Montagnes de Wicklow – Powerscourt

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Powerscourt : terrasse face au Sugar Loaf
Powerscourt : terrasse face au Sugar Loaf

Autoroute jusqu’à Enniskerry  on arrive à un village très touristique (beaucoup de B&B). Le château de Powerscourt est bien indiqué. On passe d’abord devant un golf magnifique et on arrive au château gris 17ème siècle ayant appartenu à la famille Wingfield de 1603 à 1961. Château gris par jour gris, un peu sévère, ennuyeux ? Le parc est un enchantement. Le site  est exceptionnel : relief escarpé face à une montagne pittoresque Great Sugar Loaf (504m) au sommet pointu, présence d’eau vive ou captée dans des ruisseaux, bassins et jets d’eau.

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Sur la terrasse,  une roseraie voisine avec le « jardin dans les murs » où une allée fleurie est « la plus grand platebande d’Irlande (déjà celle de Kylemore Abbey avait cette prétention). Dans les serres proches du parking, on vend les semences et les plants de l’allée fleurie. Les noms figurent sur des étiquettes pour que les visiteurs intéressés puissent les acheter.

lysimachia-punctata- J’ai enfin pu identifier Lysimachia punctata dont les fleurs jaunes m’avaient intriguée. L’eupatoire trouve sa place auprès des fleurs plus aristocratiques.

 

 

 

DSCN7656 - Copie Passant les grilles dorées se mêlent les motifs de roses, de chardons, de trèfles symbolisant l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande, on trouve un bassin entouré d’arbres magnifiques. Une introduction à la promenade dans une zone plus escarpée plantée d’azalées et de rhododendrons. Pour que la promenade soit fleurie en toute saison, ici et là, on a mis des massifs de rosiers odorants. On arrive ensuite au cimetière des animaux. Les stèles ont été érigées du début du 20ème siècle jusqu’à récemment. Le Lac du Triton s’inspirant de la fontaine Barberini de Rome, est dans l’axe de l’escalier majestueux qui descend de la terrasse du château. Je remonte sur l’autre versant  en passant par le Jardin japonais et la Vallée de la Tour.

Depuis le début du séjour en Irlande, nous avons visité plusieurs jardins remarquables. Powerscourt n’est donc pas une surprise. Ce qui le distingue, c’est sa situation géographique et la taille de ses arbres qui sont des géants. Peut être est-ce parce qu’il est le plus ancien ?

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On termine par la boutique – un véritable supermarché de luxe. Le rayon alimentation est très appétissant. Les tissages d’Avoca sont très beaux mais les prix inabordables. Il y a aussi un superbe salon de thé. Dans les toilettes, une affiche propose des cours de yoga dans les jardins. Il semble que Powerscourt ait une vocation commerciale très développée. Un hôtel de luxe grand standing se cache un peu plus loin. A Dublin, une annexe de la boutique vend les mêmes produits.

roseraie
roseraie

La route traverse des collines particulièrement  vallonnée – les montagnes de Wicklow culminant à 945m, protégées par un parc National. C’est le domaine des vélos de montagne. Aujourd’hui, dimanche, il y a beaucoup de monde. Personne n’a été découragé par la pluie, ni les golfeurs, ni les cyclistes, ni les randonneurs ou piqueniqueurs. Les nuages accumulés sur les sommets nous font renoncer à un détour par le point de vue de Sally Gap. Des écriteaux signalent des trails cinématographiques : les tournages d’Excalibur et de Michael Collins ont eu lieu non loin.

 

Dublin – balade dans les rues

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Monument Daniel O'Connell
Monument Daniel O’Connell

Balade dans les rues

A l’ Office de Tourisme, en face de Trinity College, je prends un plan.

La Banque d’Irlande occupe un angle, encore une colonnade !

Je traverse la Liffey pour voir le Monument de Daniel O’Connell  et remonte la grande rue O’Connell.

Arrêt à la Poste : on célèbre cette année le centenaire du soulèvement de 1916 qui débuta précisément à cette Poste centrale. Une exposition célèbre les révolutionnaires de 1916. Je suis trop ignorante pour m’y intéresser dans le détail.

Au milieu de cette rue, une sorte d’aiguille est plantée : cône très haut, très fin, très moderne, froid dont je ne saisis pas la symbolique.

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Je traverse la rue pour buter dans James Joyce de bronze, sortant de son pub favori. Ulysses est dans ma liseuse, il faudra que je me décide à le lire. Une Librairie a pour enseigne ce titre : Ulysses, rare books, et en vitrine, un exemplaire d’époque et de très beaux livres anciens.

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Je parcours la Talbot St. bordée de commerces variés peu touristiques, coupe sans m’en rendre compte James Joyce St. et arrive à Connolly Station. Des ponts ferroviaires enjambent les rues. A un carrefour, un globe de fils barbelés entourant un cylindre comme une bougie, est le Amnesty Candle.

Vers les Docks
Vers les Docks

J’arrive à la Liffey non loin de la grande maison des douanes (1781) . Lui tournant le dos j’ai une vision très contemporaine des Docks. Les passerelles élégantes sont 21ème siècle(sur mon plan les dates de construction sont 2005 et 2009. Encadré par des immeubles de verre un peu bizarres, je devine les mâts de Jeanie Johnston Famine ship. Plus près Le Monument de la Famine (1997) par Rowan Gillespie est installé sur le lieu d’où est parti le premier voyage de la Perseverance en 1846.

Monument de la Famine
Monument de la Famine

De l’autre côté de la rivière, sur Moss str., puis Shaw Str. Je voulais continuer le pèlerinage littéraire au 21 Westland Row chez Oscar Wilde. Mais je m’égare, me retrouve sur Grafton str. piétonnière avec boutiques et cafés pour enfin trouver Kildare Str. Où se trouve le Musée d’Archéologie.

