Trani

CARNET DU MEZZOGIORNO

Le port de Trani

La journée commence mal : la cafetière a fait sauter l’électricité dans toute la maison. Dépannage téléphonique avec le propriétaire qui me guide dans l’armoire des fusibles.

Sur la voie rapide SS16 (2×2 voies) de Giovinazzo à Trani, nous avons la surprise de découvrir un paysage industriel auquel je ne m’attendais pas du tout. Des zones industrielles se succèdent, hangars, centres commerciaux immenses alors que j’imaginais des villages de pêcheurs. Sidérurgie, chantiers navals sont abandonnés et rouillés.

Trani

Villa Communal et clocher de Sn Domenico

Trani est une ville de 50.000 habitants. La Via Cavour aboutit à une place devant la Villa Communale un jardin public sur une sorte de promontoire qui domine deux baies, celle du port dans une anse ronde autour duquel est bâtie la vieille ville dominée par le haut campanile et l’autre baie bordée d’une longue plage avec la ville moderne. Je commence la visite de Trani dans ce jardin très ombragé orné de statues. L’église San Domenico est en réfection, la façade est cachée par un échafaudage mais le campanile se voit à travers les frondaisons.

Trani : Chiesa de Ognissanti

Gardant pour cap le campanile du Duomo, je longe le port et découvre le chevet d’une petite église de style roman-apulien : trois cylindres de l’abside et des absidioles, avec une fenêtre haute fine ment décorée sur des murs lisses très blancs.

Chiesa de ognissanti : les Templiers

La  Chiesa ognissanti est l’église des Chevaliers du Temple(début Xième siècle). La côte Adriatique a été marquée par les Croisades et la présence des Templiers. Le premier document attestant de cette église remonte à 1170, elle resta aux mains de l’ordre jusqu’en 1312 (suppression de l’ordre par le pape Clément). Le portique est celui de l’Hospice des Chevaliers. A l’intérieur de l’église, deux rangées de trois colonnes de granite délimitent trois travées tandis que 4 piliers portent des chapiteaux bien usés, plafond de bois. Un garde, gardien ou religieux, porte l’habit blanc avec la croix rouge rappelant les Croisades.

Place San Marco, l’église Sainte Thérèse a une façade baroque.

Le Palazzo Caccetta (1449-1453), édifié par un riche marchand, a de jolies fenêtres aux fines colonettes.

Trani duomo, chevet

Suivant les quais, je parviens à la Cathédrale par l’arrière, chevet très haut, toujours 3 hauts cylindres. Une fenêtre très ornée. Le flanc est très sobre, 6 hautes arcades sont soutenues par des piliers. La façade est symétrique. Deux rampes d’escalier sont fleuries d’hortensias blancs et de roses, encore un mariage ; le marié vient d’arriver, les invités se pressent.

Trani duomo

L’accordéoniste rom a cessé de jouer pour que retentisse la marche nuptiale. Les touristes attendent sur la place. J’entre dans une crypte et j’ai la surprise d’en découvrir une seconde, plus bas et un escalier qui conduit encore plus bas. Tandis que la noce se met en place, j’examine la très belle porte de bronze, les colonnes portées par des lions fantastiques, les personnages et la dentelle de pierre autour du porche encerclant les trois arcades de chaque côté. Légèrement décalé, le campanile carré est vraiment vertigineux.

Trani, duomo portes de bronze

Au musée diocésain, se trouve « le Musée de la machine à écrire »  que je néglige pour aller faire un tour au château souabe de Frédéric II et de Manfred. Enorme forteresse carrée avec ses grosses cours carrées. En restauration, caché derrière des échafaudages.

Retour par des petites rues de la ville médiévale. La Rue de la Giudecca descend vers le port, j’y trouve l’ancienne synagogue du temps de Frédéric II (12ème 13ème siècle)devnue plus tard l’église Saint Pierre Martyr. La tortueuse via Ognissanti me conduit à une place triangulaire et à l’église basse San Francisco – cela change du roman-apulien. Une dame attentionnée me signale qu’il n’est pas prudent de mettre mon sac sur le dos. Quelle obsession, les voleurs ! La rue est vide, dans la foule je comprendrais…J’atteins enfin la ville moderne et retrouve la via Cavour, bien droite qui va directement à la Villa Communale.

Ajloun, le château de Saladin

CARNET DE JORDANIE

 

Ajloun, le château de Saladin

Théoriquement, c’est facile de se rendre de Jerash à Ajloun deux sites touristiques majeurs. La route, très large, est balisée  par de gros panneaux. Notre GPS s’empresse de nous faire quitter la grande route (sans doute pour faire gagner quelques km). Nous dévalons une colline plantée de vergers, arrivons dans un agréable village aux maisons cachées dans des jardins. C’est enchanteur mais le GPS clame « vous êtes arrivés » alors que je ne vois pas de château fort ! J’ai programmé Dayr Ajlun et non pas la citadelle. Nous demandons notre chemin « castle ? » sans succès « kalaat ? » on nous explique en arabe. Heureusement je sais dire « droit » et « gauche ». Après maints détours nous arrivons au bourg d’Ajloun bien embouteillé. Le château qui couronne la montagne se voit de loin.

Le château d’Ajloun

Construit par Saladin (1171 -1250), avec 4 tours, des douves et un pont levis. C’était une citadelle surveillant la route de Damas et le sud de la vallée du Jourdain, il sécurisait le passage des caravanes et des pèlerins passant par le Hedjaz. Il ne fut jamais conquis par les Croisés, mais pris par les Mongols  puis par les mamelouks et Baybars qui l’agrandirent. Le château avait aussi des activités métallurgiques protégeant des mines de fer.

Ajloun : pont levis et barbacane

Après le passage par la barbacane et le couloir en L, on entre dans une très haute salle voûtée. Un petit musée présente des poteries de l’Âge de Bronze, du verre et des lampes byzantines, et de l’époque mamelouke un dispositif pour filtrer le sucre.

Je parviens dans la Tour de Baybars – héros du conte du conteur de Hakawati de Rabih Alameddine – où je découvre toute une réserve de boulets de pierre.

Ajloun tour de Baibars

Vers la terrasse supérieure on découvre le système de récupération de l’eau : citerne et filtration par les plantes de l’eau des bassins. Chaque tour avait un garde qu’i s’occupait des pigeons (encore une référence dans Hakawati).

Retour par le même chemin qu’à l’allée route 35 puis soirée tranquille. Dîner dans la chambre de yaourt (labneh) de Sabri j’avais aussi acheté des feuilles de vignes farcies qui ont atterri dans la poubelle, trop vinaigrées.