Nous avons passé des vacances à nombreuses reprises dans les environs de Perros Guirec. J’étais sûre d’avoir commenté cette promenade archi classique et archi connue.
Cette fois-ci, je suis partie de la plage de Trestraou qui est la plus grande de Perros Guirec, 1.4 km de sable fin, le casino (en travaux) et l’embarcadère pour les Sept Îles.A la sortie de la plage on monte environ 50 m pour trouver le sentier côtier en direction de Ploumanach. C’est une des promenades les plus touristiques de Bretagne, elle est donc très fréquentée y compris en Octobre ou en Janvier. J’étais curieuse de la parcourir en été mais finalement les couleurs étaient plus contrastées cet hiver avec des ajoncs fleuris se détachant sur des nuages gris. Il y avait aussi moins de touristes.
Avec l’effet de surprise en moins, je ne peux pas m’empêcher de photographier les rochers spectaculaires et le phare de Ploumanach. C’est marée basse, le petit oratoire de la plage de Saint Guirec attire les touristes. je trouve le GR34 après la chapelle m’amuse à tourner parmi les rochers avant de déboucher sur le port que je longe jusque aux moulins à marée .
île Renote en janvier
Le parcours dans Trégastel est plus tranquille. Nous nous donnons rendez-vous à la plage Sainte Anne. Nous pique-niquons à l’Île Renote. les rochers sont aussi pittoresques qu’à Ploumanach avec la foule en moins.
île Renote en octobre
le GR 34 passe sur la plage où se trouve le très beau complexe aquatique (piscine) puis le trajet est plus accidenté, un peu plus sportif jusqu’à la très belle plage de la Grève Blanche.
Il y a un beau soleil et des baigneurs dans l’eau. Enfin je vais me baigner! Ce fut court, avec de l’eau à la taille je suis saisie par la fraicheur. D’ailleurs personne ne nage. La mode est au longe-côte avec ou sans combinaison.
La Pointe de Plougrescant est délimitée par l’estuaire du Jaudy et Tréguier à l’est et la petite anse de Gouermel à l’ouest. L’appli Visorando propose de démarrer le circuit au village de Plougrescant (attention à prévoir le pique-nique avant pas de ravitaillement) puis de suivre la route jusqu’à la Baie de l’Enferoù un ruisseau Le Lizildrya son estuaire. On trouve le sentier côtier GR34, bien fléché qu’il suffira de suivre. L’avantage de l’application Visorando est le GPS : un point bleu géolocalise la randonneuse qui se trouve rassurée(il m’arrive de prendre la direction inverse et de perdre du temps) .
Porz Scaff bel endroit pour un pique-nique
Le lieu-dit de L’Enfer se trouve dans l’ombre ce matin à 9h30, rien d’infernal, la campagne est riante. Le GR bien balisé longe la côte dans un sous-bois très frais sous des hêtres et des châtaigniers. le sentier est bien entretenu. Quand on aborde des propriétés privées une corde toute neuve court entre des piquets de bois, aucune chance de se perdre.
Castel meur
Je longe des champs de choux et arrive au lieu-dit du Castel avec des maisons anciennes de pêcheurs. je retrouve Dominique à côté de la Pointe du Château puis à la Maison du Littoral (grand parking) proche de Castel Meur – la petite maison en encastrée entre les gros rochers . Cette section du sentier littoral est spectaculaire et facile.
Buguélés
De Porz Scaff à Gouermel, j’abandonne le parcours de Visorando pour rester sur le sentier côtier qui est parfois séparé de la côte plate par de petites lagunes. J’arrive sur la pointe de Buguélés rocheuse et festonnée mais le sentier se perd. Comme c’est marée basse je descends sur l’estran et galère un peu sur des rochers glissants.
Nous avons vu ces chapelles, cet hiver, fermées. Les Journées du Patrimoine sont l’occasion d’en découvrir l’intérieur. Nous avons passé une bonne partie de l’après-midi à une sorte de rallye d’une chapelle à l’autre.
