le passé est une terre étrangère – Gianrico Carofiglio

LE MOIS ITALIEN D’EIMELLE

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Le mois Italien est l’occasion d’un voyage en Italie. Ici, nous partons pour Bari , une ville que je connais mal, contournée à l’occasion de vacances dans les Pouilles, traversée à deux reprises avant d’embarquer pour le Ferry vers la Grèce.

Ce n’est pas tant la ville que je vais explorer que les milieux très exotiques des tables de poker, poker snob chez les riches, poker miteux des salles clandestines. Fièvre des jeux, addiction et triche. Quand le jeu ne suffira plus pour déclencher l’adrénaline, le héros basculera dans des contrées encore plus interlopes.

Polar? oui, il y a une enquête : on cherche le violeur en série qui sévit dans la ville.

Comment les deux histoires, celle de l’étudiant qui se laisse entraîner par un ami manipulateur (à tous les sens du terme, puisqu’il est un peu prestidigitateur) et celle de l’enquête, comment vont elles converger. Il faudra attendre les dernières pages pour le savoir – même si on s’en doute un peu.

Polar très noir, sordide, même. Mais c’est la loi du genre. Chapitres courts, personnages attachants, ce livre se lit bien, même si il est loin d’être inoubliable.J’avais préféré de loin la Raison du doute du même auteur.

 

 

Le silence pour preuve – Gianrico Carofiglio

LIRE POUR L’ITALIE

trulli à Alberobello
trulli à Alberobello

Après avoir terminé Les Raisons du Doute avec grand plaisir, j’ai retrouvé Guido Guerrieri, l’avocat de Bari, dans une nouvelle enquête. Thriller très, très soft. L’enquête est loin d’être trépidante. Partie de presque rien. La disparition d’une étudiante, a déjà été classée par la police qui n’a rien trouvé. Les parents ne peuvent se résoudre à accepter cette disparition. Ils  chargent Guido Guerrieri d’étudier le dossier, espérant trouver une faille dans les recherches policières.

Un week-end  festif dans les trulli et la piste s’arrête à la gare d’Ostuni… Trois jeunes filles, deux amies et celles qui l’a accompagnée à la gare. Bien peu d’indices!

Nous suivons l’avocat dans les prétoires, plaidant d’autres affaires, dans son nouveau bureau avec ses collaborateurs, chez lui boxant son sac, à vélo dans la ville, en promenade dans ses lieux familiers….C’est un agréable compagnon qui aime les livres, le cinéma, qui est capable de réciter de mémoire les dialogues des films qu’il a aimés ou les images frappantes de ces films. Contemplatif, il laisse surgir des images de son passé. On en apprend davantage sur Guido  que sur  Manuela  qui, finalement ne nous intéresse pas tant que cela.

L’enquête se poursuit. Mais il vous faudra lire le livre pour connaître le dénouement.

 

Gianrico Carofiglio – Les raisons du doute

LIRE POUR L’ITALIE

Les raisons du doute par Carofiglio

Un polar qui se lit très bien. Style incisif, chapitres courts, une enquête bien menée. Pour changer, le héros, Guido Guerrieri,  est avocat.

Pourtant, l’affaire était très mal partie. Le client n’était pas un inconnu de Guerrieri, au contraire. Ce dernier reconnait en lui un des fascistes qui l’avaient roué de coups, adolescent. Guido n’a pas du tout envie de le défendre. Le prévenu clame son innocence dans une affaire de trafic de drogue où tout est contre lui. Pourtant le trafiquant insiste :

« On raconte que vous ne vous dérobez pas quand la cause est juste.On raconte que vous êtes un type bien »

Si Guido accepte de se charger du cas de Paolicelli, ce n’est pas pour la juste cause. Ce sont même pour de très mauvaises raisons.

Je ne veux pas spoiler, lisez-le plutôt!

Lettres d’Otrante – Geneviève Bergé

MOIS ITALIEN D’EIMELLE

 

L’arrivée d’un livre de La Masse Critique de Babélio est toujours une surprise.

