la péninsule de Rekjanes

CARNET ISLANDAIS

sous le vent l’océan déchaîné

Les prévisions de la météo sont détestables : peu d’espoir d’éclaircies, des températures proches de zéro et même de la neige en montagne.

Nous ne nous dépêchons pas de quitter l’hôtel Hafnarfjall d’autant plus que le petit déjeuner est somptueux ; je me précipite sur le hareng gras, plus rare que le saumon (je sais que certains frémissent à l’idée du hareng au petit déjeuner).

La route n°1 nous réserve une surprise, de la péninsule d’Akranes, nous voyons Reykjavik de l’autre côté du fjord : un tunnel de 6 km sous la mer nous y transporte directement.

Aux abords de Reykjavik, je règle le GPS pour trouver la route 42 à Hafnarfjördur qui traverse la Péninsule de Rekjanes. Nous passons devant IKEA, PIZZAHUT, KFC et toutes les marques mondialisées. Cette uniformisation me déprime même si IKEA est dans le style local nordique et que le Guide Vert explique la présence des enseignes américaines par la présence de bases américaines à Keflavik. Des carrières et des chantiers enlaidissent le début de la route 42.

Un gros engin de chantier barre la route à un carrefour, la piste qui y débouche est réservée aux 4×4. Hésitantes nous marquons l’arrêt. Un viking en gilet jaune se dirige vers nous à grands pas avec un regard inamical « la piste est fermée, faites demi-tour et surtout faites vite, le rallye va passer dans quelques minutes ». Nous voyons débouler des engins numérotés et crottés qui ne font pas cas de notre présence. La piste est mauvaise, nous avons hâte de trouver le goudron.

la terre fume : la pluie cinle : une vision infernale

Nous longeons un lac d’eau brune avec des oiseaux que je confonds dans la pluie et le brouillard avec la mer. La route s’améliore ensuite et traverse un champ de lave comme labourée par une charrue géante. De quel volcan proviennent-elles ?

Seltun est un site géothermique. De la vapeur sort des évents, des ruisseaux de boue dévalent de la pente. La chaleur et les réactions chimiques ont décoloré la roche, la transformant en argile beige ou gris argenté. Le sol est brun orangé. La pluie se déchaîne. Les fumerolles changent de direction sous les bourrasques. J’ai l’impression d’avoir un avant-goût de l’enfer entre vapeurs sulfureuses qui s’exhalent du sol craquelé et fissuré, et les averses qui cinglent le visage. Feu et glace selon une version diabolique.

Krysuvik était à notre programme, nous passons sans voir l’église.

Nous nous arrêtons devant le Lac Kleifarvatn qui a inspiré Arnaldur Indridasson dans L’Homme du Lac qui attend patiemment dans la PAL notre retour à Créteil. Sa couleur verte est due à une algue. Dans la tourmente, nous ne sortons même pas de la voiture pour la photo et on filme tandis que le balai d’essuie-glace passe et repasse. Mes chaussettes et mon pantalon sont trempés de la sortie à Seltun.

Enfin, nous trouvons la route 427 goudronnée qui suit la côte. Le supplice des nuits de poule s’évanouit. La mer est déchaînée. Il semble que le vent retourne les vagues et emporte vers le large la gerbe d’écume qui se soulève.

Grindavik : musée de la Morue

Grindavik (3500 ha) est un port de pêche important. La vidéo touristique d’Icelandair, pendant le vol m’avait fait croire à un petit port pittoresque avec des maisons colorées et des barques de bois. Pas du tout ! Le port est bordé d’entrepôts de tôle, hangars métalliques grosses boîtes rectangulaires où l’on stocke le poisson. Il s’agit de pêche industrielle, de congélation, d’expéditions lointaines marquant une activité dynamique pas touristique. Il y a bien des maisons colorées mais elles sont dispersées séparées par des lotissements de longues maisons basses grises toutes pareilles séparées par une petite haie avec plusieurs voitures dans l’allée du garage.

saleuse de morue

Le Musée de la Morue (Saltfish museum) installé dans un grand bâtiment moderne gris. Parking vide, personne au comptoir. La porte est ouverte. Peut-être est-ce entrée libre ?

