Connaissez-vous Toyen?

Exposition temporaire au MAM de Paris du 25 mars au 24 juillet 2022

affiche

Une affiche énigmatique!

Un nom qui l’est autant. Homme? femme? de quelle origine?

« Marie Čermínová, dite « Toyen », née à Prague le 21 septembre 1902 et morte à Paris le 9 novembre 1980, est une artiste peintre tchèque surréaliste » Wikipédia

Toyen 1930

TOYEN vient du Français CITOYEN et ce choix ne peut que me la rendre sympathique. 

« 1919, Toyen a 17 ans. elle vient de quitter sa famille pour rejoindre les milieux anarchistes et communistes de Prague. » 

Et voici encore de quoi me la rendre encore plus sympathique!

C’est une grande rétrospective que le MAM lui consacre.

le coussin

j’ai beaucoup aimé ses tableaux de jeunesse, entre 1922 et 1929, les coloris frais, la recherche poétique du détail aussi bien dans le sujet que dans la technique, grattage, épaississement, pochoir(?),

1926 Fata morgana

 

les avaleurs de sabre

Cirque, variété, music hall, ballet, pantomime, mélodrame, café-concert, fête populaire […]spectacle sans littérature et hors la littérature sont la véritable poésie fraîche électrique, le plus possible non naturaliste

Une autre série en couleurs violentes, en tableaux plus grands, aux limites de l’abstraction évoque des paysages, des aires géographiques, des paysages sous-marins

1931
1931 dans les mers du sud

Pendant cette même période, sur des carnets; elle fait des dessins érotiques, ces tableaux de coquillages sont-ils des visions érotique?

Toyen surréaliste

Dans les années 1933-1934, elle passe à des tableaux plus sombres avec des fonds gris, des dégoulinades et des zébrures noires. Les titres : Homme de glu, Dans le brouillard, spectre jaune, spectre rose introduisent un nouvel univers : celui du rêve, du somnambulisme

1935 la Femme magnétique

Toyen travaille sans harnais de sécurité au-dessus du toit de son profond somnambulisme, divaguant sans  un geste, ressentant sans cesse une malédiction au dessus de l’ivresse » 1938

 

Effroi

De 1924, son premier voyage à Paris à 1939 où les surréalistes tchèques entrent en clandestinité, les voyages, les échanges épistolaires, les expositions surréalistes sont fréquents. En 1932, Toyen expose avec Max Ernst, Tanguy, Dali et Giacometti.  En 1935, Breton vient à Prague avec Eluard. Dans une vitrine, des photos de Man Ray une vitrine on voit des lettres très affectueuses d’Eluard. Nombreuses sont les illustrations des livres des surréalistes, Soupault.

les spectres, objets fantômes, son rêve (1937) est cauchemardesque.

les voix dans la forêt

1939 –  1946 Cache-toi,  guerre.

Cache toi guerre

Ces cauchemars sont-ils prémonitoires des horreurs de la guerre?

Pendant les années de guerre Toyen produit des cycles « Tir » et « Cache toi guerre » 

Tir
1945 la Guerre ou l’épouvantail de campagne

Elle cache pendant la guerre Heisler qui est juif. C’est avec lui qu’elle prendra la route de l’exil à Paris, fuyant le totalitarisme stalinien. Breton lui organise une exposition à Paris.

Le Nouveau Monde Amoureux (1967 -1980)

1968 le Nouveau Monde amoureux.

Toute une série de grands tableaux très sombres avec des formes indéfinies, des verts inquiétants des violets ou des marrons sinistres ne réussissent pas à me séduire, c’est trop monotone à mon goût.

1964 Le rêve

En revanche, la présence d’animaux même inquiétants comme des fauves, des hiboux ou des chiens de garde me plaisent.

 

1960 Nouent et renouent

Pour finir, Nouent er renouent est mon préféré.

Victor Brauner : « Je suis le rêve. Je suis l’inspiration. »

EXPOSITION TEMPORAIRE AU MUSEE D’ART MODERNE DE PARIS

du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021

Cérémonie (1947)

Victor Brauner est né en 1903 à Piatra Neamt (Moldavie) pendant sa jeunesse roumaine 1920 -1925 à Bucarest il invente la picto-peinture avec Ilarie Voronca et subit l’infleunce de Cézanne mais aussi des cubistes 

Brauner Portrait de Mme R.B.