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J’avais choisi le titre à cause d’Otrante . Il semblait entrer dans le cadre du Challenge initié par Eimelle. La présentation de l’éditeur parlait également de l’arrivée de clandestins,  ce qui est tout à fait d’actualité. Dernière raison de mon choix, l’envie de découvrir Otrante que nous n’avions pas atteinte dans notre tour des Pouilles.

Je remercie donc Babélio et les Editions Luce Wilquin  de ce cadeau

La Masse Critique c’est aussi un lecture « à l’aveugle » d’un livre qui vient de paraître et qui n’a pas encore été annoncé avec les tambours et trompettes de la renommée. Sauf si on a tiré un livre d’un auteur connu, on est dans les premiers à découvrir une pépite ou un pensum. C’est le charme de l’opération. 

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Le choix est donc important, et le résumé de l’éditeur primordial. Finissons en avec le sujet qui fâche! Ce n’est pas un livre sur l’arrivée des clandestins. Des clandestins, nous n’en rencontrerons que deux – une mère et sa fille érythréennes – bien intégrées semble-t-il, plus une ombre furtive avec une capuche orange. Bien sûr, il y a la rumeur qui meuble les conversations du bar de Fabio, pour les conversations du café du commerce point n’est besoin d’aller au bout de la botte italienne….

 

 

mosaÏque d'Otrante

La mosaïque de Pantaleone est la bonne surprise du livre.

 

J’aurais toutefois aimé en savoir plus .Comment on s’y prend pour la restaurer.Est-ce qu’on nettoie les tesselles? Est-ce qu’on les remplace. Quelles ont été les études préalables? Qui sont les restaurateurs, des mosaïstes, des archéologues? Aafke, l’épistolière, décrit les motifs qu’elle restaure, je pressens des merveilles cachées, des symboles bibliques, des allusions à la vie au Moyen Age, des légendes locales comme celle du tireur d’épine qui m’a charmée. Il y avait sans doute plus à raconter sur cette mosaïque qui est l’une des plus étendue d’Italie. J’ai passé 3 jours pleins à Ravenne sans me lasser, je suis absolument fan de mosaïque.

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Jolie évocation de la petite ville d’Otrante hors saison et des masserie dans la campagne environnante pour le challenge d’Eimelle!

 

 

 

 

Le véritable sujet des Lettres d’Otrante est beaucoup plus grave. Aafke raconte son quotidien, la mosaïque,son installation dans le studio de Simona, son chaton … à Peter. Qui est donc  ce Peter qui ne répond jamais, ou par un seul mot? Un ancien ami, un ancien amant? on ne le saura pas. Analyste ou analysant, quand elle fait allusion à Lacan. Ses réponses laconiques sont comme les petits mots par lesquelles l’analyste relance le discours de l’analysant. Le monologue d’Aafke y ressemble. Monologue mortifère qui commence par le massacre d’une portée de loirs, continue avec une naissance gémellaire qui s’est mal passée, arrivée de corps des migrants sur la plage, sans parler des ossements des martyrs du massacre des turcs en 1480….la mort est toujours présente. Et c’est plombant! J’ai failli refermer le livre avant la fin. Au fil des lettres on comprend mieux le sens de cette correspondance. (je ne veux pas spoiler). Il vaut mieux être prévenu, et je ne l’étais pas. 

logo eimelle, le mois italien

Ischitella : arrivée à la Masseria

CARNET DES POUILLES

la masseria giordano


Je me présente à l’interphone, on nous ouvre le cancello électrique. La propriété est boisée avec des chênes et des oliviers magnifiques. Notre logement est situé dans un bâtiment tout en longueur crépi de jaune avec six portes modernes aux persiennes métalliques vert foncé devant une terrasse au carrelage moderne orange, chaises en plastique blanc.

L’accueil est cordial.

La chambre est  très grande: dans une alcôve, un lit « matrimonial » recouvert d’un très beau tissu rayé vert et doré.  Il y a la climatisation et la télé mais pas de frigo et rien pour faire la cuisine. Abasourdie, je sors :

-« où est la cuisine ? »

– »Vous n’aviez pas commandé de cuisine » affirme Giordano avec aplomb.