Une exposition géologique avec des panneaux lumineux, des schémas. Beaucoup à lire, au moins une vingtaine de chapitres traitant de sujets aussi divers que le volcanisme, les types de volcans, les éruptions fissurales, la stratigraphie, les glaciations. Chaque sujet est bien expliqué mais l’ensemble est indigeste, le programme trop copieux.

L’exposition qui raconte la Pêche à la Morue est passionnante. On a affiché des photographies anciennes un peu jaunies de très grand format et placé les tables où les femmes salaient le poisson en plein air, une barque de bois montrant le retour des pêcheurs. Des pêcheurs semblent s’échapper de la belle photo du rivage. Les morues salées sont véritables si les personnages sont des mannequins de taille humaine. On a recréé l’ambiance du port autrefois.

la pêche à la morue, autrefois…

Le visiteur peut lire des panneaux intéressants ou visionner des films sur des écrans.

La pêche à la morue était destinée à l’exportation. Les pays catholiques où la viande était interdite 166 jours par an étaient de gros consommateurs de morue salée surtout la France ? L4espagne, le Portugal et l’Italie. Par ailleurs, Grindavik subissait la concurrence de la Norvège. Des guerres commerciales se menaient à grande échelle. En 1912, à la suite de la prohibition, les ventes de vin espagnols se sont écroulées ; par mesure de rétorsion, l’Espagne s’est tournée vers la Norvège. Il fallu conquérir les marchés portugais et italien. Cette géopolitique de la morue m’intéresse énormément.

Les conditions de vie des pêcheurs et des femmes qui découpaient et salaient le poisson sont illustrées par des vidéos. Malheureusement, pas en route à mon premier passage. La jeune fille chargée de les mettre en route me découvre « non ! le musée n’est pas gratuit ! » ; en revanche le café bien chaud est offert. Elle m’apprend que la tempête aujourd’hui correspond au passage de l’ouragan Dorian qui a fait des dégâts au Bahamas et qui est requalifiée ici « tempête tropicale » .

Nous continuons le tour de la Péninsule de Rekjanes et, comme à notre habitude, nous arrêtons à chaque parking pour lire les explications.

Brimketill : les coulées sont arrivées jusqu’à la mer et ont formé, selon le Guide Vert un chaudron. J’aurais été mieux avisée de prendre le temps de regarder le panneau, j’aurais su quoi chercher. Dans le vent monstrueux qui fouette le visage au bord de l’eau, je renonce à poursuivre la promenade jusqu’au bout et je n’ai pas vu Brimketill !

fumerolles

Gunnuhver s’annonce par des panaches de vapeur s’échappant du sol, soit d’évents naturels, soit captés et conduits par des tuyaux de métal brillant vers la Centrale de Gunnuhver , centrale géothermique à l’architecture très élégante et épurée, silhouette toue en courbes aux parois blanches rappelant un nuage. Elle tire son nom de la sorcière Gunne. Le site est accessible à condition de bien rester dans les chemins aménagés qui conduisent à l’observatoire surplombant le solfatare et à un second parking de l’autre côté d’un panache particulièrement dense qu’il faut traverser. Des avertissements en forme de thermomètre découragent les imprudents ; deux jeunes le traversent en courant. Je ne cours pas bien vite surtout avec mon bras en écharpe j’ai peur d’être ébouillantée.

Non loin, un phare est posé sur une colline. On continue et on le dépasse pour arriver à la mer dans un site où de noires aiguilles dépassent de la falaise. Ce vent terrible fait toujours rage, des vagues puissantes se brise en écume abondante. Le soleil perce enfin !

une passerelle entre l’Amérique et l’Eurasie

Le pont reliant deux continents est une passerelle au-dessus de la faille, un petit canyon tapissé de sable noir ; cette faille marquerait la limite des deux plaques. Je « passe en Amérique » en traversant la passerelle en reconnaissant l’approximation de cette illustration simpliste de la tectonique des plaques ; pourquoi cette faille plutôt qu’une autre dans toute la série des fractures parallèles orientées NE/SW qui hachent la péninsule de Rekjanes ?

