Tenerife -J5 – Arenas negras – los Gigantes

CANARIES 2005

la Montana Negra aui a détruit les port de Garachico en 1706
la Montana Negra aui a détruit les port de Garachico en 1706

La Montaneta

TOPO DE LA RANDO

Le Petit Futé donne une description très alléchante de ce site.

Un itinéraire balisé existe :  Départ de la rando N°5 à La Montaneta devant la petite église San Francesco.

C’est toujours difficile de trouver le sentier . Pour interroger les habitants, le plus pratique est d’entrer dans une boutique ou un bar. Si le propriétaire n’est pas trop affairé, il donne des renseignements plus avisés que n’importe quel passant. Les meilleurs renseignements sont ceux des chauffeurs de taxi ou des policiers. Au bar,  le patron regarde des dessins animés à la télé. Il se débarrasse de moi  « arriba ! » manque de chance, il y a un chantier à l’entrée de Icod los Vinos et une déviation. Dans Icod, j’essaie une épicerie fruiterie. La marchande est si gentille qu’on y fait nos courses. Elle nous envoie sur la route d’El Tanque.

La chapelle San Francisco est toute moderne. Derrière une vitre, Saint François est habillé de satin devant deux rangées de bancs. Le sentier grimpe dans la pinède pendant 50 minutes (300m de dénivelé, 3km). Il fait bien frais. Je marche d’un bon pas. Cette rando matinale est tonique à défaut d’être pittoresque. Pas de ravin vertigineux, encore moins de point de vue. Le sentier rejoint une piste de terre qui conduit au rendez vous à la « base récréative de las Arénas » : parking, camping, bungalows. Comme souvent, quand Dominique est seule, elle fait les plus jolies rencontres: cinq pics des pins. Quand j’arrive, ils sont envolés.

Arenas Negras

Petits cratère provenant d'une éruption récente 1909 du Chinyero
Petits cratère provenant d’une éruption récente 1909 du Chinyero

L’  endroit lunaire est tout noir. Les fameux sables noirs sont plutôt de la granulométrie de fins lapilli anguleux, bulleux et souvent très brillants .Sous nos pas, leur contact est très agréable, ils sont bien tassés. On ne s’enfonce pas. Ils proviennent d’une éruption récente. La Montana Negra est responsable de la destruction du port de Garachico en 1706 et le Chinyero, tout proche est entré en éruption en 1909. La végétation est déjà présente : quelques pins vert fluo poussent sur les sables noirs. Des buissons colonisent déjà les pentes du cône. Les lichens sont étranges. Certains, très petits, ont une couleur rouge. D’autres font de fins filaments orange. Bien sûr, il yen a de plus classiques formant des encroûtements grisâtres .

Arenas negras
Arenas negras

Nous sommes seules dans ce paysage désertique, intimidées par des panneaux qui interdisent l’entrée pour la préservation de la réserve naturelle. Ces interdictions provoquent chez moi une réaction ambivalente. Je reconnais le bien-fondé écologique de ces réserves. Je veux être une bonne citoyenne du monde et je respecte ces interdits. Par ailleurs, ma curiosité est aiguisée. Qu’est ce qui se cache ? Le cratère ? Sur le sol poussent des lichens si fragiles qu’il ne faut à aucun prix les piétiner. Mais, je vois quelques sentiers. Ne serait il pas plus raisonnable de canaliser le public dans des parcours obligés plutôt que de tout interdire et ne rien surveiller ?

Arenas negras : bombes
Arenas negras : bombes

J’opte pour la solution intermédiaire : suivre le sentier sans couper à travers. Je grimpe jusqu’à une arête, espérant entrevoir le cratère. Dominique contourne un autre très petit cratère ? Quelques bombes parsèment le sol noir. Je ne sais pas pourquoi cet endroit me ait plus penser aux dunes du Sahara qu’à la caldera du Teide tout proche. Malheureusement, les nuages arrivent et cachent le Teide tout blanc sur la forêt de pins. Au loin, un homme appelle ; ses cris sont semblables à ceux des bergers qui rassemblent leurs troupeaux.  Deux chiens énormes  se dirigent vers moi. Ce sont eux les gardiens du parc. Nous en aurons la confirmation par des écriteaux. Nous avons un peu peur mais ils ne nous poursuivent pas.
Une canalisation de ciment clair se détache sur les sables noirs. Par endroit on peut soulever un couvercle et accéder à l’eau pure. D’après le Petit Futé, le remplissage des gourdes est une des attractions de cette promenade. Malheureusement, aujourd’hui, avec les nuages, il fait bien trop frais pour que nous soyons tentées par l’eau froide.

Ascension du cratère

la tentation du sommet!
la tentation du sommet!

Je me retourne vers le volcan : deux silhouettes se détachent au sommet, suivies par d’autres. On peut monter !
En un petit quart d’heure, je suis au sommet. La vue porte du phare de Teno jusqu’à Puerto de la Cruz. Sur la mer, il fait beau tandis qu’ici le ciel est tout gris .Le sommet de la Montana Negra est rouge très oxydé. J’avais déjà vu cela en Auvergne, la température élevée provoque une forte oxydation. L’intérieur du cratère est coloré par les lichens. Tout le rebord, côté de la mer, est incrusté de lichens gris .Les filaments oranges brillent sur les lapilli noirs à l’intérieur du cratère. Je redescends très facilement par l’intérieur du cratère. Je n’ose pas courir comme à la descente du volcan de Fogo (plus de trois heures de montée et vingt minutes de descente comme à ski avec de belles gamelles).

Les lichens orange donnent un aspect barbu à la roche
Les lichens orange donnent un aspect barbu à la roche

Au rendez vous, Dominique n’est pas encore là. Normal, le chemin par le volcan était beaucoup plus court. Je m’installe sur l’unique rocher pour dessiner en l’attendant. Une demi-heure plus tard, j’ai fini mon croquis et elle n’est toujours pas arrivée. De plus, la pluie menace et il fait froid. Je la vois, enfin, furieuse ! Pour éviter les chiens, elle a suivi la route qui l’a écartée du site. Elle a donc fait un énorme détour avec l’impression de s’être perdue.

arebas negras

Nous allons chercher le soleil plus au sud

Nous allons chercher le soleil vers le versant sud de la montagne. La petite route d’Arénas negras nous emmène au sud du massif de Teno (pointe Ouest de l’île) près de Santiago del Teide. Dès que nous redescendons de l’étage de Monteverde nous retrouvons l’agriculture. De petits champs en terrasse soignés et surtout une profusion de pêchers en fleurs roses. Les agaves portent leur hampe florale. Les euphorbes et autres plantes grasses sont florissantes. Nous dépassons Santiago del Teide, village sympathique- maisons simples, vie rurale tranquille.

L’heure du déjeuner a largement sonné, nous cherchons un coin agréable pour le pique-nique. Pour une fois, nous dénichons du premier coup l’endroit idéal. Une pente cimentée nous conduit à une terrasse. De grosses touffes de marguerites Argyranthemum, d’euphorbes et d’une curieuse plante à hampe desséchée ressemblant à un parasol fermé, forment une végétation exubérante.

opuntia et aeonium
opuntia et aeonium

Nous nous asseyons sur un muret face à la mer abrité par une sorte de petite coupole construite en pierre de lave autour d’un petit canal d’irrigation. A nos pieds, un tapis sec et doux formé par des écorces d’amandes. A l’étage du dessous, un champ de pommes de terre et au fond un pêcher rose magnifique. De l‘autre côté de la route, épousant une arête horizontale, un village aux maisons colorées. Sur une esplanade, un marchand de légumes a empilé des sacs d’oranges : 10 kg pour 7 euros. Un âne attend, attaché à sa longe. Un appentis est entièrement recouvert d’une liane à grosses clochettes jaunes. Non seulement, le coin est charmant, le soleil brille et en plus le pique-nique est très bon : une salade de petites pommes de terre de Tenerife les papas, avec du thon assaisonné avec les herbes du jardin de la finca Saroga : persil en abondance, il pousse partout, menthe en petites feuilles, et épinards crus à feuilles très épaisses et charnues triangulaires vert foncé. Le fromage de brebis ou de chèvre acheté à Icod est délicieux. Je termine par une banane et Dominique avec des rousquilles.

