La liberté au pied des oliviers – Rosa Ventrella

LIRE POUR L’ITALIE (POUILLES)

Années 1940 – 1950 à Copertino dans les Pouilles non loin de Lecce et de Manduria où nous avions passé une semaine délicieuse. 

Deux sœurs inséparables : Tereza, l’ainée la silencieuse, la blonde et Angelina, la brune, la plus belle fille du village. Relation fusionnelle, intense.

« ….vérité, c’était que nous devions lutter pour manger. Mon père le savait. Ma mère le savait. Tout le monde au
village le savait. Pour cette raison, les sentiments et les rêves étaient dosés, savourés comme une forme
d’épargne réservée aux bons jours. »

Grande pauvreté des paysans sous le fascisme puis la guerre. Comment nourrir ses filles quand le mari est au front? Au village, restent les commères qui surveillent les allers et venues de Caterina, la mère. On croit encore aux sorcières.

« En janvier 1950, quand les paysans protestèrent pour avoir le droit de cultiver les terres du marquis Tamborrino
de Maglie, un saisonnier âgé de trente ans reçut des balles de mitraillette en pleine poitrine et mourut. À partir de
là, le vent de la révolte souffla sur les terres de Nardò, Carmiano, Leverano et Copertino. »

« L’injustice qui habitait ces terres depuis la nuit des temps et la colère des peuples laissés pour compte qui
s’étaient mélangés et perdus dans cette lande semblaient avoir élu domicile dans le cœur de mon père. »

masseria : « maison de sucre »1

Tout le village est sous la coupe du Barone qui possède les terres et qui règne avec ses nervis, châtiant les velléités de révolte. En 1950, les hommes rentrés de guerre veulent cultiver les terres laissées à l’abandon, réserves de chasse des nobles, ils se révoltent et finissent par obtenir des terres. C’est donc aussi le roman de cette lutte.

« Le grand mange le petit, déclara-t-elle. C’est comme ça depuis toujours. Et si le petit essaie de devenir grand, le
grand dégaine le premier. »

Lutte de classe? Tout n’est pas simple. Caterina, la mère, et Angelina ont reçu en cadeau une grande beauté, une malédiction selon les commères jalouses. Cette beauté ne laisse pas indifférents les barons père et fils. Angelina deviendra baronne. Tereza doit vivre avec la honte qui va avec ces compromissions. Elle, qui est transparente, réservée raconte l’histoire de sa mère et de sa sœur.

« Moi, j’étais invisible et, bien que devenue femme, mes traits devaient lui paraître confus et interchangeables,
comme ceux de tous les jeunes gens qui n’attirent l’attention de personne. Pour Giacomo j’étais à la fois
familière et insignifiante, au même titre que les meubles de la cuisine, l’armoire, le secrétaire ou les bibelots
dont il avait rempli sa maison. Une jeune fille malchanceuse, coincée entre la beauté désinvolte de sa sœur et la
force de sa mère. »

A lire, pour la chaleur de l’été des Pouilles, pour la lutte des paysans même si j’émets quelques réserves sur cette « malédiction de la beauté » qui se répète de génération. Une lecture agréable sans plus.

 

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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