Synge est un conteur merveilleux. Ce récit de quatre séjours dans les îles d’Aran un peu avant 1900, un véritable chef d’oeuvre que je place sur mon étagère virtuelle au près de mes chers Fermore, Chatwyn et Durrell (l’étagère est virtuelle parce que je lis en anglais, en numérique, pour profiter des dictionnaires).
Synge a séjourné à Inishmaan pour pratiquer et améliorer son Gaélique appris à Dublin. Ce n’est donc pas un touriste ordinaire mais un linguiste qui a eu pour professeurs les meilleurs conteurs des îles. Poète, il a su transcrire les récits, les histoires des fées (qui ne sont pas forcément des femmes, et qui peuvent être malveillantes).
Synge observe la vie simple sur ces îles, décrit les paysages, les costumes, la transhumance des bovins et des chevaux sur les curaghs. Fêtes et danses mais aussi naufrages et deuils. La vie est souvent à la merci des vents de l’Atlantique comme ces portes qu’on ouvre pour aérer et éclairer les maisons tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, ou comme ce médecin qui pourra venir sauver une femme ou un enfant malade, ou qui sera retenu de l’autre côté de l’océan par la tempête…
Synge a su créer des rapports d’amitié avec les habitants, susciter aussi leur curiosité. Pour que l’échange soit équitable il n’a pas oublié des photographies et son violon, ni les journaux qui donneront des nouvelles de la guerre de Cuba, il y a tant d’émigrés irlandais aux Etats Unis!
Un crachin irlandais persistant tombe, contredisant les prévisions météo optimistes de mon téléphone. Nous traînons dans Clifden : courses à Supervalu pour le pique-nique du midi, pain soda au raisin (pourquoi soda ?), un grand pot de yaourt et du vin blanc. Le caissier confisque la bouteille. Trop tôt ! La loi irlandaise interdit de vendre de l’alcool avant 10h30. Je comprends alors pourquoi verres et bouteilles traînent dans la rue devant les pubs. Les gens font des réserves quand il est encore temps, puis abandonnent le surplus. Cette même hypocrisie fait emballer les bouteilles dans le papier kraft puisqu’on ne doit pas boire sur la voie publique.
Malgré la pluie nous nous engageons dans la Sky Road boucle de 17km sur la péninsule proche de Clifden. Elle est double : lower sky roadet upper. Nous choisissons la basse puisque de toutes les façons, on ne voit rien.
Arrêt devant une porte monumentale avec tourelles et créneaux : l’entrée du château. Il faut marcher un bon quart d’heure sur un chemin de terre et de cailloux occupants pour apercevoir le château. Construit en 1812-1815, par John d’Arcy, le fondateur de Clifden. C’est maintenant une carcasse vide sans portes ni fenêtres. Le brouillard l’habille de mystère. Le berger sur un quad pousse le troupeau de moutons. Le brouillard se déchire. Quand je remonte au parking les plages de l’autre côté de la baie sont éclairées.
Le beau temps remplace le temps gris. Les fuchsias éclatent de couleur, la mer bleue brille, les pentes raides vertes sont peuplées de moutons. La Sky Road se dévoile à son avantage avec ses îles, caps, fjords. Difficile de décrire. Chaque tournant apporte une surprise. Avec le matin pluvieux, les touristes ne se sont pas pressés sur la route et nous pouvons nous arrêter et prendre des photos.
Omey Island
De la route principale, la WAW, une petite route conduit à Omey Island. Omey est une île à marée haute (tidal island). On peut l’atteindre à pied sec à marée basse. Je traverse la plage pieds nus. Quelques maisons sont dispersées sur Omey. On peut en faire le tour en 2h30 /3h. J’ai bien trop peur de me faire prendre par la marée montante et préfère ne pas m’éloigner. Sur le bord de l’eau, il y a un important cimetière, très bien entretenu. Le gardien passe la tondeuse à gazon qui s’entend de très loin et gâche passablement la promenade.
Dominique a colonisé une plateforme herbue faisant suite à une digue de pierres et blocs taillés. Nous prenons le soleil en attendant l’heure du pique-nique et regardons l’eau monter.
Cleaddaghduff
La route de Cleggan fait le tour de la péninsule. Il fait un soleil radieux qui chauffe (c’est relatif, j’ai gardé mon gros pull de laine irlandaise). Près de Claddaghduff (quel nom !) la côte est la plus jolie. Les rochers de granite très clair, le sable blanc donnent à l’eau limpide des nuances turquoise qu’on imagine dans les mers du sud. A chaque crique, je me déchausse pour tremper mes pieds. Avec le beau temps revenu, il y a même des gens en maillot de bain. Je parcours la rute à pieds pour profiter du paysage. Cette petite route a le charme de l’inconnu et me plait plus que la Sky Road trp vantée et trop fréquentée.
De Cleggan on embarque pour Inishbolin. Nous fuyons l’animation du port, l’affluence des voitures, évitons la WAW et prenons la direction de Moyard sur Ballynakill Harbour qui n’est pas un port mais un fjord, un aber, un bras de mer….Avec cette côte si découpée et les nombreux lacs, je perds le sens de l’orientation. Tout à coup, les montagnes, les 12 Bens, surgissent derrière un lac et une prairie verte(dans le pré voisin on s’active à faire les foins). Image de carte postale.
Retour sur la WAW, à l’entrée du parc National du Connemara. Ous avons trouvé la description d’une promenade à une carrière de marbre non loin de Letterfrack. Suivant les instructions , nous passons le Manoir Roseleage, et prenons la première route qui monte dans la campagne. Après quelques centaines de mètres, changement de décor : nous sommes dans la tourbière ; Un écriteau bien délavé prévient qu’il y a des agneaux nouveau-nés sur la route. Ils ont du bien grandir depuis ! Les briquettes de tourbe sèchent formant des faisceaux trapus alignés. Au fond, je reconnais le Mont Diamant(453m). la carrière de marbre est là-haut. Il est trop tard pour grimper les 5km.
12 bens
Nous avons d’autres projets : retourner aux trois plages de la pointe de Rynvile. La première se prête peu à la promenade, la seconde est inaccessible, un camping et un parc de mobil-homes en bloquent le chemin. Il ne nous reste qu’à retourner à celles que nus connaissons déjà et qui m’avais enchantée samedi. La mer est haute et le sable sec forme une bande très fine. La promenade à marée basse était mieux.
Retour par Sky Road, pas au coucher du soleil comme les guides le recommandent, il se couche entre 21 et 22h, mais sous une belle lumière estivale.