Los Gigantes, tourisme de masse

Los Gigantes : falaise
Los Gigantes : falaise

Los Gigantes est un site réputé de Tenerife. Nous descendons une route en lacet dans une campagne en terrasse. De nombreuses cultures poussent hors sol sous serre : bananes et surtout tomates. Cette Tenerife rurale, même enlaidie par des bâches en plastique, est bien sympathique.  Nous traversons le village de Tamaimo, bien tranquille avant d’arriver  à Los Gigantes : les falaises que nous avons vues au phare de Teno .Malheureusement, le site naturel est éclipsé par le gigantisme des résidences, hôtels, immeubles. Les promoteurs ont vu grand ! Tout un quartier adossé à la montagne est formé de studios identiques, terrasses en gradins, tous crépis de jaune. Un hôtel ressemble à un paquebot géant (belle architecture). Des quartiers entiers d’immeubles identiques sont en cours d’achèvement. Une jolie marina entourée de maisons canariennes à balcons de bois ajouré. Cette station est plutôt de meilleur goût que les constructions que nous avons vues auparavant. On a fait des efforts d’architecture. Il en demeure quand même que cette station balnéaire est le comble de l’absurde. En face des falaises qui tombent à pic dans l’océan, il n’y a aucune plage. Seules quelques piscines artificielles, un lagon de ciment. Ces immeubles abritent des milliers d’estivants qui n’ont rien ou presque pour se baigner ou même pour se promener. Le site est resserré, encaissé. La circulation automobile, un cauchemar. Qui est assez idiot pour acheter des milliers d’appartements au bout du monde sans même une plage ? Je monte sur la digue qui encercle la marina, même pas aménagée, pour prendre une photo. Dominique n’a pas eu le cœur de me suivre. De la voiture, elle me lance le porte-monnaie pour aller m’acheter une glace – une cassate délicieuse dans un restaurant du port.

Nous quittons sans regret cet endroit absurde, remontons les lacets, traversons le massif du Teno pour nous retrouver à Icod et reprendre la route de Puerto de la Cruz.
Nous terminons tranquillement la journée à la plage de Socorro – baignade interdite- mais sable fin noir.

Tenerife J4 – Le Teide

CANARIES 2005

Teide
Le dôme derrière les pins

 

La Orotava

C’est le premier matin que le sommet enneigé du Teide est visible de la finca. Les jours précédents, on ne faisait que deviner la neige sur ses flancs.

Suivant les indications de Juan, nous quittons l’autoroute à la sortie 33, et traversons la Orotava, cité en pente. Nous parcourons de vieilles petites rues. Comme à La Laguna, nous avons du plaisir à voir une ville ancienne. Une trentaine de kilomètres séparent La Orotava de l’entrée du Parc du Teide. La route passe par une jolie campagne plantée de vignes, des petits champs sont prêts pour les semis. Les arbres bordant la route sont des feuillus défeuillés qui nous rappellent que nous sommes encore en hiver. Nous évoquons des vacances dans les Pyrénées avec les arbres en fleurs sous le sommet enneigé du Canigou.

La Orotava
La Orotava

Vers 1000m nous entrons dans une très belle forêt de pins des Canaries : de beau arbres aux aiguillez très longues et fournies. Le sous-bois est uniquement recouvert d’aiguilles. A chaque tournant le Teide apparaît dans son écrin de verdure, sa pointe blanche se détachant sur le bleu du ciel. Je serais tentée de le photographier à chaque fois.

Monteverde

Plus haut, nous traversons le Monteverde ou, Laurasylva, la forêt de bruyères arborescentes, de lauriers et de houx. Elle est très dense mais moins haute que dans le massif de l’Anaga. Moins impressionnante aussi : les bruyères sont si denses qu’elles ressemblent plus à des buissons qu’à de vrais arbres

La neige

Teide neige - Copie

A 1600m, les plaques de neige font apparition et bordent la chaussée. Plus nous continuons de monter,  plus il y a de neige.
Au Portillo (2020m) le Centre d’interprétation du Parc est très bien organisé. Un garde très aimable nous donne de  beaux dépliants et nous conseille pour les itinéraires. Nous négligeons le petit musée.
Avant toute chose, D me photographie devant un genêt dans la neige. La neige est étonnante à cette latitude comme elle nous avait surprises à Marrakech.

caldera

la caldeira et les formes étranges des dykes
la caldeira et les formes étranges des dykes

La route traverse la caldera très vaste de 17 km de diamètre. Nous avions vu une caldera à Fogo au Cap Vert et à San Antao. Celle de Fogo est tapissée de coulées très récentes, elle est habitée, la vigne y pousse et donne un vin excellent. Celle de San Antao forme un cercle presque parfait, elle est cultivée, une route en fait le tour. Je me souviens des ânes chargés de bidons qui y faisaient la course comme sur une piste de cirque ou dans une arène.
Le rebord sud de la Caldera du Teide ne forme pas un mur vertical comme à Fogo. Il ressemble à un rempart épais en pente comme une forteresse avec son glacis. La neige s’accroche aux pentes. Les sommets sont couronnés de roches déchiquetées sombres qui tranchent avec le blanc de la neige. Le plancher de l’immense chaudron (puisque c’est ainsi qu’on pourrait traduire le mot ) est très plat. Par endroit, le sol paraît poussiéreux, la végétation de buissons épineux et de genêts s’est développée. Ailleurs, différentes coulées s’étalent. Il faut un bon moment pour s’habituer à cet environnement étrange.

Végétaux étranges

Minas de San Jose au 1er plan cendres derrière coulée phonolithique
Minas de San Jose au 1er plan cendres derrière coulée phonolithique

Au premier arrêt aux Minas de San José, je suis plutôt attirée par la silhouette des végétaux, squelettes desséchés des genêts, étrange colonne grise hérissée de longs poils du Tajinaste rojo , Echium Wildpreti, un genre de vipérine. Ces colonnes ébouriffées hautes

Tajinaste fleuri à une autre saison(image prise sur Internet)
Tajinaste fleuri à une autre saison(image prise sur Internet)

d’un mètre à un mètre et demi sont les restes d’inflorescences rouges qu’un panneau présente. En hiver, il ne reste plus que ce squelette. La plante fleurie doit être extraordinaire.

 

imaginer le volcan primitif!

Nous nous arrêtons à chaque mirador. Un panneau très bien fait raconte le volcanisme du Teide. Il faut imaginer l’énorme volcan primitif qui a explosé pour laisser l’énorme caldera en fer à cheval. C’est un exercice intellectuel difficile, comme imaginer le Sancy ou le Plomb du Cantal qui devaient être des édifices énormes. Le Teide avec ses 3718 m paraît tout petit à côté dans le schéma explicatif !