 

Dublin : Trinity College – Book of Kells

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Bus direct pour Dublin
Bus direct pour Dublin

Voyage sur l’impériale du 66b vers Dublin

Alensgrove est situé en face des installations de Hewlett Packard : le bus 66b relie le centre de Dublin toutes les heures. Le smartphone, décidément très efficace, m’indique en plus de la météo les heures de passage de l’autobus. Malheureusement sans Wifi cela ne marchera pas pour le retour.

7h55 le bus est ponctuel (forcément puisque c’est le terminus), le chauffeur très cordial. Le ticket 3€30 mais il faut faire l’appoint. Je m’installe sur l’impériale pour profiter du paysage. L’autobus traverse de jolis villages pimpants : Leixlip, jolie église avec un clocher carré et pubs fleuris, Lucan, puis il suit la Vallée de la Liffey .

8h40, je descends à Merrion Square : le jardin est fermé mais Merrion Square est construit de sévères maisons de briques géorgiennes avec les portes laquées que tout le monde connait. Par Clare St. et Nassau, je trouve Trinity College.

Book of Kells

Chi Rho
Chi Rho

Pressée d’arriver à l’exposition du Book of Kells avant la foule (on recommande de s’inscrire par Internet, mais c’est beaucoup plus cher). Cette exposition « Turning Darkness into Light » est construite autour des manuscrits précieux, le Book of Kells, Book of Dima, Book of Mullings, et Book of Armagh. De grands panneaux lumineux magnifient les enluminures, les expliquent. Des sacoches de cuir éthiopiennes trouvées au Monastère Souriani en Egypte en 1837 servaient à transporter des évangiles, ou psautiers portatifs. Les pierres oghamiques sont présentées avec les correspondances entre l’alphabet latin et les 20 lettres gravées par des séries d’encoches (consonnes) et points (voyelles). La salle suivante est dédiée aux techniques de calligraphie : dessins des lettrines ou des expressions récurrentes comme « dicebat ». On signalait une erreur de copie par des croix rouges. Dans des coupelles on peut voir les pigments utilisés alors. Pour le  noir, la galle de feuilles de chêne, le noir de fumée ou le charbon liés avec de la résine de gomme d’acacia. La couleur la plus rare, l’azurite venait d’Afghanistan.  On s’intéresse aussi au travail du scribe. Deux poèmes composés par un mine irlandais à Sankt Gallen en Suisse  au 9ème siècle, peu de temps après la copie des livres présentés ici.

pangur-ban-4I and Pangur Ban my cat,
‘Tis a like task we are at:
Hunting mice is his delight,
Hunting words I sit all night.

Better far than praise of men
‘Tis to sit with book and pen;
Pangur bears me no ill-will,
He too plies his simple skill.

‘Tis a merry task to see
At our tasks how glad are we,
When at home we sit and find
Entertainment to our mind.

Oftentimes a mouse will stray
In the hero Pangur’s way;
Oftentimes my keen thought set
Takes a meaning in its net.

‘Gainst the wall he sets his eye
Full and fierce and sharp and sly;
‘Gainst the wall of knowledge I
All my little wisdom try.

When a mouse darts from its den,
O how glad is Pangur then!
O what gladness do I prove
When I solve the doubts I love!

So in peace our task we ply,
Pangur Ban, my cat, and I;
In our arts we find our bliss,
I have mine and he has his.

Practice every day has made
Pangur perfect in his trade;
I get wisdom day and night
Turning darkness into light.

I and Pangur Ban my cat, 


‘Tis a like task we are at:
Hunting mice is his delight,
Hunting words I sit all night.

Better far than praise of men
‘Tis to sit with book and pen;
Pangur bears me no ill-will,
He too plies his simple skill.

‘Tis a merry task to see
At our tasks how glad are we,
When at home we sit and find
Entertainment to our mind.

Oftentimes a mouse will stray
In the hero Pangur’s way;
Oftentimes my keen thought set
Takes a meaning in its net.

‘Gainst the wall he sets his eye
Full and fierce and sharp and sly;
‘Gainst the wall of knowledge I
All my little wisdom try.

When a mouse darts from its den,
O how glad is Pangur then!
O what gladness do I prove
When I solve the doubts I love!

So in peace our task we ply,
Pangur Ban, my cat, and I;
In our arts we find our bliss,
I have mine and he has his.

Practice every day has made
Pangur perfect in his trade;
I get wisdom day and night
Turning darkness into light.

 

The scribe

A hedge of trees surrounds me

A blackbird sings sweetly

Above my well-ruled book

The birds sing far and wide

 

En green cloak of leafy branches

The cuckoo sings her lovely chant

Protect me, Lord, on Judgment Day

Happily I write beneath the trees

Kells saint Jean

Au milieu de la salle, deux pages agrandies : le Portrait de Saint Jean, et page Chi Ro, présentées dans le détail. Cette dernière fourmille de détails animaliers amusants : deux souris se partage nt une hostie sous la surveillance de deux chat, un rat tient un poisson (symbole christique) dans sa guele, des serpents enlacés…

Après cette introduction, j’entre dans la salle obscure où le Book of Kells est ouvert dans une vitrine. Les motifs sont petits, les textes difficiles à déchiffrer.

La vieille Librairie

la vieille Librairie
la vieille Librairie

J’arrive dans la vieille librairie The Long Room. Jusqu’en 1801, d’après le Copyright Act, tout livre publié dans les deux îles devait avoir un exemplaire déposé ici. Les livres sont rangés sur deux étages selon un curieux classement : les gros et lourds dans les étagères du bas, les petits en haut. Je reconnais Platon, Démosthène, Cicéron mais aussi Swift, Locke, Bacon Milton et Newton parmi les bustes de marbre alignés.

