CANARIES 2015

Le très beau Musée du Sel se trouve aux Salinas del Carmen . Musée du Sel plutôt que musée des salines.
Deux salles racontent l’Histoire de l’Exploitation du sel remontant à 6000 av JC par les chinois, puis les Egyptiens et les Romains.
L’aspect anthropologique est très fouillé : des coutumes parfois étranges liées au sel sont illustrées ;
Chez les Romains, la solde des militaires était payée en sel, origine de notre mot de salaire. La recette du garum au poisson macéré dans le sel est tirée du Satyricon. Plus récemment l’invention du ketchup est la substitution des tomates aux anchois – le nom vient d’Indonésie.
Plus grave : la Marche du sel de Gandhi.
Sel et superstitions : certains paysans mettaient des grains de sel dans leur charrue pour assurer une bonne récolte. Ailleurs on salait aux quatre coins de la parcelle.
Le sel est donc lié à la fertilité et par extension à la sexualité : l’adjectif salace, vient du latin salax, tiré du sel. Une gravure montre des femmes salant les cuisses et les fesses de leurs conjoints.
D’autres superstitions voudraient que renverser la salière porterait malheur, rappelant le geste de Judas pendant la Cène.
Une coutume canarienne m’a amusée : à la Saint Jean on disposait 12 petits tas de sel, chacun représentant un mois de l’année, si un tas s’écroule il pleuvra ce mois-là.
Toutes ces anecdotes m’amusent.
Une salle présente les utilisations industrielles du sel : innombrables, présent partout, en tant que Na ou Cl dans la chimie. Il est aussi le conservateur traditionnel des viandes (salaisons et charcuterie) et des poissons. Ce n’est qu’avec l’essor de la congélation à la fin du 20ème siècle qu’il a perdu son importance dans l’agro-alimentaire. Sur Fuerteventura les salines étaient rapprochées des lieux de pêche. J’avais été étonnée de voir le toponyme salinas en l’absence de marais salant près du Puertito de la Cruz à Jandia, étranges salines perchées à Aguas Verdes, lieu perdu de la côte ouest.

La dernière salle est consacrée à la Saline del Carmen, au métier de saunier, à ses outils, aux noms espagnols : l’écume, plus salée que l’eau de mer arrive dans le premier bassin Saltadero où l’eau est réchauffée et ne sera conduite que quelques jours plus tard dans les bassins d’évaporation, petits œillets ou Tajos , rectangles maçonnés et tapissés d’argile. Le saunier, deux fois par jour, viendra ratisser les cristaux qui se forment. Une vidéo montre le travail du saunier.

Sous un soleil radieux (et un vent terrible) nous visitons la saline : les bassins sont verts, les œillets roses ou oranges grâce à Artemisia salina le crustacé qui donne sa couleur aux flamands roses. Des petits tas blancs brillent alignés à côté des œillets bien que la saison n’ait pas encore commencé (entre Mars et Octobre).

c’est vrai que le sel est très lié à l’histoire, intéressant!
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