Phonolite, dômes de dykes les Roques de Garcia

Roques de Garcia
Roques de Garcia

On explique également la formation des petits dômes en phonolite. Dans le paysage j’en devine quelques uns.
Nous arrivons enfin près du parador dans la zone la plus spectaculaire :celle des dykes formant des colonnes bizarres multicolores, des pains de sucre ruinés, des dents et des chicots oranges, rouges et violacés . Des cars, des jeeps, des minibus stationnent sur le parking, libérant des hordes de touristes. Ils grimpent sur les Roques de Garcia dont la silhouette est bien connue des Espagnols. Elle ornait l’ancien billet de 1000 pesetas. Le sommet du Teide est encadré par ces rochers pittoresques.
Nous nous mêlons à ces foules indécentes qui parlent fort, s’interpellent, se poussent et se prennent en photo. Des ados espagnols chantent et braillent dans un anglais approximatif.
Le sentier N°3 contourne les Roques de Garcia. Sur la carte ; c’est une petite boucle de 3.5 km faisable en 1h30 d’après le guide à l’entrée du parc. Au début le sentier est encadré par une rangée de pierres, il est très fréquenté. Nous marchons à plat entre des reliefs étranges. A l’arrière d’une immense colonne, le sentier amorce une descente vers le fond de la caldera. Le chemin devient malaisé, les scories ne tiennent pas et roulent. Heureusement, j’ai mon bâton ! De ne veut pas entre parler de bâton .Elle se braque dès que j’ose vanter cet accessoire. Pourtant il est bien utile. Plusieurs fois, j’ai senti les cailloux se dérober sous mes pieds. Entre deux colonnes orange, une coulée fluide noire s’est épanchée. On voit comme d’énormes boudins qui se poussent, se tortillent, s’alignent, se superposent en une lente cascade de macaronis noirs. La surface présente d’énormes phénocristaux de l’ordre du centimètre. Cette coulée s’étale, s’élargit et va se terminer dans la caldera plate. J’imagine la lave, incandescente alors.

Nous pique-niquons sur un de ces boudins noirs qui nous procurent des sièges confortables. De là, la vue est intéressante. Vers le sommet du Teide, on devine le téléphérique.

La cathedrale

la cathédrale : un dyke
la cathédrale : un dyke

Vers le bas, un étrange édifice : la Cathédrale, dyke ressemblant aux Roches Tuilières et Sanadoire du massif Central. Je détaille les prismes de refroidissement. Derrière la Cathédrale, de bizarres rochers hérissés. La promenade contourne la Cathédrale. Puis il faut remonter ensuite une pente très raide. Dominique est partie longtemps avant moi. Le sentier est difficile à trouver. Tout au long de la descente, elle appréhendait la remontée. Finalement c’est raide, on s’essouffle, mais cela se grimpe beaucoup mieux qu’on ne le craignait. La descente était plus difficile.

la cathédrale et la caldeira
la cathédrale et la caldeira

Azulejos

La route qui traverse le cratère passe devant des rochers colorés verts, bleus, turquoise appelés Azulejos. Altération hydrothermale précise le panneau explicatif.

tunnel de lave

A 16h nous sommes au petit musée du Portillo. On y entre par une maquette de tunnel de lave à taille réelle très bien expliqué et très bien fait, on s’y croit ; Je n’ai malheureusement pas le temps d’étudier les lames minces des roches présentes au Teide, du basalte à la phonolite. Un montage me plait bien : cinq cubes de même volume sont accrochés à des dynamomètres montrant ainsi les différence de masse. Lorsque nous sortons du musée il pleut et nous sommes en plein brouillard.

El Portillo Teide

Ce n’est que vers 1000m que le brouillard se dissipe. De temps en temps des pins apparaissent comme par mirage. Quand nous retrouvons une bonne visibilité, nous trouvons aussi les embouteillages. Nous traversons la Orotava au pas  et avons le temps de contempler les constructions. Toute la ville est un véritable chantier : on creuse, on nivelle, on supprime la vigne et les petits jardins.
De retour à Los Realejos, supermarché et photographe.

Tenerife – J3 – randonnée dans l’Anaga

CANARIES 2005

La pointe Est de l'île : l'Anaga
La pointe Est de l’île : l’Anaga

La Laguna

Autopista Norte jusqu’à la Laguna que nous passons  facilement grâce aux indications d’un policier. Cela fait plaisir de traverser une vraie ville avec des magasins, des administrations, des maisons anciennes, et pas une station balnéaire. Il est près de dix heures, tout le monde dort ce dimanche matin.

L’Anaga est la montagne qui occupe la pointe Est de Tenerife. En moins d’une douzaine de kilomètres nous avons monté 1000m.

Un mirador offre une vue très étendue de la Laguna à Santa Cruz de Ténérife,  le Teide  dans les nuages. Par temps plus clair on aurait pu voir la Grande Canarie mais aujourd’hui, l’horizon est embrumé.

Laurasylva

la Laurasylva ou Monteverde.  est la forêt des bruyères arborescentes.  C’est une forêt très dense. Les feuillages sont légers mais les arbres poussent très serrés. 1000m, est l’altitude des nuages, il fait  gris avec des bancs de brouillards bien froids. Le Parc Naturel del Anaga entretient très bien les chemins de randonnées. Les petites routes goudronnées ne figurent pas sur notre carte. Je me réfère aux panneaux et finalement nous nous perdons. Une troupe de randonneurs en bonnets, polaires bâtons et gants de jardinage, vient à notre rencontre. Nous nous sommes trompées, il nous faut revenir en arrière chercher la Cruz del Carmen. Nous quittons la forêt pour les villages des Carbonaras – charbonniers ? – dépassons le village pour le site de Chinemada d’où part la randonnée N°20. Autour de nous des ravins vertigineux, des pics pointus se détachent, l’un d’eux ressemble à un tuyau de cheminée portant un pyramidion.

Carbonaras descente vers Punta del Hidalgo

Carbonaras
Carbonaras

Le départ du sentier est bien indiqué, sous des maisons troglodytes encastrées dans la falaise, peintes en blanc avec de petits jardins dans les courettes. Le chemin est bien entretenu, pas question de se perdre. Des marches sont taillées dans la roche orange ou rouge. Le ravin est profond, la végétation, clairsemée. Je descends avec précaution. Mon bâton remplace la rampe d’un escalier. Les pics ont des formes aiguës. L’un d’eux est complètement ajouré. La lave brune est crevée de grottes formant même une sorte de fenêtre.

Sentier de Chinemada à Puerto del Hidalgo
Sentier de Chinemada à Punta del Hidalgo

Je veux photographier cette fenêtre avec au premier plan une sorte de pissenlit géant: un laiteron. Sa fleur ressemble à celle du pissenlit ainsi que la forme de sa feuille, en énorme, et il est perché sur  un tronc. Une asphodèle est en fleur .Je descends seule mais au fur et à mesure je croise de nombreux randonneurs qui montent de Punta del Hidalgo. Si le dénivelé est très important, la montée n’est pas forcément plus pénible que la descente où il faut être très vigilante. Pour ceux qui souffriraient du vertige, des barrières assurent les endroits les plus à pic. C’est une occasion de m’arrêter et de regarder vers le bas.

Asphodèle
Asphodèle

Des miradors ont été aménagés, dominant la mer de plusieurs centaines de mètres en dessous.
Le dernier pic est creusé curieusement d’une sorte d’entonnoir qui le traverse de haut en bas. Cette figure d’érosion me fascine. Impossible d’imaginer une cascade monstrueuse. D’où viendrait l’eau ? Je pense à une cheminée remplie d’un matériau fragile qui aurait été déblayé. Il existe de nombreux filons verticaux. Mais c’est le contraire qui s’est passé avec eux : la lave plus cohérente se trouve maintenant en relief recoupant verticalement toutes les coulées et les cendres. Peut être une faille, due à un séisme,  a été élargie en entonnoir ?

Nous avons rendez vous sur la plage à 13h. Je suis dans les délais.

Anaga

Déjeuner à la plage

Ce n’est pas une vraie plage, plutôt une étendue de rochers bas hérissés de pointes sur lesquelles les rouleaux se fracassent dans une écume blanche qui jaillit. La mer est rayée de vagues blanches. Le vent froid souffle. Nous remettons les polaires pour déjeuner.
Avec les fines herbes du jardin, D a préparé de jolies omelettes vertes au persil et à la menthe .

Courte promenade avant de remonter en voiture le long de l’eau entre les buissons et les figuiers de barbarie. D s’esquive pour laisser passer un Monsieur Pressé, une épine de raquette lui entaille la main qui saigne abondamment.