La Bog Road serait à son avantage par mauvais temps. Nous sommes servies ce matin : les nuages ont effacé les sommets des collines, formant une sorte de couvercle. La lumière surgit en dessous, entre deux monts et diffuse une lueur jaune.
les plumets de la linaigrette
A Ballynaboy,après le pont de pierre, la R342 est déserte. Nous ne rencontrons que quatre cyclistes. Tourbières, lacs, îles, petits canaux remplis d’une eau brune presque noire. Sur les rochers, une herbe verte s’est installée avec de la bruyère violette. Dans les zones plates, on remarque les plumets de la Linaigrette (Eriophorium angustifolium ou Bog cotton), parfois aussi des fougères-Aigles. Je ne me lasse pas de photographier et de filmer le camaïeu de brun, violet, gris parfois rehaussé de vert, tweed irlandais. Partout des rochers, des lacs. Le couvercle de nuages se délite, plus diffus, tout devient flou. Le contour des collines s’efface. Sans l’humidité pénétrante, j’aurais bien fait un deuxième dessin.
moutons perchés
La scène s’anime : les moutons sont sur la route. Ils gambadent, sautent, bondissent. Certains sont perchés sur un gros rocher, d’autres marchent sur la route. Ils sont marqués de peinture rouge ou bleu. Il y en a même un tricolore à la laine très blanche. Ils n’ont pas été tondus. L’épaisseur de la laine est impressionnante pour certains. Un homme perché sur le rocher les observe, sans doute le berger. Son chien est invisible. Il observe ses bêtes sans les contraindre.
Supporter tricolore pour la finale de l’Euro
La Bog road est une parenthèse merveilleuse dans la circulation. Aucun bruit en dehors du bêlement des moutons. Courte parenthèse d’une douzaine de kilomètres que nous avons parcourus à moins de 20km/h ?
Nous retrouvons les voitures sur la Wild Atlantic Way (R341) qui passe par Roundstone et Ballyconeely et que nous quittons pour l’île d’Inishnee reliée par un pont. Nous ne nous attardons pas , une course pédestre y est organisée cette après midi au bénéfice de la recherche pour la sclérose en plaques. Les organisateurs plantent des tasseaux de bois qu’ils coiffent de carton plastifié. C’est artisanal, propre et bon enfant. La course a lieu dans 1h30, ils nous laissent passer, s’excusant de boucher le passage.
Roundstone vu d’Inishnee
Roundstone est un petit port aux maisons colorées où se tiendront dimanche prochain des régates de bateau anciens aux voiles rouges. Tris de ces voiliers manœuvrent dans la baie entre Inishnee et une île allongée plate avec quelques maisons blanches. Déception au marché artisanal : sur le parking une demi-douzaine d’étals de produits frais seulement. J’achète au vendeur de fudge un parallélépipède de sucre au caramel ; il y en a de toutes les couleurs, ils ressemblent à des savons. Curieusement le même vendeur a aussi des savons qui ressemblent aux fudges. Autre déception au magasin de Malachy Bodhran qui vend des instruments traditionnels avec toutes sortes de souvenirs. Son « petit musée » annoncé est introuvable, les toilettes payantes (1€) et la musique sirupeuse n’a rien de celtique. Les tambourins sont décorés d’affreuses décalcomanies. Partout des écriteaux « ne laissez pas courir les enfants », « ne faites pas de bruit ». Attrape-couillons.
Le « coin-pique-nique » sera un quai en face de l’île plate allongée estompée dans la brume. Assises sur des blocs de granite. Les maisons sont disséminées le long de la route. Beaucoup moins soignées que vers Baltimore .Pas de fleurs dans les jardins. Peut être le climat est plus rude que dans le Co Cork ?ou les gens sont moins riches?
Retour sur la WAW que nous quittons à chaque occasion pour aller de plage en plage. Gorteen est blanche avec des rochers de gneiss lisse presque noirs. Située en face d’un camping, elle est assez animée. Des enfants se baignent en combinaison de plongée, bleues ou roses. Des jeunes gens héroïques sont en caleçon, le torse nu dans l’eau. Des familles ont étendu des serviettes, des plaids, ou déplié des sièges pliants,. Malgré le temps gris, chacun est bien décidé à passer des vacances estivales à la plage. Plus loin, une autre crique sous le cimetière, nettement moins peuplée. Je devine une autre plage derrière la dune, Dog Beach.
Juillet ou Toussaint?
Dog Beach est une plage de rêve : une anse parfaite, un sable blanc d’une grande finesse, une eau transparente d’un turquoise lumineux qi bien qu’on a l’impression qu’elle illumine ce jour si brumeux. Le guide Evasion parle d’un sable unique, formé de débris de coquillages et de foraminifères. Il faudrait un microscope pour identifier les débris.
En revanche c’est sur Mannin Beach appelée aussi Coral Beach que je ramasse des débris de l’ordre du mm ou du cm que je prends pour des coraux.
Alors que cette journée grise et humide s’était jusqu’à présent déroulée sans pluie, une averse violente me surprend au beau milieu de la plage, me trempe le devant de mon pull et de mon pantalon pour cesser dès que j’ai rejoint la voiture.
Poney du Connemara à Ballyconeely
C’est la foire à Ballyconeely démonstrations de Poneys du Connemara, concours canins et élégance féminine et concours de bébés. Quand nous arrivons, l’assistance est clairsemée (peut être est-ce trop tard ?) Il ne reste plus que les éleveurs qui font des tours de piste à pied en courant avec des poneys blancs bien peignés et portant des rosettes. Ambiance bon enfant, ils se connaissent tous, s’interpellent. Dans un enclos, des moutons très propres attendent. Une vache meugle sans discontinuer.
De Ballyconeely une petite route fléchée Smokehouse se dirige vers la mer. Une fumerie de saumon ! nous en parlons depuis des semaines ! Hélas, la fumerie est fermée le week end. Il ne reste même pas l’odeur. Au retour le Bunowen Castlesort de la brume qui lui va très bien.
Bunowen castle
Derrigimlagh
Une curieuse installation dans la tourbière à l’entrée de Clifden célèbre deux exploits technologiques du début du 20ème siècle : les liaisons par TSF par Marconiavec l’établissement d’une station radio en 1905 et l’atterrissage (ou plutôt le crash) dans la tourbière voisine de John Alcock et de Arthur Witten-Brown en 1919 après le premier vol transatlantiquereliant Terre-Neuve à l’Irlande en 16h28mn.
Marconi et les aviateurs
Cllifden est l’équivalent irlandais de Pleumeur Bodou. Cette installation ne peut pas rivaliser avec le Radôme et son musée. Le parcours d’environ 5 km est ponctué de 7 arrêts. La première « œuvre d’art » est un grand panneau représentant Alcock et Brown après leur atterrissage à bord de la voiture sur rail de Marconi qui se tien debout. Représentation dans le style BD. La seconde est un orgue Tuning Fork avec des fourches ressemblant à un diapason alignées par ordre de taille. Un marteau métallique est laissé à la disposition des visiteurs. Il s’agit d’illustrer la relation entre la fréquence et la longueur d’onde et la hauteur du son faisant une analogie entre les ondes sonores et les ondes-radio de Marconi. La 3ème installation se trouve un peu plus loin sur le parcours. En actionnant une manivelle on fait marcher une dynamo qui fournit l’électricité à un émetteur qui est une illustration sonore de la Station Radio de Marconi. Cette station était considérée comme stratégique par le gouvernement britannique et gardée par la troupe. Pour y entrer il fallait pouvoir justifier de son identité. James Joyce, jugeant qu’il était assez célèbre crut pouvoir s’en passer et fut refoulé alors qu’il souhaitait interviewer Marconi.