Il arrive à Paris en 1925 où il fréquente entre autres Chagall et Delaunay. Il retourne à Bucarest où il expose puis reviendra à Paris en 1930 où il rencontre Brancusi, Giacometti et surtout André Breton et les Surréalistes. L’aventure surréaliste se poursuivra jusqu’en 1948 où il sera exclu du groupe .

Brauner dessin

L’exposition du MAM consacre une salle aux dessins de l’époque. Brauner dessine depuis l’enfance. Son tracé est très sûr et la technique éblouissante. Il se laisse entrainer par un dessin automatique analogue à la démarche des surréalistes.

Brauner : l’Etrange cas de Monsieur K 1934

On retrouve ce graphisme dans un tableau noir très étrange que j’ai bien aimé

Brauner : Débris d’une Construction d’Utilité

Dans les années 30 il adhère au parti Communiste clandestin et on peut imaginer une dimension politique dans la critique du fascisme

Brauner 1935 : Hindenburg

peut on imaginer une dimension politique dans la création de Monsieur K , une sorte d’Ubu dont il donne de multiples images

Monsieur K
Etrange cas de Monsieur K la morphologie de l’homme

Certains tableaux font penser à de Chirico ou Dali

Brauner : La ville qui rêve

Autour de 1937, en tant que Juif et Communiste, Brauner se sent menacé et quitte la Roumanie pour Paris qu’il devra fuir dans l’attente d’un visa américain qui ne viendra pas. Brauner passera donc la guerre dans la clandestinité caché d’abord dans le midi puis dans les Hautes Alpes.

Une section de l’exposition est consacrée à ces années : Les Frontières Noires de la Guerre. Toute une série de tableaux sont sombres, peints avec les matériaux que le peintre trouve sur place : brou de noix, cire  qu’il incise

Mais c’est aussi pendant les années de guerre qu’il sculpte le Congloméros sculpture anthropoïde, deux hommes et une femme mêlés, chimère hermaphrodite et désarticulée

Congloméros(plâtre) et la Palladiste(tableau)

En une nuit,  Brauner dessine 50 dessins, esquisses préparatoires au Congloméros. En plus du Congloméros il invente d’autres chimères .

Tôt-in-Tôt la Grande Métamorphose

Après la guerre ses oeuvres sont plus colorées plus fantaisiste, mythologique. On dirait qu’il emprunte aux mythes égyptiens, azthèques ou africains motifs et couleurs.

Rencontre avec 4 chats du Monde

 

Brauner

Vers la fin de sa vie il combine sculpture et peinture en concevant de cadres très décoratifs. Des documents audiovisuels permettent d’entendre le peintre parler avec beaucoup d’humour de son oeuvre.

La peinture métaphysique de Giorgio de Chirico à L’Orangerie

Exposition temporaire du 18 septembre au 14 décembre 2020

la Récompense du Devin

Giorgio de Chirico est né à Volos en Thessalie où son père, ingénieur a construit une voie ferrée de Miliès dans le Pélion jusqu’à Volos. Ce détail a son importance parce que les trains sont très présents dans les tableaux ainsi d’ailleurs que la figure du père. La mythologie grecque est aussi source d’inspiration pour le peintre : Centaures et Prométhée sont le sujet de tableaux de jeunesse (que je n’ai pas beaucoup appréciés) dans la première salle de l’Exposition, face à des tableaux de Böcklin rappelant le passage du peintre à Münich où il a étudié.

Peinture métaphysique (l’expression est d’Apollinaire et peut être philosophique quand De Chirico s’attache aux pas de Nietzsche à Turin. travail pictural, sur le temps, l’Eternel Retour, les arcades de Turin. De Chirico choisit comme décor une ville vide, intemporelle pour des figures énigmatiques.

De Chirico : la Nostalgie de l’Infini

« L’abolition du sens en art, ce n’est pas nous qui l’avons intentée. Soyons justes, cette découverte revient au polonais Nietzsche, et si le Français Rimbud fut le premier à l’applique dans la poésie, c’est votre serviteur qui l’appliqua pour la première fois dans la peinture. »Giorgio de Chirico 1919

De Chirico : La Conquête du philosophe

De Chirico arrive à paris le 14 juillet 1911. En 1913, il est découvert par Apollinaire, exposé dans la galerie de Paul Guillaume. Il rencontre Picasso.

Portrait de Guillume apollinaire – portrait prémonitoire avec la cible?

