9. Temples de Tonebaty : Ta Prohm et Yeay Peau

Temple de Tonebaty

Une route de terre mène au temple Ta-Prohm

          « la route a été refaite, il n’y a plus de nids d’éléphants », plaisante Kehm.

Le temple du XIIème siècle a été érigé par le roi Jayavarman VII (1181-1219) à l’époque angkorienne.

L’entrée se cache dans la végétation. Les blocs de latérite brune et luisante au grain irrégulier sont empilés. La latérite a été exploitée dans le voisinage mais on ne sait rien de la provenance du grès dans lequel les sculptures ont été sculptées.

Le dieu de la pluie Indra  est monté sur l’éléphant tricéphale Haravar. Deux bas- reliefs se font face à l’entrée. L’un  raconte un épisode de la vie du Bouddha, quand il était encore le prince Sidharta, partant avec sa femme et ses enfants en charrette. Son escorte de cavaliers et d’éléphant témoigne de son origine princière.

le barattage de la mer de lait

Le Barattage de la Mer de Lait : liés par un serpent dont on voit la tête et la queue, les dieux, d’un côté et les démons de l’autre, alignés comme dans le jeu où l’on tire la corde chacun de son côté dans une foire, barattent la mer pour obtenir l’eau sacrée d’immortalité. Au centre, un axe figure la Montagne sacrée qui repose sur le dos d’une tortue. Les filles célestes, les Apsaras sont alignées sur le registre du haut, dominant la scène.

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Sur les parois du temple, on retrouve les Apsaras, déhanchées gracieusement habillées d’une longue jupe retenue par une ceinture, les seins arrondis nus, parées de bijoux et portant des coiffures diverses. De fausses fenêtres aux barreaux tournés sous un rideau ouvragé qui fait penser aux moucharabiehs.

boudha couché adoré par les bonzes

Au dessus de l’entrée, le Bouddha couché sous un  parasol est adoré par les bonzes. De chaque côté de la porte, des génies, surmontés par des stupas qui figurent le Nirvana.

Yeay Peau

Non loin, se trouve les ruines du  temple Yeay Peau, au milieu d’une pagode moderne où de grosses statues de ciment peintes de couleurs vives racontent des épisodes de la vie du Bouddha. Encore une fois,  notre guide privilégie l’anecdote plaisante à l ‘histoire savante.

           Le Bouddha habillé en prince avec un couvre-chef offre de l’eau et son éléphant à un prêtre aux cheveux gris agenouillé.

           Un peu plus loin, sa femme partie dans la forêt est arrêtée par trois bêtes féroces, un tigre, une panthère et un lion qui ressemble à une chimère.

          Sur une rambarde le la pagode, d’autres statues figurent le zodiaque khmer. L’esthétique de ces statues modernes s’apparente à celle des nains de jardin.

Le temple historique du 13ème siècle est un temple syncrétiste : le fronton hindouiste surmonte un linteau bouddhiste. Sur le fronton Vishnou danse tandis qu’au dessous Bouddha médite, autour du Bouddha les prêtes hindouistes veulent le tuer. Linteau et fronton ne sont peut être pas contemporains, peut être des rénovations ultérieures ont été opérées ?

8. Sur la route RN3 de Phnom Penh à Kep, usines, marchés…

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Confection

A la sortie de Phnom Penh, au petit matin, la route traverse une zone urbanisée : les femmes travaillent dans les usines textiles et de confection. On les voit dans des « taxis » locaux : des plateformes tirées par une moto assises sur des bancs de fortune, des barres métalliques, une douzaine, parfois une vingtaine ou plus s’entassent.

L’essence est vendue dans des bouteilles d’eau ou de whisky – essence illégale – moins chère qu’à la pompe, où elle est vendue 4700 Riels à peu près 1€, moins cher qu’en France, mais hors de prix rapporté aux salaires cambodgiens. Khem se plaint de la cherté de la vie : 4% d’inflation l’an passé.

