou Bolma rugosa) .
Maison forte
En face le Monuments aux morts de la Grande Guerre qui est signalé à cause du socle en diorite orbiculaire, roche volcanique locale très décorative, noir polie criblée de disques rayonnés blancs en cercles concentriques. Ces monuments sont toujours pour moi un sujet de stupeur avec de si longues liste pour de si petits villages.
Pressoir è huile
Pour terminer le tour de la place, un café (clients locaux), un restaurant et au fond une pizzeria avec une terrasse-jardin. Nous choisissons le Santa2 Lucia qui a une grande terrasse ouverte surplombant la place (covid oblige) et je file au Moulin à Huile, au bout du village qui ferme à 12h précises. Entrée 2€ visite guidée des presses, des jarres et du mécanisme entraîné par la roue à aube (mais il n’y a plus d’eau). Dans la pièce voisine une cheminée garde une température assez douce pour que l’huile ne fige pas. Il y a aussi une chaudière pour la seconde pression à chaud qui donnera de l’huile d’éclairage ou pour le savon de Marseille. Aujourd’hui, on n’utilise plus ce pressoir antique (qui n’est plus aux normes mais qui pourrait fonctionner) on porte les olives à un pressoir moderne.
jarre à huile
La carte du Santa Lucia est variée. Elle propose des assiettes de charcuterie (comme partout en Corse, des salades, des pâtes et des plats consistants comme du sanglier. Je choisi des tripettes de veau servies dans une sauce rouge parfumée avec une grosse pomme de terre fondante. Bien servi, je renonce aux desserts à a châtaignes bien alléchants.
Santa Lucia di Tallano rue du village
La visite suivante : saint Jean Baptiste à côté du hameau de Poggio était le but d’une promenade d’une heure sur » un sentier frais avec passage d’un gué » vanté par le guide vert. Nous n’avons jamais trouvé le départ et ce n’est pas faute d’avoir cherché ! pourtant tous les gens nous ont dit qu’il y avait un panneau. Après avoir tourné, retourné, je renonce à la promenade et nous arrivons beaucoup trop tôt à Sotta où un concert de polyphonies corse se donnait à 19h. Nous aurions dû attendre 2h30 !
A la sortie de Porto Vecchio, la D368 s’élève très vite dans la montagne jusqu’au Col de Punticella (78 m) d’où la vue est très belle sur la Baie de Porto Vecchio. Les lacets deviennent de plus en plus serrés à travers une forêt magnifique : les pins ont succédé aux chênes-verts et aux chêne-liège.
l’Ospedale (850 m) nouvel arrêt pour le panorama. Selon la table d’orientation, on pourrait voir la Sardaigne et les îles italiennes. Elles sont noyées dans la brume.
Les sommets se profilent, je reconnais les Aiguilles de Bavella à leur silhouette, pourtant distantes de 20 km. Pour les autres montagnes il faudrait l’aide d’un guide. La route suit la rive du lac de barrage de l’Ospedale qui brille entre les futs des pins. L’autre rive est déserte et les montagnes sont pelées. Des blocs de granite ont des formes fantastiques. Un rocher semble tenir en équilibre sur la paroi lisse.
lac de barrage dd l’Ospedale
La route continue ses virages dans la forêt de Zonza. A chaque tournant, une nouvelle perspective. Des flèches jaunes signalent les départs de randonnée. Je me réserve la balade de la Cascade pour une prochaine occasion. Ce sera un plaisir de revenir sur cette route aussi splendide que spectaculaire.
Ma silhouette donne l’échelle de ces arbres géants
Zonza est une station touristique d’altitude, bien organisée avec des hôtels, des campings, un office de Tourisme, location de vélos, parcours accrobranche…Nous quittons la D368 pour la D420
Quenza
Quenza
Quenza, joli bourg, met en valeur son patrimoine en apposant de nombreuses plaques commentant l’habitat, l’histoire, la géographie locale. Un sculpteur a organisé dans son pré « un jardin de sculptures » majoritairement en fer forgé en détournant des objets du quotidien (grilles, cornières, piquets) et quelques sculptures de granite. Le granite est très présent dans le village : dés énormes et une belle sitelle.
la sitelle de granite de Quenza
Sur Wikipédia j’ai trouvé que Quenza organisait régulièrement des biennales de la sculpture et particulièrement la taille du granite. On peut aussi voir à Quenza un « château toscan » (récent). Au centre du village la grande église Saint Georges est sévère comme les autres églises de granite de la région. A l’intérieur se trouveraient des panneaux peints mais elle est fermée. Les maisons de granite gris ont souvent un étage et des balcons en fer forgé.
A la sortie du village, à l’écart, la petite chapelle Santa Maria Assunta est surnommé la chapelle de l’an Mil. Aucun décor extérieur, un toit de lauzes sur l’abside en cul-de-four. Elle est ouverte, aussi simple à l’intérieur qu’à l’extérieur sauf l’autel qui porte de nombreuses statuettes et surtout des fresques 15ème.
Serra-di-Scopamena
Le but de l’expédition d ’aujourd’hui est un Chemin du Patrimoine promenade de 50 minutes autour du village. Problème n°1, trouver le départ de la randonnée, problème n°2 : trouver un parking agréable et ombragé pour Dominique qui va m’attendre.
Serra di Scopamène : moulin
La petite place de l’église est plantée de tilleuls, il y a des bancs et une belle vue. Une dame en gris se promène en fumant, elle ne connait pas le sentier, en revanche, le monsieur en rouge, oui. Il indique la piste derrière l’église qui descend dans la forêt de châtaigniers. Pas de balises mais une seule piste conduit au Moulin. Belle maison de pierre avec une roue à aube intacte. Le tout petit filet d’eau qui s’écoule était-il suffisant pour actionner la roue ? Ce moulin fonctionnait sur deux niveaux, au plus bas : pressoir à huile d’olive, au niveau supérieur une meule à grain pour les châtaignes. Après le moulin, je trouve les flèches en ferraille et les cairns. Le circuit m’entraîne dans le haut du village parmi de belles maisons de pierre. Certaines sont grandes avec des escaliers extérieurs, des arches. D’autres sont plus modeste, basses ?
La plus grande porte une plaque triangulaire sculptée au-dessus de la porte, elle est ornée d’un très beau rosier rouge. Le sentier monte dans la châtaigneraie. Les châtaigniers ici sont qualifiés d’ »arbres à pain ». Parmentier les aurait étudiés avant de promouvoir la pomme de terre. Au programme de la visite : des séchoirs à châtaignes. Je les ai loupés (ou pas reconnus) . Peut-être étaient-ce ces maisonnettes qui ont perdu leur toit ? la balade s’achève au lavoir égayé par des fleurs roses qui poussent entre les pierres du mur. ( Valériane rouge (Centranthus ruber) ou valériane des jardins).
Serra di Scopamène : lavoir
A Zonzanous prenons la route de Levie dans la forêt pour visiter le Musée Archéologique de l’Alta Rocca en espérant le trouver ouvert : le site n’est pas mis à jour sur Internet et ils ne répondent pas au téléphone alors qu’on les a appelés trois fois ce matin.