Si le temps avait été plus clément j’aurais poursuivi la promenade au sommet de la coulée jusqu’à de très hautes falaises. Décidemment, le vent me décourage.

Hafnir

la chapelle sur la colline

Le village d’Hafnir est minuscule avec sa jolie église dont le clocher porte une large girouette. Etrangement tranquille avec la tempête d’aujourd’hui. Elle a dû en connaître des pires. Autour de l’église, des maisons aux formes et couleurs variées. Les murs sont revêtus de tôles et les fenêtres encadres de bois aux belles menuiseries.

La route 425 longe le grillage de l’aéroport Keflavik, tronçon herbu, moins pittoresque que les noirs champs de lave que nous avons traversés.

Stafnes

Le village de Stafnes a deux phares, l’un d’eux est aménagé en bistro. Il a aussi une petite église de bois sur une colline ;

Sandgerdi est plus construit. On traverse Gardur avant de trouver l’aéroport puis notre hôtel.

L’hôtel Gresteinn se qualifie lui_même de « hôtel-aéroport ». C’est une étape parfaite à moins de 10 minutes de l’aéroport. Un parking pratique, des chambres sans charme mais confortables et propres. Le service tient compte des contraintes des vols matinaux. Un petit déjeuner-buffet complet est servi pour nous à 3h45 ; la dame-gardienne de nuit tricote un pull traditionnel blanc à motifs bleus « marins » et l’exposera à la vente dans la salle à manger lorsqu’il sera terminé.

Dîner de hamburgers achetés dans un drive-in aux couleurs coca         -cola, fast-food hérités du temps de la base américaine.

Les dernières heures en Islande seront paradoxalement britanniques. La télévision écran plat est réglée sur la BBC : retransmission ce soir des Proms à l’Albert Hall, Glasgow, Belfast…Je savais la musique beaucoup plus populaire au Royaume Uni qu’en France. Comment imaginer un tel rassemblement festif, enthousiaste autour de la musique »classique ». Pas de tenues uindées (ou très peu) des petits drapeaux, des banderoles des rubans et des couvre-chefs fantaisie.

Quel plaisir de constate que les drapeaux bleus de l’Union Européenne sont presque aussi nombreux que l’Union Jack ou les couleurs locales écossaises, galloises ou irlandaises,

Quel plaisir de voir Chanter Rule Britannia sous une bannière arc-en-ciel que brandit fièrement la chanteuse.

Des britanniques si sympathiques quand on pense aux péripéties de Brexit !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nuage de cendre – Dominic Cooper

LIRE POUR L’ISLANDE

Nuage de cendre par Cooper

 

 

 

Sombre comme le panache de cendres qui orne la couverture!

Dominic Cooper est écossais mais l’essentiel du récit se déroule en Islande au cours du 18ème siècle en des temps très noirs pour l’Islande :

en 1783 des éruptions volcaniques apocalyptiques couvrent l’Islande de cendre, détruisant les récoltes et provoquent une famine. C’est dans ce pays dévasté que deux représentants de l’autorité coloniale danoise vont s’affronter dans un conflit qui sera jugé par l’assemblée populaire traditionnelle

 

Ce roman se base sur une affaire d’inceste célèbre en Islande. Il se déroule pendant tout le siècle de 1718 à 1788. pendant cette période les Islandais ont vécu les famines, les épidémies de variole, les éruptions cataclysmiques en plus de la rudesse du climat ordinaire et des rigueurs de la colonisation danoise qui prive l’île des ressources du commerce en monopolisant les échanges et envoie des fonctionnaires peu scrupuleux.