Trinity College

La première cour, assez moderne, communique avec une grande cour pavée bordée de trois bâtiments de pierre grise symétriques, précédés chacun d’une colonnade corinthienne soutenant un fronton triangulaire. Au milieu de la cour, un clocheton évidé comme une arche de triomphe. Qui est donc ce Lecky assis sur un trône ? Un historien, me répond wikipedia.

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Derrière le clocheton la cour est plantée de pelouses portant des arbres magnifiques, les plus grands et les plus beaux érables d’Europe selon l’étudiant qui guide un groupe de touristes. Avant que la pelouse ne soit installée, il y avait un cimetière monastique qui a enrichi en nutriment la terre. La proximité de la Liffey fournit l’humidité nécessaire. Les bâtiments, en abritant les arbres, leur donnent un microclimat favorable contribuant à leur croissance. Ces derniers pompent l’humidité qui serait néfaste à la conservation des livres précieux. L’architecte qui a conçu la bibliothèque a eu l’idée de l’installer à l’étage. Les rez de chaussée ayant a fonction de l’isoler de l’humidité.

Les bâtiments de briques rouges, 16ème siècle, sont restés en l’état. Les étudiants qui l’occupent n’ont pas l’eau courante. L’étudiant qui sert de guide, est en short mais il pote une « mini-toge », un pan court lui descend dans le dos tandis que deux bandes de satin noir flottent sur la poitrine.

 

Lord Arthur Savile’s Crime and Other Stories – Oscar wilde

PRÉPARONS L’EXPO OSCAR WILDE AU PETIT PALAIS!

oscar wilde sur le rocherLecture numérique d’un recueil de 5 récits : le Crime de Lord Savile, le Fantôme des Canterville, Le sphinx sans secret, le Millionnaire modèle et le Portrait de Mr W.H.

Lecture délicieuse, limpide, charmante, au style limpide, tellement clair qu’il ne m’a causé aucune difficulté. J’ai goûté son humour inimitable. Provocation amorale et tellement amusante que ce crime que Lord Savile se sent forcé d’exécuter avec une élégance rare. J’ai adoré le ratage de la pendule explosive! Un crime, oui, mais en dandy!

C’est le Fantôme des Canterville que j’ai préféré. Tellement drôle!

Le portrait de Mr W.H. m’a posé plus de problèmes. Il suppose une connaissance (et une compréhension des sonnets de Shakespeare que la non-anglophone ne possède pas). Il me faudra étudier ces sonnets et y revenir>.

Ensemble séparés/ Tanglewood – Dermot Bolger

LIRE POUR L’IRLANDE

tangelwood

Oubliez le folklore, l’Irlande rurale avec ses vaches et ses moutons, ses pubs de campagne, les feu de tourbe….

Oubliez : « L’histoire de  ce pays se résumait aux anciennes querelles sporadiques que de vieux barbus ressassaient dans les pubs, escarmouches engagées dans des bureaux de poste et tirs visant lâchement les crânes des policiers ne se doutant de rien comme si ces minables assassinats avaient été des batailles devant l’intéresser. Les buveurs irlandais se délecter de révéler ces pépites de leur récit national, semblables aux petits enfants qui montrent les crottes dans leur pot de chambre »….

C’est un roman contemporain (il sort pour la rentrée littéraire 2016, l’action se déroule de 2007 à 2009). Roman urbain, ou plutôt de la banlieue chic de Dublin, là où le terrain vaut de l’or et où on se doit d’avoir sa maison. D’ailleurs, c’est le sujet du livre : la spéculation immobilière et la bulle immobilière pendant les années précédant l’explosion de cette bulle, en 2008 quand l’Irlande était le « tigre celtique » et que les Irlandais pensaient qu’il était facile de s’enrichir.

Il sera beaucoup question de maisons, de celles qu’on achète dans des ventes au enchères survoltées, véritables joutes où l’enjeu est plus une affirmation de virilité qu’un projet de logement. Maisons que l’on construit, au mépris des règlements de l’inspection du travail. Demeures anciennes que l’on brûle, faute de pouvoir les démolir pour construire des immeubles moderne. Crédits, dettes, emprunts qui gonflent la fameuse bulle spéculative. Vertiges, la chute en sera plus dure.

Roman choral, construction habile, récit de Ronan, Chris, deux amis d’école, Alice, la femme de Chris et Sophie leur fille. Histoire de quinquagénaires, à l’approche de la ménopause pour Alice, et de la difficulté de bander pour Ronan et Chris. Histoire de couples qui s’enlisent, de virilité mal placée :

« Combien de secrets fallait-il détenir pour devenir un vrai mec. quels autres tests de virilité fallait-il passer? Savoir contourner les règles, tricher sur ses impôts, ruser avec les représentants de la loi, gérer des affaires et – le plus important – atteindre un niveau d’amnésie où vous vous absolviez de tous vos péchés antérieurs?

Cet aspect du roman  m’a un peu agacée, dans leur banlieue chic, les personnages font un peu « série télévisée ». Comment le gentil Chris pourra prouver à Alice qu’il a des couilles, tandis que Ronan, le voisin, l’a séduite et abandonnée à 17 ans….Alice qui aime son mari mais ferme à clé la chambre conjugale…

Le personnage d’Alice, complexe, m’a plus intéressée, Alice qui a rêvé du Canada, Alice la fille terne, la bonne fille, la frustrée aussi, mais qui décide de vivre….

Alice introduit le thème de l’émigration. Emigration des Irlandais en Amérique, un classique, mais aussi immigration moderne des travailleurs du bâtiments qui construisent la maison qui doit leur apporter la fortune . En dehors de Jiri, le contremaître, si fiable, si ingénieux, si peu exigeant…Chris et Ronan n’ont guère de relations avec les ouvriers qui viennent chaque jour au fond du jardin. Seule Alice, de sa fenêtre voit en eux des êtres humains. Seule Alice? Non, il y a aussi Kim, la Philippine, la femme de Ronan,  émigrée mais belle, si belle, dont on découvre la personnalité. On retrouve « le plâtrier » mort, au pied de l’échafaudage défectueux. Le « plâtrier » a-t-il un nom? Clandestin, il sera facile de le faire disparaître….mais je ne vais pas vous raconter tout le roman.