Les maisons jaunes avec des balcons ont belle allure. Cinq ou six personnes se partagent une pièce louée 50$ par mois. Les gens travaillent dur, économisent pour envoyer l’argent à la campagne à leur famille. On travaille 8h/jour, 6 jours/ 7. Les usines ne s’arrêtent jamais, même pas le dimanche. On peut prendre la journée libre le dimanche ou un autre jour. Les jours fériés sont nombreux au Cambodge. Les gens fractionnent les 31 jours de congé auxquels ils ont droit mais ne partent jamais en vacances.

Marchés en bord de route

Non loin de la ville les pépiniéristes colonisent le bas-côté de la route. Puis on voit des marchés très animés, des pagodes immenses. La campagne est bien sèche. Le riz ne pousse qu’en saison humide. En irriguant on pourrait faire deux récoltes par an. On peut aussi cultiver le manioc qui se contente de la rosée et qui n’est pas gourmand en eau. Il donne de la farine mais on peut aussi le transformer en éthanol. Cette idée de nourrir les voitures avant les gens a quelque chose de révoltant surtout quand les gens sont si pauvres et les vaches bossues à la robe claire, si maigres. La pauvreté des campagnes est une conséquence de la sécheresse mais aussi le résultat des guerres. Les mines anti-personnelles ont empêché de cultiver. A-t-on terminé de déminer ? Khem nous dit qu’on ne met pas d’engrais chimique dans les champs seulement du compost.

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Sur le bord de la route, en plus des marchés qui nous rappellent l’Afrique, on vend des fruits sur de petits étals. On s’arrête pour photographier un énorme jaque coupé en deux. On a aussi disposé en petites pyramides des fruits ronds à la peau luisante violette ou verte, les pommes de lait. Plus loin, ce sont des chapelets de saucisses qu’on peut déguster sur place : des auvents abritent des hamacs et ces sortes de plateforme ou de lits de bois. Dans ls champs desséchés où il ne subsiste plus que la paille de riz, des vaches maigres au pelage blanc et aux longues cornes pointues se promènent. On croise parfois un attelage de plusieurs de ces bovins.

Les palmiers à sucre s’élancent dans le ciel. Ils donnent les fruits qu’on mange, la sève qui fera du sucre ou de l’alcool et même du vinaigre. Leurs troncs servent à la construction de bateaux et de maisons. Les feuilles, enfin, séchées peuvent faire  des toitures ou des cloisons.

7. Phnom Pehn : soirée sur les quais de la rivière

17heures :2$, un toukouk nous emmène sur les quais de la rivière Sap.

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Une foule tranquille déambule : Cambodgiens en famille, quelques touristes, des bonzes en robe orange, des vendeuses de bricoles et friandises.

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Une musique tonitruante sort de baffles grand format. En ligne une trentaine de femmes dansent en faisant des figures variées. On s’approche. Un homme mène la danse. Derrière lui tout le monde l’imite. C’est aussi lui le DJ. Des femmes de tout âge se trémoussent quelques touristes parmi elles.

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De l’autre côté, sur la croisette, des restaurants et des beaux hôtels. Coucher de soleil vers 17h45.

6. Phnom Penh – musée du Génocide

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Le Musée du Génocide, la fameuse prison S-21 où Douch était le bourreau est situé dans un ancien lycée ressemblant à tous les lycées coloniaux. Une aile renferme les chambres de torture (lits métalliques et photos) tandis que l’aile principale était la prison elle-même. Dans chaque salle de classe on a construit 10 cellules minuscules séparées par des murs de briques ou des cloisons de bois. Impossible pour les prisonniers de s’allonger ou même de s’asseoir, ils devaient s’adosser à la paroi. Sur un tableau de classe, le règlement de la prison est calligraphié à la craie en Khmer et en Français.