Punta del Hidalgo

Punta del Hidalgo
Punta del Hidalgo

Dans le projet de boire un café en terrasse, comme à Garachico, nous allons à la station de Punta del Hidalgo, Garons la voiture au pied d’un immeuble imposant formé de deux ailes emboîtées en un V ouvert sur au moins 20 étages.Les appartements donnent sur des coursives ouvertes . Au pied de ce monstre, une digue a été aménagée au dessus d’une très grande piscine arrondie creusée dans la roche .La corniche piétonne peinte en blanc est bordée de jolies maisons sans prétention . Un tout petit port est abritée par une jetée. Les barques colorées sont empilées sur un plan incliné. Le dimanche, le Café des pêcheurs est fermé. Il y a bien un restaurant perché sur une sorte d’estrade, mais à cette heure-ci (16h) toutes les tables sont occupées par des consommateurs qui déjeunent de crevettes, calmars ou moules. Tant pis pour mon café !

J’envoie les SMS assise sur un banc face à l’océan. Le soleil chauffe. Je quitte les chaussures de montagne pour mes sandales. En short, pieds nus, j’ai des sensations d’été. D’ailleurs, on se baigne dans la piscine.

Au retour, nous essayons de longer le rivage. La route traverse des villages, fait des détours. Nous voyons la mer de loin bordée par des bananeraies sous plastique. Ces cultures en serre à grande échelle sont vraiment laides. Nous avons vu la même chose en Sicile, en Crête, à Chypre.

Vers 18h nous nous installons dans notre patio ensoleillé sous la petite tonnelle défeuillée en cette saison. Le groupe des illuminés a déménagé. Malheureusement de gros nuages arrivent. Comme c’est dommage de rentrer avant la nuit, nous retournons au mirador de San Pedro d’où part un chemin dallé qui descend à la mer par un beau jardin de palmier. Nous nous promettons de revenir.

Tenerife – J2 – Garachico : pointe de Teno

CANARIES 2005

 

Garachico: vu du début de la balade
Garachico: vu du début de la balade

 

les herbes du jardin de la finca

 

La jeune femme du gîte cueille du persil et nous fait découvrir  les herbes du jardin : persil en abondance,  touffes de menthe et de marjolaine à très petites feuilles. Le basilic pousse dans des pots. Epinards et chayottes rampent. Les épinards aux petites feuilles triangulaires très charnues, peuvent être manger crus en salade. Dans des jardinières, de l’aloès. Nous nous promettons d’acheter de la salade pour profiter des fines herbes.

En route vers l’Ouest

Route vers l’Ouest, par un soleil resplendissant.

La campagne est gaie : les petites bananeraies sont encloses dans des murs de parpaings pas très esthétiques. Des poinsettias aux extrémités rouges sont alignés. Les villages ont un aspect agréable, pas d’immeubles, des maisons agrémentées de balcons crépies de blanc, de rose ou de jaune. Le tourisme de masse n’a pas encore atteint cette partie de l’île (encore que, sur le bord de l’eau, un immeuble de style Grande Motte se voit de loin). A Garachico,  départ de la promenade sur la route de cuervas (route des virages) qui nous emmène à San Juan del Reparo. La montée est impressionnante : les lacets serrés sont soulignés à la chaux. Après 5 ou 6 km,  à mi-pente,  altitude de 600 m qu’il me faudra descendre.

Rando San Juan/Garachico

San juan
San juan

TOPO DE LA RANDONNEE

L’épicière, derrière son comptoir, vend toutes sortes de marchandises, aussi bien des gâteaux à la pièce que de la morue au détail emballée dans du papier journal, des produits d’entretien, du vin …

Le sentier est juste derrière sa boutique. Dans le village, il est goudronné. Un beau chemin muletier empierré de lave, protégé par un parapet,  serpente dans la foret de pins. La descente est très raide, les pierres sont inégales et glissantes, les aiguilles de pin, traîtres. Je suis ravie d’avoir  mon bâton télescopique qui m’assure contre les glissades. J’ai remis en service mon ancien appareil photo ; je retrouve le plaisir de la mise au point manuelle qui me permet de réfléchir plus au cadrage.

La côte découpée s’étend jusqu’à Puerto de la Cruz. Garachico, à mes pieds, se rapproche avec son îlot rocheux, son grand clocher blanc et toutes les terrasses des maisons en mosaïque. Les citernes sont dispersées sur les terrasses. Le sentier court sur la coulée de lave de 1706 qui a englouti le port, jadis important. Des croix ont été érigées. L’une d’elle, fleurie, a été recouverte de cailloux. Les fleurs ont séché, les cailloux tiennent en équilibre comme par miracle. Si la croix s’était détachée sur un beau ciel bleu, je l’aurais photographiée. Je passe devant deux petits édicules : oratoires ou sources captées ? Un petit canal de ciment, comme une levada de Madère, conduit de l’eau qui brille sous le soleil. Malheureusement, le système d’irrigation par levadas tombe en déshérence, remplacé par de vilains tuyaux de caoutchouc noirs ; parfois, trois ou quatre tuyaux suivent le même chemin  et s’emmêlent.

Garachico

La ville de Garachico, églises et couvent
La ville de Garachico, églises et couvent

Après trois quarts d’heure de descente, je parviens aux premières maisons, traverse un petit parc archéologique où est exposé un ancien pressoir et je sors sous une porte ancienne construite en un appareil de petites pierres très soignées. Derrière le jardin, une jolie placette avec une fontaine, la rue mène à la mer.

 Garachico est une toute petite ville très tranquille  d’un charme désuet. L’église Santa Anna est très vaste. Ses murs blancs sont rehaussés de parements sculptés autour des portes. Les boiseries sont magnifiques, surtout le plafond. Les retables sont surchargés.

Garachico : cloître du couvent
Garachico : cloître du couvent

Un peu plus loin, la place de la Liberté est occupée par un rectangle planté de ficus touffus faisant de l’ombre aux tables d’un café. Au centre on a construit un kiosque à musique. Un palais austère orné de colonnes torses  borde la place. A côté, le grand bâtiment de la Mairie. Un couvent, au coin, se visite. Luxe : il renferme deux cloîtres aux galeries de bois sculpté sur deux niveaux. L’un deux est planté d’un jardin, l’autre forme une cour nue. Sous les galeries, une exposition de photos anciennes raconte la vie d’antan : l’antique autobus, le premier camion, les processions. Il y a également une collection de coquillages venant du monde entier ainsi que des échantillons de minéraux. Exposition ancienne, poussiéreuse, désuète, charmante.

piscines naturelles

Piscines naturelles
Piscines naturelles

 

Les rochers du bord de mer ont été aménagés en piscines naturelles pour la baignade. D’étroites allées cimentées  conduisent à des bassins profonds où on pourrait nager si le temps s’y prêtait . Pique-nique à l’extrémité : une seule rangée de rochers nous sépare de l’océan. La vague se forme, se creuse, avance en gros rouleau qui explose. Nous sommes au sec, seuls les embruns des vagues les plus spectaculaires nous atteignent. Est ce que la marée monte ?  Dans les vasques naturelles, de nombreux poissons évoluent. L’un d’entre eux est bleu profond absolument magnifique. D’autres, verts très aplatis nagent sur le fond.

Au menu, saumon, avocat de Ténériffe et une banane. Les vagues se creusent de plus en plus, les embruns nous mouillent, nous nous replions dès le repas terminé. Avant de quitter Garachico, je m’attable à la terrasse d’un restaurant pour un très bon café bien serré.

pointe de Teno

Pointe de Teno
Pointe de Teno

Pour atteindre la Pointe de Teno, nous passons par Buenavista qui est une charmante bourgade tranquille encore peu touchée par le tourisme. La petite route se faufile entre les murs de parpaing qui protègent les bananeraies. Juste après une belle finca blanche, bien nommée Casablanca, de grands panneaux annoncent en quatre langues qu’on s’engage à ses risques et périls sur la route du phare, coupée en cas d’intempéries et dangereuse en raison de chutes de pierres et de glissement de terrain. Nous serons prévenues ! Une fraction de seconde d’hésitation. Devant nous, une Opel Corsa blanche stationne. Dominique la double, l’Opel nous suit. Une énorme montagne pointue nous fait face. La route s’engage dans un tunnel très long, tout noir et bas de plafond qui donne un parfum d’aventure à notre expédition. D’après le plan, la route devrait s’interrompre à la sortie du tunnel et nous devrions faire à pied la promenade. La route a été prolongée jusqu’au phare et de nombreuses voitures sont garées sur le parking. Nous ne sommes pas les seules téméraires !