Le Musée s’organise autour de la présentation du territoire et sa géologie, puis un parcours chronologique commence au Mésolithique avec l’arrivée des humains en Corse 8500 av.J.C. pour se terminer avec la mort du seigneur Rinuccio della Rocca en 1511.
La section qui m’a le plus intéressée est celle de la Géologie de la Corse :
Je recopie la chronologie proposée qui me fixe un cadre mais qui ne rend pas compte de toute la complexité de la Géologie de l’île.
a)Formation de la Corse ancienne :
325MA – 280MA (Dévonien-Carbonifère) contemporaine des chaînes hercyniennes (massif de Cagna et de l’Ospedale) Gabbro dioritique de Sainte Lucie
285MA – 130 MA structure annulaire de Bavella
b) formation de la Corse alpine
Au Tertiaire : rotation de la plaque ibérique, le bloc corso-sarde s’éloigne de l’Europe.
Quaternaire : 20.000 la Corse et la Sardaigne forment encore un seul bloc
12.000 le relèvement du niveau de la mer opère la séparation entre la Corse et la Sardaigne.
J’ai beaucoup apprécié les échantillons de roches : Granite, Diorite et surtout Diorite orbiculaire de Sainte Lucie de Talliano ; gabbros (pierres demi-deuil) Rhyolites de l’Ospedale et de Zonza.
Peuplement animal
le Prolagus corse et le sarde sont éteints mais le pika leur ressemble
Holocène : Arrivé de l’homme vers 9000ans av. JC et introduction de nouvelles espèces
Pléistocène : baisse du niveau marin, pont avec l’Italie permet l’introduction de nouvelles espèces
Pliocène : asséchement messinien des espèces africaines s’installent ;
Miocène : séparation du bloc corso-sarde comparé à une « arche de Noé à la dérive »
Des fossiles sont présentés : le Cerf de Caziot megaloceros cazioti provenant de la Grotte de Nonza. C »est une forme naine
La vedette du musée est le Prolagus (lapin-rat) dont on voit le squelette. Ce rongeur fut consommé en Corse pendant 8000 ans et même jusqu’au XVIIIème siècle en Sardaigne. Ces rongeurs étaient consommés en brochette
Une « rencontre » : la Femme de Bonifacio
la femme de Bonifacio
Le squelette de cette femme datée 7000-6500 av. JC est présenté dans la position où elle a été retrouvée. Agée environ de « ( ans, elle était lourdement handicapée et n’aurait pas pu survivre seule. C’est donc la preuve de l’existence de la solidarité du groupe et de l’organisation sociale à l’époque.
18h45, Je descends à la plage de Santa Giulia pour ma baignade du soir alors que les familles sont parties . La baie retrouve sa sérénité. C’est aussi l’heure du bain des chevaux qui tournent comme au manège avec des cavaliers fort dévêtus. Aujourd’hui, il reste encore du monde sur le sable et les terrasses des bars sont pleines. Personne, absolument personne dans l’eau. Une guirlande de flotteurs réduit la baignade à la dimension d’une très grande piscine. Un gros homme se démène et parle dans un talkie-walkie. Je ne remarque que plus tard son écusson tricolore. Il lâche son appareil et crie « La plage est interdite, retournez à vos véhicules ! » – « c’est une blague ? » – « non, cela vient de tomber ! » Un cargo a dégazé sa cuve au niveau de Solenzara et la nappe d’hydrocarbure dérive vers le sud. Depuis deux jours la télévision relaie l’information d’une pollution des plages corses.
Aucune boulette de mazout, aucune trace de pétrole. L’eau est limpide. Non seulement on n’a pas le droit de se baigner, mais on ne peut même pas rester sur le sable et profiter de la douceur du soir. Il a fait plus de 30° à l’intérieur des terres. Près de l’eau, on respire. Et nous voilà à nouveau punis ! Après confinements et couvre-feux, on évacue les plages. Il n’y a que deux policiers municipaux pour toute la plage et tout le monde obtempère. Le covid nous a rendu bien obéissants ! je regarde la plage se vider à regrets et je remets mes tongs (mon véhicule comme l’a dit le gros homme).
Circuit 130 km sur les routes tortueuses du Nebbio avec le thème des églises pisanes.
Canonica
La Canonica, cathédrale romane pisane, consacrée en 1119 par l’évêque de Pise sous le nom de Santa Maria Assunta se trouve près du littorale. Actuellement isolée en pleine campagne, elle fut bâtie sur le site antique que la ville romaine de Mariana.
Googlemaps ne conduit pas l’automobiliste vers une ville antique mais plutôt là où se trouvent des établissements commerciaux. Après l’aéroport de Poretta il nous guide vers le Lido de Mariana : sable fin, eau claire, restaurants de plage mais aussi bateau pétrolier et citernes non loin.
Cadnonica
La Canonica est fermée, déserte mais extrêmement belle avec ses pierres claires polies de calcaire cipolin et « une subtile polychromie allant du gris jaune au vert clair » selon le Guide Vert. Harmonie des volumes, sobriété des décors : quelques frises, les entrelacs du linteau, six claveaux figurant des animaux ou des personnages naïfs. Ma plus belle surprise, du côté de l’abside, mon attention a été attirée par le piaillement des petits fauconneaux excités par le retour des parents. L’oiseau adulte ne se montre pas tant que je reste proche du nid installé dans un trou de bouline. En prenant du recul, je constate que toutes ces cavités sont occupées par des oiseaux.
Ville antiaque de Mariana
La cité romaine de Mariana fut fondée au er siècle av. J.C. par Marius. Sur le site on observe les fondations en briques quelques colonnes également en briquais, d’autres rondes en granite. Aucun panneau explicatif. Le guide Vert signale une basilique paléochrétienne et un baptistère. Evidemment je n’ai rien reconnu mais j’ai aimé le calme du site, le pin parasol et l’olivier qui se détachent sur le décor des montagnes. Un beau musée devrait s’ouvrir prochainement, sur Internet il est annoncé pour le 22 juin 2021.
Défilé de Lancone
Défilés de Lancone
La D62 croise la T11 à Biguglia. Après avoir traversé des quartiers résidentiels la petite route passe sous de très beaux chênes-liège puis s’élève entre les buissons de cistes. Clin d’œil à Humboldt, les cistes, fanés au niveau de la mer, ont une floraison blanche merveilleuse. Le Bevinco qui a creusé les gorges coule nettement en dessous de la route, on ne le devine même pas sauf à la fin avec une cascade. Je marche le long du parapet pour une promenade pittoresque. Sur une plateforme, un écriteau signale d’anciennes galeries de mines de cuivre d’un complexe comprenant 3 galeries sous la route abritant 5 espèces de chauve-souris protégées : 10 gites de transit du Minioptère de Schreibers et 7 gites de Rhinolophe Euryali . Après plus d’un an de Covid on n’a pas envie de fréquenter les mines abandonnées aux chiroptères. Les falaises servent également d’habitat à nombreux oiseaux. Une ZNIEFF protège ces habitats et ces populations. Plus on monte et plus le site devient spectaculaire. Les roches affleurent. Un site d’escalade est aménagé avec cordes et pitons.
La route débouche sur un carrefour au Col de San Stefano où se trouve encore un monument au souvenir de la Résistance.
