Exposition temporaire jusqu’au 16 janvier 2023

De tout temps, les femmes ont peint.
Miracle: on les expose!

Femmes-peintres , puis Pionnières au Luxembourg, Toyen au MAM, O’Keefe à Pompidou, Frida Kalho et Joan Mitchell, Rosa Bonheur à Orsay. Et sans mièvreries, s’il vous plait. Je ne voulais pas rater l’exposition d‘Alice Neel qui était pour moi une inconnue.

J’ai été saisie par ces portraits puissants. Ces femmes et ces hommes qui vous regardent bien en face, assis sur le fauteuil à rayure ou sur le canapé d’Alice. Aucun artifice, les mains puissantes ou usées par le travail, les chaussures sont aussi des marqueurs sociaux. Alice Neel donne l’image d’une Amérique diverse, colorée, de ses voisins Portoricains ou Haïtiens, des militants communistes, des artistes, journalistes, activistes….

Seule défaut de l’exposition, pas de sens de circulation indiqué et cartels en lettres minuscules. On n’a pas trouvé tout de suite le mode d’emploi pour une rétrospective couvrant presque un siècle. Alice Neel née en 1900, décédée en 1984.

Dès 1929, cette aquarelle est un manifeste féministe : la maman de la petite fille a trois jambes et trois bras, il lui faut au moins cela pour assumer le travail que lui donne un enfant.

Dans les années 30, Alice Neel peint New York vide dans la dépression, manifestations et grèves. Son engagement communiste lui fait aussi protester contre la montée du nazisme en Allemagne

Une citation raconte qu’on aurait reproché à l’artiste la pancarte blanche qui « prenait trop de place dans le tableau » et elle ajoute que si on avait pris plus au sérieux ce panneau, on aurait peut être sauvé des Juifs. Il convient de faire une lecture politique et historique de nombreux portraits. Celui de Art Shield rappelle que ce journaliste a lutté pour Sacco et Vanzetti.

Parmi les documents présentés on voit que le FBI l’a fichée vers 1953 comme communiste dans la chasse aux sorcières maccarthyste

Peintre des minorités, des Haïtiens comme cette mère et sa fille qui décèdera peu après, l’histoire est déchirante.

le portrait de Peggy a aussi une histoire bouleversante, Alice Neel a peint le visage abimé de bleus de Peggy œuvre de son alcoolique de compagnon qui rentre ivre-mort et ne s’aperçoit même pas qu’elle est morte

Alice Neel fait poser ses voisins, des ouvriers, un chauffeur de taxi africain mais elle représente aussi des intellectuels, des artistes comme Andy Warhol

Elle représente des féministes, bien qu’elle en refuse l’étiquette. Elle peint des nus sans aucune mièvrerie ni pudibonderie, les organes génitaux bien visibles, hommes comme femmes
Elle peint des femmes enceintes, des couples de garçons, une transgenre (en garçon) et aussi des hommes et des femmes des années 60 et 70 dont je retrouve avec amusement l’allure.

Une promenade dans New York colorée!
Je l’avais découverte il y a quelques années dans une expo à Arles et comme toi j’avais été ravie. Malheureusement je ne pense pas avoir le temps de voir l’expo de Beaubourg.
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