Cardon euphorbia canarensis
Cardon Euphorbia canarensis

Le phare est construit sur une péninsule. Il apparaît derrière un cône de scories rougeâtres remodelé pour faire une route et une plate-forme. Au pied du cône : un petit port naturel avec des barques. Sous la route du phare, des arcades, sans doute des garages pour les barques. Nous négligeons la promenade du phare, trop fréquentée, et nous engageons sur le bord de la falaise dans les scories. Ca et là, poussent des touffes de feuilles vert très vif, très épaisses avec une inflorescence rappelant celle du fenouil : c’est la laitue de mer : Astydamia latifolia, des raquettes de figuiers de barbarie, plus spectaculaires : de très hauts buissons candelabriformes de l’Euphorbia canariensis. Dominique pénètre au milieu d’un de ces buissons pour donner l’échelle sur la photo.
Sous nos pieds, la lave est creusée de grottes marines. A l’aplomb d’une grotte, une croix décorée de coquillages.  Quel naufrage commémore t elle ?
Plus loin, les falaises noires interdisent tout passage. Elles sont impressionnantes quoique familières. Nous avons vu ce type de paysage au Cap Vert à Sao Antao et à Sao Nicolau. Sous le ciel gris, elles ont un air encore plus sauvages .

Pointe de Teno - Copie - Copie
opuntia (figuier de barbarie)

 

Je me pose un moment pour dessiner. Ces montagnes me fascinent mais elles sont difficiles à saisir. Dominique trouvé de très jolies immortelles violettes, les mêmes que celles que nous avons rapportées du Danemark, des kakilées. Elle vient de cueillir un fruit du figuier de barbarie Quelle imprudence ! En Israël, je laissais aux gamins arabes le soin de les éplucher et je les achetais tout prêts. Celui qu’elle me tend a l’air lisse et innocent : une sorte de petite poire rouge grenat brillante. Je le range dans le filet extérieur du sac à dos. Quelques minutes lus tard, elle est prise d’horribles démangeaisons:  elle l’a mis dans sa poche de pantalon. Le jean est tout plein d’invisibles épines qui lui entrent dans la cuisse. Il faudra le laver !

Tenerife garachico

congelados

Courses dans un petit supermarché de congelados à Los Silos :  on se sert seul dans les gros congélateurs. On choisit les tranches de poisson ou de viande en vrac. Ils vendent au détail également petits pois ou haricots. Ces boutiques de surgelés sont très communes ici. Pour les fruits et les légumes, nous préférons les marchands de quatre saisons du bord de la route. Les prix sont plus élevés qu’en supermarché mais la marchandise est plus alléchante.

Tenerife – J1. Puerta de la Cruz – Finca Saroga

CANARIES 2005

finca saroga - Copie

Réveil à  8h30, après 5h de sommeil, grâce aux  volets de bois . Tomas, en djellaba courte rayée,  gants de laines,  brandit mes lunettes qui étaient tombées dans la cour cette nuit lorsque l’on  sortait les valises.

tenerife1fincasaroga

Le petit déjeuner est servi sur la balconnade couverte : vue sur la mer (et sur l’autoroute). 4 €, rois sortes de pain, intégral genre allemand, gris avec une croûte fine, délicieux, et des Wasa au sésame. La jeune femme qui nous sert est très sympathique, italienne, cheveux courts . La confiture est « casera », maison ;  les tomates de Chine, oranges et oblongues poussent dans leur jardin.

le jardin de la finca

La pluie a cessé, il fait bien gris.

Dans le jardin, un fouillis de plantes rampantes  cristophines et courges énormes, envahissent les arbustes. Les citronniers ont des gros fruits  à allure de cédrats, leurs feuilles sont racornies (nous sommes chez des écolos,  pas d’insecticides). Nombreus arbres à tomates, il y a également un petit papayer, un pêcher en fleurs et un figuier défeuillé.

Puerto de la Cruz

Puerto de la Cruz, immeubles modernes, végétation tropicale, beaucoup d’hôtels. Notre voiture de location est une Clio grise. La première sortie, je suis au volant, a l’air d’un gag : je fais trois fois le tour du pâté de maison, et loupe l’entrée du parking à chaque fois. A chaque coin, un stop, et des piétons dans leur bon droit.

Une jolie promenade arborée, hibiscus et palmiers, nous conduit à une petite plage de sable noir déserte. Plus loin, la côte est abrupte, une coulée de lave a laissé une falaise noire avec des prismes de rétractation. Malheureusement, l’urbanisation anarchique, tours étroites et barres énormes gâche le paysage.

Des bâches de chantier masquent les aménagements de la corniche du bord de mer. Plus loin, plus de travaux mais un péage (3.3 €) : des piscines, des jardins des chaises longues. Ce matin gris, par une température de 17°, personne ne s’est installé.

Cheveux blancs et têtes chenues

A l’arrière de la base nautique, une foule très dense se presse. Têtes chenues, les retraités de toute l’Europe du Nord se sont rassemblés ici. Malgré nos cheveux gris, nous faisons figure de jeunettes. Des boutiques se succèdent, proposant des produits détaxés, des parfums, des articles électroniques, des appareils photos, des lecteurs de CD  vêtements de « marques », Adidas ou Lacoste, et des souvenirs canariens : énormes poussins jaunes criards ( sans doute de canaris). Cette foire détaxée me rebute. Caricature de tourisme balnéaire. Que faisons nous ici ?
Levant les yeux au dessus des devantures on découvre de très jolies maisons chaulées de blanc, à balcons de bois ajouré. Dans les ruelles en pente, les balcons de bois, sont décalés. Le ciel s’est dégagé. Malheureusement, nous avons oublié l’appareil photo.

chapelles et églises

Une chapelle en bord de mer est réservée aux Allemands, une autre aux Scandinaves. Dans l’église principale, la Messe du dimanche est en Anglais. Malgré les affiches polyglottes, nous sommes en Espagne ; il règne une véritable ferveur. Des retables, très baroques, très dorés, très surchargés. Le plus remarquable se situe au dessus de nos têtes : un plafond de bois précieux à motifs arabes rappelant les plafonds à caissons. La religiosité qui règne ici fait contraste avec  l’agitation mercantile de la rue. Il est difficile de se comporter en touriste à l’intérieur de l’église, les gens sont en prière.

L’église donne sur une très jolie placette plantée d’un jardin public. L’eau jaillit du bec d’un cygne qui a renversé son cou vers le ciel dans une curieuse attitude, dans des carrés délimités par un grillage, des coléus, hibiscus et autres arbustes colorés sous des yuccas et des palmiers.

Nous terminons notre exploration au supermarché Hiperdino puis nous remontons la côte dans les embouteillages.

le patio de la Finca Saroga
le patio de la Finca Saroga

Déjeuner sur la petite table ronde devant notre chambre, Platanera,  : crevettes roses.

la Montaneta

Une  chapelle blanche perchée sur une petite montagne pointue, attire notre curiosité.  Nous contournons la base du cône dans des jardins un peu à l’abandon : bananeraies, oignons et pommes de terre. Le long de la route,il y a de petits oratoires fermés très soignés et fleuris. Une très belle finca est cachée dans les jardins. Malheureusement de grands panneaux annoncent la construction de chalets adosados du pire effet.