San Michele
San Michele
A l’entrée de Murato, San Michele est une jolie église pisane isolée sur un plateau herbu construite en 1280.
De 1077 à 1284, après avoir chassé les Sarrazins, la Corse passe sous l’autorité de la République Pisane, en rivalité avec Gènes. Pour asseoir son autorité Pise dote la Corse de nombreuses édifices religieux. Bicolore, elle est construite de calcaire blanc de Saint Florent et de Serpentine du Bevinco. Elle fut remarquée en 1839 par Prosper Mérimée.
Murato
Gros bourg de montagne animé. Corses et touriste heureux du déconfinement, sont nombreux aux terrasses des bars et des restaurants. Trop tôt pour déjeuner maintenant, on décide de faire des courses. J’achète à la boulangerie des « tartines grillées » au fromage fondu et petits légumes(tomates poivrons champignons) et miel et chèvre.
Murato : Hôtel de la monnaie
Les curiosités du village sont l’église de l’Annonciation (en haut) et l’Hôtel de la monnaie où Paoli fit battre monnaie en 1763 : les « soldi ».
La très étroite et très tortueuse D62 relie les villages de Rapale , Pieve, Sorio et S Pietro-di-Tenda. A l’heure du déjeuner il y a peu de circulation et c’est heureux parce que les croisements seraient hasardeux. Le plus souvent nous sommes à l’ombre de beaux arbres : chênes de taille impressionnante, parfois des frênes et des châtaigniers en pleine floraison. Quand on sort de la forêt, les genêts à balai égaient la route, très hauts, et très jaunes, et toujours des cistes. Les oliviers sont anciens, très hauts mais leur ombre est moins dense et moins fraîche.
Pieve : 3 statues-menhirs
Nous traversons le village ombragé par de grands platanes. Comme à l’accoutumée, parking impossible, on gare la voiture à quelques centaines de mètres après la sortie du village. Un homme qui promenait ses chiens de chasse m’indique un raidillon qui conduit à l’église – campanile très haut, fronton baroque – elle ne retient pas mon attention. Les trois statues-menhir sont protégées sous un petit édicule vitré. Comme à Patrimonio, elles ne sont guère mises en valeur. La ressemblance avec une silhouette humaine n’est pas évidente.
Sorio
Sorio ressemble aux villages précédents, accroché à la pente, morcelé en plusieurs quartiers. Deux églises se font face à quelque distance mais séparées par un vallon. L’une est peinte en rose avec des décors blancs, l’autre est jaune. Près de l’église jaune une source est cachée dans une petite cabane de schiste.
Village perché du Nebbio
On ne visitera pas S Pietro-di-Tenda village plus important mais situé à l’écart de la route.
La D62 est encore plus étroite. Croiser un camping-car fut une épreuve : le camion a reculé, Dominique a mis deux roues dans le bas-côté, cela passait juste.
Après avoir passé l’Alisio sur un pont de pierre, nous trouvons enfin le coin-piquenique idéal sous un grand platane, une fontaine, un petit bassin de pierre avec des têtards, un banc de schiste. Personne ne passera sur la route pendant que nous goûtons nos tartines.
Saint Florent
Baignade sur la Plage de la Roya en face d’un club aux activités diverses (location de kayaks de mer, excursions aux plages des Agriate, paddle, mais aussi sports aériens), un zodiac porte une aile…le sable est blanc, l’eau claire manque de profondeur, il faut aller loin pour avoir de l’eau au-dessus de la taille.
Saint Florent Cathédrale du Nebbio Santa Maria Assunta
L’ancienne Cathédrale du Nebbio Santa Maria Assunta achevée en 1140 ressemble beaucoup à la Canonica en plus grande et moins brillante. Visite payante (1.5€). Le maître-autel et le chœur XVIIème sont baroque. On peut aussi admirer un Christ noir et sous un catafalque de verre, la dépouille de Saint Flor,, soldat romain martyr, habillé d’une sorte de cotte de maille avec la tunique brodée de perles argentées. Lors de la fête patronale on le porte sur la plage puis parmi les chemins muletiers du Nebbio.
Nous rentrons par la D238 entre les domaines viticoles de Patrimonio à Oletta puis par le Col de Teghime.
Le long de la D80, l’urbanisation se fait moins dense, les maisons s’espacent un peu jusqu’à Miomo qui devait être notre premier arrêt. Nous la ratons première halte. Impossible de garer la voiture. Ceci sera une constante au cours de la journée. Ne pas chercher à s’arrêter à s’arrêter dans un site précis. Laisser la voiture où on peut, et, revenir sur nos pas à pied. De toutes les façons, les panoramas seront magnifiques et on fera des trouvailles inattendues.
Lavasina est célèbre pour son sanctuaire qui attire les foules pour son pèlerinage au mois de septembre. Le campanile en béton, très haut se voit de loin et dépasse tous les toits. L’église de dimension plus modeste n’a rien qui puisse attirer la mécréante. Où s’arrête pour profiter de la plage de galets ? (refrain)
Villages perchés
A l’entrée de Lavasina, une petite route part en épingle à cheveux. Nous la ratons, revenons en arrière. Le virage est alors trop serré, il faut s’y prendre une troisième fois pour une nouvelle tentative. La D54 monte dans un épais maquis vers les villages perchés de Poretto et Pozzo. Une église isolée dans la verdure avec un haut clocher, est précédée d’un vaste parvis entouré d’une banquette de pierre. Est-ce le couvent des capucins annoncé par le Guide Vert ? Je n’aurai pas le loisir d’approfondir le sujet, Un gros chien noir s’approche, menaçant. j’ai juste le temps de remonter en voiture. Une autre route monte au Monte Stello et se faufile entre deux coupoles surgissant de la verdure, chapelles ou tombes ?
perdue dans la montagne la grande église
Un parking est le départ pour la randonnée du Monte Stello, le plus haut sommet du Cap Corse (1306 m), randonnée difficile avec 1000 m de dénivelée, 7h10 de marche selon Visorando. Seule, je ne me lancerais jamais dans une telle expédition ! Cependant le parking est plein. A partir du 1er juin, le petit village de Pozzoest interdit à la circulation. Il est particulièrement calme et pittoresque. A la porte d’un hôtel, un tas de vieilles chaussures de montagne, des bûches et un vieux vélo. Devant une buvette, des packs d’eau sont empilés pour les randonneurs imprévoyants et assoiffés. Belles maisons de pierres. Toits de lauzes. Un clocher dans la verdure.
Nous descendons vers Erbalunga par le hameau de Castello. Le château est invisible. La chapelle Notre-Dame-des-Neiges est très jolie avec son toit de lauzes. La petite chapelle est l’arbre qui cache la forêt ; à savoir une énorme église que je découvre en tournant autour de la chapelle. La taille et le nombre d’édifices religieux au Cap Corse qui me paraît si désert sont des sujets d’étonnement. A Erbalunga, bien disciplinées, nous garons la voiture au parking. Le long de la route se trouvent toutes les commodités (Mairie, cafés, Spar, pharmacie). Plus bas des ruelles conduisent à des placettes pittoresques. J’arrive à la Tour Génoise située directement sur le rivage puis me promène sur le mignon petit port.
la plage de Tamarone
Dominique a réservé au restaurant U Paradisu sur la plage de Tamarone à midi et demie. Nous traversons sans nous arrêter la Marine de Sisco,la Marine de Pietracorbara, et celle de Porticciolo sans nous arrêtons et admirons au passage deux tours génoises.
