Journée aventure dans le sud de Naxos : Grotte de Zeus et Baie de Kalados

CARNET DES CYCLADES 

sentier du Mt Zas (Zeus)
Piton rocheux au dessus de Filoti

 

Dominique – sur les suggestions du Guide Vert – a prévu une journée aventureuse en dehors des attractions touristiques, jusqu’à l’extrémité sud de Naxos. Si on regarde la carte du Petit Futé, au sud de Filoti serait une sorte de désert sans villages ni routes. Nous avons acheté hier une carte SKAI où chaque église, chaque moulin, chaque station-service figurent. A l’envers de la carte, 7 promenades sont décrites en une sorte de Topo-Guide. Selon cette carte seul un court tronçon de notre itinéraire emprunte une piste non goudronnée.

Nous partons par Sagri, traversons Halki et Filoti sans nous arrêter. Nous reviendrons ! A la sortie de Filoti le sentier N°2 indique la Grotte de Zeus – première étape de notre circuit. La montagne Zas ou Mont Zeus (1001m) est le point culminant de Naxos. La légende y a fait naître Zeus dans une grotte. J’ai déjà visité une Grotte de Zeus où la Chèvre Amalthée aurait nourri Zeus sur le Mont Ida (Psiloritis 2456 m). Fils du titan Chronos et de la titanide Rhéa Zeus aurait été enlevé et apporté en Crète pour être soustrait à son père qui dévorait se enfants.

Trompées par la flèche, nous suivons une petite route qui serpente dans la montagne, passons sous un moulin qui a gardé son axe, mais perdu son toit, sous un haut piton rocheux complètement chauve (600 m) portant sur son sommet une chapelle blanche que j’ai appelée Prophète Elie parce qu’elle n’a pas de nom sur notre carte.  Une flèche marron signale un sanctuaire de Déméter (nos sommes dans une région agricole) . La route continue à grimper et nous dépassons les chapelles Aghia Panaghia, Aghia Anasthasia et Aghios Efstatios qui, d’après la carte SKAI ne sont pas du tout dans la direction du Mont Zas mais bien sur l’itinéraire du sud que nous prendrons plus tard. Nous faisons demi-tour après Aghios Efstatios au-dessus d’un pâturage de chèvres. Je marche sur un tapis de crottes quand je descends photographier l’église. Aghia Anastasia est jolie avec son toit imitant les lauzes blanchies à la chaux sous un bel arbre.

Mt Zas source de Rhéa

Retour à Filoti. La route pour les voitures est différente du chemin des randonneurs. Elle prend un peu plus loin dans une épingle à cheveux sur la route principale. C’est une route étroite qui grimpe sur 1.3km au flanc du Mont Zas et s’arrête à un minuscule parking. Il faut continuer à pied 20 minutes pour la Grotte, 1h pour le sommet. . Le sentier pavé avec un muret conduit à une place ombragée sous un vieux platane avec un bassin rectangulaire, des rigoles cimentées et une source qui jaillit dans une vasque en marbre. Un écriteau prévient que l’eau est potable et qu’il convient de ne s’en servir uniquement pour se désaltérer.

J’imagine ici, des fêtes champêtres, des réunions de famille, voire un culte ancien aux nymphes ou aux sylphides…Le sentier dallé de marbre continue encore dans la montagne, assez pentu.je marche dans l’odeur sucrée des genêts.  Cela se gâche sur la fin : d’abord, le sentier devient étroit et poussiéreux, puis on doit continuer dans les rochers et les marques rouges disparaissent.  Heureusement des randonneurs ont fait un cairn pour signaler le passage. Dans les derniers 50 m avant la grotte c’est presque de l’escalade. On passe une stèle en ciment avec la seule inscription compréhensible 1953 ( ?). L’entrée de la grotte est fermée par deux murs de pierre (abri pour les bergers ? )

A la descente je croise des randonneurs plus courageux que moi qui ont fait le trajet à partir de Filoti. Je bois à la source de Zeus avant de remonter en voiture.

vers les crêtes

La route du sud contourne le Mont Zas. Après Aghios Efstatios, serpente en lacets serrés jusqu’au col de Petalia à plus de 700 m. Avant d’arriver au col je remarque de nombreuses terrasses cultivées ; certaines sont jaunes, blé non moissonné ou graminées sauvages, ou plantées d’oliviers amandiers et aussi de chênes. Les bergeries sont dispersées dans la campagne.   De grosses touffes de genets fleuris jaunes et odorants font des pyramides qui s’étalent sur le goudron, décorant ainsi la route.

Au col, on voit la mer. La route a fait tant de virages que je ne sais plus quelle côte s’offre à nous : Mikri Vigla et Kastraki ou Kalados au sud. D’après l’urbanisation, je pense plutôt à la côte occidentale. Et ces îles : Paros, les Petites Cyclades ou Amorgos ? Il nous aurait fallu une boussole. Je suis surprise de voir partout des panneaux indiquant les noms de localités ou de ruisseaux. Cette région de Naxos n’set pas du tout déserte comme l’absence de village le suggérerait. Partout, dispersées dans la montagne, des fermes, des bergeries et le long de la route, des églises.

La végétation est variée : aux pyramides des genêts en altitude, succèdent des pentes rocheuses avec des buissons de genévriers et parfois des bosquets de chênes ou même de grands chênes, plus bas des oliviers, de ces vieux oliviers au tronc monumental avec une écorce torsadée qui s’enroule sur elle-même formant un cône d’où une touffe de branches feuillues se déploie. Des chèvres, impériales, marchent sur la route.