En route d’abord pour Port Blanc
L’estran est découvert à marée basse. Il se déroule une course à pied : Le Trail de l’Estran sous le patronage du Télégramme de Brest. Les coureurs passent par petits paquets, groupes d’amis ou en famille. Une voiture s’arrêt « Vas-y Papa » . Je voulais justement emprunter leur parcours. pas de problème, le commissaire de la course m’engage à marcher : » Au moins vous aurez le temps de profiter du paysage » . Trois dames de mon âge me demandent : « vous avez vu les coureurs? » moi :« oui devant! » – « bien sûr devant! » rigolent les coureuses qui n’ont aucune prétention de battre des records mais plutôt de finir le parcours. Ils courent sur le sable puis sur les galets, enfin sur les rochers. Comme c’est peu confortable en sandales je monte sur la digue où se trouve le GR 34
Premier pique-nique : crevettes grises, nos préférées.
L’après midi est dédié aux chapelles ouvertes exceptionnellement aujourd’hui.
Chapelle Notre Dame de Port Blanc
la chapelle est fleurie comme pour un mariage
Bien cachée à l’écart du village, son toit à deux pans surgit de la pelouse, on la croirait enterrée. Elle est très ancienne. Au XIIIème il y avait là une tour de guet. Pour l’occasion des Journées du Patrimoine, on a décoré la chapelle avec de grosses têtes d’hortensias bleus comme pour un mariage. Deux belles maquettes de voiliers(sans doute des ex-votos) pendent du plafond. Dans un coin la chaire à prêcher est peinte avec un décor floral.
Chapelle de Saint Gonval
Chapelle et tumulus de Tossen
Sur la route de Buguélés. c’est une chapelle toute simple rectangulaire de petite taille, moderne (1914-1915). Elle est décorée de statues anciennes en bois.
A proximité de la chapelle ; un alignement de dalles de granite en cercle : reste du tumulus de Tossen du néolithique moyen (2300 av. J.C.). ces pierres entouraient la base d’une colline artificielle de 10 m de haut?
Saint Nicolas de Buguélés
Construite au Moyen Age, elle fut gravement endommagée au XVIème siècle et rebâtie à cette époque. L’aménagement intérieur le plus remarquable est un balustre (1649) séparant le chœur de la nef. le bois est gravé d’une inscription.
Une dame et une petite fille m’accueillent gentiment et me donnent l’historique de la chapelle sur une feuille dactylographiée. La petite fille est toute fière de m’annoncer que c’est sont arrière-arrière-grand-père qui a réalisé la maquette de bateau suspendue.
Saint Gonéry de Plougrescant
Le curieux cloché cassé de Saint Gonéry
le clocher de bois recouvert de plomb penche curieusement. L’enclos paroissial a une belle chaire à prêcher extérieure?
J’ai la chance d’assister à une visite guidée. Le conférencier détaille les fresques du plafond de bois peint au 15ème/16ème siècle et restaurées avec des couleurs très vives.
Adam et Eve au Paradis avant la Chute
Sur me registre du haut est figurée la Genèse. Adam et Eve, au Paradis nus sont curieusement couverts de feuilles sur une sorte de collant. Après la Chute, ils trouvent des outils : une houe pour travailler la terre et une herminette pour construire une maison. Eve a une quenouille pour filer. Sur trois tableaux on constate l’amélioration de la maison et des habits. naissance de Caïn puis celle d’Abel, Caïn est déjà jaloux et se cache derrière un pilier.
Résurrection de Lazare
Le registre inférieur relate les scènes de la vie du Christ ; Résurrection de Lazare, la Cène et la Trahison de Judas?
la Cène
Le grand tombeau de pierres est celui de l’évêque Halesgoet.
Plougrescant
Il fait si beau que nous n’avons pas envie de rentrer. Arrêt à Porz Scaff. je suis le sentier côtier jusqu’au site du Gouffre parmi des rochers spectaculaires.
Tréguier maisons à pans de bois. A droite la Maison de Renan à gauche « à vendre »
Sous un soleil radieux, cette Journée du Patrimoine est l’occasion de nombreuses visites qui commencent toutes à 10h30. Je peux flâner dans la ville en attendant.