Je fouille dans mes papiers pour lui montrer les mails que j’ai imprimés. Le seul appartement avec cuisine est occupé jusqu’à lundi, les gens devaient partir samedi, ils ont prolongé…

La demi-pension est à peine plus chère que l’appartement 2×35€ au lieu de 60€ ,mais nous sommes furieuses et déçues. Giordano essaie d’être aimable pour rattraper sa bévue. Il nous propose un coin pour nous dans le frigo du restaurant. Bien sûr, nous pourrons dîner où nous voudrons.

Ischitella

Ischitella est perchée sur une colline, elle épouse le petit sommet pointu, ce qui lui donne un air de cône blanc qui se voit de loin. A quatre heures, c’est encore la sieste, tout est fermé. Nous faisons un tour dans le Centre Historique. Ce qui me plait le plus, ce sont les portes arrondies et finement ouvragées. Pour le ravitaillement, nous trouvons un petit supermarché. A l’edicola (mot qui m’amuse beaucoup) j’achète une carte du Gargano pour organiser nos excursions.

Un orage a éclaté et lavé à grandes eaux les rues du village et la route mais le soleil est vite revenu.

La plage

La plage est située à une douzaine de kilomètres à Foce di Varano. La petite station balnéaire a l’air ancienne, village de vacances aux basses maisons blanches un peu délavées, des campings, quelques hôtels dans des proportions raisonnables. Les rues qui conduisent à la mer ont des noms de villes : Napoli, Messina,  Palermo, Catania…. Nous découvrons une plage de sable sans installation. Chaque famille est regroupée autour de son parasol. Le public est très familial plutôt pudique : pas de seins nus, pas de strings, les femmes ont souvent une sorte de paréo ou de résille pour cacher le slip échancré.

Il est six heures nous nous installons sans craindre le soleil. L’eau est tiède, il faut aller loin pour avoir de l’eau assez profonde pour nage. Les vagues sont tranquilles.

Quand nous rentrons à la Masseria, nous faisons connaissance avec madame Giordano. Peu au fait de la méprise de son mari et de notre déception, elle refuse sèchement que nous dînions ailleurs que dans la sale à manger ou sur la terrasse. Puis tout s’arrange par magie. Le serveur, tout jeune est très gentil. On lui donne un pourboire, il nous installe sous le chêne devant notre chambre.

Le dîner est gastronomique : bruschetta à l’aubergine, fromage divers et variantes comme antipasti (on embarque le fromage pour le pique-nique de demain). Primi : des pâtes très épaisses et peu cuites avec une délicieuse sauce aux asperges Nous calons devant la viande mais je mange volontiers la pastèque. J’adore cela mais il faut être nombreux pour en entamer une. La nuit tombe, nous écoutons les oiseaux, les clochettes des chèvres, les chiens. Une bonne douzaine de chats nous tiennent compagnie. Il fait si bon que nous rentrons nous coucher à regret.

Foret de l’Ombre

CARNET DES POUILLES

les toits de Monte ant Angelo

 

Le petit déjeuner est italien : capuccino et biscuits secs . Je n’ose pas manger les tartines de gros pain qui me font pourtant très envie.

Le dimanche est un jour redoutable pour les touristes : les autochtones qui connaissent les meilleurs coins occupent les plages et les sites. Dans les églises, la messe. Et l’après midi, tout est fermé ! Nous fuyons donc la plage pour aller explorer la forêt de l’Ombre. C’est une forêt d’altitude protégée par le Parc National du Gargano.

Nous achetons à Vico del Gargano salami et gâteaux. Le village perché, blanc, a des rues intéressantes avec des balcons en avancée et des maisons tarabiscotées. Il faudrait revenir faire des photos ou dessiner ;

Les fameux hêtres sont magnifiques, très hauts. En sous-bois, on trouve aussi du houx et du petit houx. Des panneaux expliquent le travail de conservation du Parc, les différentes associations de végétaux. Ils signalent des ifs millénaires. Tout cela est très bienfait, très pédagogique, un peu trop, peut être ?