Le château de Kylmore se reflète dans le lac sous le soleil du matin. Deux cygnes glissent entre roseaux et nymphéas. Nous sommes presque les premières visiteuses. Le site est un enchantement. Redoublé par son reflet, le château gris tout en tours et en créneaux dans son écrin de verdure est merveilleux.
Château victorien, construit en 1867 par Mitchell Henry (1826-1910), » médecin, industriel, homme politique et pionnier, il eut une approche innovante et expérimentale créant la première ferme modèle de l’Ouest de l’Irlande [ …]le plus grand jardin victorien d’Irlande et produisant dès 1873 sa propre électricité avec une centrale hydro-électrique » (je traduis le dépliant) Il représente le comté de Galway à la chambre des communes partisan du Home Rule visant à donner l’autodétermination à l’Irlande. Philanthrope, il avait construit une école pour les enfants des travailleurs du domaine (qui pouvaient ainsi émigrer en Amérique sachant lire et écrire.
jardin de plaisance
C’est surtout le jardin Victorien qui nous a enchantées. Pour y parvenir, une promenade d’1.6 mile longe le lac sous des arbres immenses. Sur le tronc de certains thuyas, des camélias et des houx se sont installés comme des épiphytes tropicaux. Des rhododendrons et des camélias atteignent des dimensions considérables. Pour qui ne veut, ou ne peut pas marcher, des navettes relient le jardin à la billetterie.
Verger en espalier et plate-bande ornementale
Ce « jardin entouré de murs » est exposé au sud dans un vallon abrité. Avec ses murs, il jouit d’un microclimat.Le jardin d’agrément a une pelouse ornée de massifs fleuris, ondulant en gracieuses virgules roses ou en volutes de capucines. Le long des murs de briques, des bordures colorées changent au gré des saisons. Selon la guide, au printemps elles sont les plus belles avec les jonquilles et les crocus, en ce moment, elles sont roses.
Sur la pente faisant face à la pelouse, on a construit un jardin d’hiver composé de 21 serres chauffées contenant une vigne, des arbres fruitiers, des fleurs et des primeurs pour les besoins des invités et du personnel. On pouvait passer d’une serre à l’autre sans craindre les rigueurs de l’hiver. Un portoir métallique de présentation était installé dans la dernière serre : on y suspendait des paniers de légumes, fruits ou fleurs correspondant à la production du moment. Les dames pouvaient choisir ce qu’elles préféraient.
Le chauffage des serres était fourni par le four à chaux dont on amendait les terres acides de tourbière.
potager
Le « work garden », le potager doublait le jardin d’agrément. Deux triangles boisés séparaient ces deux parties. Un ruisseau courait entre les haies de fuchsia. Ces bosquets masquaient les installations, chassis, serres froides pour acclimater les jeunes plants, remises à outils, l a station de pompage, le Bothy (mot écossais désignant un petit cottage de montagne) où vivaient 6 ou 8 ouvriers.
Bothy : logement des ouvriers
En face du Bothy, bien en vue, le cottage du Chef-jardinier est très cossu. Nous avons déjà vu à Glengarriff l’importance d’un jardinier expert. Ce chef jardinier pouvait, de son bureau, dans une bow window , surveiller les travaux des employés. Il jouissait de tout le confort de l’époque, possédait un gramophone, un projecteur de films. Il y avait aussi une machine à coudre et une buanderie équipée. Dans la salle à manger, la table est dressée de porcelaine fine. Ce luxe contraste avec la modestie du Bothy.
Cottage du chef-jardinier
La partie rocheuse est organisée en rocaille fleurie: une collection de petits géraniums (collection dont j’ai rêvé il y a un certain temps et que j’avais même commencée), conifères nains taillés.
Le long des murs du jardin, poiriers, pruniers, pommiers et même cerisiers sont plantés en espalier. Dans un creux, un figuier prospère, ses figues, encore dures sont déjà de bonne taille. Il y a même un pêcher, mais je ne lui ai pas vu de pêches ? Seuls les noisetiers sont plantés en un petit verger.
les choux et les soucis
Le château avec au moins une douzaine d’occupants hiver comme été, ses dizaines de domestiques, jardiniers, et même pompiers, devait être auto-suffisant, tout du moins pour les fruits et légumes. Le potager devait être de bonne taille. Les carrés (rectangles) sont bordés de buis taillés et entourés de pelouses. Ceux des pommes de terre et des rhubarbes sont des dimensions d’un petit champ. Les choux sont plantés artistiquement alternant les violets, les verts les brocolis. On leur a adjoint des soucis (marygold) dont les fleurs oranges contrastent avec le vert des feuilles ; ils ne sont pas là uniquement pour la décoration, ce sont des « compagnons » qui éloignent les parasites et insectes indésirables.
Un carré d’un beau bleu est cultivé en Phacelia (green manura) qui joue un rôle double : attirer les abeilles et autres pollinisateurs et servir d’engrais vert. On l’utilise dans la rotation des cultures. L’ail et les œillets d’inde jouent aussi la double fonction de décoration et d’éloignement des indésirable. Il existe aussi une association concombres/œillets.
le jardin dans les murs
Au fond du jardin les herbes aromatiques et médicinales sont plantées dans de jolis rectangles divisés en 4 petits carrés autour d’un laurier taillé en boule. Au milieu du 19ème siècle, la pharmacopée était rudimentaire on faisait confiance dans les herbes médicinales. La conférencière insiste sur les préoccupations hygiénistes des Victoriens obsédés par l’hygiène : il y avait au château des bains turcs et les châtelains se baignaient jusqu’à trois fois par jour.
La haie fleurie
Autre obsession victorienne : la séparation entre les dames du château et les travailleurs. Les dames arrivaient en voiture à cheval du château. Sous la porte pendait une cloche qu’un jeune garçon actionnait. Les jardiniers allaient se cacher derrière les haies pour que leur vue n’offense pas les dames. C’est la raison d’être de la grande allée bordée de fleurs qui est le chef d’œuvre du jardin. Quatre plantes fleuries sont associées par ordre de taille. On les a repérées avec des numéros et des lettres et un carton avec les noms latins est disponible pur les identifier. Par exemple : à la colonne 18, 18A : la potentille(rampante), 18B hémérocalle, 18C Lobélia 18D Watsonia, la plus haute. De cette manière je suis arrivée à mettre un nom sur cette fleur que j’ai découverte à Baltimore et qui est très utilisée dans les jardins irlandais.
