CARNET IRLANDAIS
Itinéraire
A mi-chemin entre Clifden et Galway, face aux îles d’Aran, la côte est très découpée en péninsules et chapelet d’îles reliées par des ponts. Nous coupons par la Bog Road puis Cashel vers Gortmore, retrouvons la WAW plein sud jusqu’à Costello/Casla jusqu’au bout de la pointe, puis traverser les trois îles Lettermore, Gorumna, Lettermulan.
Bog Road sous le soleil est bien différente. Les 12 Bens me fascinent. Les moutons sont toujours sur les mêmes chicots rocheux. Cashel est un village très chic. Son hôtel 4* est caché dans un beau parc derrière les murs . Maisons soignées et fleuries. La route longe une étendue d’eau si calme que je n’ai pas reconnu l’Atlantique. Dans cette portion du Connemara, le dessin de la côte est si compliqué, les baies si étroites comme de petits fjords ou abers qui s’insinuent dans les terres. Iles, vraies ou tidal, ou reliées par des digues, ou des ponts de pierre, font barrage à la force de l’océan, les Îles d’Aran ferment presque la baie de Galway. De la route on ne voit pas la mer ouverte, elle a toujours l’aspect d’un lac.
Entre Cashel et la WAW nous traversons des tourbières. Un homme remplit à la main des sacs en plastique de briquettes qui séchaient en petits triangles. Plus loin, un autre remplit une brouette et fait un grand tas. Je regrette de ne pas avoir vu couper des tranches de tourbes et surtout de ne rien savoir si la propriété des tourbières ; qui les exploites ? Pour la consommation personnelle ou pour les commercialiser ? Les briquettes qu’on vend à la station-service sont régulières et semble sortir d’une machine.
Coral Beach : Tra An Doilin

Au bout de la pointe après Carraroe, une plage de sable doré et brun formée de petites criques derrière des rochers. Attention les pieds ! Cela pique, ce n’est pas du sable. Un panneau explique ce phénomène : « des algues rouges corallines poussent dans la baie. Quand elles meurent, elles perdent leur couleur. Des fragments gris ou blancs sont appelés maerl ». Google me donne des précisions : il s’agit de Lithotamne ou Phymatolitho calcareum. Cette algue croît principalement dans l’Atlantique nord. Elle forme une croûte fine dans son stade juvénile, puis les branches du thalle se détachent pour mener une vie non fixée. Le maerl est utilisé comme amendement pour les terres acides et également en pharmacie. Je ramasse ces « coraux » aux branches tordues et aux formes compliquées, sans but précis.

Les gens arrivent à la plage. Des fillettes se baignent avec leur grand-mère et 4 chiens. La dame s’adresse à ses chiens comme à des personnes « don’t be rude ! be polite ! » demander à un chien d’être poli ! voilà quelque chose d’exotique pour moi !

Au fond de la baie, les 12 bens dominent toujours le paysage, j’ai plaisir à les dessiner. Deux vieux messieurs en chapeaux de paille et cannes passent ; je leur demande où nous pouvons manger « au village ! » j’insiste « Et sur le bord de la mer ? » Cela les fait beaucoup rire « Its a joke ! » Mieux vaut boire l’eau de la mer comme soupe !
Je relève mon pantacourt au dessus du genou et tente une baignade. Jusqu’à la cheville, cela passe à mi-mollet c’est drôlement frais, voici qui me console d’avoir oublié mon maillot ! Vers midi, les maîtres-nageurs ouvrent le container rouge et jaune, hissent le drapeau jaune et rouge (baignade surveillée et permise). Les estivants se pressent. Le parking est plein. Nous pique-niquerons ailleurs.
La route entre Castello/Casta et Lettermore est barrée pour travaux. J’écris les noms de lieu tels qu’ils apparaissent sur la Carte Michelin en bilingue. Dans la réalité, c’est écrit uniquement en gaélique puisque nous sommes dans le Gaeltacht. Cela nous complique sérieusement la vie. Difficile de lire les panneaux irlandais écrits petits et pas forcément bien placés. Comment programmer le GPS ? Quand les panneaux sont écrits en irlandais ils sont incompréhensibles.
Sur un petit port, avec trois barques à moteur et une belle bleue et noire à rames. Toutes les barques sont noires, seules les bordures sont peintes en bleu ou en rouge.
A peines sommes nous installées qu’un monsieur , bottes au pieds, arrive en sifflant et manipule les amarres d’une barque. Je commence une conversation anodine et météorologique « What a lovely day ! ». Il attend la marée et me montre la petite île en face. Ses vaches sont là, d’ailleurs on peut les voir près de la maison sous l’arbre, il en a 40…mais il ne veut pas déranger et va s’asseoir dans sa voiture « mangez tranquillement ! ». la mer monte vite. Avant la fin de mon brownie fondu (il fait 26°) il descend dans la barque et rame vers son île. Comme je lui demande son nom, il répond « je ne peux pas vous le donner ! »Aimable rencontre, figure originale.
Trois îles sont reliées entre elles et reliées à la terre par des digues en pierre. Dans la voiture on ne se rend pas compte qu’on en a quitté une pour la suivante. La route principale traverse Gorumna – île ronde – par son diamètre. Il y a aussi une petite route circulaire que nus parcourons sans trouver d’accès à l’eau. Aucune plage sur cette île ? Chaque fois c’est le même scénario : un chemin se dirige vers la mer mais il est barré par un portail.
Par une autre digue de pierre, nous accédons à Lettermullan, moins construite, moins verte aussi, un caillou granitique. Nous suivons un joli écriteau illustré de kayaks et de viliers. Sans doute un hôtel, au moins il doit y avoir un port ou une plage ! On perd la route et arrive à la pointe derrière une maison sur des rochers presque nus très érodés. Au loin, une tour carrée, but de promenade ? Une silhouette m’inquiète : un âne ? un chien ? je retourne à la voiture chercher mes jumelles C’est un cairn qui semble déjouer les règles de l’équilibre et qui supporte par miracle vents et tempêtes. Rien de terrifiant !
Je m’installe pour dessiner. Les 12 bens en ligne d’horizon, des îles et des bras de mer au second plan au premier, des rochers couverts de lichens chevelus.
Le retour est interminable. Nous suivons le littoral par des routes parfois très étroites. L’océan est proche, tout le temps et si difficile à aborder. Combien je bénis la Loi Littoral français qui nous donne d’agréable sentiers côtiers ouverts à la promenade. Il semble que ce sit un privilège hexagonal.
De temps en temps, les silhouettes allongées des îles d’Aran barrent l’horizon.
Entre la dame qui parle à ses chiens comme à des enfants et l’homme qui ne veut pas dire son nom, tu as eu ta part de mystère. Et du coup je me dis que l’on pourrait inventer une histoire sur ces gens et en particulier sur l’inconnu de l’île !
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@Claudialucia : les rencontres sont le sel des voyages (ou le piment). Les Irlandais sont assez bavards et par chance ils parlent anglais!
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