C’est l’empathie avec ces travailleurs étrangers qui m’a rendu ce livre sympathique après mon agacement précédent.

Autre qualité qui m’a séduite : l’ironie et l’humour de l’auteur. Humour à la limite du blasphème qui m’a bien amusée :

« Dans l’anonymat du cyberspace, le monde entier se transformait en voisin indiscret; A la place des photos encadrées de pèlerinage diocésain à Lourdes, des orgasmes surjoués… »  quel raccourci! entre les vidéos pornos  que Ronan visionne sur sn ordinateur et les pèlerinages. Le texte est émaillé d’allusions à la culture catholique irlandaise comme cette comparaison hasardeuse entre le Christ et un joueur de rugby.

Oscar Wilde et le mystère de Reading – Gyles Brandreth

LECTURES IRLANDAISES

oscar Wilde et le mystère de Reading

Après mon passage à Dublin, retrouver Wilde est une évidence.

Le 28 septembre, au Petit Palais l’Expo Oscar Wilde L’impertinent absolu  va se tenir et je compte bien y aller!

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Relire Wilde? Sûrement.

Gyles Brandeth est l’auteur d’une série de romans policiers (?), dont 6 sont publiés en 10/18 Grands Détectives , où l’énigme est résolue par Wilde, avec ou sans l’aide de Conan Doyle. Du beau monde! 

J’avais lu auparavant Oscar Wilde et le Jeu de la Mort qui n’avait pas soulevé mon enthousiasme, fin,  pétillant, un brin snob (très snob). J’avais trouvé l’énigme si tenue que ne ne m’étais pas laissée prendre au Jeu. Grand plaisir cependant que de croiser toute l’élite intellectuelle qui gravitait autour de Wilde : Conan Doyle, Stoker…

Oscar Wilde et le Mystère de Reading est d’une autre veine, surtout le sujet est tragique. Reading est la prison où l’auteur a été incarcéré deux ans pour homosexualité. L’auteur y décrit les conditions de détention à l’époque victorienne à: l’isolement en  système « séparé » sans aucun contact avec les autres prisonniers. Il décrit aussi l’exécution par pendaison. Wilde est reconnu comme auteur à succès par les directeurs de prison, le chirurgien qui l’admirent mais il est la victime des gardiens Braddle (une véritable dynastie) avec tous les préjugés de l’homophobie. Ce témoignage, seul justifierait la lecture. Bien sûr, la personnalité de Wilde, l’érudition de l’auteur enrichit le récit, avec même les citations poétiques ou shakespeariennes que tout angliciste apprécie.

Mais ce n’est pas tout! Le Mystère de Reading est un vrai polar avec deux meurtres, une véritable énigme, des rebondissements, des personnages secondaires exotiques bien campés. J’ai pris beaucoup de plaisir et je l’ai lu d’un trait.

En route vers Dublin – Howth

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howth vu d'avion
Howth vu d’avion

Voyage

267 km jusqu’à Leixlip, notre nouvelle adresse, dont 210 km d’autoroutes

Départ de Clifden 8h, sous un petit crachin.

A la sortie de la ville les nuages se déchirent, la lumière du matin surgissant sous les nuages est sublime. Difficile d’arrêter la voiture sur la grande route pour prendre des photos.  Les sommets émergeant par surprise, une île plantée de pin qui se reflète dans le miroir d’un lac. Quelles belles images nous aurions pu faire ! Jusqu’à Galway le paysage est un émerveillement.

Après Galway, autoroute M6 puis M4, sortie n°5, nous suivons l’itinéraire. A midi, nous nous trouvons devant la grille imposante d’Alensgrove encadrée de massifs de fleurs. Code pour l’ouvrir. Nous arrivons dans une belle cour pavée encadrée de plusieurs appartements qui s’ouvrent par des portes colorées. Le fils du propriétaire est en train de faire le ménage dans le nôtre (il est trop tôt)

Notre gîte : Alensgrove

Alensgrove
Alensgrove

Grand luxe ! Une grande salle meublée de deux canapés de cuir brun foncé. Meubles noirs, coussins rouges. La cuisine américaine offre tout le confort, lave-linge séchant (indispensable dans ce climat où le linge ne sèche pas) , lave-vaisselle(inutile pour 2 personnes), grille-pain, micro-onde, radio-lecteur, raffinement les appareils électroménagers ont une belle peinture rouge métallisée assortie aux coussins (ou l’inverse), Télévision écran plat très grand format et la Wifi !

 

La salle de bains est grande et bien agencée.

La chambre est grande ; Literie blanche avec une couverture rouge en belle laine tissée faisant comme un bandeau sur la couette blanche.

Nous déjeunons dans notre cour privée à l’abri de hauts murs de pierre. Nous pourrions aussi prendre le soleil sur le banc en fer forgé dans la cour fleurie de corbeilles garnies d’aubriette bleue  de pensées, géranium et de fleurettes blanches. Ces compositions sont suspendues aux murs et aux lampadaires. Seul défaut de ce logement parfait : les stores vénitiens blancs n’occultent pas la lumière. Mais il semble que ce soit typique de l’Irlande : on recherche la lumière, on ne la fuit pas.

Howth

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belle villa de Howth avec vue sur Ireland eye

Facile d’y arriver, Alensgrove est sur la route de Ceilbridge à Lexlip tut près de l’autoroute M4. Par la rocade M50(payante) on arrive au nord de Dublin et à Howth presqu’île ronde qui est la première image que j’ai eu de l’Irlande par avion ! Un port de pêche avec un village ancien en pente sur la colline, de belles villas cachées dans la verdure ou en corniche.