Quand le château a été transformé en abbaye bénédictine, le jardin d’agrément ne fut plus entretenu. Sa restauration est récente. On a recherché des variétés anciennes. Il est possible de commander ici des semences victoriennes.
A l’extérieur des murs, on a planté des chênes aux troncs tordus, blancs que j’avais pris pour des bouleaux. Il y a 10.000 ans, les chênes étaient l’essence la plus répandue. Le nom de Kylmore dériverait de Coill Mor signifiant le grand bois.
Vue du salon de thé sur Mount Diamond
Deux promenades permettent d’atteindre le salon de thé construit au dessus du jardin victorien. C’est un self-service où on sert toutes sortes de gâteaux sucrés, apple-pie et crumbles, des fudges, des scones ou de belles quiches. Il y a aussi de savoureux sandwiches. Nous choisissons un sandwich au thon et un apple-pie à la crème fouettée (au choix, custard). La vue de la terrasse est merveilleuse sur le Mont Diamantqui doit son nom aux facettes rocheuses lisses et brillantes. Il se trouve dans le Parc National du Connemara et on peut y monter par une promenade facile.
marbres précieux et pierre de Caen dans la chapelle
Je pars découvrir la partie du parc située entre le Lac Pollacappul et l’Abbaye, promenade jalonnée de bancs, tables à pique-nique sous de beaux hêtres, des frênes, ou des chênes. L’église gothique fut construite à la mémoire de Margaret Henry décédée en Egypte quelques années après la construction du château. Voulant une chapelle « féminine », on a remplacé les gargouilles médiévales par des anges. Cette intention n’est pas exempte de la mièvrerie du 19ème siècle qui m’agace. Les marbres des colonnes gris, rose et verts plaquées sur la pierre de Caen font un ensemble de toute beauté.
Plus loin, le mausolée où reposent les époux est bien modeste. Dernière attraction, un rocher en forme de fer à repasser devant lequel je suis passée sans m’y arrêter.
Nous terminons la visite par l’Abbaye, comme nous avons raté le début de l’audiovisuel et que le dépliant offert est si bavard que je crains de ne rien y apprendre de nouveau, nous n’attendons pas la séance suivante. Ce château récent, caprice victorien transformé en école ne peut pas être comparé aux châteaux chargés d’histoire. Le vestibule, le hall d’entrée, le salon et la salle à manger se visitent. Je ne leur prête qu’un regard distrait.
Ballynakill Harbour
Nous terminons cette journée ensoleillée sur la presqu’île en face de Letterfrack et qui se termine par la Pointe de Rynvile. Une petite route longe Ballynakill Harbour (nom donné au fjord) au sud de la pointe. Il fait assez chaud pour rester un bon moment à dessiner. Nous continuons la petite route qui ne figure pas sur la carte et qui grimpe au flanc de la colline. En dessous dans les prés vert fluo s’égaient des moutons. On découvre des maisons de pierre en ruine. Les buissons de fuchsias rouges contrastent avec le vert des prés et le bleu de la mer. A la Pointe de Rynvile, nous trouvons la plus jolie plage qu’on puisse imaginer. L’eau est limpide turquoise. Les vagues se brisent, d’abord transparentes, couleur menthe glaciale, puis en écume mousseuse. Je relève le pantacourt au dessus du genou pour mon plus grand plaisir.
Réveil dans le brouillard, les Blue Horizons sont bouchés. Le petit déjeuner irlandais est servi sur des ardoises (black pudding, 2 saucisses, 2 tranches de bacon, 1 œuf et une ½ tomate. Le lait dans une bouteille d’une pinte, comme celle du laitier ; service raffiné.
Hier au soleil, nous avions pensé à photographier la petite route et ses herbes folles et ses fleurs. Sous la pluie, les fleurs trempées ont moins d’allure.
Kilfenora
la plus petite cathédrale
Kilfenorra, la cité aux 7 croix, possède la « plus petite cathédrale de la chrétienté ». Nous nous perdons ans la campagne. Le facteur qui passait par là, nous remet dans le bon chemin « faites demi-tour et suivez moi ! – je suis désolé pour ce qui s’est passé à Nice ! ». Il nous montre d’abord la Haute Croix (high cross) à l’extérieur du village puis la cathédrale au milieu du cimetière. Le cimetière est encore en fonction, certaines croix n’ont pas un siècle, on remarque des Mac Mahon, Mac Namara. Les croix anciennes sont à l’abri dans la petite cathédrale (1152).Cathédrale St Fachtaan ? L’évêque est encore là ! La plus belle, la Doorty Cross (17ème siècle) est décorée sur les deux faces. Sur l’une l’évêque est représenté avec des oiseaux sur les épaules (peut être des anges), en dessous deux personnages nommés Croiziers – des Croisés ? – et en dessous, un monstre. Sur l’autre face, le Christ surmonte un cavalier et sa monture.
Doorty Cross détail des Croisés
Les autres croix sont plus simples, ornées de motifs d’entrelacs rappelant de la dentelle ou des nœuds marins.
Leanneh le château hanté de Marie la Rouge
A la croisée des routes R476/470 se dresse le Château de Leaneh : coquille vide. Sa façade de quatre étages est percée de belles fenêtres. Son allure fantomatique cadre bien avec la légende de Marie la Rouge, mariée 25 fois, dont le fantôme hanterait le château.
Imprévue, la ruine de Carran Church dans un pré à vaches. Comme les autres touristes, je rampe sous la clôture électrique et marche entre bouses et flaques pour visiter les ruines (il reste le mur du chœur. La croix et les tombes qui se trouvent à l’intérieur de la petite église ne peuvent pas rivaliser avec Kilfenora. Carran church a été construite en 1200, son nom dériverait de cairn (tas de pierres). Pour retourner aux voitures tout le monde trouve le passage dans la murette – passage à l’irlandaise avec des marches de chaque côté d’une dalle verticale que le bétail ne franchit pas.
Non loin – il suffit de suivre la caravane des touristes nombreux dans le Burren – le Fort de Caherconnell très aménagé pour les touristes : grand parking, boutique, salon de thé, billetterie, ppour un supplément on peut assister ç une démonstration de chiens de troupeaux qui poursuivent les moutons au sonde sifflets. On offre aussi un livret explicatif très complet et on peut visionner une vidéo de 6 minutes (images de synthèse très laides) .
Des étudiants en archéologie tamisent de la terre très sombre (peut être de la tourbe). Leur cuvette se trouve sur un support, ils ont un tamis et une douchette. Ils sont étudiant à l’Université de Galway, souvent des américains qui gagne nt ainsi des crédits validant leur études.
