Vienne : Belvédère

MITTELEUROPA 2001 un mois en AUTRICHE, HONGRIE, CROATIE

Belvédère

Jardin Alpin

Récréation-nature au jardin Alpin, un peu sauvage. De nombreux végétaux semblent réduits comme des bonsaïs. Un ajonc espagnol forme des petits coussins ronds, on le dirait taillé à la cisaille. De minuscules bassins renferment des nymphéas nains. Je remarque le marcottage dans des sacs en plastique sur un érable pourpre du Japon et sur des azalées. J’ai parlé souvent de cette technique aux élèves sans l’avoir jamais vue en vrai.

Pique-nique au jardin botanique, plutôt un parc sauvage très ombragé. Nous avons acheté au Naschmarkt des sushis.

Belvédère

Belvédère détail

Le Belvédère est un magnifique palais décoré de nombreuses statues. Encore un petit Versailles sur une colline dominant un jardin à la française!

Belvédère : salon doré

Dans les salles « au tournant du siècle » nous trouvons un Schiele très grimaçant impressionnant, un seul Kokoschka décevant, et bien sûr des Klimt somptueux : le célèbre Baiser mais aussi Judith et le Portrait d’Adèle Bloch Bauer, tout en dorure, motifs géométriques, d’yeux, spirales. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils ont dû influencer Hundertwasser dans l’utilisation des couleurs métallisées et des spirales.

Ticket d’entrée : grotesque de Messerschmidt

Les tableaux suivants paraissent plus ternes. Mes préférés sont un Van Gogh avec des champs encore verts un Munch où la lune se reflète dans la mer.

Egon Schiele

Dominique m’a demandé un jour comment on reconnaît un chef d’œuvre d’une croûte ; impossible de répondre en théorie. Dans ces collections inconnues, au premier regard, sans préjugé, et sans regarder les étiquettes, j’ai tout de suite sélectionné Van Gogh et Munch (quant à Monet, j’avais reconnu Giverny).

Klimt : Judith

Puis on passe aux peintre plus anciens les symbolistes m’avaient déjà paru sinistres à l’Expo 1900, et Makart à l’unisson avec les constructions du Ring.

Belvédère Salon

La deuxième partie de l’exposition, séparée par un salon de marbre, s’appelle « l’ère Biedermeier » (1815 –1848), représente la montée en puissance de la bourgeoisie et présente donc des tableaux accrochés dans des intérieurs bourgeois ; 3 tableaux d’un même peintre : un énorme bouquet de fleurs et deux scènes avec des paysans : on dirait des photos tant le peintre est habile, à cette époque, la photo n’existait pas encore et la précision et la ressemblance étaient sûrement des valeurs plus importantes que maintenant.
Paysages romantique, montagne.

Avant de descendre au Belvédère, une pause pour se délasser les pieds. Nous passons par de très beaux jardins, une sorte de labyrinthe de charmilles, des parterres fleuris .Dans le palais baroque nous cherchons les grotesques, têtes grimaçantes de Messerschmitt. Nous passons donc rapidement devant les tableaux, un peu blasées,  puis cette période n’est vraiment pas ma période préférée en peinture. C’est le palais lui même qui retient notre attention : une galerie des glaces petite mais harmonieuse avec des reflets à l’infini, une pièce chinoise toute dorée et très finement ouvragée, décorée de porcelaines, de petites appliques avec encore des effets de miroirs.

Dans l’Orangerie, c’est l’art médiéval qui retient plus notre attention. Nous voyons encore beaucoup de dorures. Finalement ce procédé est plus banal qu’il ne me paraissait.

La ville vue des jardins du Belvédère

Nous rentrons à pied, en passant devant un monument aux morts Russes, portique incurvé, laid à souhait, précédé d’un immense jet d’au dans un bassin. Derrière Karlskirche, nous empruntons la Panigelstrasse, calme et cossue

Danube (2) Claudio Magris – Café Central à Vienne

MITTEL EUROPA – LIRE POUR VOYAGER

Magris consacre 70 pages à l’étape viennoise de son épopée danubienne. Pèlerinage littéraire plutôt qu’excursion touristique : aucune description des musées ou châteaux, même les parcs sont oubliés.