Le tour de Howth commence à l’Office de tourisme (où on prend la carte), continue sur la croisette plantée d’une pelouse en face de restaurants de poisson. Le Fish & Chips Beshoff a du succès : des dizaines de personnes de tous âges sont assis sur le muret, les doigts dans la barquette de frites imprimée à son nom dévorant frites et filet de cabillaud (pas le truc reconstitué que j’ai acheté à Lahinch). Le dernier restaurant à façade rouge s’appelle King Sitric (je vais retrouver ce roi demain à Dublin à propos de la bataille de Clondarf). La route grimpe en haut de la falaise, les maisons sont variées. J’en remarque une jolie crépie de jaune et celle qu’a habité Yeats (Balcadden House 1880-1883) : deux lignes sur un macaron, émouvantes :

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« I have spread my dreams under your feet. Tread softly because you tread on my dreams »

A partir d’un parking le sentier piétonnier en balcon chemine entre les fougères et les bruyères. Je découvre Ireland’s Eye île déserte avec sa Tour Martello (1803). Bizarre, ces tours Corses (ou génoises) pour se défendre de Napoléon ! Il y en a un peu partout en Irlande. Plus loin, sur une presqu’île le phare Bailey Lighthouse.

DSCN7580 - CopieLe balisage disparaît. Je suis les promeneurs. A l’instigation des  professeurs d’un groupe de scolaires italiens, je cherche un  sur la droite, trouve un sentier très raide et des marches qui conduisent sur la crête. Les Italiens n’ont pas suivi, ni les autres promeneurs. Je me retrouve seule sur une piste caillouteuse Upper Cliff Road dans les bruyères. Des passants qui promènent leurs chiens me guident : aller jusqu’au bout, à la route, tourner à droite à l’arrêt de l’autobus. 50 mètres plus bas une allée goudronnée descend dans les fourrés entre les murs des propriétés. Ils n’y a pas de vue mais c’est une promenade tranquille en dehors de la circulation. J’ai marché deux heures d’un bon pas sûrement plus que les 6km annoncés.

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Des fumeries et des restaurants de poisson sont en face de gros bateaux de pêche.

 

Connemara : plages sous la pluie

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Après trois journées ensoleillées la pluie est revenue. Non pas le crachin qui ne me dérange plus, mais la belle pluie qui mouille. Nous traînons dans Clifden, allons à la Station-service faire le plein et vérifier la pression des pneus, puis courses à Supervalu. Un petit tour sur le port.

Upper Skyroad est beaucoup plus spectaculaire malgré la pluie et la brume. L’Irlande m’a appris que la randonneuse n’était pas soluble dans l’eau. Parka, bonnet de laine écossaise, je marche sur la route et exulte, comme une revanche sur les éléments.

Skye road
Skye road

A l’intersection de Upper et Lower Skyroad, nous découvrons une route fléchée Dolphin Beach Guest, envahie sur les côtés par les fougères qui balayent la carrosserie, devant un groupe de maisons on peut se croiser. Une voiture vient droit sur  nous. Heureusement que Dominique est un as de la marche arrière. La VW apprécie moins reculer en pente, une forte odeur de chaud envahit l’habitacle. Une plage bien caché, sable et rochers est la récompense. Je continue la promenade sur une pelouse verte.

D’après nos guides, des ruines intéressantes se trouveraient sur l’île d’Omey. Je m’étais contentée de marcher sur la plage la première fois. Je suis bien décidée de la visiter. Malgré le mauvais temps, le parking est plein et il y a du monde sur la chaussée submersible. J’ai bien fait de laisser la cape de randonnée. Je croise trois français en train de batailler avec leur poncho plastique qui se gonfle comme une voile au vent (il n’y a que les français pour revêtir les affreux ponchos de Décathlon), les Irlandais, Britanniques, ou néerlandais sont imperméabilisés de nature. Déjà, en Bretagne on me regardait avec commisération attifée pareillement.

Sur l’île, pas de voitures, une seule route. Les vaches couchées regardent passer le train de visiteurs. Quelques maisons de vacances à louer, une ferme. Au centre de l’île un petit lac où les goélands barbotent à la place des canards. Plus loin, une haute dune.  Il est 13h15, j’ai faim, il serait raisonnable de retourner sur terre à 14h. Je suis rentrée à temps : une averse   particulièrement violente me trempe juste avant d’arriver.

Je suis tellement mouillée qu’il faut remonter à l’appartement pour me changer.

Mannin Beach
Mannin Beach

Dernier tour pour revoir Mannin Bay (je sais maintenant que ce que j’’avais pris pour des coraux est du maerl). La fumerie de Ballyconeely est ouverte mais les visites sont terminées. Le saumon bio est hors de prix, on prend du maquereau qu’on emballe dans une boîte isotherme en polystyrène puis dans un carton où il se conservera 4 jours. Les goélands qui se disputent les têtes de saumon à l’arrière de la fumerie donnent un curieux spectacle.

A Gorteen, je trouve le chemin dans la dune qui rejoint Dog Bay, décidément la plus belle plage de la région.

 

Parc National du Connemara – promenades naturalistes et poétiques

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Mont diamond

Le Parc est situé à Letterfrack sur la Wild Atlantic Way à une quinzaine de km au nord de Clifden. On  est très bien accueilli au Centre des visiteurs. l’exposition, dans  une petite salle obscure, raconte 10.000 ans d’histoire du Connemara :

  • de la fin de la dernière glaciation lorsque une végétation rase de prairie portait seulement des buissons de genévriers et de saules nains(analogue à ce que nous avons vu au Quebec en montagne).
  • Il y a 7000ans, la forêt de chênes et de pins couvrait le Connemara ainsi que les houx et les bouleaux.
  • L’Homme est arrivé il y a 5000ans au Néolithique. Avec lui, le début des cultures de céréales et l’élevage.
  • Il y a 2500ans, la tourbière a remplacé la forêt. Deux hypothèses expliqueraient sa formation. Selon certains spécialistes son origine serait anthropique, les hommes auraient brûlé la forêt, la production d’une grande quantité de charbon aurait imperméabilisé le sol et empêché son drainage. L’autre cause serait climatique : la pluviosité en Irlande est telle qu’elle excède largement l’évaporation. (il tombe en moyenne 1650mm d’eau et ne s’en évapore que 550mm). Cet excédent et les conditions anoxiques forment un milieu très acide contribuant à la formation de la tourbe.