Aujourd’hui, Dimanche, la forêt est très fréquentée : dans chaque coin aménagé les grandes tables sont prises d’assaut. Dès dix heures  on a installé des toiles cirées colorées. Pendant que les jeunes se promènent, les grands-mères surveillent leur territoire. Les hommes allument de grands feux. C’est prévu. Une famille a même installé une sono et tout le monde danse. Nous trouvons à grand peine un emplacement pour garer la Panda Bleue (tous les parkings sont pris) et nous engageons sur un itinéraire balisé qui nous mène à un petit lac et à un marché artisanal puis à la Maison du parc.

Le Centre des Visiteurs a pris pour thème l’exploitation du bois. Le petit musée montre des échantillons de toutes les essences, bruts, polis ou vernis. Un village de charbonnier a été reconstitué. Dans un enclos, des daims attendent et réclament des friandises. Cela fait zoo mais qu’importe, les petits sont si mignons ! Pique-nique sur le bord du lac très poissonneux. Les poissons aussi attendent les croûtes de pain et font un spectacle amusant. Malgré la fréquentation du parc, nous rencontrons des animaux  de minuscules grenouilles couleur de feuille morte et de terre et de belles tortues d’eau.

Nous rentrons vers 14H pour une belle sieste. Rien ne presse, les plages sont envahies, les villes désertes.

Le Lac de Lesina – dîner gastronomique

CARNET DES POUILLES



Selon un article de  Géo,on pourrait observer des oiseaux sur le lac de Lésina et les pêcheurs pourraient nous emmener en barque, plan alléchant!

Nous n’avons aucune idée de la distance,  négligeant la voie rapide, nous prenons des petites routes qui tortillent. Le lac de Varano est visible de loin. C’est une belle étendue d’eau fermée par un cordon littoral l’ isola occupé par une forêt et de nombreux campings. Le lac de Lesina est beaucoup moins grand, on le devine à peine dans le paysage.  La campagne est surtout cultivée de légumes : tomates, pommes de terre, aubergines. La terre est noire. Il se dégage une impression d’abandon. Les belles masserie tombent en ruine. Nous traversons des hameaux fantômes des baraques de ciment qu’on pourrait croire bombardées. Les petits aqueducs en ciment sont aussi à moitié écroulés. En revanche, dans les villages, les immeubles poussent comme des champignons. Nous avons parcouru plus de 70 km quand nous arrivons à Lesina, gros bourg. Les hommes sont assis au café, jouant aux cartes ou, assis sur leur chaise face à la rue. Pas une femme, on se croirait en Grèce. Nous cherchons le lac. Impossible de l’approcher. Nous arrivons dans un quartier tranquille, vieilles maisons, rues dallées de pierres blanches, les gens ont sorti leurs fauteuils dans la rue « Il faut retourner en arrière »

Puisque le lac est inaccessible à Lesina nous suivons les panneaux Marina di Lesina dans une circulation très dense de dimanche à la mer. Immeubles blancs, supermarchés, toboggans aquatiques, villages de vacance, lido de truc, lido de machin, plages payantes, parkings payants…et toujours la foule. Nous avons fait 75km sans voir la mer.

Au retour, nous montons sur la voie rapide que nous ne quittons que pour emprunter la voie littorale sur le cordon dunaire de l’ »isola ».

Enfin la plage ! Tous les baigneurs du dimanche sont partis. La plage est à moi pour ma promenade le long de l’eau et une baignade en eau tiède dans de jolies vagues.

Dîner gastronomique à la masseria

Antipasti de poisson : tronçons de poulpes avec carottes et pommes de terre au vinaigre. Les poulpes sont très tendres.

Bruschetta de tomates délicieuses fermes et sucrées à côté de la petite friture.

Primi :orecchiette, petites oreilles épaisses et fermes faites maison, avec de la sauce tomate et parmesan.

En secundi, poissons décorés d’olives dont on donne de généreux cadeaux aux chats qui nous entourent.

fruits : pastèque et des figues de la Masseria. Je n’en ai jamais mangées de pareilles : robe jaune, intérieur brun, elles ont le goût des figues sèches, très parfumées.

Aigrettes à Foce di Varano, figues et escargots…

CARNETS DES POUILLES

les figues de la masseria giordano

 

Ce matin, il pleut .