Macinaggio est un village très touristique avec un port de plaisance important, de nombreux restaurants et hôtels. Madame GPS nous envoie dans des petites routes bordées d’hôtels jusqu’à un camping. Le goudron s’interrompt alors ; la piste poussiéreuse fait des montagnes russes avec des nids de poules en prime. La Plage de Tamarone de sable blanc est baignée d’une eau limpide turquoise. En s’approchant on reconnait les tas argentés des lanières de posidonies. Ce ne sont pas des « saletés », au contraire ! les herbiers des posidonies sont les milieux de vie de nombreux poissons, mollusques et crustacés. Il est essentiel de les préserver. Evidemment quand l’eau en contient beaucoup la transparence est altérée mais cela n’a rien d’une pollution quelconque.
Les baigneurs (3 dans l’eau) sont concentrés, à une extrémité où il n’y a pas de posidonies. Je les rejoindrai. La présence d’autres nageurs me rassure quand je ne connais pas la plage.
U Paradisu
U Paradisu est le seul restaurant de plage : un auvent de bois, un parquet, ni mur ni porte. Une jauge de 55 couverts. La table réservée se trouve dans un angle contre la plage< ; Le serveur et le patron sont aux petits soins ; Pour éviter les 3 marches pour Dominique, ils lui proposent de passer par la cuisine. Saint Pierre accompagné de légumes pour Dominique. salade de poulpe grillé et chorizo pour moi. Le mariage poulpe et chorizo est très réussi servi sur un lit de salade verte avec des quartiers de tomates des lamelles de poivron rouge. Les assiettes sont tellement bien garnies que nous renonçons au dessert alors que le soufflé glacé aux châtaignes nous tentait.
L’eau est bien fraîche pour la première baignade de l’année. Je commence à marcher dans l’eau jusqu’à la cheville puis aux mollets. Timidement j’avance face aux vaguelettes paresseuses qui ondulent. Je rejoins une dame mouillée jusqu’aux cuisses. « C’est la première fois ? » On s’encourage mutuellement, la vague mouille le bas du maillot. Je finis par me décider et la dame m’imite. C’est tellement bon après avoir été privée cet hiver de piscine ; Au-dessus des posidonies l’eau est peu profonde. Je regrette de ne pas avoir apporté mon masque. A l’ombre il fait 25°C mais au soleil bien plus. Je sèche vite.
De Macinaggio à Rogilano, le sentier des douaniers longe la côte. Je marche entre lentisques (les plus communs), arbousiers qui portent leurs fruits en pompons, bruyères et myrtes fleuris . Pour les senteurs, œillets, immortelles sont en pleine floraison. Il y a aussi des petite mauves (Malva neglecta selon l’appli Plantnet). Trois îles sont très proches de la pointe du Cap corse. L’un d’eux porte une ruine. Plus loin se profle une autre plage blanche déserte.
11
Dernière étape : le village de Tomino à 4km de Macinaggio. A la sortie du village la D353 monte dans un maquis très touffu. Elle serpente complètement à l’ombre de grands arbres. On ne devine le village qu’au dernier moment. La route bifurque, d’un côté la Mairie, de l’autre l’église. De loin se profilent les silhouettes massives de deux tours, l’une ronde, l’autre carrée. Encore la menace d’un chien féroce interrompt la prise de photos.
Direction de l’église Saint Nicolas XVIIème baroque, façade jaune rythmée de colonnes cylindriques blanches, le clocher allégé d’arcades et coiffé d’une coupole. L’église se dresse à l’arrière d’une grande esplanade en balcon. Quelques mûriers très élagués sont alignés pour former des arcades. Je traverse l’esplanade pour admirer le panorama. C’est le Campo Santo – le cimetière – qui a la plus belle vue sur la mer. Une table d’orientation montre les îles italiennes visibles par temps clair et même les carrières de marbre de Carrare. Des hirondelles me survolent avec des cris suraigus, formant comme un essaim agressif.
La route de Sancti Spiritu longe la très belle vallée de los Ingenios bordée par des montagnes bleutées dans le petit matin. La canne couvre de belles étendues vert tendre. Des ruisseaux serpentent . quelques fermes isolées sont ombragées par de gros arbres tropicaux à la cime arrondie.
Los Ingenios sont les raffineries à sucre parfois appelés moulins à sucre. Cette vallée est le centre de la production de la canne à sucre.
Nous faisons un premier arrêt pour le panorama . . Deux vautours picorent le cadavre d’un malheureux chien.
Les panneaux roses signalent les sites touristiques. Nous parvenons sans encombre au village de Manaca construit autour d’un curieux édifice : une tour de guet de six étages avec des paliers à arcades. Dominique monte les échelles jusqu’au premier niveau (deux étages d’un immeuble ordinaires) je grimpe jusqu’au sommet. La vue est très étendue . On surveillait ainsi les plantations .
Les plantations vues de ma tour de guet de Manaca
Au pied de la tour un très joli marché est installé, tout blanc de dentelles : nappes et draps brodés, suspendus, flottant au vent. Sur des cintres, des blouses des combinaisons et des pantalons à l’ancienne. Des femmes brodent (pour authentifier la facture des broderies ?)
Le village est très fleuri, les jardins bien entretenus . Les petites maisons de bois peint en blanc patiné, ouvertes à tout vent. A l’arrière la cuisine consiste en un plan de travail . Parfois des marmites cuisent sur de petits feux au milieu de la cour. Au fond des petits appentis, des cabinets.
Les porcelets se promènent tranquillement dans la « rue » ainsi que les poules suivies de leurs poussins. Une vieille femme avec un turban sur la tête propose de nous accompagner. Des cris nous surprennent : «c’est un calao qui parle » explique-t- elle. C’est un gros oiseau qu’on devine entre les branches d’un manguier . Est ce un perroquet ? Elle vient avec nous sous l’arbre. L’oiseau noir et lourd s’envole. Une sorte de mainate ? Les villageois semblent beaucoup aimer les oiseaux . Au toit de leur auvent, ils suspendent de jolies cages faites de très fines lattes de palmier avec de petits oiseaux exotiques pour nous .Sur un petit terre plein soigneusement balayé une cage est suspendue à un poteau avec un écriteau « local des dominos » . Ce n’est pas l’heure, la place est vide . Je photographierais bien chacune des maisons mais j’ai peur d’être indiscrète. La tour provoque un afflux de touristes et je n’aime pas trop d’idée de participer à cette invasion .