Parking place des Halles juste en dessous de la cathédraleSaint Tugdal Autour de la Place des Halles : d’un côté des maisons à pan de bois curieusement incurvées au premier étage, en face le mur du cimetière fleuri d’une épaisse guirlande orange et rouge surfinias mélangé à d’autres fleurs. En dessous la fine table de pierre des poissonniers les jours de marché (le mercredi)
Cathédrale de Tréguier : remarquer les couleurs des cartes coeur, pic carreau et trèfle sur le clocher
En face de la Cathédrale Saint Tugdal, Autour de la place : pâtisseries, cafés, boutiques diverses. Je monte par les rues qui se faufilent entre maisons à pans de bois et façades de granite élégantes et qui conduisent aux austères bâtiments d’un couvent. Lorsqu’on découvre la ville de Tréguier on est impressionné par l’importance de ces bâtiments ecclésiastiques, Palais épiscopal, Séminaire, monastères, couvents…
Tréguier La Douleur
Je retourne à la voiture poser les pâtisseries du pique-nique de midi et emprunte un nouvel itinéraire, le long du cimetière pour arriver à l’Hôtel de Ville après avoir traversé un jardin ressemblant un peu à un labyrinthe avec des rangées de charmilles. Je passe sous un porche pour me trouver de l’autre côté de la Cathédrale devant une belle statue de pierre sombre : La Douleur – monument aux morts de la Grande Guerre ; une veuve est assise, elle porte la coiffe de Tréguier. Du coin de la place s’élève une rue bordée de maisons de notables aux façades soignées. Des venelles aux vieilles pierres de granite émoussées fleuries de pâquerettes des murailles (Erigeron karvinskianus) au feuillage très léger comme de l’asparagus. L’une d’elle est la Venelle des Trois avocats, quel nom pittoresque!
la Maison de Renan
Renan et Athéna sur la place de la Cathédrale
10h30, retour sur la Place des Halles pour la visite de la Maison de Renan. C’est une maison à pans de bois peinte en orange. Maison d’armateur, les notables les plus riches de la ville, située dans une rue qui descend vers le port. Elle est même équipée d’une vigie, pièce sous le toit permettant à l’armateur de surveiller ses navires rentrant au port.
Ernest Renan
La visite commence par un vidéogramme de 20 minutes. je connaissais le nom de Renan, je savais qu’il avait écrit La Vie de Jésus qui avait fait scandale en son temps mais j’ignorais tout de l’homme. Ernest Renan est né à Tréguier en 1823. Il a fait dans la ville ses études secondaires. Elève brillant au séminaire, il se destine d’abord à la prêtrise puis s’en détourne et étudie à paris les textes sacrés en latin, grec et hébreu, devenant un spécialiste en philologie. Napoléon III lui confie une mission archéologique en Palestine « en Phénicie » . Il rédige La vie de Jésus à son retour. Sa parution fait scandale et il est révoqué de son poste au Collège de France, poste qu’il retrouvera en 1870. Il voyage aussi en Grèce, ce qui explique la statue de la place en compagnie d’Athéna, déesse de la raison. Un nouveau scandale éclata quand on érigea la statue. A ma suite de manifestations houleuses on décida d’installer un calvaire pour contrebalancer la statue laïque.
Deux pièce à l’étage contiennent des souvenirs de Renan. Dans une pièce on a reconstitué le bureau du collège de France avec sa bibliothèque. Une exposition de photographies deNadar est particulièrement bienvenue. Les portraits de contemporains de Renan font revivre la vie intellectuelle de cette époque. On y voit George Sand, Garibaldi, Victor Hugo, Sainte Beuve, Gambetta, les frères Goncourt….Chaque portrait est accompagné d’une notice biographique présentant le personnage et un court texte de Renan. Admiratif pour Hugo et George Sand, vacharde pour Sainte Beuve et les Goncourt.
Renan est considéré comme le précurseur de la Laïcité préconisant dès 1871 la Séparation de l’Eglise et de l’Etat.
J’ai beaucoup aimé cette exposition et téléchargé La Vie de Jésus.
Ce « jardin suspendu » se trouve sur une pente très raide dominant l’estuaire du Jaudy.
Son histoire remonte à 1880 quand Aristide Tallibart, un marchand revenant de Constantinople, fut mis en quarantaine au pied du roc et imagina d’y construire une villa d’inspiration orientale. Son fils bâtit au début du XXème siècle un manoir néo-breton. En 1965, le nouveau propriétaire, ingénieur agronome, dessina un jardin où se mêlent essences exotiques et indigènes. C’est donc un parc bien installé avec des arbres de haute taille, acclimatés depuis des décennies, pour figurer des zones climatiques (méditerranéenne, australe, himalayenne). Des sentiers serpentent en longues boucles, descendant la pente pour arriver au bord de l’eau pour arriver au manoir fleuri (salon de thé).