Nous faisons nos courses à Foce di Varano et cherchons le sentier qui longe le lac pour l’observation des oiseaux. Nous interrogeons les gens en leur montrant le joli dépliant du Parc avec les photos des spatules et des canards. Personne n’en a entendu parler.

Belle promenade le long du canal à l’affût d’une jolie photo : des filets ou des nasses sont accrochés à des rangées de piquets. J’essaie différents cadrages sans être convaincue. Peut être sous un autre éclairage ? A l’aide de la carte du dépliant, nous trouvons la petite route qui se transforme en piste blanche sur le bord du lac. Les hirondelles sont nombreuses, banals les mouettes et les goélands. Soudain, s’envole une aigrette. Nous avons fixé comme terme à notre promenade un îlot vert. Si nous devons observer des oiseaux, ce sera sur cet îlot.

En effet, quatre aigrettes marchent lentement. Un cormoran est à ajouter à notre tableau de chasse. Sans compter les innombrables libellules grises, jaunes ou rouges, les lézards. Le ciel est dégagé sur la mer, les nuages restent solidement accrochés à la montagne.

Le beau terrain  de la Masseria boisé de chênes imposants est planté d’oliviers, de figuiers et d’autres fruitiers.

Les figuiers ont un tronc épais ils paraissent vieux. Ils ont été taillés pour la cueillette des fruits. Au lieu d’avoir un épais feuillage comme les figuiers sauvages, les feuilles sont disposées en bouquets aérés. Les figues sont jaunes, énormes, très nombreuses avec la peau fine, la chair blanche et souples, les grains dorés, les pépins sont tellement  fins qu’on ne les sent même pas. Des pots contenant des plantes vertes sont suspendus dans l’arbre.

Trois petits noyers sont alignés en face des chambres. Dans l’herbe on a installé les géraniums en pleine terre ainsi que deux aralias et deux cycas. Un peu plus loin, sous un chêne, deux tables où nous avions dîné.

Les trois dames ramassent des escargots sortis après la pluie.Pour leur parler, je leur montre mon dessin et fait une photo- souvenir puis les invite à venir sur notre terrasse regarder les photos de Naples. On presse des oranges et restons un bon moment à bavarder. La dame est très ouverte, elle commente les photos de Naples qu’elle connaît. Nous parlons de la Masseria. Cette année la saison est très calme. Avant le passage à l’Euro, les Allemands venaient nombreux à cause du change avantageux ? Maintenant, la clientèle allemande a fondu. La dame est tout à fait anti-européenne. Je lui parle des subventions : seuls en profitent les gros. Ses enfants ont bien cherché à obtenir des aides de l’Europe, rien ! Toute l’année la Masseria accueille des clients : l’hiver ce sont les chasseurs

Corniche jusqu’à Vieste – incident à la pompe!

CARNET DES POUILLES



 

Les animaux de la ferme m’ont tirée du lit : le coq, les paons font du raffut. Il pleuviote,  le ciel est chargé de nuages.

Route en corniche sous la pluie

9 heures, la pluie tombe plus sérieusement, le ciel est noir d’orage. Rodi Garganico sous une grosse pluie. La longue plage, à moitié aménagée, à moitié libre, paraît plaisante. Si nous voulions louer un parasol ce devrait être ici.

A l’entrée de Peschici la côte est très jolie : des petites criques des falaises blanches, des tours carrées, de jolies oliveraies, des bois de pins. La grande route évite Peschici et coupe par l’intérieur des terres dans les oliviers.

Vieste est  très décriée par le Guide du Routard et Géo. Je m’attendais à des quartiers d’immeubles. Les villages de vacances et  les campings sont plutôt discrets cachés dans les arbres.

On gare la Panda sur le port à l’embarcadère des barques pour la visite des grottes. Nous visitons chaque ruelle en pente avec ses boutiques de souvenirs, de fringues ou de bijoux, ses restaurants.

les ruelles

La ville est construite sur un éperon rocheux, falaise de craie blanche, s’avançant dans la mer entre de jolies plages de sable .Au sommet, le château de Frédéric II, zone militaire. Juste en dessous, la cathédrale qui nous ferme ses porte  : il est midi.

