Farinelli Re e Imperatore à Martina Franca

CARNET DES POUILLES

affiche Festival

Pour le spectacle à Martina Franca, je décide de m’habiller : l’ensemble blanc très léger venant de Cuba est tout à fait adapté à la circonstance, le paréo pourra servir d’étole en cas de fraîcheur.

 

Le spectacle n’a pas lieu dans la cour du Palais Ducal comme nous le pensions mais dans le Cloître de l’église S. Domenico. Il nous faut traverser toute l’enfilade des places : la moderne grande et rectangulaire bordée de cafés et de boutiques chics, passer sous l’arc de triomphe, puis la triangulaire avec son bassin devant le Palais Ducal? enfin la place du Plébiscite et la basilique San Martino et la plus belle bordée d’arcades en hémicycle avant de trouver l’église dans les petites rues. La vieille ville est éclairée. Toute une foule se presse. A près de 9 heures du soir les boutiques sont encore ouvertes. La petite ville endormie le matin est débordante d’activité. Les gens sont habillés pour sortir, cafés et restaurants sont pleins. Il semble que toute la ville soit en fête.

 

Le cloître est très simple chaulé de blanc entouré de grosses colonnes au fût rond ou carré. Un piano à queue, des chaises alignées.

Farinelli Re e Imperatore est  un récital : des pièces commençant à Monteverdi (Couronnement de Poppée), Vivaldi, Mozart, Meyerbeer et Rossini . Les interprètes portent en costume sombre : deux hommes : un contre-tenor binoclard et un sopraniste jeune a l’air très timide, une femme mezzo-soprano également vêtue d’un costume d’homme. Au premier morceau du sopraniste, on est un  peu mal à l’aise, le chanteur déraille un peu. Je pense à une performance sportive plutôt qu’au plaisir du chant. A mesure que la soirée avance, je m’habitue cette voix inhabituelle, l’artiste prend confiance et je me laisse séduire. La soirée passe très vite, variété des morceaux, beauté du cloître. Le bis est une surprise : Massimo, le sopraniste, est caché sous une arcade du cloître. Ensuite le contre-ténor chante « j’ai perdu mon Eurydice » tout le monde est debout.

piazza Maria Immacolata

Je quitte à regret le cloître. Dans la rue, il y a toujours autant de monde, la plupart des magasins sont fermés mais restaurants et cafés sont pleins.

Sur les marches de la Basilique San  Martino, des jeunes sont assis. Nous entrons. Les illuminations sont surprenantes : la lumière semble tomber des fausses fenêtres. Au dessus de l’autel, la statue d’un évêque (Saint Martin ?) est illuminée toute seule, c’est assez kitch. Finalement cet intérieur clair est très beau  . Nous nous joignons à la passeggiatta, peu pressées de rentrer. Il fait si bon dehors. On revit après la chaleur de la journée. Dans toute la ville des groupes se tiennent, assis ou debout : des jeunes, des femmes qui tricotent, des vieux…Le thermomètre d’une pharmacie marque 30°C .

Masserie des environs,

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Ostuni

 

 

 

 

 

Vendredi, veille de voyage,  jour des révisions:profiter de la Masseria et de ses environs, paresser au bord de la piscine.

Un joli opuscule présente les masserie des alentours. Pourquoi ne pas y faire un tour, visiter un frantoio ?

San Michele , à deux kilomètres, notre route l’effleure avec des halls d’exposition de voitures et de véhicules divers,  mais nous n’avons pas eu l’occasion de voir le centre du village. Quadrillage de rues à angle droit, maisons basses, peu de commerces, une place vide, une église quelconque. Par les journées chaudes, on déroule un store à lames devant chaque ouverture pour aérer sans que la lumière ne pénètre. Le village ainsi obscurci, semble plongé dans la torpeur.

D’Ostuni en direction de Cisterno, suivant la « Route de l’Huile », nous devrions découvrir des masserie intéressantes surtout Carestia . Jusqu’au sanctuaire de San Oronzo – encore lui ! – sur sa colonne, il prêchait sur la place de Lecce, il a également sa flèche à Ostuni en remerciement  de sa protection contre la peste de 1657 – donc jusqu’au sanctuaire, tout va bien. La route grimpe sur l’arête des collines, en balcon dominant la plaine côtière cultivée d’oliviers, traversant un maquis. Ce n’est pas là que nous trouverons les belles masserie. Puis, la route tourne, encadrée par deux murettes dans une campagne quadrillée de murs de pierres sèches parsemées de trulli dans les jardins et parmi les amandiers et les figuiers. La terre est rouge. L’ensemble des couleurs est charmant. Nous arrivons dans les faubourgs de Cisterno, nous retrouvons les panneaux balisant la  « Route de l’Huile » qui nous mènent dans la cour d’une exploitation moderne avec des hangars métalliques et des murets cimentés.