Pour libérer ma conscience, je m’invente un code de savoir-vivre à ma propre intention : toujours demander, bavarder un peu, demander le nom des gens que je photographie . Nous nous promenons très tranquillement. Une petite fille pose gentiment . Je demande à sa mère à quoi travaillent les gens du village : «A la canne » et les femmes ? « A la canne aussi . C’est un dur travail »Il existe aussi une usine de papier un peu plus loin mais les gens de ce village n’y travaillent pas. Certains jardins sont clos par des poteaux serrés qui ont repris vie. D’autres, par les mêmes cactées qui étaient dans le salon de la mère de Dominique . Les tiges plantées serré bifurquent et forment un rideau piquant impénétrable. Dans un jardin, une pancarte : Chien méchant ;
Pour prendre une autre photo, j’engage la conversation avec une dame noire en tablier enturbannée qui se plaint que ses plantes ont soif . Elle me montre les coléus sur la terre sèche .Il n’a pas plu depuis six mois . Je m’étonne et lui raconte l’averse d’hier à Cienfuegos . Je lui demande son adresse pour lui envoyer la photo si elle est réussie , le code postal du village . Etonnement, personne ne connaît le code . Le nom du village devrait suffire .
Avant de repartir, je choisis une blouse sans manches au marché avec des jours et de discrètes fleurs brodées. Dominique insiste pour que je prenne aussi un pantalon qui coulisse avec un lacet . La vendeuse me fait un prix 15$ pour les deux . Elle a eu raison ! Après la douche, j’ai mis mon nouvel ensemble qui est très léger et agréable à porter avec cette chaleur .
Le petit train à vapeur avec ses wagons de bois a apporté sa cargaison de touristes . Nous repartons à bord de notre petite Hyundai bleue vers des aventure hors des sentiers battus .
Le gardien du parking nous a dit que nous devrions trouver su site intéressant après le pont sur le Rio . On pourrait même s’y baigner ; Nous tournons sur une mauvaise route dans les champs de canne à sucre . La route se transforme rapidement en piste . A notre rencontre, arrivent d’antiques camions bleus chargés de canne. C’est la Zafra. Leurs allers et venues sont incessants. Ils soulèvent une épaisse poussière qui s’enroule avec le vent comme une mini-tornade.
Nous demandons notre chemin au village suivant. Deux femmes montent à bord . L’une d’elle avait une silhouette très pittoresque avec un parapluie noir qu’elle brandit comme une ombrelle. L’autre porte une cocotte .
Nous découvrons un bâtiment très vaste en haut d’un imposant escalier, précédé d’arcades majestueuses. C’est la maison des plus grands sucriers du début du XIX ème siècle 1820 . Ils ont fait peindre des fresques par un peintre italien. L’UNESCO rénove le bâtiment pour y installer un musée du sucre. Le garde nous commente très aimablement la visite.
Près de la route, dans une grande mare, des hommes battent l’eau avec des gourdins : ils pêchent .
C’est l’heure du déjeuner :J’entre dans une petite cantine en ciment sur le bord de la route .. La dame fait des difficultés pour accepter mes dollars, elle ne peut pas me rendre la monnaie Après maintes hésitations, on me prépare un bocadillo de jambon au pain se et un « hamburgesa » sur un minuscule réchaud. Elle me rend en « monnaie nationale » C’est la première fois que je vois des billets de 20 pesos . Le hamburgesa est très pimenté . Je me débarrasse du billet au bar du mirador pour acheter une glace très rose très chimique . Nous avons déjeuné pour 1$.
En rentrant à Trinidad vers 14h ,. nous doublons des carrioles tirées par des chevaux chargés de canne. Le cheval rentre seul à la maison, il connaît le chemin. Le paysan fait la sieste couché sur son chargement de canne.
Lundi jour de marché à Bricquebec! La rue principale est occupée par le plus joli marché de campagne : Surprenante, la présence d’animaux vivants : canards dans des cages, lapins et même des moutons. Les maraîchers ont apporté leurs productions locales : les carottes de Créances sont renommées, les pommes de terre de Surtainville…et partout on voit des champs avec des poireaux ou des oignons du Cotentin. Les étals sont aussi fleuris. Une dame assise sur son pliant propose trois salades et de petits tas de légumes vairés ainsi que quelques bouquets. Plus loin il y a de véritables carrés de petits plants de salades à repiquer. Bien sûr, il y a aussi des food-trucks ou des « spécialités-régionales-attrapent-touristes » mais finalement très peu.
production maison!
On entre dans la cour du château en passant sous un porche. L’enceinte est complète, elle enferme une vaste cour circulaire autour d’une motte portant le donjon (11ème siècle). Le corps du logis avec la vaste salle d’apparat est maintenant un hôtel.
Château de Bricquebec
Histoire du château
Ses origines remontent à l’époque viking avec le chevalier Anslech. Un baron de Bricquebec, Robert Brertan accompagnât Guillaume le conquérant en Angleterre. En 1207, quand la Normandie fut annexée à la couronne de France, Bricquebec perdit ses terres anglaises.
1325, pendant la Guerre de Cent ans, des rivalités avec Geoffroy d’Harcourt entraînèrent une allégeance à l’Angleterre.
1346 : débarquement des Anglais à Saint Vaast-la-Hougue
1417 nouveau débarquement anglais, le château fut occupé et resta sous domination anglaise jusqu’en 1450.
Au château de Caen, l’histoire de la Guerre de Cent ans est racontée en détail.
château de Bricquebec 2
A Bricquebec aussi, le topo-guide Chamina propose le circuit N°26 (12 km – 3h45) empruntant l’Allée Verte jusqu’à la Cage (un hameau de Rocheville) distant de 6 km. L’allée Verte est un tronçon de l’itinéraire cycliste qui relie Cherbourg au Mont Saint Michel. C’est une large piste bien lisse, bien droite passant sous une voûte de très beaux arbres qui me protégeront complètement de l’averse. Mieux pour les cyclistes que pour les piéton (le parcours est assez monotone). En se rapprochant de Rocheville, elle est bordée de noisetiers, cerisiers et charmes. En contrebas, il y a de beaux jardins potagers. je retrouve Dominique au pied de la grande église de Rocheville. L’ennui c’est que dès qu’on quitte un circuit du topo-guide ce n’est pas aisé de retrouver la suite. Nous ne verrons pas l’Allée couverte – prétexte de la randonnée. Ce n’est pas un monument très connu. Le jeune qui descend de son tracteur pour expliquer le chemin n(en a jamais entendu parler, pourtant le dolmen se situe dans un rayon de moins d’un kilomètre. Les témoignages de la Préhistoire savent se montrer discrets.
Pendant que je marchais sur l’Allée Verte, Dominique a acheté un festin : une araignée, des bulots pour un déjeuner au jardin du gîte. C’est très amusant et très long de décortiquer l’araignée, on mange tout sauf les branchies trop coriaces. Pour terminer figues violettes et chasselas.
Après une série de jours pluvieux nous de croyions plus au retour du soleil. Ce matin, il fait froid (6°), il a neigé sur les crêtes et le soleil brille ?
