CÔTE D’AZUR

De l’Estérel aux Maures, la route
Le vent s’est levé. La mer est agitée, de belles vagues se brisent. Le ciel est gris.
Nous traversons Saint Raphaël, Fréjus, les Issambres que nous avons vus sous le soleil. J’aime bien retrouver les paysages découverts pendant notre séjour, sorte de révisions pour les fixer. Ne faire que passer revient à visionner un documentaire à la télévision. Après les Issambres, le relief s’adoucit, le vignoble se déploie sur les collines.
Sainte Maxime
Sainte Maxime fête « les 100 ans des vacances ». Pour cette occasion, l’Office de Tourisme organise des promenades guidées et a édité une brochure « Architectures du XXème siècle » avec quatre parcours commentés. J’aime bien ces visites qui exigent une grande attention dans les détails. Sainte Maxime rend hommage à René Darde, architecte de Sainte Maxime depuis les années 20. Certaines villas, cependant sont antérieures à 1920, de style éclectique. je remarque plutôt les décors Art Déco : les nageurs sur le mur nord du Casino et Le Palais des Sirènes (1929) . D’autres bâtiments sont plutôt sous influence du Bauhaus comme le Palais du Soleil (1933) qui vante son confort moderne « 2 ascenseurs, toboggans à ordures et chauffage central ». L’ensemble Le Splendid Azur (1960) offre sa proue arrondie face à la mer et le corps de bâtiment ondulant en forme de vague est d’une grande élégance.
le vieux village construit en pente et piétonnier a gardé son caractère provençal avec des placettes, ses platanes, ses maisons étroites, haues et colorées. Les magasins sont de bon goût (chic et cher). un olivier millénaire est entouré d’une banquette de pierre, j’imagine les anciens du village goûter l’ombre et la fraîcheur en été (aujourd’hui il fait froid et très gris). Sur les constructions plus balnéaires je cherche des détails : balcons arrondis, bow-windows, corniches Art-Déco.

Redescendant au port, je trouve notre déjeuner à la « Tarte Tropézienne » enseigne répandue dans toute la région du golfe de Saint Tropez : pan bagnat au thon, pissaladière et bien sûr la tarte tropézienne pour dessert. Le pan bagnat est bien garni avec beaucoup d’olives noires, tomates et concombres, la pissaladière est infecte : les oignons pâlichons ni crus ni cuits et la pâte pâteuse. Tarte tropézienne industrielle. Nous éviterons !
Port Grimaud

Pique-nique devant une cale à bateaux (stationnement interdit, enlèvement immédiat). Comme il fait froid avec le vent nous restons dans la voiture, prêtes à nous enfuir si la maréchaussée se présente.
Port Grimaud est un ensemble résidentiel original. On croirait un port de pêche traditionnel, c’est une création de 1966 d’un architecte François Spoerry qui a dessiné cette cité lacustre de toute pièce sur un marécage stérile en s’inspirant de Venise (bien sûr) mais aussi des ports italiens et de ceux des îles grecques. CLIC (le site très bien fait). Ponts arrondis de Venise, poterne pour une ville fortifiée.

Fortifiée, la copropriété l’est en effet avec ses grilles qui interdisent les intrusions y compris celle des simple promeneurs. Il faut passer par la poterne où des vigiles surveillent le passage et font éventuellement payer un péage. La circulation automobile est interdite pour les non-résidents. Cet entre-soi m’agace. A Port Grimaud comme ailleurs, cette nouvelle manie de grillager, d’enfermer, de mettre partout des digicodes, de clore les passages m’apparait effrayant. Dans certaines civilisations, l’étranger, le voyageur, le passant, était du envoyé de Dieu (des dieux) que l’on invitait. La manie grillage-digicode va à l’envers de l’hospitalité.

Le vigile me laisse passer à pied. le village est très joli. les constructions sont variées, palais vénitiens à fines colonnettes et loggias, maisons provençales aux toits de tuile, maisons villageoises de pierre. Trompe-l’œil…C’est très bien fait, les matériaux ont été souvent récupérés sur des maisons traditionnelles détruites (le site est très fier de ce recyclage avant l’heure).
Ce site m’apprend que chaque maison serait « une maison de pêcheur » ou plutôt une annexe au bateau amarré devant la maison. Idée séduisante quand il s’agit d’un petit bateau de pêche, ou d’un élégant voilier. la présence des yachts géants semble menaçante, ils bouchent la perspective écrasent le paysage. Immatriculés à Bâle, Malte ou Londres, à qui appartiennent-ils?
Des coches d’eau font la visite touristique de Port Grimaud en saison pas aujourd’hui par gros temps, d’ailleurs il n’y a personne!
oliviers

Sur les bords de la route, des » pépinières » proposent à la vente des cactus hauts de plusieurs mètres et des oliviers en bac avec des troncs séculaires. D’où proviennent-ils? De quelle oliveraie les a-t-on arrachés? Survivront-ils à la transplantation? Ce qui me met le plus en colère c’est la taille à l’asiatique en « nuage« . Quelle hérésie! L’olivier comme le chêne est un arbre majestueux que je respecte infiniment. Cette taille exotique les ridiculise. L’olivier offre ses olives et son huile depuis l’Antiquité, symbole de la civilisation méditerranéenne. Ceux qu’on a mutilés, atrophiés, ne donneront plus rien. D’ailleurs, on ne leur demande rien. Ils sont juste témoin du bétonnage, de la consommation, de la course effrayante au paraître quand on ne tourne pas autour dans un rond-point prétentieux, manège automobile! Sur Internet, j’ai même trouvé des oliviers millénaires autour de 2000€, 450 ans 1890€! avec les conseils de jardinages qui vont avec « il prend beaucoup de place dans le jardin mais ne vous inquiétez pas, il pousse très lentement », si on l’a élagué énergiquement on peut même mettre des petits graviers blancs en dessous et des iris!
Cogolin
C’est le village le plus proche de notre nouveau gîte; nous faisons nos courses au plus grand Leclerc que je connaisse. Mon podomètre témoigne des distances entre les caisses et le rayon des produits ménagers.
Notre gîte à La Môle

Notre hôtesse nous attend devant l’entrée de « l‘aéroport international de Saint Tropez », véritable aéroport avec une piste, un restaurant, et même des véhicules de location. Nous ne seront pas dérangées par le bruit, en une semaine, nous n’avons assisté qu’à deux atterrissages de petits avions de tourisme.
Le Cabanon est perdu dans les vignes : c’est une toute petite maison avec des volets vert d’eau, une tonnelle de glycine (pas encore réveillée de l’hiver). A l’arrière, une centaine de mètres plus haut, une vieille maison est cachée dans les arbres. Nous devinons un troupeau de moutons.
A l’intérieur, il y a absolument tout : lave-linge, lave-vaisselle, four, micro-onde, planche à repasser, télévision….Nous serons très bien.