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D’innombrables photographies d’identité sont exposés : hommes, femmes, enfants et vieillards, même des bébés. Khem essaie de nous expliquer l’incompréhensible. On le sent perplexe. Incapable de produire une explication. Comment des Cambodgiens ont-ils pu faire subir de telles tortures à d’autres Cambodgiens. Comment inventer tant de cruauté ? Ces Khmers rouges vivent encore fondus dans la population. Incompréhension totale.

Après une visite aussi éprouvante nous n’avons qu’une envie : rentrer à l’hôtel, deplus il fait maintenant très chaud.

5. Phnom Pehn colonial : halles centrales et marché russe

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En traversant la ville pour arriver au Marché Russe où nous comptons déjeuner. Khem nous montre les immeubles de la période coloniale : les immeubles de rapport occupés  par des Chinois construit par les Grands Travaux de Marseille ainsi que les bâtiments officiels, la Poste (la même qu’à Saigon), les Halles Centrales. L’héritage colonial est en piteux état (bien pire qu’à Hanoï). Les guerres et le passage des Khmers Rouge ont tout dévasté.

A 16h30 nous voilà reparties vers les Halles Centrales non loin de l’Hôtel Cardamome. L’architecture est intéressante : sur un plan cruciforme on a construit une impressionnante coupole, peinte en jaune comme souvent les bâtiments coloniaux. A notre arrivée, tout ferme sous nos yeux, il est 17heures.

Le Marché Russe  nous déçoit un peu. Il fait chaud sous la tôle ondulée et les odeurs sont très agressives. Les gargotes  situées non loin des étals des poissonniers et des bouchers ne nous tentent guère. Pas plus que les joyaux trop colorés, les rubis et les saphirs beaucoup trop gros pour être honnêtes. Partout on vend des coquillages « moules d’eau douce » provenant du Lac de Tonlé Sap. Cuits, salés épicés. En été il faut éviter de les consommer, ils sentent la vase.

A défaut de cuisine locale, on se réfugie dans la clim du KFC.

4. Musée national de Phnom Pehn – Wat Phnom

 

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Charmant édifice rouge aux toits très pentus, aux frontons de bois noir,  autour d’un patio occupé par un jardin. Nous découvrons les grandes statues de grès du Panthéon Hindouiste. Nous retrouvons Rama et le singe Hanuman et faisons connaissance avec Siva et Vishnou. Difficile de s’y retrouver dans cette abondance d’attributs quand la divinité a 6 ou 8 bras ou plus. Ganesha à tête p2240226-copie.1299605876.JPG

d’éléphant est le fils de Siva. Cette dernière avait demandé à l’enfant de garder la maison. Il ne permit donc pas à Siva, revenu à l’improviste,  d’entre devant la tristesse de sa femme il remplaça la tête de l’enfant par celle d’un éléphant. Ganesha, en raison de la mémoire de l’éléphant est considéré comme uns sage et une divinité savante.

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A côté du Panthéon Hindouiste, coexiste l’imagerie Bouddhiste : Bouddha est représenté méditant sous la tête d’un Naga (cobra) qui a déployé son triangle . Le serpent s’en enroulé en anneaux offrant un siège surélevé pendant le temps de l’inondation.

Ces statues sont de toute beauté. Nous ne nous attardons pas cependant aux considérations esthétiques ou historiques. Beaucoup trop de nouveautés pour une première visite.

Khem préfère choisir telle ou telle statue prétexte à une anecdote amusante qui frappe notre imagination. Il nous conduit au linteau d’Angkor volé par André Malraux ce qui lui a valu de la prison au    Cambodge. Le ministre, le grand orateur sont oubliés éclipsés par l’aventurier pillard du patrimoine cambodgien. Ce patrimoine a subi récemment de telles déprédations que le mot « pillard » revient dans le discours de Khem avec une fréquence étonnante : pillards thaïs, pillards colonialistes, pillards Khmers Rouges….

Bouddhas et divinités hindoues se mêlent. J’ai du mal à les distinguer. Je regrette d’avoir mal préparé ce voyage. Je redoutais de perdre la part de découverte et d’inconnu.