Une série de tableaux marque l’arrivée du mannequin

De Chirico : Le Voyageur sans fin

et le le Vaticinateur

Le Vaticinateur

Ce mystérieux personnage est un devin, un mannequin auquel le peintre s’identifie comme le laisse penser le tableau sur le chevalet représentant une ville en perspective. Le personnage adopte une improbable position : la tête de face, les épaules de 3/4,  et les jambes de profil. Sa tête lisse porte un bandeau, un oeil unique, une cible, l’œil rappelle celui que les anciens peignaient sur les bateaux pour se prémunir du mauvais sort.

Ferrare : dialogue muet entre différents objets, absurdité?

En 1915; l’Italie mobilise, Giorgio de Chirico et son frère, le peintre, Alberto Savinio rentrent en Italie. A Ferrare,  il va peindre une série de tableaux sur la Grand folie du monde

Ferrare : au centre un thermomètre, un poisson dans une boîte….

En 1918 les peintures de De Chirico font face à celles de Carrà et Morandi qui utilisent les mêmes figures du mannequin et des objets, même codes pour une peinture métaphysique

madre e figlio

la figure du mannequin peut aussi être une référence à la deshumanisation que la Guerre a causé, aux gueules cassées et aux prothèses pour réparer les dégâts du conflit.

Morandi

De Chirico peint aussi des intérieurs métaphysiques :

Intérieurs métaphysiques

La peinture métaphysique qui a séduit Breton et les surréalistes s’arrête au début des années 1920, De Chirico choisit un retour à une expression plus classique. l’exposition ne rend pas compte de l’évolution ultérieure de la peinture de ce peintre qui vivra jusqu’en 1978.

 

A la Recherche des oeuvres disparues d’Alberto Giacometti à l’Institut Giacometti

Exposition temporaire jusqu’au 12.04.2020

l’atelier de Giacometti (reconstitué)

Depuis longtemps j’avais envie de visiter l’Institut Giacometti. 

L’Institut Giacometti occupe le très bel hôtel particulier du décorateur  Paul Follot (1877-1941),5 rue Schoelcher (métro Raspail), une rue tranquille le long du cimetière Montparnasse. Cette maison et son intérieur méritent la visite (cliquer  sur les liens pour les photos). Entre Art Nouveau et Art déco, les meubles, bien sûr ont laissé place à un espace d’exposition mais on remarque les murs recouverts de tentures ou lambrissés, les vitraux ou les corniches, les mosaïques avec des tesselles dorées. J’ai surtout aimé le coin du feu avec la cheminée d’angle entre deux banquettes de cuir blanc sur lesquelles il devait faire bon s’asseoir.

Hôtel particulier de Paul Follot, 5 rue Schoelcher

La porte bleue s’ouvre, en face de la billetterie – une simple table – on a reconstitué l’atelier du sculpteur, protégé par une paroi transparente – ébauches et plâtres, pinceaux, outils….tout est resté tel quel.

Dans un coin on peut voir 3 minutes du film Portrait de Giacometti d’Ernst Scheidegger qui montre Giacometti travaillant et commentant son travail. Ce film  de 50 minutes est disponible sur Youtube, mais en Allemand non sous-titré . Il commence avec une série de dessins plutôt cubistes, des portraits d’Eluard, des tables de café, ambiance de Montparnasse…

Giacometti : Autoportrait 1925

L’exposition temporaire est présentée dans le reste de la maison. Elle restitue des reconstitutions d’oeuvres qui ont disparu dont il reste des documents d’archives : photographies, croquis….

Giacometti :femme assise

Ces sculptures perdues datent de 1920 à 1935. On devine l’influence surréaliste dans la première salle organisée autour d’un objet surréaliste qui fait penser à une charrue ou à un instrument de musique selon l’angle considéré.

objet surréaliste

Des photographie restituent les sculptures dans leur contexte comme cette Girafe dans son jardin. Des croquis sur de petits carnets sont émouvants.

L’oiseau-silence

L’oiseau-silence fut réalisé en bois par un ébéniste. D’abord entreposé dans l’atelier de Max Ernst, il fut ensuite détruit

Bien différentes des sculptures filiformes que nous connaissons, les réalisations plus massives traduisent l’influence cubiste:

1926

j’ai beaucoup aimé le mannequin

mannequin (1932-1933)

Même si la place manque pour de grandes rétrospectives, je reviendrai 5 rue Schoelcher!