CARNET VIETNAMIEN

Musée Historique.
– « Je regrette de n’avoir vu la mousson qu’une seule fois à Hué ! ».
Son souhait va être exaucé. Par chance, nous voyons les cataractes se déverser, les éclairs et le tonnerre, bien à l’abri, au Musée Historique.
Visite qui tombe à point, pour la météo, et dans la logique des vacances. Comme le Musée d’HCMV, il retrace toute l’histoire du Vietnam. Nous en avons donc eu un aperçu les premiers jours; cette nouvelle visite va permettre de faire une synthèse des sites que nous avons visités. Ces deux visites sont complémentaires.
Zapper la Préhistoire aurait été dommage. Les haches et les houes sont emmanchées. Ce qu’on voit rarement. L’Âge de Bronze est particulièrement réussi. J’ai bien aimé les outils agricoles avec les houes en forme de chaussures finement ciselées et les gros tambours de bronze parfois ornés de grenouilles.

Nous retrouvons les épisodes des luttes contre l’occupant chinois. Comme à HCMV des maquettes et des tableaux reconstituent les batailles. A la différence de la première visite, elles nous parlent. Nous avons vu la rivière où s’est déroulée la bataille navale. Nous irons voir demain l’ancienne capitale Hoa Lu et la plus ancienne, Coloa, est prévue lundi. Nous regardons les vitrines avec une curiosité renouvelée.

La salle de sculptures Champa me touche toujours autant. Comme il pleut nous prenons tout notre temps pour examiner un a un les objets, les vases précieux, les dragons…
Assises à la fenêtre donnant sur le beau jardin intérieur carré décoré de sculptures, nous laissons passer l’averse.
Sous la pluie la ville coloniale
Une grande avenue bordée d’arbres énormes nous conduit à l’Opéra blanc avec ses belles marquises. Un bâtiment Belle Époque, sans intérêt spécial. De là nous continuons dans la ville coloniale, passant devant l’hôtel Métropole, palace blanc faisant face à des bâtiments coloniaux. La plupart des édifices datant de cette époque sont peints de jaune avec des persiennes vertes et un toit de tuile. Le Musée Historique est le plus intéressant que nous ayons vu.

La pluie n’a pas cessé complètement mais elle est tout à fait supportable. Je râle parce que les photocopies des plans et les capes de pluie sont restées à l’hôtel. Les arbres sont des abris parfaits et la rue Trang Tien est bordée d’arcades. Sous un petit kiosque, des ados répètent une chorégraphie plutôt hip hop. Au bord du Lac de l’Epée Restituée, je fais l’acquisition de deux capes pour 5 000VND, chacune – une misère !
Lac de l’Epée Restituée
Le Lac de l’Epée Restituée est charmant, entouré de très beaux arbres. Une petite île (l’île de la Tortue) porte une stupa sur une presqu’île le temple de la Montagne de Jade est aussi très joli. On y accède par un pont japonais rouge arqué. La légende met en scène Le Loi (dont nous connaissons bien le nom à cause des rues). Pêcheur, il repousse les envahisseurs mongols grâce à l’Epée magique que lui a donné le Génie du Lac. Une fois le Vietnam pacifié, Le Loi, devenu Empereur a restitué l’épée magique à la Tortue dans ce lac.
Malgré la pluie, les abords du lac sont fréquentés : des touristes mais aussi des pêcheurs, des jeunes, des vieux des vendeuses de frit, des chauffeurs de bus. Tout ce monde s’assoit sans façon sur les bancs bien humides. La Pagode de la Montagne de Jade est tout à fait charmante malgré la foule. A l’intérieur, nous retrouvons le Cheval Rouge, bien connu de nous. Les trois saints vénérés ici, sont un littérateur un fondateur de la médecine vietnamienne et un général vainqueur des Mongols. Les personnages sont en bois peint ils portent une barbiche de faux cheveux.
Quartier des 36 guildes

A midi passé, nous nous trouvons dans le quartier des 36 guildes. Une gargote bien sympathique nous fournit notre déjeuner : riz, chou farci viande grillée dans une feuille ( ?), soja que nous allons manger sur le bord du lac. Les cuillers en plastique sont d’une propreté douteuse en revanche les baguettes sont emballées. Nous voilà expertes en baguettes !Nous suivons le parcours proposé par le guide Evasion à l’intérieur du quartier des 36 Corporations en passant par la rue Hang Bac(rue des Orfèvres ) où nous retrouvons notre photographe, puis la rue Ma May (rue du Rotin) où nous visitons une maison traditionnelle rénovée au N° 87. C’est une maison-tube avec une façade étroite, juste une boutique qui donne sur un minuscule patio, à l’arrière une pièce d’habitation, puis une cour occupée par la cuisine extérieure (un foyer ouvert et un hamac suspendu) enfin les toilettes traditionnelles. A l’étage trois pièces richement meublées : en façade le salon d’apparat avec l’autel des ancêtres, au fond la chambre des grands parents. La visite est payante, une jeune fille nous sert de guide, elle est très gentille et évoque ses difficultés de prononciation du français confondant « baguettes » et « barrettes » qui, pour elle, sonnent pareil. Nous déposons encore une pellicule chez le photographe. En attendant, je bois un thé glacé dans un petit bar vide.

Un taxi sans compteur nous emmène au Théâtre des Marionnettes Aquatiques pour 3$. Nous arrivons très vite et sommes très en avance. Un jeune homme s’arrête et nous parle en très bon français. Nous sommes ravie de l’aider à résoudre un problème de mots croisés. Il lui faut un nom de fleur avec L e trois lettres à la fin. Il dessine une tulipe. Ce n’est pas L mais I et c’est bien tulipe. Le jeune homme part à grandes enjambées ravi.
Marionnettes Aquatiques
Le spectacle des Marionnettes sur l’eau est encore plus beau que je l’imaginais. Je n’avais pas pensé à l’orchestre. L’instrument vedette est le monocorde (Dan Bau) au son très particulier. Il y a également des percussions, un flûtiste et des chanteuses dont le rôle est primordial. Les premières scènes racontent la vie des champs : les animaux sont tout à fait réussis : buffle chevauché par un enfant, une vache aux labours, le repiquage du riz. Les poissons mordorés sautent joyeusement. Les paysans un peu ballots ratent leur proie et se prennent mutuellement dans les nasses. Les canards se suivent comme nous l’avons vu, seul le renard est un peu décevant, on dirait un gros chat. L’eau n’est pas un décor de scène, c’est un acteur : les éclaboussures qui jaillissent, les vagues, les reflets à la surface, tout cela donne vie au spectacle.

Malheureusement, quand nous rentrons à l’hôtel, la poche extérieure de mon petit sac à dos est ouverte : mon carnet moleskine a disparu. Le voleur s’est il servi dans la cohue de la sortie du théâtre ou dans la rue commerçante quand nous sommes allées à la pâtisserie ? Le jeune cruciverbiste était il un escroc ? Je dois faire mon deuil de tous les dessins du voyage. Ce matin encore, au Lac de l’Epée Restituée, j’en avais fait deux.
Quel dommage pour nous ce vol de tes croquis! Mais quelles merveilles ces musées, ces objets d’art, cette végétation, ces paysages! Les noms seuls (le lac de l’épée restitué, la pagode de la montagne de jade) me font voyager!
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