Non loin de là, la pagode perchée sur la colline : le Wat Phnom qui a donné son nom à Phnom Penh. La dame Penh  ayant trouvé 4 Bouddhas cachés dans du bois de kaki flotté fit édifier une colline et une pagode pour les abriter, raconte la légende. On parvient donc à la pagode par une courte montée sur de raides escaliers. La dame Penh se confond un peu avec la statue de Bouddha dorée – ou peut être est-ce l’inverse ? Dans une petite grotte on a représenté la dame bien identifiable affublée de lunettes (monture Sécu). Un homme corseté avec une minerve, lâche une trentaine d’oiseaux. Même si je sais qu’ils retourneront dans leur cage, j’aime ce geste. Nous descendons par un sentier glissant sur une pente boisée : occasion de voir les petits singes en liberté. Il y a aussi un éléphant, mais quand nous arrivons il est parti en promenade.

3. Phnom Penh – Palais Royal

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Le Palais Royal, au bord de la rivière, est encore occupé par le Roi du Cambodge.

Bâti en bois en 1432, il fut reconstruit en béton en 1868. Sa situation proche de l’eau,  le rend vulnérable aux inondations. La cour a été remblayée avec de la terre prise dans les environs de Phnom Pehn au 19ème siècle, creusant de petites mares, puis en 1936 les Grands Travaux de Marseille ont dragué le Mékong pour compléter ce remplissage.

On ne visite pas tout le palais, une moitié est interdite aux visiteurs. On tolère leur présence dans la belle salle de Réception officielle à condition d’être vêtu décemment ( dos nu, j’ai dû mettre une chemise à manches) et de se déchausser. L’ immense salle abrite  deux trônes, le plus grand, réservé au couronnement, et un autre, fauteuil royal entouré par les sièges des ministres ou des hôtes. Le roi actuel Sihamoni est monté sur le trône en 2004 après l’abdication de Norodom Sihanouk. Le roi règne mais ne gouverne pas, . Cependant il joue un rôle important de conciliation des différents partis en pacifiant les oppositions. La présence royale, au palais, est attestée par le drapeau bleu hissé sur sa hampe.

Les toits pentus de tuiles vernissées aux pointes recourbées ressemblent à l’architecture thaï. Les 4 têtes du dieu Brama sur la flèche pointent vers le ciel,  Khem nous explique le syncrétisme bouddhisme/hindouisme. Ces deux religions sont parvenues en même temps au Cambodge. Les rois Khmers furent d’abord séduits par l’Hindouisme tandis que le peuple était majoritairement bouddhiste. Les couleurs du palais mêlent ces deux religions : le blanc de l’Hindouisme et le jaune du Bouddhisme. Des caryatides grises soutiennent le toit Garusha ailé aux pattes et bec d’oiseau et sa femme.  Tout est propre et neuf, restauré après les pillages des Khmers Rouges. Les feuilles d’or qui recouvraient les statues ont été volées. Les statues précieuses d’or d’argent ou de diamant ont été remplacées par des répliques en fer cuivre ou bronze. Les fresques au plafond ont été restaurées. Des lustres vénitiens complètent le décor.

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 Dans le vaste quadrilatère du palais Royal occupé par des jardins, de part et d’autre de la vaste salle de Réception, se trouvent des bibliothèques, un stupa,  et le petit pavillon Napoléon III  d’architecture européenne de fer et de verre.

Des jardiniers s’affairent à tondre et à tailler les topiaires et les bordures . Dans des vasques, fleurissent des nénuphars bleus et des orchidées.

Dans la petite bibliothèque  sont exposés :des Bouddhas,de  petites boites à parfum en argent en forme d’éléphant, de cailles ou de tortues. Des costumes d’apparat sont présentés dans des vitrines : costume royal blanc d’apparat à épaulettes et boutons dorés tout à fait occidental, costume de mariage aux fils de soie et d’or exotique. Les courtisans changeaient de couleur de vêtement chaque jour de la semaine : rouge dimanche, orange lundi, deux nuances de vert pour mardi et mercredi.

