3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

La Détente (Kpalimé), le matin
5h30 – il ne fait pas encore jour au Togo, mais on balaie déjà. Etonnant d’entendre et de voir tous ces balais qui s’activent à chasser la moindre feuille importune et tracent sur le sable des rayures fines. Les balais à grand manches existent mais le plus souvent on balaie courbé, le dos cassé à l’aide d’une feuille de palme sèche ou de petits fagots.
A la Détente, le personnel très nombreux, complète le ménage par un passage au chiffon de tous les poteaux, tous les rebords laqués de gris. Dans la fraîcheur du petit matin, une énergie incroyable est dépensée dans ce ménage. Dès que la chaleur deviendra accablante le rythme se ralentira.
Après le petit déjeuner, nous prenons congé de La Détente qui ne payait pas de mine à l’arrivée mais où nous avons été très bien.
la piste à travers le Togo :d’Agou à Notse

Pour aller au Bénin, nous allons emprunter les chemins de traverse : une piste à partir d’Agou passant par Notse jusqu’à la frontière.
La route de Lomé est bordée de très jolis étals de fruits : avocats, ananas bananes et plantains sous de jolis abris de chaume. Bois et chaume, paniers et plateaux en vannerie. Aux abords d’Agou, les arbres sont magnifiques. Un panneau indique la production de spiruline (il faudrait que je me renseigne).
Après Agou, la piste traverse des villages encore intouchés par la vie moderne. Pas de voiture. Nous sommes seuls, croisant vélos et quelques motos. Peu de maisons en ciment. Des baobabs se dressent dans les champs de maïs et de manioc. Le mont Agou s’éloigne sur notre gauche. Nous passons une rivière où se baignent jeunes hommes et gamins. Certains s’y lavent en se savonnant.
Le bourg le plus important, Kati, doit avoir un marché actif. Le dimanche matin, c’est tranquille. Seules quelques échoppes sont occupées.je suis très bien accueillie avec mon appareil photo. J’ai l’habitude des refus. Ici, c’est tout le contraire : tout le monde veut être pris en photo. Les gens se regardent dans l’écran à l’arrière de l’appareil. Ils sont ravis de leur image. Peut être n’ont-ils pas l’occasion de se voir. Ont-ils des miroirs à la maison ?

Kamal me montre les nérés petites feuilles composées et gousses en bouquet. La forêt a disparu depuis un bon moment. Nous nous arrêtons devant un champ de coton. Il en reste encore quelques poignées et certains plants sont en fleur. La première des deux récoltes se termine, on en fait deux par ans. Plus loin les gros camions orange, les « titans » chargent des ballots. Un gros tas fume : on fabrique du charbon de bois.
Les églises sont pleines le Dimanche! Nous entendons les rumeurs des messes chantées et dansées. A Notse, arrêt pour acheter de l’eau, je m’aventure dans une grande église en ciment. Tout le monde est debout. Certains dansent sur place. D’autres font la queue en une longue file qui serpente : ils portent une enveloppe brune – sans doute leur contribution financière. Je n’ose pas filmer malgré la bienveillance des gens qui me saluent. Plus tard, dans les villages des théories de villageois portent les bancs sur leur tête.
Les villages sont très beaux : les toits de chaume coniques coiffent des cases de terre ou des auvents ouverts portés par des piquets tordus. Même les écoles sont en chaume. Les tableaux noirs nous indiquent qu’il s’agit bien d’établissement scolaire. Plusieurs classes mitoyennes sont construites à la file. Plus de grands kapokiers, à leur place nérés et baobabs.