Fort de Caherconnell
Comme les forts que j’ai déjà vus Staigue sur le Ring of Kerry, Donbeg à Dingle, c’est un anneau de pierres sèches. Le vocable « fort » m’avais induit en erreur. J’imaginais quelque chose de militaire. Il n’en est rien. Pas de garnison mais une exploitation agricole à l’abri de la muraille circulaire. J’imaginais aussi que ces constructions étaient préhistoriques. Si le site était occupé depuis l’Age de Bronze, le fort circulaire a été construit au 10ème 11ème siècle et il fut occupé jusqu’au 17ème. Au 15ème on reconstruisit une nouvelle entrée. A la Préhistoire, les hommes étaient installés dans une doline à proximité. Le site de Caherconnell est étudié en détail, il est l’objet de campagnes archéologiques. Des charbons et des ossements ont permis les datations au Carbone14. Ces fouilles systématiques ont livré de nombreux objets, des aiguilles et des peignes en os, une perle d’ambre. Le plus joli est une fibule à tête de chien. Ces objets ne sont pas visibles, Suzan, l’archéologue montre les photos, elle n’est pas peu fière de dire « celui-là je l’ai trouvé ! » . On a également retrouvé des tombes datées 6ème/7ème siècle, à l’extérieur du fort, c’ étaient des tombes chrétiennes (à cause de l’absence de vaisselle et d’objets qu’on trouve dans les tombes païennes). Les tombes chrétiennes se trouvent en général autour d’une église. Elles témoigneraient donc d’une période de transition du paganisme au christianisme postérieure de peu à l’arrivée de Saint Patrick en 453 en Irlande.
Poulnabrone
Dolmen de Poulnabrone
Le dolmen de Poulnabrone est un petit dolmen très élégant, très différent des dolmens de granite que nous avons vus en Bretagne ou au Portugal. Le calcaire local se débite en dalles plates, il paraît beaucoup plus fin que les lourdes tables de granite. Une tombe néolithique a aussi été retrouvée (4000 -3000 av.J.C.). A l’époque préhistorique, le paysage était différent : des forêts de pins, d’aulnes et de noisetiers le recouvraient. Il y avait peu d’espaces ouverts.
Burren : lapiaz
Sur le parcours touristique, de nombreux panneaux sont consacrés au karst. Le Calcaire carbonifère (320Ma) a d’abord été érodé par le passage des glaciations. La flore associe le thym, la sauge, les cistes, le Géranium herbe à Robert ainsi que la gentiane. Ce paysage de causse m’est familier. Les lapiaz du Dévoluy ressemblent au Burren, ce qui ôte pour moi, l’effet de surprise. Toutefois, le point de vue de Ballyallagan est tout à fait extraordinaire la blancheur du grand plateau raviné contraste avec le bleu de l’océan (nous avons de la chance, le temps s’est éclairci).
Déjeuner sur le port de Ballyvaughan . Nous avons raté l’Abbaye de Corcomroe – introuvable.
Nous programmons le GPS pour Clifden. Le temps est redevenu maussade. Le paysage devient quelconque et même franchement laid aux abords de Galway que nous évitons sur une rocade embouteillée. Nous traversons les beaux paysages du Connemara ave une idée fixe : arriver ! La journée a été longue, passionnante dans le Burren. Nous sommes fatiguées et impatientes de découvrir notre nouveau gite.
Une adresse sur Main road, un digicode pour ouvrir la porte d’entrée sur la rue. Un cadenas avec une combinaison chiffrée pour ouvrir la petite boite qui contient la clé de l’appartement. Des instructions plastifiées. C’est trop impersonnel !
L’appartement est vaste, clair, très bien équipé décoré sobrement. Il va falloir apprivoiser la ville et prendre de nouvelles habitudes.
Réveil ensoleillé : la montagne au dessus du B&B Gamekeepers est dégagée. Les fuchsias resplendissent. Le petit ruisseau, de l’autre côté de la route, cascade gentiment. Rita est optimiste « les fermiers ont commencé leurs foins, il leur faut deux jours sans pluie pour l’ensilage. Nous aurons deux jours de beau temps ».
Elle me montre les gousses d’ail qu’elle a disposées sur la table de bois du jardin : pour éloigner les midges. Je regretterai de n’avoir pas discuté plus avec Rita. Son savoir en matière de jardinage et de dictons est inépuisable. Sa prédiction météo ne s’est pas réalisée, à 14h la pluie est arrivée. Fine, d’abord, lourde, après 16h.
Pour arriver à Tralee, la route la plus courte passe par Connor’s Pass et nous repassons le col avec plaisir sous un temps clair qui fait briller l’eau et les bancs de sable. A l’entrée de Tralee, un beau moulin fonctionne. Tralee est une grande ville, avec des immeubles et des industries. Une rocade permet de l’éviter ; je remarque un bâtiment rond, brique et verre, très design : c’est un cinéma. Les flèches du bac de Tarbert nous facilite la route. La route traverse une campagne de bocage, légèrement ondulée avec des haies vives et des bosquets d’arbres.
traversée du Shannon sur le bac de Tarbert
La Rivière Shannon s’étale dans un large estuaire qu’on passera sur un bac (20 minutes, 18€) par véhicule). La traversée n’offre que peu d’intérêt touristique. Il y a quelques usines et une centrale électrique. On nous a promis des dauphins qui ne se montrent pas. Une petite route coupe plein nord de Killimerà Quiltymais nous préférons suivre la côte sur la Wild Atlantic Way qui traverse Kilrush, Kilkee, Doonbeg, Quilty, Spanish Point et Milton Bay où est situé notre B&B. C’est un peu plus long et on voit la mer.
Je me prends à rêver de Fish & Chips ou de soupe bien chaude. Pas de restaurant à notre goût dans les stations balnéaires que nous traversons. Nous n’avons pas envie de nous enfermer à l’intérieur d’un pub par le beau soleil. jamais !
La petite route dans les herbes folles et les fleurs
Sur le bord de la route un panneau indique Blue Horizons, notre gîte, qui ne se trouve pas du tout à la mer comme je l’avais supposé à la réservation sur Booking.com, mais dans la campagne. Une petite roue encadrée de graminées hautes et de fleurs blanches et violettes avec des inflorescences fines et verticales aux fleurettes serrées que je n’arrive pas à identifier. Les blanches, je les ai rencontrées dans les Pays Baltes. La route est si étroite que les fleurs touchent les flancs. Elle monte dans la colline et nous arrivons à une maison neuve, blanche. Par les grandes baies, je découvre une belle salle de réception. Les propriétaires sont absents pour le moment, un petit mot donne un numéro de téléphone.