« Au cours des six premières années après mon retour au pays  il paraît que quelque dix mille personnes sont mortes, simplement de faim. Ensuite le Katla est entré en éruption. Juste sous la glace, ce qui a déclenché des inondations dévastatrices. Et en 1766; l’Hekla s’est lui aussi réveillé entrant dans une phase d’activité qui a duré sans interruption pendant presque deux années entières. »

Le narrateur Gunnar Thordason est un médecin qui tente de rendre un jugement modéré et impartial sur les faits terribles mais embrouillés. Histoire de rivalité entre deux shérifs, l’un islandais l’autre danois, jalousie et vendetta qui se transmet sur deux générations : Jens et Thorsteinn (1717-1740) et Hans et Pétur (1765).  Jens, le danois, alcoolique et exploiteur, Thorsteinn l’Islandais qui tente de coïncer son rival puis à la génération suivante Hans et Pétur se trouve en position similaire. Pétur, lecteur des livres saints, redresseur de torts, mu par une haine sourde et tenace.

La lecture n’est pas toujours aisée, le nombre de personnage, les noms islandais qui se ressemblent, les flash-back et le changement de narrateurs en cours de chapitre sans prévenir ne facilitent pas la compréhension.

Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié cet ouvrage qui se déroule dans des endroits que j’ai visités. Les paysages sont magnifiquement décrits dans leur sauvagerie et leur dangers ainsi qui la cruauté des tempêtes, du gel, des congères de neige qui bloquent les personnages dans un huis-clos parfois pénible. On traverse des rivières glaciaires en crue à gué et à cheval, et parfois on se noie. On se perd dans les marais sous un brouillard on disparaît. Les rigueurs des éléments peuvent masquer agressions et meurtres….

Thingvellir

J’ai aussi apprécié les références à l‘Assemblée de Thingvellir, qui se réunit annuellement depuis le 9ème siècle et qui siège encore au 18ème pour juger les procès d’importance. Les femmes exécutées dans la Fosse des Noyades

Sombre, très sombre, vous dis-je!

 

 

Lanzarote J6 – parc des Volcans

CANARIES 2015 

Parc des volcans
Itinéraire du J5 : Parc des volcans, La Geria, El golfo Salines

 

timanfaya

Départ très tôt à 8h15 pour arriver les premières à ‘ouverture du parc. A 9h, s’ouvre la barrière de la route qui conduit au Parc de Timanfaya, le volcan entré en éruption en 1730 ? Le parc s’appelle aussi Montanas del Fuego. La route traverse un immense champ de lave AA correspondant à une surface très irrégulière où la croûte superficielle de la coulée s’est solidifiée très rapidement, fracturée, hachée en écailles plantées à la verticale ou dans le plus grand désordre.

 

La petite route monte  au point de départ des autocars sur une éminence où est édifié un magnifique restaurant dessiné par César Manrique : El Diabolo – le petit diable est aussi la mascotte du Parc.

Faisons un petit geyser!
Faisons un petit geyser!

Dès notre arrivée, les Rangers du parc – chaudes parka et passe-montagnes – nous font garer et nous accueillent. Le prologue à la visite st une démonstration que le volcan respire encore, que le magma est proche et que le sous-sol est brûlant(Dommage qu’il ne nous réchauffe pas, il fait un vent glacial). Le garde me donne dans la main quelques graviers pris par terre, ils sont tièdes ! Des buissons épineux bien secs attendent d’être tassés dans un creux profond de moins d’un mètre, ils s’enflamment instantanément. Puis c’est un seau d’eau qu’on déverse dans un tube fiché dans le sol.

Pfffuuuttt!!!!
Pfffuuuttt!!!!

Le jet de vapeur fuse à grand bruit. On passe au restaurant voir le barbecue naturel où cuisent en robe des champs de grosses pommes de terre et des demi-poulets rôtissent à la géothermie.