Le chapitre est intitulé « CAFE CENTRAL »  ce sont les lieux privilégiés de la vie intellectuelle viennoise et c’est là que Magris choisit de faire ses rencontres. Je fais la connaissance avec Peter Altenberg, mannequin de bois qui lit encore son journal au Café Central (j’ignorais jusqu’au nom de ce poète) . Un autre habitué des lieux était Trotski 

C’est aussi ici que s’asseyait Bronstein, alias Trotski, à telle enseigne qu’un ministre autrichien, mis au courant par les services secrets qu’une révolution se préparait en Russie, avait répondu « Et qui devrait la faire; en Russie, la révolution? Ce M. Bronstein peut être qui passe ses journées au Café Central? »

La maison de Wittgenstein n’existe plus, à sa place l’ambassade de Bulgarie, amusant?

La baronne Marie Vetsera n’aimait pas la musique de Wagner, et disait même qu’elle ne pouvait pas le souffrir ; aussi lorsque l’Opera de Vienne inaugura avec l’Or du Rhin un cycle Wagner, cette aversion fut un prétexte pour ne pas aller à l’Opera….

Elle allait rejoindre l’archiduc Rodolphe de Habsbourg. Et c’est ainsi que l’auteur introduit le drame de Mayerling!

 

A nouveau, nous croisons Joseph Roth, puis Karl Kraus et au hasard de cette lecture je glane le titre d’un roman de Jules Verne : Le Pilote du Danube que je télécharge sur le champ (mauvaise pioche, il est numérisé avec les pieds et illisible).

Au Café Hawelka nous attend Elias Canetti

Sur la Karlsplatz on célèbre par une exposition le tricentenaire du siège de Vienne par les Turcs (1683) occasion d’un rappel historique.

Après les célèbres cafés, Magris poursuit son pèlerinage dans les cimetières où l’ont voit la tombe d’Altenberg, celle de Schoenberg.

Impossible de ne pas évoquer l’Anschluss, et les suicidés de 1938 comme Egon Friedell.

Au café Landtmann : Lukàcs

Puis visite des maisons de Joseph Roth et de Freud, Berggasse 19..

Avant de quitter l’Autriche, il s’arrêtera à Eisenstadt, ville de Haydn : Là où se trouve Haydn, rien ne peut se passer!

Je viens de lire le retour des trains de nuit pour fin 2021. Je vais réserver un aller pour Vienne et cette fois-ci, je relirai Magris avant de partir!

Vienne : Secession,

MITTELEUROPA : UN MOIS A TRAVERS L’AUTRICHE, LA HONGRIE ET LA CROATIE

Metro Karlsplatz (Otto Wagner)

Métro Karlsplatz, notre point de ralliement.  Il fait un temps magnifique pour prendre des photos des pavillons du métro d’Otto Wagner, de la Karlskirche et du pavillon Sécession. En attendant l’ouverture du Pavillon, nous faisons un tour au Naschmarkt.

Pavillon Sécession

Pavillon Secession

Le Pavillon Sécession est très sobre avec seulement quelque ornements et surtout un dôme de feuilles dorées. Devant la porte, des topiaires dans des vasques bleues, posées sur de grosses tortues de bronze. La porte en bronze est  très belle.

Pavillon Secession : entrée

Fresque de Klimt

Klimt : le Géant Typhée

La fresque de Beethoven de Klimt court sur les murs d’une vaste pièce rectangulaire. Des femmes transparentes volent allongées. Seule leur chevelure est colorée. Des plages dorées, en relief, font ressortir les cheveux peints et les vêtements colorés. Sur un autre mur, un singe énorme avec des ailes bleues et un corps de serpent, figure un monstre géant : Typhée avec ses trois filles les Gorgones menaçantes. Sur le troisième côté la fresque se termine par les chœurs de la IXème symphonie.