Je mémorise l’adresse dans le GPS et nous allons à Lahinch « station balnéaire familiale » selon le guide Vert. Le village traditionnel se résume à une rue avec quelques pubs. Le bord de mer est hideux : deux parkings payants bondés, un « aquaworld » à la façade rouillée. Pas de terrasses ni de restaurants sympathiques, juste une pizzeria ans un centre commercial sombre installé dans une sorte de hangar, des marchands de glace. Je découvre un fastfood « Enzo » qui vend hamburger, nuggets et fish&chips. Le menu « fish&chips » 8.5€ suffira pour deux tant la part est généreuse. On mangera dans le parking. La place est inexistante à marée haute. L’eau arrive jusqu’aux blocs accumulés pour protéger la digue. Seule occupante du remblai, une femme en fauteuil roulant coincé, je ne sais comment dans les blocs. Déprimant !
Le soleil s’est caché, ciel gris aux nuages menaçants.
Falaise de Moher
La pluie ne tombera qu’au début de ma promenade sur les Falaises de Moher. Toujours impatientes, nous avons quitté la grande route trop tôt. Au lieu d’arriver au Centre des Visiteurs (6€) nous arrivons sur un parking à un bon kilomètre de la falaise (2€) mais 15 minutes dans les prairies en montée pour trouver le sentier côtier. Le chemin est goudronné, mais interdit à la circulation. Les panneaux sont explicites, le contrevenant n’est pas le bienvenu. La circulation des piétons est encadrée, par des clôtures électrifiées. Parvenue sur la crête, je découvre enfin les vertigineuses falaises. Déjà venue il y a 20 ans, j’avais vraiment éprouvé le vertige – sensation que j’ignore en montagne, j’adore la via ferrata . Aujourd’hui, comme à Mizen Head je suis déçue de ne pas sentir le pincement de l’appréhension. Les randonneurs sont invités à suivre le sentier officiel gravillonné. Aucun danger de glisser, il est sécurisé par un alignement de dalles de schiste gréseux gris foncé haute d’au moins 80 cm. Un talus encore plus haut bouche la vue. Des gens plus hardis marchent en haut. Pendant un certain temps – bien disciplinée – je marche sur le parcours où je ne vois pas grand-chose, surtout pas les oiseaux qui nichent dans la falaise. Puis, je fais comme les autres et grimpe sur le sentier haut. Celui-ci me réserve une mauvaise surprise : il s’interrompt brusquement et la descente est hasardeuse (3m sur un rocher détrempé glissant). Deux Espagnols m’assurent. Je retourne derrière les dalles un moment pour remonter de plus belle. Les goélands se tapissent dans des creux minuscules. Les guillemots et les macareux sont invisibles. La pluie forcit. Je retrouve Dominique sur le parking du Centre des visiteurs, me félicitant de l’itinéraire pris au petit parking. Autour du Centre, cela bouchonne sur le sentier malgré la pluie battante.
B&B Blue Horizons
Le B&B Blue Horizons est beaucoup plus luxueux que nos hébergements précédents. Notre chambre est très vaste et de très bon goût : murs gris perle, long rideaux beiges, un beau coffre sombre précède le lit. Tête de lit de cuir brun, courtepointe piquée marron assortie, literie blanche, coussins écossais camaïeu ; Sur les deux tables de nuit les lampes ont un abat-jour décoré de feuillage brun stylisé. Une glace reflète les tris sous-verres au dessus du lit : herbier d’algues marines. Salle de bain parfaite avec un sèche-cheveux bien utile après la pluie!
Dans la salle de séjour commune, deux canapés de cuir confortables se font face, un rocking chair. La vue merveilleuse sur l’Atlantique peut être magnifiée par une longue vue sur pied. Un couple d’Australiens très sympathiques y est installé. Nous buvons le thé ensemble. Leur jovialité compense l’absence de l’hôtesse qui s’est contenté de noter l’heure du breakfast et de nous ouvrir la chambre.
Trempées, le confort et le luxe nous conviennent bien.
On entre par une belle grille en fer forgé dans une cour où se trouvent deux belles rotondes entourées de colonnades. L’une d’elle est la National Library l’autre le Musée d’Archéologie. Après avoir traversé le hall d’entrée en rotonde, j’arrive dans une galerie à structure métallique soutenue par des colonnes de fonte où des angelots font la ronde embrassant la colonne cannelée qui se termine par un double chapiteau corinthien plus une tête de lion. Les verrières sont protégées par des volets de bois on se trouve dans la pénombre, chaque présentation étant éclairée séparément. Les portes sont encadrées de décors compliqués, colonnes, médaillons en demi-cercle de majolique rappelant ceux de Della Robbia. Dans les pièces annexes il y a même des cheminées un peu incongrues. L’espace est divisé en cellules séparée par des paravents ce qui donne une impression de fouillis.
nasse à poissons préhistorique
A côté des traditionnels silex, haches, outils de pierre qui ne me passionnent pas, je trouve une nasse à poissons (5300 -4730 av JC) et une pirogue de 15 m de long presque intacte découverte en 1902 dans les tourbières proches de Galway (2500 av JC). Une tombe néolithique a été remontée, les dalles sont décorées.
Bijoux en or de l’âge de Bronze
Au centre de la Galerie, se trouve le Trésor : bijoux en or datant de l’Âge de Bronze (autour de 800-700 av. JC) : bracelets, colliers, boucles d’oreilles. Certains anneaux ont servi de monnaie d’échange »ring money ». Le trésor a été rassemblé depuis longtemps. Dès 1670, une tombe fut mise à jour. Les objets ont été retrouvés en coupant de la tourbe ou en labourant. L’or provient du sous sol irlandais, on a même assisté à une Ruée vers l’or à la fin du 18ème siècle. En 1795, une pépite de 795 g a été trouvée. Selon le Guide Vert, les orpailleurs laisser tremper une peau de mouton dans la rivière aurifère pour qu’elle piège les fines particules. On la séchait, la brûlait et récupérait les cendres. Si la quantité d’or est impressionnante, les motifs des bijoux sont très simples.
Une salle est consacrée au site de Tara où de nombreuses structures circulaires ont été étudiées dès le 19ème siècle.
la main de la momie
Les momies trouvées dans les tourbières sont très impressionnantes. Trois d’entre elles, mise à jour récemment ont été étudiées avec les techniques les plus modernes de l’imagerie médicale, la palynologie. On a pu reconstituer le régime alimentaire d’après le contenu stomacal, les circonstances du décès. On a même démontré le statut social élevé d’un homme par la présence de gel tenant sa coiffure fait de résine ne pouvant venir que de France ou d’Espagne.
Les coutumes irlandaises anciennes
Les rapports entre la souveraineté et la fertilité sont expliqués .A l’inauguration du règne, un mariage symbolique entre le Roi et la déesse-mère territoriale avait lieu avec un étrange accouplement entre une statuette présentant un trou le roi. Les sacrifices rituels avec dépôts dans les tourbières de vêtements, d’armes, des offrandes de beurre montrent le lien avec le concept de fertilité. Les rituels incluaient la proclamation, l’acclamation, le bain rituel, le rituel de boisson et les chansons de généalogie…Ces coutumes également pratiquées en Angleterre et dans le nord de l’Europe. Des survivances de ces rituels perdurèrent jusqu’au 16ème siècle.