Barbecue géothermique
Barbecue géothermique chez El Diabolo

Nous sommes arrivées les premières, occupons le premier rang dans le premier car qui démarre ; le spectacle est grandiose. Le grand car se faufile sur le fin ruban de goudron avec dextérité. Une bande sonore (espagnol-anglais) raconte l’éruption de 1730, lisant le témoignage du curé de Yaiza. La musique dramatique accompagne le voyage. Nous aurions envie de tout photographier et consacrons beaucoup d’énergie pour essayer d’éviter les reflets et autres artefacts. En collant l’objectif en en débrayant le flash les résultats sont meilleurs. Nous aurions peut être mieux fait de nous laisser aller au plaisir de l’excursion et aux points de vue magnifiques.

 

Vu du ciel l'alignement est parfait
Vu du ciel l’alignement est parfait

Le nombre de cônes et de cratères est impressionnant. Il n’existe pas vraiment de volcan Timanfaya mais plutôt un alignement de petits cônes sur une faille orientée WSW-INE. L’éruption de 1730-1736 fut une éruption fissurale ;la carte offerte par le  Parc montre les cratères alignés. Les petits cônes sont recouverts de matériaux pyroclastiques soit noirs brillants soit rouges. Certains monticules, les Islotes n’ont pas été recouverts par la lave et les cendres mais ne sont pas forcément indemnes de magmatisme. Le restaurant est installé sur l’islote Hilario. Hilario fut un ermite qui vécut 15 ans en seule compagnie de son dromadaire et qui planta un figuier qui ne fleurit jamais en raison de la chaleur du sol.

canaries2015dt 081 - Copie
Vu du car, on se croit sur la lune!

 

Après le circuit nous visitons le Centre des visiteurs situé à l’entrée du Parc sur la route de Tinajo. Les panneaux racontent le volcanisme, décrivent la faune et la flore. J’y glane le nom de plantes que je cherche depuis longtemps Ulvilla de mar : Zygophyllum fontanasii  – et le nom espagnol des Euphorbes Taibabal. Confirmation sur le rôle des alizées dans la colonisation des Malpais par les lichens. La guide du Parc bat le rappel : une simulation de l’éruption du Timanfaya a lieu dans le sous-sol. Le sol est surélevé et nous montons sur une estrade, des rochers nous entourent. Il faut imaginer la panique des paysans du 18ème siècle qui ne connaissaient rien aux volcans. Le son était si puissant qu’il résonnait jusqu’à Ténériffe à 230 km de là. On peut imaginer qu’ils crurent à la fin du monde. 40ù de la population émigra dans les îles voisines. L’éruption dura 6 ans. Nous ‘aurons que 3 minutes d’ »enfer » avec des craquements du sol, des roulements infernaux, des rougeoiements et des fumerolles. Le bruit ne m’a pas terrifiée mais je n’avais pas pensé à la fumée. Après la  démonstration nous demandons à la dame très gentille de nous indiquer des promenades.

Volcan los Cuervos
Volcan los Cuervos

On peut faire le tour du volcan de los cuervos (corbeaux) et même entrer dans le cratère pour environ 1h. Prendre la LZ-67 vers Tinajo  tourner deux fois à droite pour trouver LZ-56 en direction de La Geria au km garer la voiture au parking.

Nous avons été trop impatientes, un peu après le km3 nous trouvons sur la gauche un parking avec le départ d’une promenade autour d’un cône orange-rouge. Je suis le parcours pendant une petite heure. Heureuse de marcher sous le soleil. Le chemin est bien balisé, des pierres sont alignées de chaque côté de la piste. Il pousse même des géranium sur le parcours ; malheureusement les panneaux explicatifs ont été enlevés. Il faut que j’imagine les interprétations moi-même. Promenade facile et plate. Je n’ai pas trouvé l’entrée dans le cratère annoncé par la guide. Et si je m’étais trompée de volcan ?