Klimt : fresque Beethoven

Installations d’art Contemporain

Deux expositions d’art contemporain : une installation d’un vidéaste dans une sorte de tunnel surélevé en Skaï avec des écrans de télévision : des gens friqués parlent, un verre à la main, une piscine,… aucun intérêt.

Encore une installation à l’étage supérieur : des vêtements sont pendus ou posés sur le sol, des dessins sont suspendus. Sur l’un d’eux la « gestion du bonheur » formulée comme un problème de robinets avec des débits, des fuites.. Sur une banderole toute l’histoire du XXème siècle est schématisée de façon très marxiste avec des flux de capitaux, des rouages, des entonnoirs (dépression) un réseau enserrant l’Europe figure le nazisme.

Klimt : choeurs de la 9ème en lévitation


Opéra

Nous allons à pied à l’Opéra qui fait meilleure figure sous le soleil. Ressemblance avec Garnier, en moins bien, et avec le palais Ferstel, renaissance Italienne.

Tramway D jusqu’à la Gare du Sud.

 

Vienne Graben, Stefansdom, Schubert, Freud et musiciens

MITTELEUROPA – 2001 – un mois en AUTRICHE, HONGRIE, CROATIE

Place de la cathédrale, Graben

Stefansdom

Stephansplatz : les toits de la cathédrale sont vernissés brillants et colorés mais les murs sont passablement noirâtres. A l’intérieur, le baroque a colonisé la nef gothique qui est un peu encombrée. Il y a foule, on ne s’y arrête pas Dehors, il fait grand soleil, Dominique trouve un banc disponible et je pars explorer le Graben et les rues piétonnes voisines : beaucoup de beaux cafés et des magasins de luxe. Les vitrines détonnent un peu, c’est dommage! On doit en faire abstraction pour examiner les façades très ornées.

Caryatide, crème fouettée

Je suis un peu déçue : c’est toujours du même style que le Ring, 19ème siècle pompier, genre Nice, monstruosité crémeuses avec caryatides et atlantes. J’avais espéré quelque chose de différent.

colonne de la Peste

La colonne de la Peste rappelle le chœur de Karlskirche, encore des angelots débordant d’un nuage. En suivant nos guides on débusque les maisons les plus spectaculaires : le Palais Equitable, gros et noir renfermant une cage d’escalier en marbre donnant sur un patio fermé par une verrière.

Pour déjeuner, j’achète dans une pâtisserie un gâteau au pavot pour moi et un rouleau au jambon salade russe.

Peterskirche
Baroque, nef ovale comme Karlskirche mais en cours de restauration.

Palais Ferstel

Palais Ferstel

Dominique a potassé les guides, elle mène donc par la Naglersgasse étroite et tranquille bordée de maisons baroques avec guirlandes et angelots, visitons le palais Ferstel, une galerie italiénisante débouchant sur un patio où se trouve le Café Central où Trotski avait ses habitudes, fermé. Encore un escalier de marbre monumental, des atlantes de bronze, des luminaires 1900, difficile de cadrer les photos.

Schubert

A la recherche de Schubert

Nous négligeons les musées et les palais pour aller à la recherche d’une des maisons de Schubert : la Dreimädlhaus cachée derrière le Ring. On  accède par un étroit escalier à une rue pavée qui tourne, puis à un groupe de petits immeubles de deux ou trois étages.

Dreimädelhaus

La terrasse fleurie du café Schubert a un aspect campagnard, en dehors du temps, loin de la circulation du Ring, pourtant à un jet de pierre, des magasins classieux du quartier, loin des excès architecturaux de la fin du XIXè. Les maisons XVIIIème de couleur pastel ont des guirlandes, un médaillon peint ovale représente les trois Mädel de la garçonnière de Schubert.