La piste 711 fait le tour de la péninsule de Vatnsnes. Rouler sur piste nous inquiète un peu, mais l’excursion est conseillée dans le Roadbook. C’est une piste carrossable. Il ne faudrait pas qu’on crève avec l’une qui ne peut pas se baisser et l’autre d’une seule main, changer une roue c’st mission impossible. La piste 711 traverse une campagne herbue au relief plutôt mou où se prélasse en nombreux méandres une petite rivière qui se jette dans le fjord par une lagune bordée par un cordon de sable noir. Comme nous prenons notre temps pour prendre des photos nous sommes rattrapées par les touristes qui se pressent à Hvitserkur célèbre arche qui sort de l’eau. On peut la photographier du belvédère ou faire un selfie sur la plage avec le rocher derrière soi ; le sentier est bien raide et bien glissant, je ne peux pas me permettre une seconde chute, je renonce à la plage.
Hvitserkur
La piste est bien roulante, étroite mais avec des passing places pour se croiser signalés par la lettre M. Ces petits parkings sont parfaits pour les arrêts-photos. Le tour de la péninsule fait 70 km, nous y consacrons une demi-journée.
Sans village indiqués par la carte, j’imaginais la péninsule déserte. Les cabines de vacances, les fermes se succèdent, dispersées certes, mais nous n’avons pas l’impression de désolation que nous avons ressentie dans la lande roussâtre hier. Un petit village avec une église au clocher pointu se niche dans un creux.
Illugastadir : observation des phoques
phoques
Deux sites sont aménagés pour l’observation des phoques : parking, toilettes impeccables mais payantes, un sentier gravillonné minant à la plage et des panneaux. On y raconte un fait divers sanglant, au début du 19ème siècle, un poète, coureur de jupons fut tué dans son lit avec sa maîtresse à l’instigation de sa femme. Un autre écriteau nous incite à rester sur le sentier pour ne pas déranger les oiseaux. C’est un site de nidification des eiders. J’ignorais que ces canards sauvages puissent être familiers des humains qui rassurent les canes en éloignant les prédateurs et leur fournissent même du foin pour rendre le nid encore plus confortable. En échange, les Islandais récoltent les plumes abandonnées dans les nids que les canetons ont quittés. Le duvet est un si bon isolant que la cane peut quitter la couvée les œufs restent chaudes jusqu’à son retour. Aujourd’hui les eiders sont absents ;
Au bout du parcours, la colonie de phoques est bien là, une quarantaine d’individus protégés par un bras d’eau. On a aménagé une cabine d’observation vitrée et fermée et on décrit les caractéristiques des deux espèces présentes : phoque gris et harbour seal (phoque des ports ??), le panneau explique aussi la reproduction de ces animaux. Il est amusant de remarquer que la femelle phoque est appelée « cow » et le mâle « bull ». Les phoques sont paisibles. Ils sont un peu loin pour la photo.
Rassemblement des troupeaux
Un curieux parc à moutons ressemble à une grande roue, avec en son milieu un cercle et des sortes de rayons qui délimitent des secteurs. Les bergers à pied avec leurs chiens ou sur des quads font entrer les moutons dans le petit cercle. Ils examinent les numéros sur des plastiques agrafés à l’oreille et trient les animaux en reconstituant les troupeaux de chaque propriétaire qui les enfermera l’hiver dans les bergeries respectives. Voilà pourquoi nous n’avons jamais vu de troupeau : les moutons, en l’absence de prédateur paissent librement dans la lande l’été et se dispersent.
Hvammstangi
Nous arrivons à l’heure du déjeuner à Hvammstangi. Un seul restaurant est ouvert aujourd’hui au- dessus du Musée des Phoques : belle terrasse au-dessus de l’eau, salle très claire vitrée, décoration sobre mis élégante, des brindilles de saule dans des bouteilles, des bougies sur des galets, des lampes en pierre de lave, le chic scandinave ! Les soupes de poisson sont surprenantes : la serveuse arrive avec une grande assiette contenant des crevettes, un palet rond, des petits morceaux de poisson ; comme par magie, elle nappe le tout dans une bisque épicée qu’elle verse d’une grande saucière et qui est relevée avec de l’oignon vert, des graines de pavot et de l’huile d’olive. Le poisson est excellent « cod » dit la serveuse. Du pain brun est présenté dans un seau, le beurre fondant est disposé sur des galets. Repas gastronomique très réussi. Depuis le temps qu’on attendait !
Centre des phoques
Le petit musée expose des phoques empaillés, une barque utilisée autrefois pour la chasse aux phoques et une belle expositions de photos sur le thème des »humeurs du phoque ». Il y a également beaucoup de lecture. Les panneaux bilingues que je lis consciencieusement décrivent les différentes espèces de phoques et la pêche traditionnelle. Les Islandais mangeaient ou salaient la chair, utilisaient la graisse pour l’éclairage, les peaux pour la tannerie et les chaussures. Cette activité est en déclin.
Le centre n’est pas uniquement un musée pour distraire les touristes, c’est également un centre de recherches qui expose les résultats :
la part du saumon dans le régime alimentaire des phoques. Les pêcheurs voient d’un mauvais œil ce concurrent. Ils pourraient consulter les études : la part du saumon est minime par rapport à celle des harengs, poissons plats et autres espèces ;
Autre sujet étudié : le comportement des touristes vis-à-vis de la colonie des phoques ou comment faire une pédagogie bien ciblée.
Un beau film termine la visite .
Sur la place une « Galerie » vend des objets d’artisanat, des sculptures, du tricot ; au grenier on peut visiter un bric-à-brac au nom de « musée » qui rassemble des objets de la vie quotidienne un peu oublié comme machine à écrire et à calculer et même un vieux moniteur d’ordinateur.
Nous allons acheter un bandeau au magasin d’usine de tricotage qui propose divers pullovers, vestes ou bonnets…à des prix légèrement inférieurs à ceux des boutiques. Les pulls faits main sont inabordables autour de 23 000 ISK (170€) j’emporte comme souvenir un bandeau en jacquart blanc-gris, souvenir utile quand le vent rugit dans les petits saules.
Stora- Ageirsa
Nous ne voulons pas quitter Stora Ageirsa sans une visite à ses deux cascades. La plus grande, Kolugjufur est un peu plus loin. La légende raconte qu’une femme-troll aurait creusé l’étroit canyon dans lequel la rivière s’écoule.
L’autre cascade beaucoup moins imposante est en face du Hot tub dont j’enrage de ne pouvoir profiter avec mon bras cassé. Deux bancs sont immergé en face.
La promenade des gorges de Spelunca débute 2 km après Ota, passés les « deux ponts » et emprunte l’ancien chemin d’Ota à Evisa sur le chemin de randonnée Mare e Monti. L’itinéraire est jalonné de panneaux présentant les animaux et les végétaux. Je suis étonnée de cette flore de milieu humide avec des fougères, sélaginelles, petits cyclamens qui ont fleuri après la pluie, salamandres et lézards. Malheureusement les panneaux sont très dégradés, décolorés ou troués – on a fait des cartons. L’un d’eux décrit les propriétés du buis qui se trouve être en bon état mais je reconnais les dégâts des pyrales ; ces derniers jours nous subissons au gîte une véritable invasion de petits papillons de nuit gris qui ressemblent bien à la pyrale. La promenade dans les gorges est bien plaisante. Le sentier est dallé de granite ; il monte et descend si bien que le dénivelé n’est pas fatigant. A nos pieds coule le ruisseau.