Kestellic
Cette promenade est un enchantement parmi les hortensias et hydrangeas, aux grosses têtes fleuries bleues, blanches ou roses, certaines très originales. On passe des ruisselets qui vont de sources en bassins sous des bosquets.
Kesetellic hydrangéa bleu
Il était temps de venir : ce sont les derniers jours avant la fermeture hivernale!
La météo est exécrable mais on ne se laissera pas intimider!
Quand nous arrivons, le port de Portsall est très tranquille ce mardi de fin septembre. Je trouve les balises du GR34 rue des Pêcheurs. Il passe entre les maisons sur de petites rues puis suit la côte découpée de pointes rocheuses terminée par des rochers spectaculaires. Je retrouve Dominique garée devant un minuscule port, pas de quai mais une dizaine de bateaux à l’eau.
limicoles
En face, la très belle plage de sable de Tréompan. J’aimerais la parcourir pieds nus mais il fait très frais et j’ai peur de ne pas passer les barres rocheuses qui coupent la plage. La mer est haute mais de faible coefficient. Cela passe. Une volée de limicoles s’est posée : gravelots, courlis ou bécasseaux. J’ai encore oublié mes jumelles. La pointe est sableuse et annonce les Dunes de Tréompanet la Plage des Trois moutons.
Depuis le début du séjour, nous avions décidé d’aller au restaurant le premier jour de pluie. Nous n’avons donc pas emporté de pique-nique. Ce matin les restaurants de Portsall étaient fermés. Le soleil se pointe : nous allons faire les courses à Ploudalmezeau. Le chantier qui barre la route va nous compliquer les trajets toute la journée (le GPS l’ignore et nous dirige vers cette tranchée infranchissable). Dans un si petit bourg Leclerc a installé un magasin gigantesque où je trouve crevettes, salade carotte, ananas et surimi.
L’après-midi, nous explorons la côte au Sud de Portsall.
Kersaint
Kersaint, juste à la sortie de Portsall possède une magnifique chapelle : Notre-Dame-du-bon-secours (1518). Kersaint « village des saints » doit son nom aux deux saints, Saint Tanguy et Haude. Selon la légende, Tanguy aurait décapité sa sœur Haude près d’une fontaine. Trois vitraux (1901) et deux statues rappellent cette histoire. De beaux vitraux contemporains très lumineux éclairent cette chapelle, église et sonorisée. l’association locale invite aussi à consulter leur site web
Donjon de Trémazan
Un peu plus loin dans les terres se trouve le puissant donjon de Trémazan. Donjon carré XIV ème siècle appartenant à la famille du Chastel.
le GR34 suit la côte en corniche (parallèle à la route touristique) jusqu’au petit village d’Argenton.
chapelle Saint Samson
Sous une pluie battante nous faisons halte à la petite chapelle Saint Samson, toute petite, isolée dans la lande. A côté, une croix et une dalle. Autrefois il y avait un menhir miraculeux : il suffisait de se frotter le dos pour se débarrasser des rhumatismes. Construite en 1785, elle est toute simple. Saint Samson ait un moine gallois venu au VIème siècle évangéliser la Bretagne.
Après Argenton, la côte devient plus échancrée, découpée avec des pointes, des îlots, des roches émergées.
Saint Gonvel
La Chapelle Saint Gonvel est bien cachée à proximité d’un dolmen dans un écrin de verdure. Si j’avais eu l’information sur place, j’aurais cherché la stèle gauloise couchée à un angle. Le dolmen est d’approche difficile, on l’a juste entraperçu.
A la pointe on signale des fours à goémon. Tout le long du littoral on peut retrouver ces anciens fours où l’on calcinait le goémon pour récupérer les cendres riches en soude qui servait, entre autres – à l’industrie du verre. En général il s’agit d’une simple tranchée bordée de pierres mais ici il semble que ce soit un complexe plus important.
Nous poursuivons la route jusqu’à Porspoder. Sous la pluie le village n’offre pas son visage le plus avenant. On s’engage dans la petite presqu’île du Vivier. Il y a bien des viviers mais on n’y vend ni huitre ni moules. Ce sont des bacs expérimentaux de la station de l’IFREMER.
