La Gomera J 12 – la forêt enchantée du Parc de Garajonay

CANARIES 2005

foret pluviale
foret pluviale

Les volets intérieurs  s’encastrent dans la boiserie des fenêtres, ils empêchent la lumière de rentrer et amortissent les bruits. Je dors nettement mieux, plus profondément et je me réveille plus tard grâce à eux. Ils facilitent les siestes espagnoles et leurs réveils tardifs !

Les courses

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Hermigua

Trois priorités ce matin : le plein d’essence avant de tomber en panne, assurer le ravitaillement de base et enfin, trouver les itinéraires des sentiers.

Le temps est variable :se succèdent les bourrasques, les giboulées, les éclaircies, les averses de grêle…Du côté  de la mer, le ciel est dégagé, d’épais nuages sont accrochés à mi-pente des montagnes.
Nous logeons dans le quartier du haut Hermigua : « El Convento ». Les commerçants sont installés dans le village d’en bas. Il y a plusieurs supermarchés, deux banques, une pharmacie peinte en violet, une église en ciment peinte en jaune et de nombreux restaurants.

De la plage déserte, Tenerife semble toute proche. Je crois entrevoir le sommet enneigé qui se cache bientôt.

A Agulo, les voitures sont garées sur le terrain de foot en terre battue marron. Dans le village, les rues sont tranquilles. Nous faisons nos courses et laissons nos trois sacs plastiques sur un congélateur pour poursuivre la promenade dans des rues blanches aux maisons basses. Seule la place de la Mairie et de l’Eglise est bordée de maisons à étage avec des balcons.

Au centre d’Interprétation du parc à Las Rosas

Au centre toutes les explication sur cette pluie horizontale où prospère mousses et géraniums
Au centre toutes les explication sur cette pluie horizontale où prospère mousses et géraniums

On oblique vers la montagne pour trouver le Centre d’Interprétation du Parc de Garajonay. Il fait gris et, en altitude, très froid. En short, je suis gelée.

Le jardin botanique est très joli mais j’ai hâte de me mettre à l’abri. Le vent a fait tomber un poteau électrique et leMusée est en panne. Dans l’unique salle éclairée, le panorama de la flore, la faune, le climat et la géologie de l’île, est très complet, simple et pédagogique. Je recopie studieusement les panneaux:

Le régime des vents est très détaillé. Hier, mon voisin anglais lisait un livre de météo destiné aux navigateurs. Je lui avais demandé une explication au mauvais temps présent. Selon lui, le vent du sud Ouest serait le responsable, l’anticyclone des Açores ayant bougé. En effet, d’après les explications du centre, le vent de Sud Ouest apporte bourrasques et précipitations intenses : exactement ce qui se passe aujourd’hui ; au contraire, les Alizés (trade wind)venant du Nord Est auraient garanti un temps stable, des brumes en altitude mais peu de précipitations .

laurasylva ou Monteverde
laurasylva ou Monteverde

La jeune fille de l’Accueil, distante au début de la visite est devenue très aimable. Elle a sans doute détecté en nous des visiteuses motivées et finalement nous communiquons facilement en Espagnol. Les Canariens n’ont guère d’estime pour les touristes, il faut faire nos preuves aussi bien du point de vue linguistique que de la motivation. Elle sort les brochures de dessous le comptoir et nous conseille deux promenades faciles dans le Parc. Elle déconseille formellement les descentes glissantes et dangereuses par temps de pluie ?

La forêt enchantée de Garajonay

Direction du sud par la route de San Sebastian . La Carratera Dorsal  traverse le Parc en chemin de crête. A la sortie d’Hermigua la route s’élance en lacets très serrés. En cinq ou six kilomètres nous gravissons 1000m et nous trouvons en plein brouillard. Des miradors sont aménagés, inutile de s’y arrêter ! Nous traversons la Laurasilva ou Monteverde où les bruyères arborescentes poussent très serrées, envahies par endroits, de lichens qui leur donnent un aspect étrange. La brume rajoute une atmosphère fantomatique.