Passant sous un portail, on arrive à la Pagode d’Argent voisine, nommée ainsi à cause de son dallage du sol en argent finement ciselé d’un  filigrane  ressemblant à une fleur de lys. Cette pagode recèle tous les bouddhas offerts aux rois. Le plus précieux est en or et en diamant. Occasion d’une leçon sur le Bouddha : les deux paumes vers l’avant signifie « le Bouddha sans crainte » une seule paume « enseigner » une main sur la cuisse « touchant la terre » les deux mains  sur ses cuisses « en méditation » Cette accumulation de statues presque identiques m’étonne. Khem est admiratif :

          « il y a ici 1000 bouddhas »

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Beaucoup captivante est la longue fresque qui occupe tout le mur de la galerie extérieure relatant un épisode du Ramayana : la bataille de Rama avec ses alliés les singes contre Râvana qui a enlevé sa femme Sita, etses troupes de démons. Les scènes de batailles sont saisissantes, corps à corps mêlant éléphants et cavaliers. Rama à cheval en archer. Plus loin, les négociations sont menées dans un palais. Garuda prête son corps pour faire un pont sur une rivière permettant à Rama et à ses troupes de la franchir. La guerre finie, Sita récupérée, l’histoire ne s’arrête pas là. Rama doute de la fidélité de Sita et veut la faire tuer. On retrouve Sita dans la montagne avec un  ermite. Elle a donné naissance à un bébé qu’elle confie à l’ermite pour aller se baigner. Plus loin, on la retrouve avec eux enfants. Les personnages sont dessinés avec une grande finesse. Les coloris sont à la fois vifs et délicats, les dessins charmants et les paysages joliment figurés. Cette fresque est une véritable merveille.

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Nous passons devant la statue du Roi Norodom, le grand père de Sihanouk, mort en 1860 ayant demandé le protectorat français. .

Une colline miniature rappelle celle du Wat Phnom, la colline édifiée par la dame Pehn.

Une exposition de photos anciennes sous un passage est l’occasion d’évoquer Norodom Sihanouk, placé sur le trône à 19 ans par les Français croyant pouvoir influencer un si jeune homme. Quelques années plus tard, au début des années 50, le jeune roi est photographié en tenue de campagne « dans le maquis » (plutôt dans la jungle) soutenant les luttes pour l’Indépendance du Cambodge octroyée par la France en 1955.

Une fresque naïve raconte la fête de la Prédiction :

le couple royal laboure un champ derrière un attelage de bœufs blancs. On a préparé pour les bœufs des marmites de riz, de soja, d’herbe et d’eau. Si les bœufs choisissent le riz, la récolte de riz sera abondante, si c’est le soja, il faudra en semer, mais si le choix se porte sur l’herbe, celle-ci envahira les plantations. Ainsi sera prédite la récolte de l’année à venir.

2. Première soirée à Phnom Penh

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Une journée entière sans voir le jour

Parties hier à 23h35, les hôtesses d’Air France nous ont maintenues dans le noir. J’ai volé un  peu de jour à partir de la Birmanie. Le soleil s’est couché sur Saigon. Dans le petit avion cambodgien il faisait nuit noire. Une journée sans voir le jour

Notre guide, venu nous chercher à l’aéroport, originaire de Siem Reap,  dit que Phnom Penh est une ville chère et très animée, et nous montre un ensemble de bâtiments flambant neufs « offerts par la Chine ».

Le quartier autour de notre hôtel : Cardamom

Après une douche réparatrice nous partons à la découverte du quartier de l’hôtel Cardamom.

De nombreuses Guest-houses,  moins luxueuses que Cardamom, mais plus typiques sont cachées derrières des jardins. Des guirlandes électriques sont entortillées aux balcons, aux poteaux, aux troncs des arbres. Eclairages rouges, verts. Dans les bars, il y a beaucoup de mondes.