Je termine le circuit à pied sur le GR jusqu’à Saint Samson. il pleut, il vente, il grêle même. Par chance j’ai le vent dans le dos. Je me persuade que puisque nous ne sommes pas en sucre nous ne sommes pas solubles dans la pluie (surtout ne pas dire « qu’on ne fond pas« ). Cela ajoute même à la dramaturgie des vagues qui explosent sur les roches. Promenade sublime!
Petit déjeuner excellent servi au bar de l’Hôtel Aleth, occasion d’apprécier la décoration très réussi sur le thème de la marine : belle maquette de voilier, figure de proue, canapés de cuir, aquarelles et cartes marines.
pzetit déjeuner avec vue!
Et si on faisait un détour pour aller voir le Barrage de la Rance?
La route de Dinard roule sur la digue. un parking est aménagé pour les visiteurs avec de nombreux panneaux explicatifs. J’y apprends que l’Usine marémotrice fut construite sur la rivière que était déjà équipée de 7 moulins à marée. La construction du barrage a duré 20 ans de 1946 à 1966, inauguration par le Général De Gaulle. Des explications très techniques décrivent le fonctionnement des bulbes. Ceci me permet de repérer les tourbillons que je n’aurais peut être pas vus seule. De nombreux panneaux sont consacrés à l’écosystème de l’estuaire (oiseaux, poissons, crustacés) ? la construction du barrage a été bien sûr un facteur perturbant la faune mais elle se serait adaptée et les peuplements se seraient reconstitués (si EDF le dit!)
barrage de la Rance : écluse
Côté Dinard, une partie du pont se soulève pour laisser passer les voiliers. Nous comptons les mats de la voiture. Les saumons et autres espèces qui remontent les rivières pourront passer comme les bateaux par l’écluse!
Route dégagée sur la RN12 jusqu’aux abords du Perche om le ciel se grise. Le brouillard s’épaissit dans l’Orne et en Mayenne. A la dernière descente vers la Baie, nous retenons notre souffle : le Mont Saint Michel devrait apparaître. Rien! Avalé par la brume.
la Baie à Cherrueix
Pique-nique au soleil devant l’école de Char à voile de Charrueix. Nous suivons la côte en comptant les moulins à vent et en passant devant les établissements conchylicoles du Viviers-sur-mer.
A 14 heures nous sommes à Saint Malo devant l’Hôtel Aleth – fermé – rien n’indique que c’est un hôtel. A la même adresse, le bar Cunningham – fermé lui aussi. Une affiche indique qu’il y ara de la musique ce soir. Côté Plage des Bas-Sablons, la façade est pittoresque avec ses poutres vertes. mais la porte s’ouvre dans le vide. La passerelle métallique est remontée.
Voilies au pieds des remparts
Nous allons visiter la ville close « Intra-Muros« . Sans GPS, difficile de se déplacer dans Saint Malo et ses faubourgs, Paramé, Saint Servan, Aleth… les bassins , le port des ferries, les marinas semblent difficilement franchissables.
Les Remparts de Saint Malo
la ville close présente une remarquable homogénéité d’architecture même si certains bâtiments ont été restaurés au XXème siècle. Au niveau des remparts certains surprise rompent la symétrie. Promenade sous le soleil, à marée haute avec une mer turquoise et bleu profond. Les îles sont entourées d’eau. Il n’y aura pas de pèlerinage à la tombe de Chateaubriand . Je remarque une piscine naturelle d’eau de mer avec un haut plongeoir où je nagerais volontiers.
Grand Bé et piscine naturelle
J’ai négligé le Musée Historique visité il y a quelques années. A la Tour Bidouane, une belle exposition de photographies : Abstraction terrestre de Jérôme Sevrette. Photographies aériennes prises d’un drone dans la région de Saint Malo mais sans aucune référence géographique invitant le spectateur à construire lui-même sa propre représentation.
« la finalité étant de transposer la réalité des lieux vers une représentation spatiale, graphique et imaginaire aux frontières de la perception entre attraction et abstraction »
Couleurs, formes présence de l’eau turquoise dans un bassin carré qui se superpose au chevelu des ruisseaux qui se ramifient dans la tangue grise? Citerne ou phare circulaire photographié vu de-dessus.
La Tour Solidor est proche de notre Hôtel d’Aleth de l’autre côté d’un cap entre la Plage des Bas Sablons et l’anse de Solidor. Petite presqu’île très verte occupée par un camping. La Tour Solidor est un donjon fortifié formé de trois tours accolées construite, en 1381 pour suiveiller l’estuaire de la Rance. Le Musée Cap Hornier y était installé mais il est actuellement fermé.