Suivant les recommandations de la Ranger, nous suivons le rebord sud ouest du parc à l’abri du vent. Pas de brouillard ici, la couverture nuageuse est peu dense. Sans voir le ciel bleu on devine par moments le soleil. De la route, une bonne piste forestière descend jusqu’à une aire de pique-nique (tables et immenses barbecues).

De là le sentier de Creces fait une boucle d’une heure et demie. Des bornes numérotées renvoient au petit guide polycopié que nous a donné la guide. Le commentaire est très détaillé. Nous suivons d’abord une petite canalisation ancienne en pierre, tombée en déshérence, et marchons sous les houx et les lauriers (Lauréa Azorica) . Des mousses épaisses s’accrochent aux troncs et aux branches donnant aux arbres un aspect chevelu, barbu, des champignons plats jaunes font des taches colorées .Au sol, à l’ombre des fougères magnifiques. Dans les clairières les géraniums au feuillage très découpé font un tapis vert tendre. Le feuillet cite aussi les cistes de Montpellier et la menthe. Les bruyères arborescentes sont en fleur en ce moment. Vu de dessous cela ne se remarque pas (de la route si). La taille des troncs des bruyères est impressionnante. Ils sont aussi épais que ceux d’un chêne. Recouvertes de mousse, avec les lichens qui pendent elles forment une forêt fantomatique dans la brume. On pourrait y filer un de ces films de sorcellerie qui ont du succès chez les ados en ce moment. Pour une fois, nous sommes dans les temps en nous arrêtant longuement à toutes les bornes .je suis ravie de cette promenade dans la forêt humide.

La pluie horizontale

J’en reviens avec un nouveau concept scientifique : «  la pluie horizontale ». Il s’agit de la captation par la forêt de l’humidité contenue dans l’air sous forme de nuages et de brumes. D’après le document, cette humidité serait dans les mêmes proportions que les véritables précipitations (1000mm/an) ce qui est une quantité énorme. Cette eau captée par la forêt est d’autan plus précieuse qu’elle ne s’accompagne pas du ruissellement violent des averses. Sans compter le rôle de protection des sols et surtout la création d’humus dans ces conditions favorables d’humidité  et de température (14/15°C en moyenne annuelle) .j’avais lu ou entendu quelque part que la forêt « fait pleuvoir », cela m’avait paru étrange. Peut être serait plus correct de dire qu’elle capte l’eau de l’atmosphère. Peut être y a t il d’autres phénomènes que je ne connais pas ?

Je repense aux collines pelées du Cap Vert et aux efforts gigantesques de reforestation de la Révolution de Cabral. Alors, je ne voyais dans les arbres qu’une protection contre l’érosion.

Dyke dans la pluie horizontale qui fait prospérer le lichen
Dyke dans la pluie horizontale qui fait prospérer le lichen

Lorsque nous rentrons, le plafond nuageux est assez élevé pour qu ‘on ne conduise pas dans le brouillard. Nous profitons donc du paysage et nous arrêtons aux miradors. Au mirador de El Bailadero : deux dykes en pain de sucre sont coiffés de nuages. El Rojo domine la Vallée d’Hermigua. Partout dévalent de belles cascades. Dans le creux on découvre un petit lac de barrage.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « La Gomera J 12 – la forêt enchantée du Parc de Garajonay »

  1. Bonjour Miriam,
    De tous les articles que vous nous avez presenté sur les Canaries, je pense que c’est celui-là que je préfère ! cette rando dans cette forêt me plait assez ! merci.

    J’aime

  2. Moi aussi j’aime beaucoup quand tu donnes des explications scientifiques, sur l’humidité par exemple ou sur la botanique; Je n’ai jamais vu des géraniums avec des feuilles comme celles-là! Quand aux bruyères qui ont le tronc d’une chêne, c’est époustouflant.

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