CANARIES 2005

La Montaneta
Le Petit Futé donne une description très alléchante de ce site.
Un itinéraire balisé existe : Départ de la rando N°5 à La Montaneta devant la petite église San Francesco.
C’est toujours difficile de trouver le sentier . Pour interroger les habitants, le plus pratique est d’entrer dans une boutique ou un bar. Si le propriétaire n’est pas trop affairé, il donne des renseignements plus avisés que n’importe quel passant. Les meilleurs renseignements sont ceux des chauffeurs de taxi ou des policiers. Au bar, le patron regarde des dessins animés à la télé. Il se débarrasse de moi « arriba ! » manque de chance, il y a un chantier à l’entrée de Icod los Vinos et une déviation. Dans Icod, j’essaie une épicerie fruiterie. La marchande est si gentille qu’on y fait nos courses. Elle nous envoie sur la route d’El Tanque.
La chapelle San Francisco est toute moderne. Derrière une vitre, Saint François est habillé de satin devant deux rangées de bancs. Le sentier grimpe dans la pinède pendant 50 minutes (300m de dénivelé, 3km). Il fait bien frais. Je marche d’un bon pas. Cette rando matinale est tonique à défaut d’être pittoresque. Pas de ravin vertigineux, encore moins de point de vue. Le sentier rejoint une piste de terre qui conduit au rendez vous à la « base récréative de las Arénas » : parking, camping, bungalows. Comme souvent, quand Dominique est seule, elle fait les plus jolies rencontres: cinq pics des pins. Quand j’arrive, ils sont envolés.
Arenas Negras

L’ endroit lunaire est tout noir. Les fameux sables noirs sont plutôt de la granulométrie de fins lapilli anguleux, bulleux et souvent très brillants .Sous nos pas, leur contact est très agréable, ils sont bien tassés. On ne s’enfonce pas. Ils proviennent d’une éruption récente. La Montana Negra est responsable de la destruction du port de Garachico en 1706 et le Chinyero, tout proche est entré en éruption en 1909. La végétation est déjà présente : quelques pins vert fluo poussent sur les sables noirs. Des buissons colonisent déjà les pentes du cône. Les lichens sont étranges. Certains, très petits, ont une couleur rouge. D’autres font de fins filaments orange. Bien sûr, il yen a de plus classiques formant des encroûtements grisâtres .

Nous sommes seules dans ce paysage désertique, intimidées par des panneaux qui interdisent l’entrée pour la préservation de la réserve naturelle. Ces interdictions provoquent chez moi une réaction ambivalente. Je reconnais le bien-fondé écologique de ces réserves. Je veux être une bonne citoyenne du monde et je respecte ces interdits. Par ailleurs, ma curiosité est aiguisée. Qu’est ce qui se cache ? Le cratère ? Sur le sol poussent des lichens si fragiles qu’il ne faut à aucun prix les piétiner. Mais, je vois quelques sentiers. Ne serait il pas plus raisonnable de canaliser le public dans des parcours obligés plutôt que de tout interdire et ne rien surveiller ?

J’opte pour la solution intermédiaire : suivre le sentier sans couper à travers. Je grimpe jusqu’à une arête, espérant entrevoir le cratère. Dominique contourne un autre très petit cratère ? Quelques bombes parsèment le sol noir. Je ne sais pas pourquoi cet endroit me ait plus penser aux dunes du Sahara qu’à la caldera du Teide tout proche. Malheureusement, les nuages arrivent et cachent le Teide tout blanc sur la forêt de pins. Au loin, un homme appelle ; ses cris sont semblables à ceux des bergers qui rassemblent leurs troupeaux. Deux chiens énormes se dirigent vers moi. Ce sont eux les gardiens du parc. Nous en aurons la confirmation par des écriteaux. Nous avons un peu peur mais ils ne nous poursuivent pas.
Une canalisation de ciment clair se détache sur les sables noirs. Par endroit on peut soulever un couvercle et accéder à l’eau pure. D’après le Petit Futé, le remplissage des gourdes est une des attractions de cette promenade. Malheureusement, aujourd’hui, avec les nuages, il fait bien trop frais pour que nous soyons tentées par l’eau froide.
Ascension du cratère

Je me retourne vers le volcan : deux silhouettes se détachent au sommet, suivies par d’autres. On peut monter !
En un petit quart d’heure, je suis au sommet. La vue porte du phare de Teno jusqu’à Puerto de la Cruz. Sur la mer, il fait beau tandis qu’ici le ciel est tout gris .Le sommet de la Montana Negra est rouge très oxydé. J’avais déjà vu cela en Auvergne, la température élevée provoque une forte oxydation. L’intérieur du cratère est coloré par les lichens. Tout le rebord, côté de la mer, est incrusté de lichens gris .Les filaments oranges brillent sur les lapilli noirs à l’intérieur du cratère. Je redescends très facilement par l’intérieur du cratère. Je n’ose pas courir comme à la descente du volcan de Fogo (plus de trois heures de montée et vingt minutes de descente comme à ski avec de belles gamelles).