La « pierre amère » rappelle le sac de la ville par le corsaire turc Dragut qui massacra là tous les habitants de Vieste inaptes à être vendus comme esclaves en 1554.

La ville est charmante avec ses escaliers, ses ruelles. Elle est un peu touristique, peut être, mais pas envahie en ce début de Juillet. Hélas le rivage est inaccessible : les villages de vacances en interdisent l’accès. Seuls quelques lidi privés avec restaurants, parasols… sont ouverts moyennant finances. Jusqu’à Peschici, toute cette belle côte convoitée de loin est lotie en plages privées. Encore une fois, je me félicite de l’existence de la loi littorale en France qui bannit ces excès.

 

L’automate de la station service

A Rodi Garganico, il pleut autant que ce matin. De plus, tout est fermé, même la station AGIP, sauf les pompes automatiques. Déjà, l’an dernier, à Volterra, nous avions eu des déboires avec une telle machine. Oublieuse de cette expérience, j’essaie de faire le plein. Il y a bien un vieux gardien assis sur une chaise qui me hèle sans daigner se lever de son siège. Sans méfiance, j’introduis la carte VISA 1er – toute neuve- qui reste coincée. Tout le monde s’en mêle : trois jeunes conseillent de faire le code ce qui fera peut être ressortir la carte. Un monsieur moins jeune suggère « une pinzetta à dépiler les cils ».On  s’énerve et dit que les Italiens sont des cons. Le vieux qui s’est approché a compris, il traduit aux jeunes : elle les a traites de stronzo. On frôle l’incident diplomatique. Les jeunes sont sympas, ils ne se fâchent pas mais persistent dans leur idée. Le vieux se drape dans sa dignité, va s’asseoir sur son siège. Il faut attendre 4 h que le propriétaire de la station service arrive. Je fais le guet devant l’automate pour qu’il n’arrive rien à la carte. Chaque fois qu’une voiture s’approche je fais fuir les clients « la machina è guasta ! » et je raconte l’histoire de la carta blocata. Un monsieur, très comme il faut, parlant très bien français, essaie de nous aider. Lui aussi tient pour la pincette à dépiler. Ce qui est étrange c’est que tous les témoins de l’incident (sauf les trois jeunes) restent à attendre le pompiste. Comme si leur présence était nécessaire. Peut être s’ennuient ils pendant la sieste, nous leur avons fourni un peu de distraction ou alors attendent ils simplement la fin de la pluie ? Enfin le patron arrive, ouvre la machine avec sa clé. Mais la carte ne réapparaît pas. L’intérieur de la machine est plein de rouleaux de papier déroulés, de fils déconnectés. Il semble que personne ne se soit servi de carburant en payant par carte Bleue. D’ailleurs, j’ai eu le loisir d’observer que les italiens introduisaient des billets de 5€ ou  rarement de 10€, jamais de 20 en tout cas ! On finit par retrouver la carte noyée dans la graisse qu’il faudra dissoudre avec de l’essence. Après avoir récupéré la carte on retire 20€ au bancomat pour vérifier que le nettoyage au pétrole ne l’a pas démagnétisée. L’incident est clos, tout du moins, je l’espère !

De retour à la Masseria Giordano, l’appartement s’est libéré. Il est prêt pour nous. Il ne reste plus qu’à déménager et à faire les courses. Nous retournons donc à Foce da Varano pour me baigner et trouvons tout ce qu’il nous faut dans un grand supermarché.

Monte Sant Angelo

CARNET DES POUILLES

Saint Michel, l'Ange

L’histoire de l’Ange

L’Ange,  Saint Michel,   est apparu trois fois au cours de l’époque byzantine.

Au cours des guerres entre Byzance et les Lombards,  à l’évêque de Siponto, apparenté au Basileus de Byzance, il a promis de l’aider à la quatrième heure au cours de la bataille contre les Lombards. A l’heure dite,la terre trembla.

Une autre apparition concerna un taureau qui aimait paître seul. Son maître ne le retrouvant plus, organisa une battue à sa recherche, avec ses gens et ses serfs. Ayant trouvé l’animal, le maître, irrité, lui décocha une flèche. Celle-ci fut déviée par la main de l’Ange et retournée contre le méchant homme.