Schubert au Stadtpark

Maison de Freud

Pèlerinage à la maison de Freud, Berggasse 19, à l’extérieur du Centre. La Berggasse, rue bourgeoise descend vers le canal du Danube. On nous confie un gros classeur rouge puis nous assistons à la présentation de vidéos des dernières années de la vie de Freud ; c’est assez émouvant de le voir en famille, peu d’intérêt autre qu’anecdotique, sauf peut être les images de l’arrivée d’Hitler à Vienne. La salle d’attente est meublée, avec sa table et ses chaises on dirait plutôt une salle à manger, quelques objets antiques des collections de Freud sont présentés dans une vitrine.

chez Freud!

Les autres pièces sont vides, les murs couverts de photos et de fac-similés de documents. Chaque numéro renvoie à un commentaire de Freud souvent tiré de sa correspondance.  Au début c’est amusant de voir ses livres préférés d’enfant , Hannibal, le héros sémite contre l’empire Romain, ses photos de jeunesse, la Bible familiale ornée de dessins égyptiens, puis les photos de ses professeurs, de Charcot Jung et Adler. Au bout d’un certain temps je me lasse. Dominique est plus persévérante. . Elle a trouvé enfin après toute une journée des toilettes gratuites pour se laver les mains, son TOC,  après une longue attente, elle voit ressortir une femme avec un air béat des chiottes- Freud , cela l’a fait bien rire.

Vienne la rouge

En quelques stations de métro nous rejoignons les faubourgs de Vienne la Rouge pour visiter l’ensemble architectural du KarlMarxHof, nous sommes un peu déçues : l’énorme barre d’un kilomètre de long n’est pas visible dans son ensemble, nous n’avons pas le recul nécessaire. On se contente d’une vue partielle de HLM rouge et jaune, sobre, mais on sent la volonté de l’urbaniste de placer des statues dans une cité ouvrière. On se demande bien pourquoi André a recommandé cette visite.

Stadtpark : musiciens

Johann Strauss

Retour au centre, tram sur le Ring jusqu’au Stadtpark : l’attraction consiste à chercher les statues des Viennois célèbres : Schnitzler, Bruckner, Schubert, Makart, Franz Lehár, Strauss doré joue du violon.

Il fait très chaud, le ciel devient brusquement très menaçant, nous rentrons sous l’orage et achetons en route deux escalopes viennoises.

Mon père et ma mère – Aharon Appelfeld

LITTERATURE ISRAELIENNE

marc chagall

30

Le voyage de l’écriture ressemble, par bien des aspects, au voyage que je faisais en été avec mes parents pour me rendre dans la maison de mes grands-parents, dans les Carpates.

 

Un regard d’enfant est indispensable à tout acte créateur. Lorsque vous perdez l’enfant qui est en vous, la pensée
s’encroûte, effaçant insidieusement la surprise du premier regard ; la capacité créatrice diminue. Plus
grave encore : sans l’émerveillement de l’enfant, la pensée s’encombre de doutes, l’innocence bat en retraite,
tout est examiné à la loupe, tout devient contestable, et l’on se sent contrarié d’avoir simplement aligné des mots.

Je retrouve toujours avec un grand plaisir l’écriture nostalgique et intime d’Appelfeld qui, encore une fois, a choisi un enfant-narrateur pour évoquer ses souvenirs et un monde disparu. Mon père et ma mère se déroule pendant les vacances d’été 1938 sur les bord du Pruth (affluent du Danube) dans un pays qui a disparu  : la Bucovine, entre Roumanie et Ukraine, Czernowitz est maintenant ukrainienne. De nombreux juifs sont en villégiature à la veille de la catastrophe. Certains se baignent, bronzent, piqueniquent mais

Les rumeurs sur la guerre bruissaient dans le moindre recoin. On aurait cru que les gens étaient dans une cage
dont ils essayaient d’écarter les barreaux. Le fleuve coulait, prêt à accueillir encore de nombreuses personnes
sachant nager ou ramer, mais les gens couraient dans tous les sens.