Au rendez vous, Dominique n’est pas encore là. Normal, le chemin par le volcan était beaucoup plus court. Je m’installe sur l’unique rocher pour dessiner en l’attendant. Une demi-heure plus tard, j’ai fini mon croquis et elle n’est toujours pas arrivée. De plus, la pluie menace et il fait froid. Je la vois, enfin, furieuse ! Pour éviter les chiens, elle a suivi la route qui l’a écartée du site. Elle a donc fait un énorme détour avec l’impression de s’être perdue.
Nous allons chercher le soleil plus au sud
Nous allons chercher le soleil vers le versant sud de la montagne. La petite route d’Arénas negras nous emmène au sud du massif de Teno (pointe Ouest de l’île) près de Santiago del Teide. Dès que nous redescendons de l’étage de Monteverde nous retrouvons l’agriculture. De petits champs en terrasse soignés et surtout une profusion de pêchers en fleurs roses. Les agaves portent leur hampe florale. Les euphorbes et autres plantes grasses sont florissantes. Nous dépassons Santiago del Teide, village sympathique- maisons simples, vie rurale tranquille.
L’heure du déjeuner a largement sonné, nous cherchons un coin agréable pour le pique-nique. Pour une fois, nous dénichons du premier coup l’endroit idéal. Une pente cimentée nous conduit à une terrasse. De grosses touffes de marguerites Argyranthemum, d’euphorbes et d’une curieuse plante à hampe desséchée ressemblant à un parasol fermé, forment une végétation exubérante.

Nous nous asseyons sur un muret face à la mer abrité par une sorte de petite coupole construite en pierre de lave autour d’un petit canal d’irrigation. A nos pieds, un tapis sec et doux formé par des écorces d’amandes. A l’étage du dessous, un champ de pommes de terre et au fond un pêcher rose magnifique. De l‘autre côté de la route, épousant une arête horizontale, un village aux maisons colorées. Sur une esplanade, un marchand de légumes a empilé des sacs d’oranges : 10 kg pour 7 euros. Un âne attend, attaché à sa longe. Un appentis est entièrement recouvert d’une liane à grosses clochettes jaunes. Non seulement, le coin est charmant, le soleil brille et en plus le pique-nique est très bon : une salade de petites pommes de terre de Tenerife les papas, avec du thon assaisonné avec les herbes du jardin de la finca Saroga : persil en abondance, il pousse partout, menthe en petites feuilles, et épinards crus à feuilles très épaisses et charnues triangulaires vert foncé. Le fromage de brebis ou de chèvre acheté à Icod est délicieux. Je termine par une banane et Dominique avec des rousquilles.
Los Gigantes, tourisme de masse

Los Gigantes est un site réputé de Tenerife. Nous descendons une route en lacet dans une campagne en terrasse. De nombreuses cultures poussent hors sol sous serre : bananes et surtout tomates. Cette Tenerife rurale, même enlaidie par des bâches en plastique, est bien sympathique. Nous traversons le village de Tamaimo, bien tranquille avant d’arriver à Los Gigantes : les falaises que nous avons vues au phare de Teno .Malheureusement, le site naturel est éclipsé par le gigantisme des résidences, hôtels, immeubles. Les promoteurs ont vu grand ! Tout un quartier adossé à la montagne est formé de studios identiques, terrasses en gradins, tous crépis de jaune. Un hôtel ressemble à un paquebot géant (belle architecture). Des quartiers entiers d’immeubles identiques sont en cours d’achèvement. Une jolie marina entourée de maisons canariennes à balcons de bois ajouré. Cette station est plutôt de meilleur goût que les constructions que nous avons vues auparavant. On a fait des efforts d’architecture. Il en demeure quand même que cette station balnéaire est le comble de l’absurde. En face des falaises qui tombent à pic dans l’océan, il n’y a aucune plage. Seules quelques piscines artificielles, un lagon de ciment. Ces immeubles abritent des milliers d’estivants qui n’ont rien ou presque pour se baigner ou même pour se promener. Le site est resserré, encaissé. La circulation automobile, un cauchemar. Qui est assez idiot pour acheter des milliers d’appartements au bout du monde sans même une plage ? Je monte sur la digue qui encercle la marina, même pas aménagée, pour prendre une photo. Dominique n’a pas eu le cœur de me suivre. De la voiture, elle me lance le porte-monnaie pour aller m’acheter une glace – une cassate délicieuse dans un restaurant du port.
Nous quittons sans regret cet endroit absurde, remontons les lacets, traversons le massif du Teno pour nous retrouver à Icod et reprendre la route de Puerto de la Cruz.
Nous terminons tranquillement la journée à la plage de Socorro – baignade interdite- mais sable fin noir.
ce désert noir est vraiment un site très particulier!
bonne soirée!
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Ça doit laisser une drôle d’impression ce paysage étrange, avec les changements météo. Je n’aurais pas aimé me trouver face aux chiens !
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