Toute la petite ville est donc vouée à l’Ange qui veille sur de nombreuses portes, au dessus des églises et des belles demeures. Monte Sant Angelo est un lieu de pèlerinage très fréquenté depuis l’époque byzantine ainsi qu’une étape sur la route des Croisades.

Une église « française »

A l’entrée de l’église San Michele, un homme nous aborde en Anglais puis en Allemand, il nous regarde mieux « Vous êtes italiennes ? »- coup d’œil à notre Guide Bleu – « françaises ». Il a habité à Paris. Il est ravi de nous expliquer en français que c’est une église angevine, donc française, avec ses arcs gothiques. La pierre très blanche est sculptée de bas reliefs très fins.

Crypte

Ce n’est pas une église, seulement une façade d’église : on descend 86 marches pour arriver à la crypte, dans la grotte où se déroule la messe. Nous essayons discrètement d’observer les portes de bronze faites à Constantinople en 1076 et la statue de l’Ange de Sanseverino toute dorée.

Un couloir nous conduit à une deuxième grotte. Sur les murs, des panneaux racontent l’histoire de MonteSantAngelo ainsi que la vie de Jean Paul II.

Nous remontons à la lumière pour photographier le beau campanile octogonal rappelant le château de Castel del Monte de Frédéric II . Justement, ce matin, j’ai lu le texte sur Castel del Monte dans le Voyage en Italie de D Fernandez.

La ville blanche

Nous nous promenons au hasard dans le village, ne manquant pas de visiter San Pietro et Santa Maria Maggiore, deux églises romanes tout à fait originales avec une décoration extérieure en losange et des fresques « de facture » byzantines.

La ville est toute blanche, tout en escaliers aussi ! Des enfants jouent au ballon sur une placette. Les escaliers ont l’avantage d’interdire la ville aux voitures garantissant le calme. Certains quartiers comportent de beaux palais du 17ème et du 18è.D’autres sont construits de plusieurs rangées de maisons identiques et mitoyennes coiffées de toits à double pente couverts de tuiles romaines.

Château

chateau normand - souabe - angevin

Nous terminons la visite par celle du château normand souabe angevin Le grand Frédéric II y installa ses quatre épouses. Manfred, Constance et Violante, ses enfants y naquirent ? C’est de Manfred que Manfredonia tire son nom. Le château devint une prison où furent enfermées Filippa d’Antioche et ses enfants puis Giovanna d’Anjou. Sous la domination aragonaise le château prit l’aspect qu’il a encore maintenant. De 1552 à 1802 il appartint aux Grimaldi. Toute cette série de personnage m’enchante. J’aimerais en apprendre plus surtout sur Frédéric II dont j’ai croisé les pas en Sicile et rencontré fortuitement en lisant Baudolino d’U. Eco, il y a quelques années, il faudrait le relire.

Le château a encore une très belle tour ronde aux murs très épais, un chemin de ronde et les murs d’un donjon rectangulaire. Le noyau le plus antique, la Tour des Géants pentagonale est moins reconnaissable  .La feuille commentant la visite en français parle de domination durazzese – qui sont ils ? Düres, en Albanie est juste en face mais rien de sérieux n’étaye cette hypothèse.

les Daunes

Dans une belle salle décorée d’oriflammes on a installé des vitrines contenant des témoignages archéologiques des premiers habitants du Gargano : les Daunes : poteries, outils et lances de bronze. Ces trouvailles ne sont pas spectaculaires à l’exception d’un très joli cheval en terracotta. Les Daunes élevaient des chevaux. Ici intervient un personnage homérique : Diomède qui est associé, je ne sais comment, aux chevaux. je devrais relire l’Iliade et l’Odyssée. Comme Ulysse, à son retour de Troie, échoue dans la région et mourut aux îles Tremiti où ses compagnons furent transformés en oiseaux ressemblant aux cormorans : les oiseau de Diomède.

De l’Ange Michel aux oiseaux de Diomède, mythe et histoire s’entrelacent et ce village blanc perché sur son arête est baigné de poésie