Erwin, 10 ans 7 mois, fils unique, choyé par ses parents est curieux de cette société. L’auteur brosse des caractères originaux comme Rosa Klein qui lit les lignes de la main, ou Karl Koenig, l’écrivain, ou l’homme à la jambe coupée,  le docteur Zeiger,  d’autres plus ordinaires qui cancanent ou geignent.

Atmosphère idyllique dans la montagne après une chevauchée,  simplicité de ces Juifs paysans et pieux : les parents de la mère. Mais aussi un pogrom villageois, tentative d’extorsion du cocher ukrainien. Erwin redoute le retour à l’école sous la menace de Piotr. L’antisémitisme diffus est bien présent mais personne ne se doute de ce que la guerre apportera.

Un récit tout en finesse et en tendresse. Moins impressionnant  et tragique que Les partisans, Tsili ou Le garçon qui voulait dormir mais encore un grand livre.

Vagabondages – Lajos Kassak – Séguier

de BUDAPEST à PARIS

J’aime les relations  de voyage, surtout de voyages à pied. Vagabondages raconte l’errance de Lajos Kassak entre Budapest et Paris en 1909 à 22 ans. J’ai pensé au Temps des Offrandes de Patrick Leigh Fermor qui est un de mes livres favori. Fermor, à 18 ans en 1933 a fait la route inverse, de Londres vers Budapest « comme un clochard« . 

Lajos Kassak est devenu par la suite un peintre réputé et un poète reconnu. J’ai téléchargé ce livre avec une grande attente (trop grande).

Lorsque Lajos Kassak quitte sa ville en compagnie de son ami Gödrös c’est un tout jeune homme, apprenti serrurier qui cherche l’aventure sans projet précis, son but Paris « A Vienne, nous chercherons de l’ouvrage […] nous apprendrons bien l’Allemand…«  . Partis sur le Danube en bateau ils débarquent à Presbourg (Bratislava)  sans faire la moindre observation sur le paysage ou les monuments. A Vienne, ils ne cherchent guère à s’embaucher ; dans les ateliers qu’ils visitent, ils demandent plutôt l’aumône. De Vienne, le seul lieu visité est l’asile de nuit. Puis ils partent à pied, mendiant chez les paysans. Ces jeunes feignants ne me plaisent pas trop. Leurs aventures, ampoules aux pieds, repas de lait aigre…ne me passionnent pas. Si au moins ils décrivaient les contrées traversées…Vagabonds vraiment trop paresseux pour moi. Arrivés à Passau

Nous étions déjà des durs, cyniques et sans vergogne »

 

 

« A l’intérieur de l’Allemagne, les ouvriers itinérants étaient secourus officiellement par l’Etat. C’était un retour au régime des corporation : les jeunes compagnons y étaient tenus de prendre la route et remis à eux-mêmes de voir, de vivre, d’amasser des expérience pour l’avenir. pour ces jeunes gens curieux de découvrir le monde, il y avait dans chaque commune des installations qui les prenaient en charge »

En Allemagne, les Wandervogel étaient un mouvement de jeunesse, précurseurs des hippies d’après Wikipédia. L’errance de nos jeunes vagabond est plus facile. Ils s’organisent.

A Stuttgart,  Lajos Kassak rencontre Emil Szittya  (qui deviendra ultérieurement un critique d’art et un écrivain reconnu) mais qui n’est encore qu’un schnorrer qui profite des œuvres caritatives des Communautés juives et d’un carnet d’adresses bien fourni, il fréquente aussi bien anarchistes, végétariens, homosexuels et vit en parasite sans aucun remords. Bon camarade, il fait profiter Kassak de ces aubaines. A partir de cette rencontre le livre prend une tournure plus intéressante, variée et vivante. Les aventures de ces larrons deviennent même très amusantes.