Au pied du petit mont : un énorme parking et  annoncé par d’énormes barriques : » le Monastère » :un ensemble de restaurants spécialisés, l’un dans les fondues, l’autre dans les grillades, un troisième de paellas …L’architecture et la décoration sont assez réussies. Nous traversons un jardin botanique planté surtout de plantes grasses, figuiers de barbarie, pins des Canaries aux longues aiguilles souples. Une bizarrerie : des fleurs rouges sortent de l’écorce des branches. Un pin n’a jamais de fleurs rouges. Est ce une plante parasite?
Un chemin de croix est en cours d’aménagement. Chaque station est illustrée par un azulejo plaqué sur un petit autel blanc. En haut, nous découvrons le cratère du petit volcan et la chapelle blanche, toute seule sur son esplanade de ciment. De là, nous apercevons les neiges du Teide étonnamment proches. Le sommet est caché dans les nuages. Les villages traditionnels de maisons cubiques avec des terrasses rappellent un peu les maisons marocaines. Une grande part d’entre elles est chaulée de blanc. D’autres ont adopté le crépi jaune ou orange. Les terrasses sont carrelées. Vu de dessus, elles forment une mosaïque en camaïeu très plaisante.

Plage de Soccoro
Plage de Soccoro

Corniche au dessus de la mer
Vers l’Ouest, l’autoroute se termine quelques kilomètres après notre sortie 38.e poursuit sur une corniche au dessus de la mer.Du belvédère San Pedro  aménagé au dessus des bananeraies, on découvre toute la côte. Un sentier descend dans une palmeraie.
la plage de Socorro
C’est le rendez vous des surfeurs. Je sacrifie à mon rite : la promenade pieds nus à la limite de la vague. L’eau n’est pas froide.

A la recherche d’un supermarché, nous nous perdons et rentrons à la nuit tombée.

 

J14 – Fuerteventura – Playitas et randonnée avec les chèvres

CANARIES 2015 

Playitas
Playitas

Playitas

Pour notre dernier jour canarien, nous avons envie de plage et rejoignons Gran Tarajal, annoncé par une zone industrielle, un port et des urbanizations, nous le dépassons pour continuer vers Playitas. La présence du golf, m’irrite encore (dans cette île sans eau). Nous aurions eu bien tort de nous laisser dissuader. Hôtels et appartements se font discrets, bungalows sous une palmeraie en bord de mer, immeubles adossés à la colline.

Dépassant les installations balnéaires, nous découvrons un charmant village : maisons blanches soulignées de bleu, volets verts. Une maison toute bleue, et une autre, jaune, font contraste avec les murs blancs éblouissants. La petite croisette le long de l’eau est dallée, plantée de quelques palmiers, d’un tamaris et de succulentes en pot. Les bancs sont généreusement disposés pour les promeneurs. On y prend l’apéro : aloès canarien. Je pars explorer la plage de sable noir pour marcher une dernière fois dans l’écume. Personne sur les lits de plage. Deux couples se baignent. Misère ! Il y a une sono d’enfer ! En Grèce sévit aussi cette manie de sonoriser les plages.

Comme nous sommes très bien sur notre banc au soleil, nous décidons de prolonger la pause par le piquenique (salade d’artichauts en boîte, œuf dur et thon). Café à la terrasse du restaurant bleu La Rampa il y en a second peint en vert, plus à l’ombre mais complet. Au bout de la promenade, se trouve un port minuscule, 3 barques sont hissées dans la rue. Un pêcheur à la ligne lance son hameçon. Une statue de pierre représente un pêcheur et son fils assis.

Faro de la Entallada

Faro de la Entallada
Faro de la Entallada

Un écriteau prévient que la route qui y conduit est étroite. Le ruban de goudron est perché sans accotement, sur le vide de chaque côté. Le phare coiffe un petit sommet. Flanquée de deux ailes basses, la tour carrée fait penser à un château fort. Il se voit de très loin, l’arrivée est impressionnante. Le vent est si fort que je n’ose pas rejoindre le petit mirador accessible par une passerelle de bois, j’ai l’impression de m’envoler.

Tiscamanita.

Le Moulin de Tefia
Le Moulin de Tefia

Pour rester sur l’excellente impression de Playitas, nous préférons finir la journée dans l’intérieur et voir le Centre d’Interprétation des Moulins de Tiscamanita. Un seul moulin. En cherchant à nous garer, je croise le sentir de randonnée 7.5km pour La Vega de las Palmas, 4 km pour Morro, la petite montagne, une rando de montagne dont j’aurais rêvé si nous disposions d’une journée entière ! Je pars avec ma montre 30 minutes dans un sens, 30 dans l’autre. Le sentier est très bien entretenu, balises verte et blanches sur la route et la piste, rangée de cailloux de chaque côté du sentier rouge de terre douce à mes pieds. Au bas de la montagne, un petit abri avec deux tables à pique-nique attend les randonneurs. Ensuite le sentier grimpe tout droit selon la plus grande pente je n’arriverai pas au sommet au bout des 30mn et redescendrai sans voir la vallée de Vega de Los Palmas.

promenade avec des chèvres
promenade avec des chèvres

 

Je croise le troupeau de chèvre qui rentre seul.  Enfin, pas tout à fait, deux grands rapaces au ventre blanc, planent au dessus d’eux. Le berger n’est pas loin non plus. Il se déplace dans un camion bleu et émet toutes sortes de sifflements et cris pour guider les chèvres qui ont l’air de comprendre et apparemment obéissent.  Le chien suit le véhicule en courant derrière, stoppe quand il s’arrête, ne lâche pas le berger d’un pas. Les bêtes se débrouillent sans lui. Les chiens de Fuerteventura se ressemblent tous. Il en existe 2 sortes : les noirs et fauves trapus ressemblant un peu aux Labradors, les jaunes à hautes pattes fines et museau pointu. Dans les cours, ils sont toujours enchaînés. En guise de niche on leur fournit les bobines de bois géantes des câbles électriques. Au grand soleil, ils trouvent de l’ombre en dessous, en cette saison fraîche, ils préfèrent se jucher sur le plancher en haut.

Eolienne
Eolienne

La vallée centrale où se trouve Antigua ,Agua de Bruyes et Tiscamanita est cultivée. Des éoliennes à pales métalliques pompent l’eau, les levées de terre gardent l’humidité. Ca et là on voit les champs ou des serres de tomates.

j14 – Fuerteventura – Salinas del Carmen : Musée du sel

CANARIES 2015

Sel
Sel

 

Le très beau Musée du Sel se trouve aux Salinas del Carmen . Musée du Sel plutôt que musée des salines.

Deux salles racontent l’Histoire de l’Exploitation du sel remontant à 6000 av JC par les chinois, puis les Egyptiens et les Romains.

L’aspect anthropologique est très fouillé : des coutumes parfois étranges liées au sel sont illustrées ;

Chez les Romains, la solde des militaires était payée en sel, origine de notre mot de salaire. La recette du garum au poisson macéré dans le sel est tirée du Satyricon. Plus récemment l’invention du ketchup est la substitution des tomates aux anchois – le nom vient d’Indonésie.

Plus grave : la Marche du sel de Gandhi.

Sel et superstitions : certains paysans mettaient des grains de sel dans leur charrue pour assurer une bonne récolte. Ailleurs on salait aux quatre coins de la parcelle.

Le sel est donc lié à la fertilité et par extension à la sexualité : l’adjectif salace, vient du latin salax, tiré du sel. Une gravure montre des femmes salant les cuisses et les fesses de leurs conjoints.

D’autres superstitions voudraient que renverser la salière porterait malheur, rappelant le geste de Judas pendant la Cène.

Une coutume canarienne m’a amusée : à la Saint Jean on disposait 12 petits tas de sel, chacun représentant un mois de l’année, si un tas s’écroule il pleuvra ce mois-là.

Toutes ces anecdotes m’amusent.