La première partie de la balade se termine au pont de Zaglia qui franchit un autre torrent. Ce pont est très arqué en raison des crues violentes. Il a été construit au 18ème siècle. Pont muletier : deux mulets chargés devaient pouvoir s’y croiser. La suite du parcours est conseillée aux randonneurs avertis (650 m de dénivelé – 4 h). Le sentier monte en lacets le long de la paroi. Il a été dallé « à pas d’âne », les marches ont été espacées pour que l’âne monte confortablement.
Pour rejoindre Evisa en voiture nous continuons la D124 ; extrêmement étroite et sinueuse débouchons sur la D84 (route de Corte) toujours aussi tortueuse et occupée par un troupeau de chèvres aux longs poils et belles cornes, les chèvres marchent tranquillement au milieu de la chaussée sans faire d’efforts de s’en écarter malgré le trafic. La plupart des automobilistes sont des touristes ravis de les rencontrer. Personne, ni homme ni bête ne s’impatiente.
les cochons sur la route
Après les chèvres, les cochons sont vautrés sur le bas-côté, de toute taille et de toutes couleurs. Un verrat noir dort, allongé tandis qu’une truie dispute très violemment un de ses porcelets. Comme les chèvres, les cochons sont une attraction ; les touristes descendent de voiture, filment ou photographient. Les cochons ne sont pas farouches. Un petit vient se frotter à mes jambes. Une jeune femelle se couche sur le dos comme un chien qui demande qu’on lui gratte le ventre. Tous les cochons ne sont pas en liberté ; Certains sont enfermés dans un enclos. Tous finiront en charcuterie, en attendant, ils ont la belle vie. Ces élevages de porcs ne sentent pas mauvais comme les élevages industriels. On ne voit ni lisier ni purin.
Une virée dans la campagne
Quand on monte en altitude, les châtaigniers sont plus fréquents. Ils sont déjà chargés de bogues piquantes. Curieusement elles ne sont pas dispersées dans l’arbres mais regroupées sur certaines branches. Le châtaignier est l’arbre emblématique d’Evisa. Au 17ème siècle les Génois incitèrent les Corses à les planter et les greffer ; selon Paoli, le châtaignier est « l’arbre à pain » la production abondante de glands et de châtaignes confère aux porcs une qualité exceptionnelle. Le marron d’Evisa peut être transformé en marron glacé. Nous avons la ferme intention d’en acheter, mais la saison terminée, on ne nous propose que de la « confiture de marron». La farine de châtaigne est récompensée par une AOP « Farina di Corsica ».
Forêt d’Aitone
A la sortie d’Aitone, il y a un sentier d’interprétation de la châtaigne (2h30). J’emprunte le tronçon fléché « piscines naturelles, cascade » sur le GR Mare e Monti tracé sur un chemin de transhumance. En fait de piscines naturelles et de cascades et vasques, un petit filet d’eau s’écoule. Des touristes ont installé des serviettes mais on ne peut guère s’y baigner, tremper les pieds et se rafraîchir !
Châtaignes d’Evisa
La forêt est plantée de pins Laricio, pins maritimes d’une taille remarquable. M’attendant à trouver une grande cascade je dépasse d’abord l’escalier qui descend au ruisseau et je continue Mare e Monti jusqu’à une passerelle suspendue. En revenant je découvre un ancien moulin à châtaignes sur le bord du chemin.
Pour pique-niquer, nous trouvons un coin parfait sur la route de la maison forestière. Difficile d’évaluer la hauteur des pins ! Même le houx est géant.
sentier du Mt Zas (Zeus)Piton rocheux au dessus de Filoti
Dominique – sur les suggestions du Guide Vert – a prévu une journée aventureuse en dehors des attractions touristiques, jusqu’à l’extrémité sud de Naxos. Si on regarde la carte du Petit Futé, au sud de Filoti serait une sorte de désert sans villages ni routes. Nous avons acheté hier une carte SKAI où chaque église, chaque moulin, chaque station-service figurent. A l’envers de la carte, 7 promenades sont décrites en une sorte de Topo-Guide. Selon cette carte seul un court tronçon de notre itinéraire emprunte une piste non goudronnée.
Nous partons par Sagri, traversons Halki et Filoti sans nous arrêter. Nous reviendrons ! A la sortie de Filoti le sentier N°2 indique la Grotte de Zeus – première étape de notre circuit. La montagne Zas ou Mont Zeus (1001m) est le point culminant de Naxos. La légende y a fait naître Zeus dans une grotte. J’ai déjà visité une Grotte de Zeus où la Chèvre Amalthée aurait nourri Zeus sur le Mont Ida (Psiloritis 2456 m). Fils du titan Chronos et de la titanide Rhéa Zeus aurait été enlevé et apporté en Crète pour être soustrait à son père qui dévorait se enfants.
Trompées par la flèche, nous suivons une petite route qui serpente dans la montagne, passons sous un moulin qui a gardé son axe, mais perdu son toit, sous un haut piton rocheux complètement chauve (600 m) portant sur son sommet une chapelle blanche que j’ai appelée Prophète Elie parce qu’elle n’a pas de nom sur notre carte. Une flèche marron signale un sanctuaire de Déméter (nos sommes dans une région agricole) . La route continue à grimper et nous dépassons les chapelles Aghia Panaghia, Aghia Anasthasia et Aghios Efstatios qui, d’après la carte SKAI ne sont pas du tout dans la direction du Mont Zas mais bien sur l’itinéraire du sud que nous prendrons plus tard. Nous faisons demi-tour après Aghios Efstatios au-dessus d’un pâturage de chèvres. Je marche sur un tapis de crottes quand je descends photographier l’église. Aghia Anastasia est jolie avec son toit imitant les lauzes blanchies à la chaux sous un bel arbre.
Mt Zas source de Rhéa
Retour à Filoti. La route pour les voitures est différente du chemin des randonneurs. Elle prend un peu plus loin dans une épingle à cheveux sur la route principale. C’est une route étroite qui grimpe sur 1.3km au flanc du Mont Zas et s’arrête à un minuscule parking. Il faut continuer à pied 20 minutes pour la Grotte, 1h pour le sommet. . Le sentier pavé avec un muret conduit à une place ombragée sous un vieux platane avec un bassin rectangulaire, des rigoles cimentées et une source qui jaillit dans une vasque en marbre. Un écriteau prévient que l’eau est potable et qu’il convient de ne s’en servir uniquement pour se désaltérer.
J’imagine ici, des fêtes champêtres, des réunions de famille, voire un culte ancien aux nymphes ou aux sylphides…Le sentier dallé de marbre continue encore dans la montagne, assez pentu.je marche dans l’odeur sucrée des genêts. Cela se gâche sur la fin : d’abord, le sentier devient étroit et poussiéreux, puis on doit continuer dans les rochers et les marques rouges disparaissent. Heureusement des randonneurs ont fait un cairn pour signaler le passage. Dans les derniers 50 m avant la grotte c’est presque de l’escalade. On passe une stèle en ciment avec la seule inscription compréhensible 1953 ( ?). L’entrée de la grotte est fermée par deux murs de pierre (abri pour les bergers ? )
A la descente je croise des randonneurs plus courageux que moi qui ont fait le trajet à partir de Filoti. Je bois à la source de Zeus avant de remonter en voiture.
vers les crêtes
La route du sud contourne le Mont Zas. Après Aghios Efstatios, serpente en lacets serrés jusqu’au col de Petalia à plus de 700 m. Avant d’arriver au col je remarque de nombreuses terrasses cultivées ; certaines sont jaunes, blé non moissonné ou graminées sauvages, ou plantées d’oliviers amandiers et aussi de chênes. Les bergeries sont dispersées dans la campagne. De grosses touffes de genets fleuris jaunes et odorants font des pyramides qui s’étalent sur le goudron, décorant ainsi la route.
