CARNET IRLANDAIS
La brume, au réveil, n’incite pas à se lever tôt. A 8 heures nous sommes déjà impatientes de découvrir le village distant de 6km. La petite route de campagne passe devant des cottages, tous différents, tous fleuris. Le plus grand, le plus pittoresque, est une belle maison de pierre précédée d’une entrée de trois chevrons d’ardoise soulignés de tuiles, deux hortensias et un chien de pierre.
Un gros buisson de roses à l’entrée d’un chemin d’herbe nous invite à une pause-photos. A l’arrière, la mer, lisse comme un miroir s’insinue dans la terre, baie étroite ou langue de mer entre continent et îles ? Un bateau de bois renversé. Plus loin, le bâtiment blanc des secours en mer.
Baltimore compte deux cents habitants permanents mais de nombreux vacanciers. Seuls les pubs et restaurants ont des façades colorées et soignées. Les maisons de vacances sont cachées dans des jardins fleuries.
Un départ se prépare pour une excursion dauphins et baleines. La météo est idéale (ciel voilé, très bonne visibilité). Les deux catamarans sont complets. Pour le week -end les prévisions sont mauvaises. Je nous inscris donc pour demain sans demander ni le prix ni la durée de l’expédition.
Après la marina, dans une baie toute calme avec quelques barques est limitée par un petit cap boisé desservi par une route étroite « cul de sac »(en français dans le texte). De chaque côté des roses (rosa canina) embaument. Le chèvrefeuille grimpe aux branches des arbres. Les fuchsias rouge semblent sauvages. Les maisons luxueuses sont tapies derrière les massifs fleuris. Chacune possède un accès à la mer. C’est un endroit splendide – pour privilégiés.
La route de Beacon part de la petite baie., dépasse un groupe de maisons plus traditionnelles toujours aussi fleuries. Devant l’une d’elle un artichaut a des dimensions impressionnantes. La route s’élève ensuite dans la colline entre fougères-aigles et bruyère. L es prairies sont remplacées par de la lande. Je remarque le curieux manège d’une grive qui tient dans soon bec une boule que je prends pour une graine de la taille d’un gland. Elle la lâche, puis la reprend. Elle sautille sur la chaussée en lançant la boule qui tombe sur le bitume, la reprend, la relance à nouveau. Quand l’objet se brise je découvre qu’il s’agissait d’un escargot dont elle cassait la coquille.
Le Beacon
Le Beacon est une construction curieuse dont j’avais vu l’image sur les murs de l’aéroport de Dublin ; Il ressemble à une fusée blanche. C’est un amer – repère pour les marins – répertoriés dès 1788 – marquant la passe entre l’île de Sherkin et Baltimore. En mer flotte une énorme bouée verte. Après une courte montée sur un chemin escarpé, je découvre la mer ouverte beaucoup plus agitée qu’autour du village, les hautes falaises battues par les vagues. Le schiste se détache par plaques lisses et brillantes donnant une surface nette et brillante, une découpe précise. Les passants sont nombreux, souvent promenant des chiens.
Le Centre-ville de Baltimore
Le centre du village se résume à une place au dessus du port avec 4 ou 5 pubs, un minuscule supermarché, deux restaurants chics « chez Jaouen » et un hôtel « la jolie brise » (en français dans le texte) et une rue au pied du château de O’Driscoll avec encore 4 pubs. Le bleu a pour enseigne « Algiers Inn » en souvenir du sac de Baltimore en 1631. Dans le livret sur Baltimore que Liam a laissé au gîte se trouve le poème de Thomas Davis 1844.
Dun na Sead
Le château a été réhabilité en 1977. Depuis que les troupes de Cromwell ont installé une garnison il est tombé en ruine. C’est un haut bâtiment rectangulaire perché sur un rocher Il a été meublé, un perroquet gris dans sa cage donne une touche d’originalité ? de nombreux panneau racontent l’histoire du château. Pendant près de 800 ans, il fut aux mains de deux familles O’Driscoll et Mac Carthy .
Dun na Sead fut bâti en 1215. L’Irlande était dominée par les clans qui élisaient leurs chefs. Munster (ma partie Sud Ouest de l’île) était sous le contrôle des O‘Brien et des Mac Carthy. En 1166, Dermott Mac Murrough – roi de Leinster – banni de son royaume demanda l’aide de Henry II d’Angleterre qui avait étendu son pouvoir sur le Pays de Galles et qui avait des plans pour la conquête de l’île. En 1169, les Normands arrivent en Irlande. Par la suite, ils adoptèrent les coutumes celtiques et modifièrent leurs noms. En 1261, la bataille de Callan empêcha la destruction du système des clans sur Munster.
L’histoire de Baltimore fut marquée par les actes de piraterie du clan O’Dricoll et leur rivalité avec les hommes de Waterford.
1368, raid des O’Driscoll sur Waterford,
1413 les hommes de Waterford firent prisonnier toute la famille O’Driscoll,
1537 arraisonnement d’un navire portugais apportant du vin à Waterford.
Les O’Driscoll furent d’abord les alliés des Espagnols avant d’obtenir le pardon d’Elisabeth en ravitaillant les navires anglais.
1613 installation des colons anglais provenant de Cornouailles
1637 Le sac de Baltimore fut mené par le pirate hollandais Jan Jensen, converti à l’Islam sous le nom de Murat Reis. Il avait auparavant razzié en Islande 400 prisonniers. 107 habitants de Baltimore furent emmenés en esclavage à Alger.