A l’étage dans la galerie se trouvent aussi des sections dédiées à l’Egypte, Chypre que j’ai parcourue rapidement.
1014 La bataille de Clondarf
Le vendredi saint 23 avril 1014, sur les rivages proche de Dublin, une flotte de bateaux vikings s’opposa à une coalition menée par Brian Boru. Cette bataille racontée dans de nombreux récits et dans des sagas scandinaves n’a cependant pas laissé de preuves archéologiques. Aucun de ces récits n’a été rédigé par des témoins oculaires.
Brian Boru (976-1014) trop vieux pour combattre, il fut tué pendant la bataille. Parmi les rois irlandais on cite également Mael Sechail roi de Tara, Sitric, roi de Dublin marié à la fille de Brian Boru était allé chercher l’aide de Sigurd d’Orkney probablement encouragé par le roi du Danemark .
Depuis deux siècles les Vikings étaient implantés en Irlande. Je découvre ici cette histoire qui m’est bien étrangère.
J’entre dans la National Library et visite – trop distraitement – une exposition consacrée à Yeats, très bien illustrée, on découvre l’univers du poète, pas seulement ses écrits. Malheureusement je suis incapable de me concentrer, deux grosses visites dans la journée ont épuisé mes capacités de concentration. Il y a aussi une autre exposition sur le centenaire de la Révolution de 1916. Il faudrrait que je revienne !
les portes de Merrion square
Je trouve mon autobus 66b à Merrion Square, je n’ai même pas eu le temps d’entrer dans le jardin faire une photo de la statue d’Oscar Wilde !
La route 560 part de Dingle. Avant de la trouver, nous faisons un nouveau tour en ville. Je suis frappée par les couleurs et les décors des façades. Nous reviendrons faire des photos.
Au col, la vue est étonnante sur les deux côtés de la péninsule, surtout vers le nord que nous ne connaissons pas.
Leçon de géologie : histoire du West Kerry
Ordovicien: l’Irlande est dans l’océan sous l’Equateur : sédimentation de boue et sable
Silurien : volcanisme, îles, laves et cendre, dépôts sédimentaires fossilifères à Dunquin
Dévonien : fermeture de l’océan sur le continent désertique l’érosion donnera des sables et des grés Old red sandstones
Carbonifère : transgression marine laissant des coraux et des coquillages.
De 2 Ma à 10.000ans les glaciations.
Les couches volcaniques, je les avais remarquées près de la plage hier, les anciens grès rouges se rencontrent partout. Quant à l’érosion glaciaire, les petits lacs suspendus, les cirques glaciaires, les vallées en U, le verrou de la moraine retenant un petit lac sont des exemples tout à fait pédagogiques. Tout est encore frais de la déglaciation, il y a 10.000ans, rien ne vient masquer les structures, ni les forêts ni les constructions humaines. De joli ruisselets serpentent dans la vallée. Au col la vue aérienne montre le dessin des murettes, des enclos ronds : reste de forts ou de monastères ou plus simplement enclos des bergers pour les moutons ?
Au parking, un musicien gratte sa guitare. Il vend des CD de musique celtique « perfect music for driving » . je regrette que nous les ayons méprisés, nous aurions pu sonoriser notre voyage en glissant une galette dans la fente de l’autoradio et cela aurait donné le son de ma petite vidéo.
La descente vers le nord est spectaculaire. La route est taillée dans le roc. On ne peut pas du tout se croiser, la marche arrière vers le refuge est impressionnante, surtout pour le véhicule du côté du ravin. Une dame allemande à bord d’un énorme camping-car nous intime l’ordre de replier le rétro. Echange plutôt aigre.
Après nous être arrêtées à la cascade, nous arrivons au charmant village de Clochan qui a un pub pimpant Pub O’Connors : trois maisons de couleurs vives jeune/vert/violet. Une étrange statue est formée par le moteur d’un avion crashé dont on a cimenté les ouvertures puis rainuré le filetage dans le ciment. De loin, on croit voir des crânes. C’est fantastique, un peu macabre.
Tout à côté, la plage de Carragh Beach est bien cachée dans un creux, selon le Guide Vert, c’est un spot de pêche au saumon.
Brandon point est au bout de la route ; Pour rejoindre Brandon Creek, il faudrait emprunter à pied le Dingle Trail randonnée pentue et herbeuse au flanc du Mount Brandon qui semblait être une grosse colline bombée et arrondie du côté de Brandon creek tandis que du côté de Connor’s Pass il est déchiqueté et creusé d’un cirque glaciaire. Des moutons à pattes et tête noire paissent tranquillement. Sous le soleil, le très beau paysage m’incite à dessiner.
La plage de Fermoyle se poursuit jusqu’à une pointe fermant la Brandon Bay sur une douzaine de kilomètres : belle promenade pieds nus et pique-nique.
La suite du circuit se termine de l’autre côté de la pointe à Castel Gregory, est moins pittoresque. La pointe est occupée sur son flanc ouest par un golfe, donc fermé pour nous, à l’extrémité et à l’ouest la pointe est construite de lotissements modestes peu soignés et des mobil homes gâchent le paysage sans aller jusqu’à Camp nous rentrons par une après midi ensoleillée à Connor’s pass où nous recommençons les toutes les photos du matin.
Dingle est une ville très colorées, boutiques et pubs rivalisent d’imagination dans les couleurs, les motifs et les vitrines. C’est un plaisir que de photographier. De retour chez Rita, je m’installe dehors. La soirée est assez douce pour écrire au soleil sur le petit banc sous la fenêtre de notre chambre
Le soleil est revenu quand nous arrivons à la plage de Feohanach protégée par des falaises rouges. Le sable est rosé, les algues recouvrent la grève : laminaires et ulves mais aussi algues rouges dégagent une senteur agréable, vivifiante. Une femme promène deux labradors ; je sens une truffe humide se poser dans le creux de ma main. Un salut tranquille. Les gens, ici, sont amicaux et très simples. Les chiens aussi.
Nous rejoignons la Slea Head qui est le nm local de la Wild Atlantic Way : circuit autour de la pointe de la péninsule de Dingle. Sur la carte, la distance n’est pas comparable au Ring of Kerry parcouru hier. Et pourtant, il nous occupera toute la journée, et nous n’aurons même pas le temps de tout voir.