La Tour Cheimarros

Au niveau de la Tour Cheimarros, le goudron s’arrête pour reprendre quelques centaines de mètres plus loin. Cette tour est hellénistique 4ème siècle av JC. Est-ce pour surveiller la mer ? Qui l’a plantée là, si loin du rivage ? C’est une très grosse tour construite soigneusement de gros blocs taillés, 15 m en marbre de Naxos, beaucoup plus imposante que les moulins qui coiffent les collines. Le chantier de restauration est enfermé par des grilles, on ne peut pas approcher.

Plus bas la route est bordée de lauriers roses magnifiques ; Qui a planté cette haie ? Ils fleurissent blanc et roses et sont florissants malgré la chaleur. La région paraît dotée de nombreux ruisseaux. La carte signale une source qu’on ne verra pas. Plus on descend, plus la campagne est cultivée en oliveraies et en champs de blé.

Kavados lauriers roses

Enfin, on approche de la mer. On voit une digue. Il y a un port dans la baie de Kavados mais la route n’y arrive pas. Le goudron à nouveau fait place à une piste de terre qui se sépare. A la fourchette deux flèches : vers la gauche une enseigne naïve d’une taverne traditionnelle, vers la droite un écriteau plus moderne avec deux numéros de téléphone (un pour le grec, un autre pour l’anglais), café-restaurant et même des studios.

Nous nous engageons à gauche et arrivons au port fermé par une grille. Il y a des quais, des bornes, plusieurs bateaux à quai. Pas de taverne sur le port. Pas de capitainerie non plus. La taverne est perchée en haut d’un escalier de bois. La piste est carrossable. Accolé à une caravane, un auvent de cannisses, et dessous une demi-douzaine de tables carrées en bois et des chaises paillées. Quatre vieux messieurs, moustachus, bedonnants sont rassemblés pour bavarder. En même temps que nous arrive une femme à la robe et la chevelure noire portant des provisions dans des sacs : c’est la patronne ; Bien sûr qu’on peut manger, mais pas maintenant. Il faut d’abord ouvrir la cuisine (caravane) et allumer le barbecue.

Nous descendons à la plage, pas très convaincues. Peut être le restaurant sur la colline en face avec sa grande terrasse bleue serait mieux ? Nous reprenons la voiture jusqu’à la fourche, traversons une vraie forêt de lauriers roses. Au milieu coule un ruisseau. Passons à côté d’une belle plage de sable gris presque déserte. Un couple profite de l’occasion pour une baignade naturiste. La piste qui remonte vers le restaurant n’est pas carrossable pour la Panda, il aurait fallu un SUV !

Kavados, petit port et plage

Nous redescendons à la plage pour une merveilleuse baignade. Je nage en regardant les collines en pente douce cultivées de blé. En nageant, je compte les fermes dispersées. Il y en a bien une dizaine. La pointe sud de Naxos est loin d’être déserte, elle est seulement mal reliée par la route. En revanche, par bateau, c’est un paradis préservé ! 3 yachts sont dans le port, deux beaux deux-mâts et un gros à moteur. Calme. J’imagine que du temps d’Ulysse, le décor n’a pas changé. J’imagine le navire, ou le radeau échouer sur cette plage.

Nous remontons à la « taverne typique » vers 13h30. Un couple nordique est attablé. Ils semblent être des habitués et parlent grec avec la patronne. Pas de voiture, ils ont peut-être un bateau. On vient d’allumer le barbecue : des ceps de vignes sont entassés à côté d’une table de pierre.

Bien qu’on soit à la mer, pas de poisson au menu. La dame proteste. Elle est agricultrice. Tous ses produits viennent de sa ferme. Elle élève des moutons et des chèvres. Menu viande uniquement. On peut aussi commander des légumes. « Voulez-vous des frites ? « – « Non ! », la dame est vexée « vous n’aimez pas les patato naxou ? ». Les pommes de terre de Naxos ont été distinguées et possèdent une appellation contrôlée ; Tous les naxiens en sont très fiers. Dominique commande des beignets de courgettes et d’aubergines, et moi des petites côtelettes avec les frites de patato naxou.

Pendant que la dame cuisine, Dominique trouve un prétexte pour lier connaissance avec les bergers qui ont des bâtons longs comme des houlettes. Elle emprunte mon canif qui ne coupe plus bien et demande aux messieurs s’ils ont de quoi l’affûter. Bien sûr ! ils n’ont pas besoin d’un fusil ou d’une pierre, un autre couteau suffit. Occasion de les filmer, ils sont très photogéniques.

les bergers de Kavados

L’assiette des côtelettes est remplie d’un haut tas. Quand je le découvre, je proteste qu’il y en a trop. Mais dès que j’ai commencé deux ou trois manchons je réclame le reste ; je n’ai jamais mangé des côtelettes pareilles ; pas grasses, gouteuses. La viande sent le thym que les bêtes paissent dans la montagne. Les courgettes et les aubergines sont aussi délicieuses avec une pâte très fine, craquante.

Retour par la même route, sauf qu’à Halki nous avons raté la route de Sagri et avons fait un long détour presque jusqu’à Hora.

A Mikri Vigla, une surprise nous attend : les ailes des Kite-surf  volent. Il y en a de toutes les couleurs. Les surfeurs glissent et s’envolent. C’est très joli mais cela inaugure la saison touristique. Avec eux est arrivé un énorme camion noir et un pick up qui nous bouchent la vue. Dans le camion, des planches de surf. Le propriétaire est chez lui, c’est un ami des propriétaires. Il revient tous les ans. Il est chez lui, et nous ne sommes plus chez nous.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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