Une salle présente les utilisations industrielles du sel : innombrables, présent partout, en tant que Na ou Cl dans la chimie. Il est aussi le conservateur traditionnel des viandes (salaisons et charcuterie) et des poissons. Ce n’est qu’avec l’essor de la congélation à la fin du 20ème siècle qu’il a perdu son importance dans l’agro-alimentaire. Sur Fuerteventura les salines étaient rapprochées des lieux de pêche. J’avais été étonnée de voir le toponyme salinas en l’absence de marais salant près du Puertito de la Cruz à Jandia, étranges salines perchées à Aguas Verdes, lieu perdu de la côte ouest.

Saltadero
Saltadero

La dernière salle est consacrée à la Saline del Carmen, au métier de saunier, à ses outils, aux noms espagnols : l’écume, plus salée que l’eau de mer arrive dans le premier bassin Saltadero où l’eau est réchauffée et ne sera conduite que quelques jours plus tard dans les bassins d’évaporation, petits œillets  ou Tajos , rectangles maçonnés et tapissés d’argile. Le saunier, deux fois par jour, viendra ratisser les cristaux qui se forment. Une vidéo montre le travail du saunier.

les salines de Salinas del Carmen
les salines de Salinas del Carmen

Sous un soleil radieux (et un vent terrible) nous visitons la saline : les bassins sont verts, les œillets roses ou oranges grâce à Artemisia salina le crustacé qui donne sa couleur aux flamands roses. Des petits tas blancs brillent alignés à côté des œillets bien que la saison n’ait pas encore commencé (entre Mars et Octobre).

vaguelettes roses
vaguelettes roses

j13 Fuerteventura – la côte ouest sauvage Ajuy – la Pared

CANARIES 2015

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Ajuy vagues

 

Ajuy est le seul accès à la côte ouest avant la Pared très au sud. Cette côte rocheuse, déchiquetée est découpée de pointes, de grottes mais aucun village de n’est installé dans cet environnement battu par les vagues et le vent. Sur la carte il y a des criques mais elles ne sont accessibles que par la mer ???

Ajuy est touristique.  Un vaste parking à l’entrée doit contenir l’afflux de voitures. Une plage de sable noir est encadrée par deux pointes basaltiques luisant sous l’écume des vagues. La petite anse est parsemée de rochers et de galets. Nous trouvons un rocher agréable pour nous adosser et déguster les feuilletés achetés à Antigua. Feuilleté salé au thon à la pâte très fine, les oignons confits et les poivrons donnent du moelleux et sont presque sucrés. Nos carottes râpées-maison apportent une touche rafraîchissante. Feuilleté triangulaire fourré à la confiture citron et ananas pour la fin. Tout en déjeunant, nous nous rassasions du spectacle des déferlantes. Un puissant rouleau arrive de travers, s’enroule, se brise sur un gros rocher dans une gerbe d’écume puis un mini-Niagara lui succède en ruisselant sur la roche noire et luisante.

Des touristes s’aventurent trop près de l’eau pour mieux saisir l’image. Une dame intrépide tombe à l’eau, appareil-photo, sac à main sombrent. Son mari la tire (il a juste le bermuda trempé). Ils se changent et étalent les vêtements trempés sur des rochers. D’autres intrépides s’avancent. Nous guettons les naufrages. Autour de la plage, les terrasses des restaurants sont bondées. Sur le tableau d’ardoise on propose poissons frais, gambas, et moules, ou côtelettes.

Grottes
Grottes

Les grottes d’Ajuy sont annoncées depuis la route Un sentier a été creusé dans la falaise. Un panneau explique la formation géologique complexe :

  • Calcarénite blanche
  • Une coulée plus récente basaltique
  • Un complexe basaltique
  • à sa base : des phtannites anciennes

Je marche sur la calcarénite, attaquée par l’érosion qui a découpé des trous, dégagé des pointes, relief tout à fait pittoresque. Le sentier dépasse un petit cap. D’autres grottes sont creusée, plus vastes dans la roche sombre. L’écume s’engouffre sous nos pieds dans u fracas étourdissant. Des marches ont été taillées pour descendre au plus près. Aujourd’hui personne ne s’est aventuré, je renonce (l’alerte vent violent a été publiée à la télé ). Grâce au coup de vent les nuages ont été balayé mais la mer est déchaînée, ce n’est peut être pas prudent.

Ajuy village
Ajuy village

30 km plus au sud, il y a une autre plage accessible : la Pared .

La route FV-605, traverse des montagnes arides et spectaculaires. Les croupes se succèdent, oranges, grises, verdâtres dans les creux. Jeux de lumière et d’ombres sous le ciel bleu intense. On a aménagé un « mirador astronomique » sur un petit sommet. Le vent de face rend difficile la montée. La vue est panoramique à 360°. Le Mont Cardon et son sommet déchiqueté est en face, plus loin le massif basaltique violacé de Jandia(807m). Au pied de la montagne des panneaux invitent à visiter des fromageries.

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La Pared est aussi un spot de surf, le drapeau de l’UCPA claque au vent. On a aussi implanté un golf, déclenchant mon ire. Un  restaurant est équipé d’une piscine géante. La plage est curieusement parsemée de rochers et de galets tantôt blancs, tantôt noirs, même bicolores ; Une falaise étrange, noire à la base, blanche au dessus est battue par es vagues. Une arche avec un gouffre qu’on ne voit pas aspire la vague. Quand on se promène au dessus de la falaise on est complètement trempé par ces embruns qui nous douchent. (l’appareil photo aussi, tout salé).

La Pared : figures d'érosion
La Pared : figures d’érosion

Le retour au coucher du soleil est pénible. Nous avons hâte de rentrer avant qui’l ne fasse nuit dans la route sinueuse et étroite qui tortille. Les ombres s’allongent. Entre Pajara et Betancuria les lacets sont impressionnants. S’il avait été plus tôt nous nous serions bien attardées à la Vega de Rio Palmas, une oasis charmante construite près d’un barrage. Des randonneurs apparaissent du GR131, je les envie, la promenade dans la montagne a dû être une merveille.

J13 – Fuerteventura – villages et villes autour d’Antigua

CANARIES 2015

la Ampuyenta
la Ampuyenta

La Apuyenta

Le village de La Ampuyenta, situé sur la route d’Antigua, propose un circuit accompagné: 4 visites.

Le  bâtiment est élégant, blanc, souligné de moellons rouges aux coins, de parements autour des hautes et étroites portes et fenêtres, et composé de trois ailes orientées perpendiculairement à la route. Une croix et une date : 1891. C’est l’hôpital construit avec l’héritage du docteur Mena dont je visiterai la maison. Joli bâtiment, belle restauration. Malheureusement le contenu n’est pas à la hauteur : on a exposé les brancards permettant de promener en procession les statues des saints dans les chemins. Certains baroques, d’autres plus simples. Quelle exposition palpitante ! Certaines photos anciennes ont un intérêt ethnologique.

Ermita
Ermita de San Pedro de Alcantara

A quelques pas, dans un enclos, l’Ermita de San Pedro de Alcantara – franciscain, saint patron du village. Un écriteau annonce la « Chapelle Sixtine de Fuerteventura » Edifiée en 1681, restaurée récemment. Les tableaux racontent la vie de San Pedro. Le premier parait joyeux, le moine est allongé dans un bassin au milieu d’un parterre fleuri ; ce n’est pas une piscine, le moine porte un cilice pour se mortifier avec des chaines et des pointes, le sang perle, les chairs saignent. San Pedro est aussi peint en compagnie de Saint François d’Assise reconnaissable à la colombe perchée, avec Sainte Thérèse d’Avila dont il était le confesseur. Au dessus du retable, les murs sont peints à fresques « richement » parce que l’île était très pauvre et que les pigments nobles manquaient. La guide raconte bien elle rend la visite très vivante et plaisante.