De passage à Bruxelles, ils rencontrent des révolutionnaires russes. A Bruxelles encore, Kassak visite des musées, des expositions. Devant l’oeuvre de Konstantin Meunieret de celle de Rodin,  il s’emballe:

j’étais entré dans le monde de l’art, et j’étais capable d’y vivre de façon si intense qu’il me restait à peine de temps et de goût pour les affaires du monde. 

C’est là qu’il ressent les effets de son vagabondage :

Au cours de mes vagabondages, qui n’étaient pas autre chose, en apparence qu’une tentative de propre-à-rien pour couper au travail, ma vision du monde s’était élargie, mes pensées et mes sentiments purifiés. 

Expulsés de Belgique après une réunion avec des révolutionnaires russes, indésirables en Allemagne, ils prennent le train pour Paris. Paris, 1909, on aurait pu imaginer les rencontres avec tous les artistes de Montparnasse. Déception! Kassak ne songe qu’à retourner à Budapest.

 

 

Otto Wagner Maître de l’Art Nouveau viennois à la Cité de l’Architecture

Exposition temporaire à la Cité de l’Architecture  jusqu’au 16 mars 2020

J’ai « découvert » l’Architecture Art Nouveau  à Vienne il y a une bonne vingtaine d’années ; découverte entre guillemets puisque j’ai grandi à Auteuil dans un quartier marqué par Guimard. Au fil de nos voyages, j’ai retrouvé l‘Art Nouveau à Budapest et dans d’autres villes hongroises, Riga et plus au sud en Espagne avec Gaudi.  Je ne voulais pas rater l’exposition de la Cité de l’Architecture. 

L’exposition Otto Wagner présente l’architecte, professeur, théoricien dont l carrière a débuté en 1860, peu de temps après la création du Ring qui fut un chantier monumental donnant de nombreuses opportunités aux architectes. Otto Wagner, en quête de reconnaissance, participa à de nombreux concours à Vienne et dans le reste de l’Empire Austro-hongrois. L’exposition est donc nourrie de nombreux dessins de projets présentés à ces concours, la plupart des projets ne furent pas réalisés. Je suis assez étonnée de la surcharge des décors qui me font penser davantage à l’éclectisme historiciste qu’au Pavillon Sécession si élégant. Enormes compositions comme ce Palais Artibus (1880) empreint de grandeur antique avec musée, bibliothèque, théâtre, même un panthéon à coupole qui servit d’inspiration au Parlement de Budapest. Je n’ai pas été franchement séduite par cette débauche de palais de façades fastueuses et j’ai commencé à m’ennuyer un peu. 

En revanche, les meubles, objets et façades des immeubles de rapport m’ont plus intéressée. Majolique et décor plus sobre, plus moderne, plus fonctionnel. Dans la conception et la réalisation de ces logements ont été une source de richesse pour l’architecte. 

La maquette de léglise du Steinhof et le projet initial  d’hopital psychiatrique montre (1902) encore le souci d’urbanisme et d’intégration d’un projet dans le contexte physique de la ville

projet de fontaine pour la Karlsplatz de Vienne

C’est au tournant du siècle (1899) qu’Otto Wagner rejoint le Mouvement Sécession fondé par Klimt, Egon Schiele, Kolomar Moser. La présentation du Pavillon Secession, des expositions qui s’y déroulèrent, la frise Beethoven de Klimt (1902), la revue Ver Sacrum ont retenu mon attention . 

Grand format, une présentation des bureaux du journal Die Zeit , fonctionnelle avec de l’aluminium, et celle de la salle des guichets de la Caisse d’Epargne de la Poste de Vienne sont passionnantes. Une vidéo explique l’architecture de la Caisse d’Epargne avec sa verrière sous une autre verrière incluse dans la cour d’un bâtiment.

Un diaporama montre les principales réalisations Art Nouveau dans toute l’Europe.

Si vous projetez une visite de cette exposition je vous conseillerais de passer rapidement le début et les dessins  de projets non réalisés pour garder de la fraîcheur pour la fin qui est nettement plus intéressante.