La Tour Solidor e l’estuaire de la Rance
le sentier des douaniers passe au pied de la Tour . C’est une très jolie promenade tantôt au soleil, tantôt à couvert autour du Mémorial de la Seconde Guerre Mondiale (installations et fortifications militaires) . je découvre le port des ferries : justement le Condor arrive de Jersey . Qui peut l’emprunter par temps de Covid?
Je continue mes explorations sur la Plage des Sablons presque circulaire.
Il est temps de faire des provisions. Dans la route commerçante qui monte de la plage à l’Hôtel de Ville de Saint Servan je compte 4 librairies, 2 lunetiers, des agences de voyage, brocanteurs boutiques de fringues, encadreurs…mais d’alimentation, rien! Sauf un petit Carrefour en haut de la rue.
Mais c’était une lumière pâle, qui ne ressemblait à rien, elle traînait sur les choses comme des reflets de soleil mort »
Depuis longtemps, j’aime prendre Pierre Loti pour guide. A Istanbul, nous logions rue Pierlotu et j’avais adoré ses descriptions de la ville, au Maroc ses récits faisaient vivre les lieux visités….
J’ai téléchargé Pêcheur d’Islande sans préalables (je déteste les 4èmes de couvertures, les présentations qui ôtent l’effet de surprise). Si le livre s’ouvre sur une pêche à la morue en mer d’Islande, si Yann et Sylvestre sont des Islandais, le roman se déroule en Bretagne à Paimpolet dans ses environs. les Islandais sont les pêcheurs bretons qui partent chaque année, l’été, pour la longue campagne au large de l’Islande.
Pierre Loti, avant d’être écrivain, fut marin. Ses descriptions de la mer et des marins sont merveilleuses, vivantes fourmillant de détails pittoresques. il nous fait vivre ce soleil de minuit et le travail de la pêche:
« Et toujours, et toujours, les morues vives se faisaient prendre; c’était rapide et incessant, cette pêche silencieuse. L’autre éventrait, avec son grand couteau, aplatissait; salait, comptait, et la saumure qui devait faire leur fortune au retour s’empilait derrière eux toute ruisselante et fraîche…. »
C’est une histoire d’amour, entre Yann, le pêcheur d’Islande et Gaud, la demoiselle. Encore le pittoresque des intérieurs bretons, des vêtements de tous les jours ou de fête! Les coutumes des bretons et des femmes de pêcheurs. Loti sait décrire et conter!
En 1886, à Pont Aven, Gauguin, déjà célèbre donna à Sérusier une véritable leçon de peinture
« Un conseil : ne copiez pas trop d’après nature. L’art est une abstraction. Tirez-la de la nature en rêvant et pensez plus à la création qu’au résultat »
Le Talisman, ou Paysage du Bois d’Amour est un tableau de très petit format peint sur un panneau qu’on a parfois attribué à une boîte de cigares. Très coloré, il se trouve à l’éclosion du Synthétisme quand Gauguin et Emile Bernard se sont retrouvés à Pont Aven, caractérisé par simplification des formes, l’utilisation de couleurs pures posées en à-plats et les cernes foncés délimitant les masses.
Emile Bernard : l’arbre jaune
Emile Bernard : Repos sur la falaise
Gauguin au dessus du gouffre, marine avec une vache
De retour à Paris, de 1888 à 1900, le groupe des nabis réunit Bonnard,Vuillard, Maurice Denis, Sérusier, George Lacombe, Verkade . En plus de leur style pictural, les nabis(prophètes en hébreu) faisaient des simulacres de cérémonies religieuses et manifestaient de l’intérêt pour l’ésotérisme et les sciences occultes.
Paul Sérusier : Portrait de Paul Ranson en tenue nabique
J’ai beaucoup aimé tous les tableaux de forêts ou d’arbres colorés dont on voit seulement les troncs
Sérusier : arbres rouges
Japonisantes ces vagues qui me font penser à un plumage de paon
George Lacombe : marine bleue et effet de vague.
George Lacombe : marine bleue et effet de vague.Et bien sûr il ne faut pas oublier Bonnard et Vuillard qu’on a vus en passantavant de pénétrer dans l’exposition Le Talisman