Au col, on voit la mer. La route a fait tant de virages que je ne sais plus quelle côte s’offre à nous : Mikri Vigla et Kastraki ou Kalados au sud. D’après l’urbanisation, je pense plutôt à la côte occidentale. Et ces îles : Paros, les Petites Cyclades ou Amorgos ? Il nous aurait fallu une boussole. Je suis surprise de voir partout des panneaux indiquant les noms de localités ou de ruisseaux. Cette région de Naxos n’set pas du tout déserte comme l’absence de village le suggérerait. Partout, dispersées dans la montagne, des fermes, des bergeries et le long de la route, des églises.
La végétation est variée : aux pyramides des genêts en altitude, succèdent des pentes rocheuses avec des buissons de genévriers et parfois des bosquets de chênes ou même de grands chênes, plus bas des oliviers, de ces vieux oliviers au tronc monumental avec une écorce torsadée qui s’enroule sur elle-même formant un cône d’où une touffe de branches feuillues se déploie. Des chèvres, impériales, marchent sur la route.
La Tour Cheimarros
Au niveau de la Tour Cheimarros, le goudron s’arrête pour reprendre quelques centaines de mètres plus loin. Cette tour est hellénistique 4ème siècle av JC. Est-ce pour surveiller la mer ? Qui l’a plantée là, si loin du rivage ? C’est une très grosse tour construite soigneusement de gros blocs taillés, 15 m en marbre de Naxos, beaucoup plus imposante que les moulins qui coiffent les collines. Le chantier de restauration est enfermé par des grilles, on ne peut pas approcher.
Plus bas la route est bordée de lauriers roses magnifiques ; Qui a planté cette haie ? Ils fleurissent blanc et roses et sont florissants malgré la chaleur. La région paraît dotée de nombreux ruisseaux. La carte signale une source qu’on ne verra pas. Plus on descend, plus la campagne est cultivée en oliveraies et en champs de blé.
Kavados lauriers roses
Enfin, on approche de la mer. On voit une digue. Il y a un port dans la baie de Kavados mais la route n’y arrive pas. Le goudron à nouveau fait place à une piste de terre qui se sépare. A la fourchette deux flèches : vers la gauche une enseigne naïve d’une taverne traditionnelle, vers la droite un écriteau plus moderne avec deux numéros de téléphone (un pour le grec, un autre pour l’anglais), café-restaurant et même des studios.
Nous nous engageons à gauche et arrivons au port fermé par une grille. Il y a des quais, des bornes, plusieurs bateaux à quai. Pas de taverne sur le port. Pas de capitainerie non plus. La taverne est perchée en haut d’un escalier de bois. La piste est carrossable. Accolé à une caravane, un auvent de cannisses, et dessous une demi-douzaine de tables carrées en bois et des chaises paillées. Quatre vieux messieurs, moustachus, bedonnants sont rassemblés pour bavarder. En même temps que nous arrive une femme à la robe et la chevelure noire portant des provisions dans des sacs : c’est la patronne ; Bien sûr qu’on peut manger, mais pas maintenant. Il faut d’abord ouvrir la cuisine (caravane) et allumer le barbecue.
Nous descendons à la plage, pas très convaincues. Peut être le restaurant sur la colline en face avec sa grande terrasse bleue serait mieux ? Nous reprenons la voiture jusqu’à la fourche, traversons une vraie forêt de lauriers roses. Au milieu coule un ruisseau. Passons à côté d’une belle plage de sable gris presque déserte. Un couple profite de l’occasion pour une baignade naturiste. La piste qui remonte vers le restaurant n’est pas carrossable pour la Panda, il aurait fallu un SUV !
Kavados, petit port et plage
Nous redescendons à la plage pour une merveilleuse baignade. Je nage en regardant les collines en pente douce cultivées de blé. En nageant, je compte les fermes dispersées. Il y en a bien une dizaine. La pointe sud de Naxos est loin d’être déserte, elle est seulement mal reliée par la route. En revanche, par bateau, c’est un paradis préservé ! 3 yachts sont dans le port, deux beaux deux-mâts et un gros à moteur. Calme. J’imagine que du temps d’Ulysse, le décor n’a pas changé. J’imagine le navire, ou le radeau échouer sur cette plage.
Nous remontons à la « taverne typique » vers 13h30. Un couple nordique est attablé. Ils semblent être des habitués et parlent grec avec la patronne. Pas de voiture, ils ont peut-être un bateau. On vient d’allumer le barbecue : des ceps de vignes sont entassés à côté d’une table de pierre.
Bien qu’on soit à la mer, pas de poisson au menu. La dame proteste. Elle est agricultrice. Tous ses produits viennent de sa ferme. Elle élève des moutons et des chèvres. Menu viande uniquement. On peut aussi commander des légumes. « Voulez-vous des frites ? « – « Non ! », la dame est vexée « vous n’aimez pas les patato naxou ? ». Les pommes de terre de Naxos ont été distinguées et possèdent une appellation contrôlée ; Tous les naxiens en sont très fiers. Dominique commande des beignets de courgettes et d’aubergines, et moi des petites côtelettes avec les frites de patato naxou.
Pendant que la dame cuisine, Dominique trouve un prétexte pour lier connaissance avec les bergers qui ont des bâtons longs comme des houlettes. Elle emprunte mon canif qui ne coupe plus bien et demande aux messieurs s’ils ont de quoi l’affûter. Bien sûr ! ils n’ont pas besoin d’un fusil ou d’une pierre, un autre couteau suffit. Occasion de les filmer, ils sont très photogéniques.
les bergers de Kavados
L’assiette des côtelettes est remplie d’un haut tas. Quand je le découvre, je proteste qu’il y en a trop. Mais dès que j’ai commencé deux ou trois manchons je réclame le reste ; je n’ai jamais mangé des côtelettes pareilles ; pas grasses, gouteuses. La viande sent le thym que les bêtes paissent dans la montagne. Les courgettes et les aubergines sont aussi délicieuses avec une pâte très fine, craquante.
Retour par la même route, sauf qu’à Halki nous avons raté la route de Sagri et avons fait un long détour presque jusqu’à Hora.
A Mikri Vigla, une surprise nous attend : les ailes des Kite-surf volent. Il y en a de toutes les couleurs. Les surfeurs glissent et s’envolent. C’est très joli mais cela inaugure la saison touristique. Avec eux est arrivé un énorme camion noir et un pick up qui nous bouchent la vue. Dans le camion, des planches de surf. Le propriétaire est chez lui, c’est un ami des propriétaires. Il revient tous les ans. Il est chez lui, et nous ne sommes plus chez nous.