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A l’autre bout du village, se trouve la maison de Fray Andresito établi en Uruguay et au Chili où il soigna riches et pauvres. La petite maison sans fenêtres est bien noire et bien nue à l’exception d’un tableau naïf le représentant soignant les Indiens et entouré de riches philanthropes. Très populaire aux Amériques. Une procession nocturne, en son honneur, se déroule à Fuerteventura le 14 janvier. La visite est courte, il n’y a rien à voir. Derrière le mur, la guide hèle quelqu’un. Une belle dromadaire arrive au petit trot. Et nous voilà en train de désherber l’enclos pour donner les mauvaises herbes aux dromadaires insatiables. La guide me montre dans la colline des personnes courbées vers la terre qui ramassent les rares herbes pour leurs animaux.

la maison du Dr Mena
la maison du Dr Mena

Ma maison du Dr Mena est au bord de la grand route, entourée de murs blancs. Dans la cours, poussent des massifs fleuris et des plantes aromatiques que le docteur savait utiliser. Né en 1802 à la Ampuyenta, le Dr Mena étudia à Gran Canaria puis à Cuba et à Paris pour se spécialiser en médecine tropicale. Il étudia également la flore des Canaries et introduisit la balnéothérapie dans l’île. Il enseigna à Cadix mais rentrait régulièrement dans son village pour y soigner riches et pauvres.

Dans la cour, comme partout, la citerne Aljibe,la guide me montre le système de récupération des eaux de pluie par les gouttières. Deux parties dans la maison, les quartiers des serviteurs, cuisine, salle pour broder ou repasser le linge, chambres. De l’autre côté, les pièces d’apparat avec le riche mobilier importé de Cuba, la salle d’attente et le cabinet du docteur. Un objet est spécialement intéressant : une sorte de placard à deux étagères : en haut, une grosse pierre ronde, en dessous un récipient pour récupérer l’eau de la citerne filtrée  et rendue potable. L’eau sur l’île valait une fortune. Aux passants assoiffés on offrait volontiers un verre de vin mais pas d’eau.

Pour filtrer l'eau de la citerne
Pour filtrer l’eau de la citerne

Je n’éprouve pas de passion subite pour les moines franciscains, encore moins pour les brancards des images pieuses, mais cette visite permet de toucher un peu à l’âme de ces habitants loin des attractions touristiques artificielles.

Antigua

L'église d'Antigua
L’église d’Antigua

Nous l’avions traversée dimanche, endormie. Sous le soleil, à 11h, c’est une ville bien vivante dotée de commerces : une très belle pastellaria, des petits commerces et d’un grand supermarché. La place de l’église est plantée de très grands arbres et de massifs.  L’église est blanche, son clocher est haut et fin, chaulé de blanc bordé de gris. J’y retrouve le même tableau qu’à la chapelle de la Ampuyenta avec Saint Michel au centre qui pèse les âmes, un retable coloré ; le plafond de bois est de toute beauté.

Nous nous sommes trop attardées à faire les courses, il faudra supprimer la visite prévue au Centre d’Interprétation des Moulins.

Nous sommes maintenant habituées aux vastes étendues orange et rouges de Fuerteventura qui n’est as si déserte qu’elle m’était apparue le premier jour. A force de scruter chèvreries, arbres et cultures je finis par repérer les exploitations agricoles, à deviner champs et jardins à l’arrière des levées de terre destinées à garder l’humidité (comme dans le sud tunisien).

Entre Tuineje et Pajara les serres à tomates sont différentes de celles de chez nous. Le plastique très épais est plutôt opaque, elles forment de vastes paquets plats hermétiquement fermés. On a parfois suspendu à la porte une branche de tomates en grappe ou mis un écriteau. Le village de Toto est charmant.

Pajara

pajara
Pajara : Santa Regla

Petit village signalé avec un cœur dans le guide Evasion, très touristique. C’est une oasis au cœur de l’île. De grands ficus ombragent la place de l’église. Des bougainvillées forment de hautes haies colorées de chaque côté de la « rivière » à sec. On a planté des géraniums rouges ddans des jardinières blanches le long de la route. Il y a même un jardin public. Les maisons sont toutes des restaurants et cafétérias pour touristes mais, plus loin, on devine palmiers et jardins. La petite église Santa Regla possède un porche sculpté très original avec un fronton triangulaire avec des motifs végétaux  sur deux fausses colonnes cannelées

Pajara détail du porche
Pajara détail du porche

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Apéro derrière l’église. J’ai retrouvé une version made in canarias de la boisson à la pulpe d’aloès mais je préfère la coréenne plus subtile et moins sucrée.

 

J12 Fuerteventura – El Cotillo – Musée des Pêcheurs – plages

CANARIES 2015

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El Cotillo

15h , heure du déjeuner des Espagnols, temps pour nous d’aller voir la mer, direction el Cotillo, extrémité nord-ouest de l’île. Nous nous proposons de visiter le Musée des Pêcheurs installé dans le Faro de Toston. Nous passons sans nous arrêter devant la Cueva del Llano : tube volcanique où vit une araignée endémique.

El Cotillo

C’est une station balnéaire spécialisée dans le Surf, partout des agences, des boutiques y faisant référence. L’urbanisation est assez anarchique. Des maisons modestes côtoient de véritables palais à colonnes et fronton jaune, des galeries marchandes pharaoniques, et des villas contemporaines de béton blanc se dressent n’importe où ? Des lotissements pas encore construits disposent déjà de la voirie : larges avenues bordées de hauts lampadaires, mais pas asphaltées. Des sens interdit, des sens obligatoires nous baladent de rue en piste avant de nous renvoyer à 2 ou 3km du village.

Phare rouge et blanc, double phare : un grand, fonctionnel et un petit. Par beau temps on peut y monter mais pas aujourd’hui avec le vent ; Le prix du billet est réduit (1.5€) donne droit seulement à la visite du Musée des Pêcheurs : 3salles occupées par de nombreux panneaux (en Espagnol uniquement). Quelques photos anciennes, surtout du texte, très peu d’objets. La muséographie est désuète et peu élaborée. Le propos est intéressant : la vie des pêcheurs dans les années 1960, quand 60% de la population se consacrait à la Pêche avant le développement du Tourisme. Ces pêcheurs étaient « transhumants » pêchant sur la côte ouest agitée mais plus poissonneuse et sur la côte est plus calme. Ils pratiquaient aussi le cabotage le long de la « Costa » qui était celle de l’Afrique. Jusque dans les années 60 les barques étaient grées à la voile latine et n’avaient pas de moteur. Les garçons naviguaient avant l’âge de 10 ans . « L’école était en mer »  disait-on.

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Les femmes tenaient les comptes du ménage. Une certaine pêche de nuit secrète n’entrait pas dans l’économie familiale. Elles fournissaient les appâts qu’elles ramassaient à pied. Les coquillages étaient conservés dans du vinaigre à l’escabèche dans des bouteilles de verre.

A l’époque, cinq conserveries de poisson tournaient sur l’île. Le poisson était également conservé dans le sel. Tout  a changé avec la congélation.

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Le ciel s’est enfin dégagé. Il est maintenant très agréable de se promener le long des petites baies découpées dans les rochers. Anses tranquilles d’eau turquoise avec du sable blanc alors qu’au large de grosse vagues déferlent dans une écume mousseuse. Les Kite-surfeurs profitent de baies calmes et du grand vent. Certains glissent à grande vitesse. Les plus expérimentés s’envolent. Je marche, tantôt sur le sable tantôt dans les rochers.

A retour, le plan de circulation dément d’El Cotillo nous égare. Nous sommes forcées de brancher le GPS. Nous passons devant une tour ronde El Toston au dessus d’un petit port Roque abrité derrière une haute digue. Les terrasses des bars et des restaurants sont alignés devant le port mais il est trop tard pour s’y arrêter.

Fuerteventura mardi

Grâce au GPS, nous trouvons un très joli raccourci par Tetir et la montagne au coucher du soleil.