Dans une salle du musée consacrée à la tourbière, on a construit une haute colonne figurant une coupe stratigraphique de 10.000 ans. la conservation des pollens permet d’établir avec certitude les environnements végétaux. En plus de ces expositions, un audiovisuel de 17 minutes présente de très belles images du parc. J’ai été  étonnée d’apprendre que les rhododendrons sont considérés comme  invasifs et nuisibles pour la biodiversité. Trop touffus, ils ne laissent pas les autres végétaux se développer. On les « élimine » dans le Parc.

A 11h, j’ai la chance de participer à une promenade guidée. Carol, la guide, munie d’un bâton de marche, harnachée avec des guêtres, observe avec sévérité nos chaussures. « Nous allons dans des endroits très humides, vous allez être trempés ! « . Elle décourage deux jeunes couples qui feront la promenade  du Mount Diamond(445m) sur le sentier gravillonné. Les Allemands protestent. Ils ont du rechange dans la voiture. Je proteste : mes Columbia toutes neuves sont  Gortex ! Trop basses .

maisons pastels de Letterfrack
maisons pastels de Letterfrack

Première pause à l’aplomb du village : histoire de Letterfrack : Des Quakers anglais, James et Mary Ellis s’installèrent en 1849 pour aider les Irlandais frappés par la Famine.Ils louèrent 1000 acres de terre qu’ils bonifièrent, plantèrent des arbres, construisirent une école, un Tempérance hôtel. Depuis, le village est connu comme « village Quaker » alors que tous sont catholiques et qu’il n’y a plus de quakers. Aujourd’hui, Letterfrack abrite une antenne de l’Université de Galway, on y enseigne le design des meubles, l’ébénisterie. Un bâtiment est consacré à la restauration de meubles anciens des chantiers plus importants sont aussi exécutés . Letterfrack s’enorgueillit de sa radio locale, importante pour les personnes isolées dans la campagne.

apparition furtive et embrumée
apparition furtive et embrumée

Après avoir traversé une prairie bien mouillée (il vient de pleuvoir) deux cerfs se détachent sur l’arête d’une colline. Jolie apparition, assez rare selon la guide. Ce n’est qu’à la période du brame qu’ils se rapprochent du parking.   Carol nous montre les fleurs de la prairie : les

casse-lunettes euphrasia pratensis
casse-lunettes euphrasia pratensis

 

 

Casse-lunettes (Euphrasia officinalis pratensis) dont on faisait bouillir les racines pour soulager la conjonctivite.

 

 

 

Il y a plusieurs espèces d’orchidées et plusieurs espèces de bruyères : la « crossleaved

Erica tetralex
Erica tetralex

heath » Erica tetralix en français Bruyère tétragone ou bruyère des marais, est l’emblème du parc. Certaines plantes font partie de la flore lusitanienne, endémiques au Portugal et en Espagne Atlantique.

 

 

 

bog asphodel

Une plante m’a étonnée Bog Asphodel(narthecium ossifragum) n’a rien en commun avec les asphodèles que je connais, c’est un e petite plante de 10 à 15 cm aux fleurs jaunes étoilées.

 

 

Les Linaigrettes sont nommées  Bog Cotton . Carol leur a cherché une utilité : la seule linaigrette_wolfqu’elle a trouvée est de servir de bourre pour des boutons.

 

 

 

 

Sphaigne et drosera
Sphaigne et drosera

Dans un endroit encore plus humide, nous trouvons les plantes carnivores Drosera intermedia  Sundew qui pallie la pauvreté en nutriments de la tourbière en piégeant les insectes. La plante la plus importante, celle qui va  être transformée en tourbe, c’est la sphaigne. Carol en saisit une poignée, l’essore, une énorme quantité sort, et il en reste ! Il en existe différentes espèces. Ces sphaignes furent utilisées comme pansement pour les blessés, leurs propriétés antibiotiques prévenaient les infections. Les Indiens d’Amériques les utilisaient comme couche pour les bébés.

Plus loin dans la montagne, on voit des carrés plus verts et des tas de pierre. Là vivaient des gens avant la Famine. Les villages abandonnés se remarquent à peine. A nos pieds, des blocs de granite recouverts de lichens parmi les fougères : une tombe préhistorique. Quand Carol nous la montre, je reconnais bien les deux blocs levés comme à l’entrée d’un dolmen. La grosse dalle du toit a glissé.

séchage de la tourbe
séchage de la tourbe

De retour dans le milieu humide, Carol nous parle de l’exploitation de la tourbe , combustible traditionnel pour le chauffage mais aussi pour la cuisson des aliments. Il existe même une centrale électrique fonctionnant à la tourbe. Autrefois, on creusait à la pelle. Il fallait déblayer la végétation, puis creuser en découpant des briques de tourbe. Aujourd’hui, des machines débitent des sortes de « saucisses ». le travail n’est pas terminé avec la découpe. Il y a le séchage au soleil, dans un  pays où il pleut autant. La tourbe contient énormément d’eau qu’il faut éliminer. Il faut retourner, mettre debout les briques et enfin les rassembler en tas. D’après ce que j’ai compris, les gens obtiennent une concession pour aller creuser, on en confie une pour 6. La tourbe réserve parfois des surprises : les objets sont très bien conservés dans ce milieu anoxique où la décomposition ne s’opère pas. On a retrouvé des cadavres en parfait état ; de l’état manucuré des mains, on a pu déduire  que l’homme retrouvé était le fils d’un noble assassiné. Telle jeune fille morte il y a des siècles a été retrouvée avec ses cheveux, mais éviscérée : mort étrange qui pourrait inspirer des romans policiers.

