
CANARIES 2015
Arrieta

Le vent souffle avec violence. Après Teguise nous arrêtons à Arrieta, une petite station balnéaire sur la côte Est au nord de l’île. Les vagues spectaculaires se brisent devant curieuse maison colorée sur une digue qui abrite un petit bassin naturel bordé de sable blanc où l’eau est tranquille.
Un couple de retraités nordiques sort de l’eau bravant la fraîcheur (16°C dans l’air) et la tempête. Les maisons blanches sont construites directement sur la côte. Les pêcheurs ont remonté les barques dans les rues, mais les surfeurs téméraires se régalent. La route longe la mer jusqu’à Punta Mujeres – moins sympathique qu’Arrieta : bungalows et hôtels-clubs.
La Cueva de los Verdes se trouve à 5 km au nord. La route traverse le Malpais de la Corona, ancienne coulée basaltique recouverte d’euphorbes et de lichens déversée de l’imposant volcan Corona. Un tunnel long de 7km descend vers la mer. Nous allons en visiter à la cueva 1 km. L’entrée est très discrète et très verte. Comme la visite est accompagnée j’attends 20 minutes en dessinant.
Le guide est bilingue Espagnol/Anglais. Le plus souvent, il se contente de nous guider dans les passages étroits ou de signaler les marches. La visite est illuminée et sonorisée. On a ménagé des surprises dans la scénographie que le guide nous fait promettre de ne pas dévoiler. (je tiens mes promesses).
Le connaissais l’existence de ces tunnels : la surface de la coulée se solidifie au contact avec l’ai beaucoup plus vite que l’intérieur encore chaud et fluide s’écoule en torrent. Ce qui m’a surpris c’est la dimension de la galerie qui parfois est étroite mais certaines salles sont énormes, de l’ordre d’une station de métro. L’acoustique est parfaite, la plus grande salle sert d’auditorium. Une seconde galerie se superpose. Un peu plus loin, dans le tunnel de lave, une station de surveillance du volcan est installée.
Jameos del Agua
A 3 km vers la mer, Jameos del Agua est encore une attraction « incontournable ». La galerie naturelle est occupée par un petit lac d’eau très transparente où vivent de minuscules crabes blancs aveugles habitués à leur vie cavernicole. Plus loin le tunnel s’interrompt dans un creux où Manrique a aménagée la plus belle des piscines, turquoise entourée d’une plage de laque blanche. Piscine et plage pour le plaisir des yeux, il n’est pas question de baignade. Des plantes fleuries, des cactus et des palmiers complètent ce décor de rêve. Bancs de bois, table de café. Au dessus un beau restaurant design (encore Manrique). Noir basalte, blanc cru, laque rouge. Un très bel endroit et des prix raisonnables, les mêmes qu’au Monumento al Campesino où nous étions samedi.

Musée du volcanisme
Rien n’indique qu’un Musée du volcanisme est aménagé dans une aile surplombant le cratère. Sur deux niveaux, le volcanisme est mis en scène.
Photographies magnifiques d’éruptions, de coulées sous marines. Des maquettes. La maquette des Canaries fait prendre conscience que la partie émergée formant les îles est infime par rapport aux quantités submergées. Le volcanisme des Canaries est situé dans le cadre de la tectonique des plaques. Il est expliqué île par île. Chaque île représente un cas de figure différent. Lanzarote ne comporte que du basalte tandis que d’autres îles combinent volcanisme éruptif et volcanisme explosif. De beaux échantillons de lave sont alignés. On les voit mais on peut aussi les toucher.
Autre intérêt de ce musée : la présentation des instruments scientifiques de surveillance et d’étude des volcans. La station sismique dans le tunnel tout proche est reconstituée. Une éruption est illustrée par les sismogrammes, les taux de gaz. Sur un écran translucide on imagine monter le magma.
En ce qui me concerne, rien de bien nouveau en ce qui concerne les théories générales.
En revanche le cas particulier du volcanisme canarien m’a étonnée. Non pas le contexte d’ouverture de l’Océan Atlantique il y a 140 MA, mais plus tard quand, il y a 60MA, la dérive de la plaque africaine s’est bloquée et que l’Afrique a effectué une rotation générant un mouvement de compression. Les fractures du socle portant les îles canariennes se sont soulevées et les sédiments présents dans le bassin se sont plissés. Cette sorte de rift avec des blocs en escalier ne ressemble pas à une autre théorie que je viens de lire rattachant plutôt les îles Canaries au volcanisme de point chaud .