De retour vers Ostuni sur la route principale nous nous détourons pour découvrir des contrade, petits hameaux cachés par les oliviers touffus. Cette campagne est beaucoup plus habitée qu’il n’y paraît. Partout des panneaux « vendesi », toute la campagne est à vendre. Exode rural ? ou afflux des touristes ?

On s’entête, tout un grand tour sans même voir une seule masseria !  Nous reprenons le circuit à Ostuni jusqu’à San Oronzo. Tout de suite à droite, un bâtiment coiffé d’évêques et de saints émerge de la végétation. Pas un panneau ! Le chemin est caché. A côté de la  Masseria, une usine de conserves alimentaires. Deux employés, coiffe blanche sur la tête font une pause. Je les interroge : « pas de visite ». Devant le porche .Deux chiens sont couchés. Nous ne verrons pas les arcades ni la cour paysagée, ni la loggia décrites dans la brochure.

Retour à Ostuni chez le photographe, « ma » marchande de journaux n’a pas reçu le Monde.

un manoir romantique

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L'escalier monumental de la masseria

 

Notre séjour se termine en douceur. La masseria et ses châtelains me semblent très romanesques. Quand je les interroge sur l’histoire de leur demeure,  S me suggère d’aller voir la « colonne » –  une stèle placée à l’entrée de l’allée monumentale, encadrée par deux murettes, entre deux prés .

 

L’inscription relate l’histoire d’Alicia Higgins née en Irlande,  arrivée à Naples en 1802 à l’âge de 21ans pour épouser Vicento Minutolo San Valentino qui mourut à 35 ans la laissant veuve avec ses deux fils. Elle serait tombée dans l’indigence si la propriété n’ avait pas fourni ses fruits. Cette aïeule irlandaise confirme l’impression diffuse que j’ai depuis notre arrivée d’un « air anglais » au manoir XIXème avec ses gravures de chevaux, le club-house, les purs-sangs…

R énumère les générations des ancêtres de S comme il nous avait récité l’autre soir la succession des rois d’Italie. Je n’ai retenu que le nom de Fernando que j’ai lu sur la plaque appliquée sur la chapelle.

la chapelle

Le samedi de notre arrivée, la chapelle était ouverte, une nappe brodée sur l’autel, les bougies allumées. Aujourd’hui elle y a passé un  long moment. Mystérieuse chapelle : pour le décor, le souvenir ou la dévotion de S ?

R manifeste des opinions contestatrices envers le pape qui « marche à contresens de l’histoire », à ce propos S le coupe « il ne faut pas l’écouter, il fait de la provocation »

Le dernier matin, nous nous  visitons les autres gites – en nettoyage – luxueux très vastes – beaucoup trop grands pour nous. Nous étions très bien au Rosemarino. Les préparations des repas dans la grande cuisine du château ont été l’occasion de mieux connaître les maîtres de maison.

 

Dans une remise nous découvrons toutes sortes de chariots hippomobiles, charrettes, sulkies, calèches, celle en osier tressé et vernis est très belle.

façade

R arrive sur une antique moto rouge pleine de chromes. J’essaie de lui faire raconter encore une fois la maison. Notre bâtiment était le logement des fermiers. que nous connaissons:  vieux monsieur qui vient allumer la lumière et la dame qui fait le ménage le samedi. Les autres maisons sont de construction ancienne, sans autre précision.

club-house

Je l’interroge également sur la « fontaine » de pierre finement sculptée sur laquelle il a installé son bureau au fond du club-house. C’est le pressoir à vin. En dessous se trouve une cuve carrée entourée de marches de pierre où l’on foulait aux pieds le raisin, le jus s’écoulait par un trou qu’il me montre. Le « club-house » était le cellier rempli de tonneaux. Encore récemment, ils avaient des vignes et faisaient du vin. Les pièces de réception devaient se trouver à l’étage, là où mène l’escalier de pierre.

La maison garde encore beaucoup de mystères.