Lindos est admirablement bien située ; au nord, une petite baie ronde enchâssée dans des rochers arides : une plage de sable clair à l’eau turquoise. Une colline domine le petit village blanc l’Acropole antique, fortifiée au Moyen age. Au sud, un autre petit port naturel dit Port de Saint Paul qui y aurait débarqué.
8 heures. Parking facile en dehors de la ville interdite aux voitures, prix unique à la journée. La ville basse est encore endormie, les magasins, fermés. Nous nous promenons dans les rues désertes.
Asension à l’Acropole
Vers 9 heures, je monte à l’Acropole. Nos guides donnent tous une description inquiétante de l’ascension qu’il faut impérativement effectuer avant 10heures avec chapeaux et casquettes. Les marches sont très bonnes, sur le versant nord, donc à l’ombre. Les marchandes de nappes brodées et de dentelles sont en train de déballer leur marchandise sur les rochers. En moins de dix minutes, j’arrive à la billetterie (il faut croire que les rédacteurs des guides ont été soudoyés par les âniers !). Je présente mon attestation professionnelle, l’employé ne lit pas le Français et me demande ce que c’est. « Professeur », je lui réponds en Grec et passe gratuitement.
A la base du grand escalier, sculpté dans du calcaire gris très fin, lisse comme du marbre, un bas relief représentant la proue d’une trimolia (trirème) (180 av JC). L’escalier conduit à une porte dans la muraille du château déjà fortifié par les Byzantin et restaurée au 14ème siècle par les Chevaliers. Ici encore, s’entremêlent les différentes histoires.
Acropole
Sur l’Acropole règne une atmosphère de chantier. Une grue moderne a été montée ; sous des parasols beiges, des tailleurs de pierre en salopette verte s’affairent à remonter les colonnes du temple d’Athéna. Une colonne devant l’escalier monumental (propylées ?)paraît toute neuve. C’en est presque choquant. En observant mieux, je remarque que chaque colonne possède au moins un tambour d’origine – au moins un mais rarement plus. Je n’ai pas d’opinion arrêtée sur ces restaurations . Ici, un peu de patine ne nuirait pas.
le village de Lindos
Trois quarts d’heures plus tard, les boutiques sont ouvertes, les murs blancs couverts de marchandises. Généralement je qualifie tous ces vêtements de « pendillocheries ». Ici, c’est élégant, crépon blanc, modèles plus classiques, d’autres contemporains en passant par la blouse folklorique. Classe mais cher. Malgré la présentation, nous ne sommes pas dans les souks orientaux. Les prix sont étiquetés en €. Ce sont plutôt ceux de la Baule ou de Saint Tropez. Le jus d’oranges pressées est à 2€ minimum. Je suis ravie de trouver Le Monde. Comme nous n’avons pas la télévision, nous n’avons aucune nouvelle de la marche du monde depuis une semaine.
En s’éloignant de la place et du centre de Lindos, je découvre des ruelles charmantes. Murs éblouissants, portes sculptées. Je voudrais photographier tous les blasons, les plaques décoratives des « Maisons des Capitaines ». Certaines maisons sont en pierre blonde d’autres ont été chaulées. La plus belle, la plus décorée a été transformée en café. Une ardoise prévient : « les photographies sont réservées à la clientèle ». Motifs antiques : un petit satyre jouant de la flûte de Pan. Motifs classiques : fleurs de lys et blasons. Motifs maritimes : cordages et nœuds. mais aussi animaux et fleurs. Influence ottomane dans le dessin. Il en résulte une grande diversité.
Les ruelles en pente sont parfois coupées de marches. D’autres tortillent. Des arches enjambent les rues. Les bougainvilliers dégoulinent au dessus des porches. Je prends photo sur photo. Le travail sera ensuite de choisir, d’éliminer les doublons, de ne garder qu’un nombre raisonnable de clichés.
L’église est intéressante. Comme souvent, un haut campanile aérien de pierre blonde accompagne l’église blanche et basse. La surprise est à l’intérieur, peinte à fresques. Pas un cm qui ne soit inoccupé. Je pourrais passer des heures à déchiffrer les inscriptions grecques (plus difficile qu’il n’y paraît) à reconnaître les personnages, anges archanges, prophètes, évangélistes, saints…Qui est donc ce saint à tête d’animal – on dirait Anubis ? Curieusement la Cène se déroule autour d’une table ronde. L’ordre de présentation des scènes me déroute. La Genèse voisine avec la Cène. Sur le mur opposé Adam et Eve sont près de la Crucifixion. L’iconostase brille pleine de dorures. C’est un peu frustrant de savoir que derrière se trouvent encore des fresques invisibles pour nous.
Les ânes se succèdent portant leur fardeau de touristes à la montée et en cavalcade à la descente, à vide ou chevauchés par l’ânier. Un préposé au crottin balaie derrière eux sans répit. Les ânes rajoutent au folklore local mais la montée à l’Acropole ne justifie pas les 5€. D’ailleurs, la plupart des cavaliers sont des jeunes ou des enfants tout à fait capables de monter les marches.
A 11 heures, toute la foule est arrivée. Il faut très chaud. Je rêve d’une baignade. La jolie plage arrondie bordée de parasols blancs commence à, se remplir. Les baigneurs sont debout dans l’eau turquoise qui leur arrive à la taille. Plage idéale pour les enfants mais je sais que sera décevante. Il faudra aller loin pour pouvoir nager.