On a également retrouvé des mottes de beurre. La tourbière fut utilisée comme réfrigérateur. Le beurre était conservé dans un sac, puis oublié, il pouvait se conserver éternellement. Il s’imprègne malgré tout de l’odeur de la tourbe.

Ce soir, une conférence a pour sujet La boue, les fossiles et les pollens. J’aurais bien aimé l’écouter si nous avions été logées à proximité.

Pour pique-niquer nous retournons au dessus de Ballybakill harbour, la vue est merveilleuse.

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Letterfrack a aussi organisé un parcours poétique au départ du Centre des visiteurs. Le sentier descend dans le bois profond, passe une chapelle, un petit pont, sur un panneau, un poème qui me plait bien. Le sentier serpente dans le bois et revient au bassin et à la cascade. Il sort du domaine pour rejoindre le cimetière des enfants : sur la pelouse des cœurs en marbre noir poli, un prénom, 12 ans, 13 ans, 14 ans au plus; Dans le bâtiment du Centre des Visiteurs, il y avait autrefois une école réputée très sévère, les enfants sont morts pendant leur scolarité.

La promenade se poursuit dans le village où je découvre une série de maisonnettes de teintes pastels. Au rebord des fenêtres, des corbeilles de fleurette bleue, bégonias rouge orangé. Les poèmes sont introuvables, je m’arrête là.

Depuis 6 jours à Clifden, nous n’avons pas encore visité son musée. Il est temps de réparer cet lacune ! La Musée est installé dans l’ancienne gare (avec un hôtel et un restaurant). A la place des noms de rue, on a conservé les plaques des quais. Les rails courent encore sur la chaussée . Pour renforcer l’illusion, l’odeur de la tourbe ressemble à celle des anciennes gares du temps des locomotives à vapeur.

Joli cadre, mais exposition sans intérêt sauf si on est passionné de chevaux. Le rez de chaussée est consacré au Poneys du Connemara.  Palmarès de récompenses, rosettes, diplômes décernés aux éleveurs, ne m’intéressent nullement. En mezzanine une petite histoire de Clifden. Fondée en 1812 par John d’Arcy dont nous avons vu le château. L’arrivée du train à la fin du 19ème siècle devait favoriser le développement de la « capitale du Connemara » avec l’essor du tourisme. Des paysans l’empruntèrent pour leur départ vers l’Amérique. Quelques objets rappellent cette époque : une balance pour peser la laine, une machine à écrire…rien de passionnant.

Derrimlagh :

Retour pour terminer la promenade sur les lieux de la Station Radio de Marconi. Je marche sur une vraie route goudronnée puis par des chemins de cailloutis dans une tourbière exploitée actuellement, un peu plus de 5 km sous un ciel menaçant, d’un bon pas. « Archéologie » du début du 20ème siècle. Des bâtiments, il ne reste que de vagues fondations (un peu comme dans les ruines antiques de Crète). Sur des socles artistiquement rouillés (ils sont neufs) on a planté des explications, des photos anciennes : ici, le condensateur qui vibrait avec un bruit infernal, là la centrale électrique fonctionnant à la tourbe, là le bungalow du contremaître… Au début, c’est amusant, ensuite je passe rapidement (il pleut) devant l’étang où les employés pêchaient la truite. Parcours plus sportif que culturel ! Quelques jours plus tard, je verrai à la télévision l’inauguration de cette attraction qui vient tout juste d’être réalisée.

Après dîner j’ai le projet d’aller au Pub. Tous les restaurants, tous les pubs de Clifden affichent de la musique live. Lequel choisir ? Tous sont peints de couleurs vives et avenantes. Je ne connais rien à la musique celtique (que je préfèrerais) ni au rock irlandais. Le « Griffins » en bas de chez nous peint en bleu me semble plus attirant. Nous garons la voiture devant. Les autres font plus « restaurant pour touristes » avec leurs menus en français, ou trop chic comme celui d’en face. A neuf heures je descend vêtue de mon Sweatshirt neuf  habillée « pour sortir ». Déception, la salle est  presque vide. Seules deux tables sont occupées. L’une par une famille française  avec deux petites filles sirotant un coca avec une paille. L’autre avec des touristes regardant les photos prises pendant la journée. Deux échalas coiffés de stetson sont perchés sur les tabourets du bar, ils grattent une guitare sans conviction sur des airs du far west. Je m’assieds seule à une troisième table. Personne ne vient prendre la commande, il aurait peut être fallu que j’aille au bar me servir… Dans cette ambiance morose, je ramasse mon sac et me tire. Je suis venue trop tôt, sans doute, et pas le bon jour, ni à la bonne adresse…piège à touristes.

Iles et plages du Connemara

CARNET IRLANDAIS    

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Itinéraire

A mi-chemin entre Clifden et Galway, face aux îles d’Aran, la côte est très découpée en péninsules et chapelet d’îles reliées par des ponts.  Nous coupons par la Bog Road puis Cashel vers Gortmore, retrouvons la WAW plein sud jusqu’à Costello/Casla jusqu’au bout de la pointe, puis traverser les trois îles Lettermore, Gorumna, Lettermulan.

Bog Road sous le soleil est bien différente. Les 12 Bens me fascinent. Les moutons sont toujours sur les mêmes chicots rocheux. Cashel est un village très chic. Son hôtel 4* est caché dans un beau parc derrière les murs . Maisons soignées et fleuries. La route longe une étendue d’eau si calme que je n’ai pas reconnu l’Atlantique. Dans cette portion du Connemara, le dessin de la côte est si compliqué, les baies si étroites comme de petits fjords ou abers qui s’insinuent dans les terres. Iles, vraies ou tidal, ou reliées par des digues, ou des ponts de pierre, font barrage à la force de l’océan, les Îles d’Aran ferment presque la baie de Galway. De la route on ne voit pas la mer ouverte, elle a toujours l’aspect d’un lac.