En recopiant le compte-rendu de la visite je me suis amusée à pousser plus loin mes recherches sur Internet et j’ai trouvé des articles fort intéressants.
(http://geologierandonneurs.fr/conferences/Volcanisme%20Tenerif.pdf) Un autre article trouvé sur Internet qualifie le volcanisme canarien d’ »énigmatique » http://www.come4news.com/le-volcanisme-enigmatique-des-les-canaries-informations-geologiques-existant-dans-le-domaine-i-447927
Copié-collé d’un PDF : http://cgo.asso.free.fr/telechargement/Doc_GeologieCanaries.pdf

- La théorie de la fracture propose l’existence d’une très longue fracture connectant les îles Canaries et les montagnes de l’Atlas. Lors d’une période d’extension, le magma emprunterait ce couloir. Les objections principales à cette hypothèse sont le manque d’évidence d’une telle fracture ainsi que l’absence de volcanisme entre l’Atlas et l’archipel espagnol.
- Le point chaud classique. Un des problèmes soulevés par ce modèle est que la lithosphère océanique sous les îles Canaries est froide, alors qu’elle est habituellement chaude dans une région de point chaud. Le volcanisme sub-aérien montre une progression irrégulière vers l’Ouest. Certaines îles battent des records d’activité volcanique (depuis 39 MA pour Fuerteventura, par exemple) alors que d’autres montrent un arrêt de toute activité depuis des millions d’années. Contrairement au système de point chaud traditionnel, les îles les plus vieilles (les plus occidentales) ne présentent pas de phénomène de subsidence.
- . La théorie du soulèvement de blocs tectoniques est basée sur l’évidence du soulèvement de différentes sections des îles. Un phénomène compressif engendrant un amincissement crustal serait la principale cause du magmatisme et du soulèvement des blocs formant les îles Canaries. D’occasionnelles diminutions des contraintes tectoniques auraient permis la remontée de magma. Ce modèle a été réfuté car il ne propose pas de mécanisme probant pour la genèse des magmas et n’explique pas la répartition spatiale et temporelle du volcanisme. 4. Un modèle unifié proposé en 2000 se base sur les théories des points 1, 2 et 4. De la théorie des blocs soulevés, il retient que les îles sont dues à l’action de forces tectoniques compressives. De la théorie de la fracture, il retient le rôle de l’existence d’une fracture régionale pour la mise en place du magmatisme. Du modèle du point chaud, il retient que les îles doivent leur origine à une anomalie thermique.
La route vers le nord jusqu’à Orzola, traverse le Malpais de la Corona, coulée hérissée de blocs et pics mais verte de lichens et cachée sous les euphorbes. Contrastant avec le basalte noir, du sable blanc a construit de petites dunes. Les plages de sable – très petites – se succèdent. Nous déjeunons sur l’une d’elle (salade de pommes de terre, anchois, thon, olives) dans le grand vent qui soulève des vagues impressionnantes.

Au retour, nous quittons la route principale(LZ-1) à Mala pour des routes plus tranquilles dans la campagne. De Guatiza à El Mojon, une mince bande de goudron en mauvais état grimpe à flanc d’un volcan. Arriverons nous de l’autre côté ? Nous passons entre des cultures très soignées : rectangle de sable ou fin lapilli noirs ; ces granulés poreux stockent l’humidité et empêchent les légumes de se dessécher. A-t-on apporté cette roche ou se trouve-t-elle sur place ? j’avais d’abord pensé qu’en ratissant soigneusement et en enlevant le bombes et les scories les paysans obtenaient ces champs à la surface régulière mais les gros tas noirs me font douter. Existe-t-il des carrières de cette pouzzolane qui serait répandue dans les champs ? . il pousse une petite herbe aux larges feuilles maïs ou canne à sucre ? Les explications d’un natif de Lanzarote nous manquent.