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De nombreuses motos sont garées sur le trottoir, des touktouks attendent le client, mais aussi de petites charrettes de vendeurs des quatre saisons avec leurs fruits artistiquement déposés, des cantines ambulantes décorées avec des seiches séchées translucides. Finalement, la circulation est très tranquille. Nous rencontrons peu de touristes. Attablés aux cafés, surtout des Cambodgiens : des hommes jeunes pantalon noir et chemises à manches courtes. Passé le carrefour, la ville est plongée dans le noir. Il faut faire attention où on pose le pied. Le trottoir recèle des pièges divers. Sur le boulevard Norodom, des bâtiments coloniaux sont  cachés derrière de hauts murs dans la végétation. Une guérite où dort un vigile nous montre qu’il s’agit probablement de bâtiments officiels. Tout est écrit en khmer « lost in translation » . des arbres fleurissent rose. Où se diriger ? La circulation n’a rien de comparable avec celle de Bangkok, de Saigon ou même de Hanoï. On traverse les rues sans problème.

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Balade en touktouk

Un touktouk s’arrête. Pour 7$ il nous propose un tour de ville en une heure.

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Au bout du boulevard Norodom, une étrange tour-pagode orange se dresse : c’est le Monument de l’Indépendance que le touktouk contourne pour emprunter le large boulevard Sihanouk bordé par un jardin et des bâtiments flambant neufs. Au rond-point suivant un  édifice circulaire doré avec un Bouddha célèbre l’Amitié entre le Cambodge et le Vietnam. Le Naga World est un casino décoré de sculptures énormes dorées arrosées par des fontaines, idéogrammes chinois, ou coréens. De grosses voitures noires s’y arrêtent. On rejoint ensuite les quais au bord de la rivière par une large route qui longe le Palais Royal . Le long de la rivière,  beaux hôtels, cafés et restaurants très animés.

1- Survol de l’Asie de terre et d’eau –

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Les  hublots de l’avion ont été fermés par l’équipage. Entre Inde et Birmanie, je brave l’interdit.

Vision extraordinaire, irréelle. Les bras d’un fleuve forment un delta improbable. L’eau est métallique, dorée, la mer vert mat, à la surface ridée. Les méandres s’enroulent, se déroulent, communiquent en un réseau de courbes et de spirales. Un bras du fleuve touche une plage de sable blanc. La puissance du courant l’entraine vers la terre  tangente illogique, pourquoi n’a-t-il pas rejoint l’océan ?. Cette géométrie courbe se déploie dans une végétation vert sombre. La mangrove peut-être ? A 10 000m on ne distingue ni maison ni bateau. Je n’ai jamais vu un tel paysage, j’ignorais qu’il puisse exister.

De l’autre côté de la mer, je retrouve ce paysage en Birmanie. Puis des montagnes brumeuses, crêtes découpées …Une plaine, un fleuve serpente qui a laissé d’anciens méandres visibles, certains asséchés, cultivés, d’autres dessinant des virgules d’eau, croissants brillant au soleil. Puis vient une campagne cultivée, et un autre fleuve, affluent du premier, ou est-ce le contraire formant un estuaire en cadré par de molles collines. A 30 000 pieds, on doit beaucoup imaginer. De petites mares scintillent. A nouveau la mer se confond avec le rivage : marée basse ou haut fond affleurant permanent. Ici l’eau et la terre ont des frontières indéterminées. La mer est brune comme une terre. Dans cette incertitude géographique je devine quelques maisons puis u  fleuve chargé d’épais sédiments enserrant dans ses bras une île.  Nous dépassons Rangoon sans la voir et arrivons au dessus de la Thaïlande. Les montagnes ont des sommets déchiquetés, noirs dans la brume bleutée. Brume de chaleur ? Dans une gorge une rivière étincelle.

Un barrage contre le Pacifique, il me plait que notre arrivée en Asie, en Indochine, soit embrumée dans une incertitude liquide et tropicale.