Pause dans un petit port bien caché, occasion de faire le dessin de trois pointes élégantes sur ce que je prends pour une île : c’est un cap « the Three Sisters » de l’autre côté de la baie (cap occupé par un golf 18 trous). C’est peindre plutôt que dessiner qu’il faudrait. Après la pluie, les couleurs sont resplendissantes, herbe verte, rochers multicolores, parfois pourpres, violets ou noirs, l’eau turquoise ou bleu vif selon les profondeurs et le passage des nuages très photogéniques.
ratoire de Gallarus
La Slea Head traverse Ballydavid sans qu’on s’en aperçoive. Une petite route vers l’intérieur conduit à l’Oratoire Gallarus. Cette petite église tient de la construction préhistorique en pierres sèches comme les maisonsbeehives et de la carène d’un bateau renversé, dans un enclos rond comme les forts. Elle serait très émouvante si un groupe d’adolescents n’étaient pas là à rigoler à grand bruit. Ils sont venus pour une sorte de pèlerinage, sur leur porte-vues est écrit « journal de prières ». Leur animateur à allure de hippie les entraine dans l’église mais son sermon les fait glousser.
Dans un bâtiment de pierre à quelque distance de l’oratoire on projette une vidéo qui montre les constructions préhistoriques : forts circulaires, vus d’avion. Vu du ciel n comprend mieux le plan circulaire caractéristique. Il raconte les débuts du christianisme en Irlande. Très tôt au 5ème siècle les moines irlandais construisirent des monastères sur ce plan circulaire. L’oratoire est postérieur. Le billet porte des explications que je résume ici :
« On construisit cet oratoire il y a 1300ans. C’est un exemple de maçonnerie à sec. Le toit est formé par les murs qui s’inclinent progressivement. Dimensions 8mx5mx5m.
A la suite d’une série d’invasions Vikings et Normands qui ont dévalisé et réduit en cendre les habitations autour de l’oratoire de Gallarus.
Nous partons à la recherche de la chapelle romane de Kilmakedar et des pierres tombales qui l’entourent. Parmi elles des pierres oghamiques, des tombes avec des croix celtiques et même un cadra solaire. Nous avons beau sillonner les petites routes en suivant le plan, nous trouvons des petites et grandes églises gothiques en parfait état mais point de ruines romanes !
A Ballydavid nous pique-niquerions volontiers sur des tables et bancs en face d’un restaurant (trop cher) et d’une petite plage où des familles se baignent en combinaison de plongée. Cette petite plage est coincée entre des rochers et semble bien abritée. Nous en trouvons ensuite un beaucoup plus grande à l’arrière du terrain de sport (parking impossible).
plage de Ballyferriter : je ne suis pas gênée par la foule
Une toute petite route non loin de Ballyferriter et près des Trois Sœurs est bien encombrée de piétons, cyclistes, voitures qui se dirigent vers la plage. E chemin est si étroit qu’on ne peut même pas se croiser voiture/piéton. Mais tout le monde met du sien et celui qui est le mieux placé recule vers un endroit plus large. Sur la plage des jeunes jouent à des jeux de ballon, au foot qu’on appelle ici soccer comme aux Etats Unis, et à un jeu utilisant d’étranges battes à mi-chemin entre la crosse de hockey et la batte de base-ball ils lancent une balle de tennis. Rita m’expliquera qu’ils s’entrainent au Hurling (jeu irlandais dont j’ignore tout). Après une belle balade pieds dans l’eau sous un franc soleil, nous reprenons le circuit.
fauteuil-guitare/fauteuil-harpe
Près de Ballyferriter, un menuisier expose sur la route des meubles originaux : fauteuil au dossier-guitare, fauteuil- harpe celtique…Il est très sympathique mais je n’ai pas osé lui demander de poser pour une photo je le regrette, il a vraiment beaucoup d’allure.
Les nuages à nouveau s’accumulent sur les sommets. Le Mont Brandon est vraiment noir quand je fais une petite montée en suivant d’autres touristes sur un chicot rocheux dominant la mer.
A Dunquin un musée tout neuf met à l’honneur la langue gaélique et la vie sur les îles Blasket juste en face. Architecture années 2010, deux ailes en ciment et verre. L’exposition photographique est vraiment belle. Les panneaux présentant la langue gaélique son plutôt rébarbatifs pour qui ne s’intéresse pas trop à la langue irlandaise. Chaque panneau est consacré à un écrivain (ou une conteuse) ayant écrit dans cette langue ; En dehors de Synge(que je connais de nom) les autres sont de parfaits inconnus.
Une autre section ethnographique raconte la vie dans les îles et l’émigration aux Etats Unis. Un film de 1953 montre la dernière messe du vieux curé venu en barque et soutenu par ses paroissiens. Des homards, des araignées de mer, des crabes gigantesques dans des vitrines illustrent la pêche des îliens.
Au petit déjeuner, Rita nous raconte qu’elle a gagné le second prix au concours de pommes de terre (spuds) dimanche dernier. Elle cultive de nombreuses variétés de pommes de terre. Pour le concours, il faut les faire cuire et les apporter chaude pour la dégustation. Jim a gagné le premier prix pour ses choux. Il y a des prix pour pratiquement toutes les cultures, sauf les carottes ! Elles sont cultivées dans le sable du tombolo de Inch mais elles ne sont pas biologiques : le sable est trop pauvre en nutriments, elles sont donc disqualifiées. Rita cultive son jardin avec des méthodes bio : compost et « thé » d’orties sont les seuls engrais. Pour le thé d’orties, il suffit de jeter les orties dans un bidon, c’est prêt au bout de 10 jours.
Nous allons visiter le jardin. Une jardinière contient de sable pour les carottes, elle est allée le chercher à la plage et l’a mélangé à la terre puis a planté des oignons qui sont des plantes complémentaires. L’oignon écarte les parasites. Plus loin dans d’autres jardinières les pois sont en fleur et déjà en fruit. Elle a aussi du céleri dont elle récolte les graines, de la roquette, de la rhubarbe et des navets. Les choux sont protégés sous des filets, plus loin, des choux-fleurs, des brocolis et des betteraves.
Plus proche de la maison elle a planté ses fines herbes : persil et coriandre. La menthe est supposée faire fuir les souris « mint keeps mice away » est un dicton irlandais.
Rita aime expérimenter : dans sa cuisine elle a des patates douces dans un grand verre, piquées de cure-dents pour les maintenir hors de l’eau, à l’air les bourgeons donnent des feuilles, dans la partie immergée, les racines commencent à se développer. Elle les repiquera avec les pommes de terre. Elle a planté un noisetier à l’abri ainsi que du cassis et de la rhubarbe pour la confiture. A sa confiture de rhubarbe, Rita ajoute du gingembre frais râpé.
Je pourrais rester des heures à l’écouter parler de jardin et de confitures.
Juste derrière la maison se trouvent les étables, vides. En ce moment, elles vaches sont au pré. On sent l’odeur de l’ensilage. Ils n’ont pas de foin sec. Il n’y a pas assez de journées sèches pour le fin. Pour l’ensilage il suffit de deux jours.