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Entre Cashel et la WAW nous traversons des tourbières. Un homme remplit à la main des sacs en plastique de briquettes qui séchaient en petits triangles. Plus loin, un autre remplit une brouette et fait un grand tas. Je regrette de ne pas avoir vu couper des tranches de tourbes et surtout de ne rien savoir si la propriété des tourbières ; qui les exploites ? Pour la consommation personnelle ou pour les commercialiser ? Les briquettes qu’on vend à la station-service sont régulières et semble sortir d’une machine.

Coral Beach : Tra An Doilin

Tra an Doilin
Tra an Doilin

Au bout de la pointe après Carraroe, une plage de sable doré et brun formée de petites criques derrière des rochers. Attention les pieds ! Cela pique, ce n’est pas du sable. Un panneau explique ce phénomène : « des algues rouges corallines poussent dans la baie. Quand elles meurent, elles perdent leur couleur. Des fragments gris ou blancs sont appelés maerl ». Google me donne des précisions : il s’agit de Lithotamne ou Phymatolitho calcareum. Cette algue croît principalement dans l’Atlantique nord. Elle forme une croûte fine dans son stade juvénile, puis les branches du thalle se détachent pour mener une vie non fixée. Le maerl est utilisé comme amendement pour les terres acides et également en pharmacie. Je ramasse ces « coraux » aux branches tordues et aux formes compliquées, sans but précis.

maerl
maerl

Les gens arrivent à la plage. Des fillettes se baignent avec leur grand-mère et 4 chiens. La dame s’adresse à ses chiens comme à des personnes « don’t be rude ! be polite ! » demander à un chien d’être poli ! voilà quelque chose d’exotique pour moi !

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la mer et toujours les 12 bens

Au fond de la baie, les 12 bens dominent toujours le paysage, j’ai plaisir à les dessiner. Deux vieux messieurs en chapeaux de paille et cannes passent ; je leur demande où nous pouvons manger « au village ! » j’insiste « Et sur le bord de la mer ? » Cela les fait beaucoup rire « Its a joke ! » Mieux vaut boire l’eau de la mer comme soupe !

Je relève mon pantacourt au dessus du genou et tente une baignade. Jusqu’à la cheville, cela passe à mi-mollet c’est drôlement frais, voici qui me console d’avoir oublié mon maillot ! Vers midi, les maîtres-nageurs ouvrent le container rouge et jaune, hissent le drapeau jaune et rouge (baignade surveillée et permise). Les estivants se pressent. Le parking est plein. Nous pique-niquerons ailleurs.

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La route entre Castello/Casta  et Lettermore est barrée pour travaux. J’écris les noms de lieu tels qu’ils apparaissent sur la Carte Michelin en bilingue. Dans la réalité, c’est écrit uniquement en gaélique puisque nous sommes dans le Gaeltacht. Cela  nous complique sérieusement la vie. Difficile de lire les panneaux irlandais écrits petits et pas forcément bien placés. Comment programmer le GPS ? Quand les panneaux sont écrits en irlandais ils sont incompréhensibles.

Sur un petit port, avec trois barques à moteur et une belle bleue et noire à rames. Toutes les barques sont noires, seules les bordures sont peintes en bleu ou en rouge.

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A peines sommes nous installées qu’un monsieur , bottes au pieds, arrive en sifflant et manipule les amarres d’une barque. Je commence une conversation anodine et météorologique « What a lovely day ! ». Il attend la marée et me montre la petite île en face. Ses vaches sont là, d’ailleurs on peut les voir près de la maison sous l’arbre, il en a 40…mais il ne veut pas déranger et va s’asseoir dans sa voiture « mangez tranquillement ! ». la mer monte vite. Avant la fin de mon brownie fondu (il fait 26°) il descend dans la barque et rame vers son île. Comme je lui demande son nom, il répond « je ne peux pas vous le donner ! »Aimable rencontre,  figure originale.

Trois îles sont reliées entre elles et reliées à la terre par des digues en pierre. Dans la voiture on ne se rend pas compte qu’on en a quitté une pour la suivante. La route principale traverse Gorumna – île ronde – par son diamètre. Il y a aussi une petite route circulaire que nus parcourons sans trouver d’accès à l’eau. Aucune plage sur cette île ? Chaque fois c’est le même scénario : un chemin se dirige vers la mer mais il est barré par un portail.

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Par une autre digue de pierre, nous accédons à Lettermullan, moins construite, moins verte aussi, un caillou granitique. Nous suivons un joli écriteau illustré de kayaks et de viliers. Sans doute un hôtel, au moins il doit y avoir un port ou une plage ! On perd la route et arrive à la pointe derrière une maison sur des rochers  presque nus très érodés. Au loin, une tour carrée, but de promenade ? Une silhouette m’inquiète : un âne ? un chien ? je retourne à la voiture chercher mes jumelles C’est un cairn qui semble déjouer les règles de l’équilibre et qui supporte par miracle vents et tempêtes. Rien de terrifiant !

Je m’installe pour dessiner. Les 12 bens en ligne d’horizon, des îles et des bras de mer au second plan au premier, des rochers couverts de lichens chevelus.

Le retour est interminable. Nous suivons le littoral par des routes parfois très étroites. L’océan est proche, tout le temps et si difficile à aborder. Combien je bénis la Loi Littoral français qui nous donne d’agréable sentiers côtiers ouverts à la promenade. Il semble que ce sit un privilège hexagonal.

De temps en temps, les silhouettes allongées des îles d’Aran barrent l’horizon.