C’est effectivement le cas : au km 4, sur la droite, sont garées e nombreuses voitures. De la route, on voit le cône égueulé ouvert au niveau du sol, béant. Le voilà le volcan de los Cuervos ! Ici aussi la piste est bordée de grosses pierres, il y a du monde. Les panneaux sont bien à leur place. Je les parcours distraitement : il n’y a pas de temps à perdre. Devant les surfaces AA du Malpais, on évoque une « mer de lave » : mer bien déchaînée comme l’est l’Atlantique en ce moment. Un autre panneau détaille les facteurs de dépôt des lapilli : le vent en est un important, capable de dévier les pyroclastes et de les accumuler dynamiquement. Sur certain cônes se forment les mêmes rides que sur les dunes (vu ce matin du car). L’entrée dans le cratère est étroite, de gros rochers comme des guetteurs se dressent de chaque côté, propylées infernales. On devrait imaginer qu’autrefois il y a avait un lac de lave fluide. Il est maintenant tapissé de lapilli gris clair. J’ai mis 25 minutes pour atteindre le cratère. Si je reprends le même chemin cela fera 50minutes alors que si je fais le tour cela prendra une heure. On déjeunera plus tard mais je ne veux pas renoncer au tour ; Avec le vent de face j’ai du mal à marcher vite pour tenir les délais. J’ai plutôt l’impression de faire du sur-place en montant dans les gravillons.

Lanzarote J5 – Arrieta – Cueva de los Verdes – Jameos del Agua

itinéraire de la matinée
itinéraire de la matinée

CANARIES 2015

 Arrieta

Avec la permission de l'auteur :http://fotonavasca.blogspot.fr/2012/12/una-vuelta-por-la-isla-lanzarote.html
Avec la permission de l’auteur :http://fotonavasca.blogspot.fr/2012/12/una-vuelta-por-la-isla-lanzarote.html

 

Le vent souffle avec violence.  Après Teguise nous arrêtons à Arrieta, une petite station balnéaire sur la côte Est au nord de l’île. Les vagues  spectaculaires  se brisent devant  curieuse maison colorée sur une digue qui abrite un petit bassin naturel bordé de sable blanc où l’eau est tranquille.

Un couple de retraités nordiques sort de l’eau bravant la fraîcheur (16°C dans l’air) et la tempête. Les maisons blanches sont construites directement sur la côte. Les pêcheurs ont remonté les barques dans les rues,  mais les surfeurs téméraires se régalent.  La route longe la mer jusqu’à Punta Mujeres – moins sympathique qu’Arrieta : bungalows et hôtels-clubs.

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La Cueva de los Verdes se trouve à 5 km au nord. La route traverse le Malpais de la Corona, ancienne coulée basaltique recouverte d’euphorbes et de lichens déversée de l’imposant volcan Corona. Un tunnel long de 7km descend vers la mer. Nous allons en  visiter à la cueva 1 km. L’entrée est très discrète et très verte. Comme la visite est accompagnée j’attends 20 minutes en dessinant.

Le guide est bilingue Espagnol/Anglais. Le plus souvent, il se contente de nous guider dans les passages étroits ou de  signaler les marches. La visite est illuminée et sonorisée. On a ménagé des surprises dans la scénographie que le guide nous fait promettre de ne pas dévoiler. (je tiens mes promesses).

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Le connaissais l’existence de ces tunnels : la surface de la coulée se solidifie au contact avec l’ai beaucoup plus vite que l’intérieur encore chaud et fluide s’écoule en torrent. Ce qui m’a surpris c’est la dimension de la galerie qui parfois est étroite mais certaines salles sont énormes, de l’ordre d’une station de métro. L’acoustique est parfaite,  la plus grande salle sert d’auditorium. Une seconde galerie se superpose. Un peu plus loin, dans le tunnel de lave,  une station de surveillance du volcan est installée.

Jameos del Agua

jameos del agua

A 3 km vers la mer, Jameos del Agua est encore une attraction « incontournable ». La galerie naturelle est occupée par un petit lac d’eau très transparente où vivent de minuscules crabes blancs aveugles habitués à leur vie cavernicole. Plus loin le tunnel s’interrompt dans un creux où Manrique a aménagée la plus belle des piscines, turquoise entourée d’une plage de laque blanche. Piscine et plage pour le plaisir des yeux, il n’est pas question de baignade. Des plantes fleuries, des cactus et des palmiers complètent ce décor de rêve. Bancs de bois, table de café. Au dessus un beau restaurant design (encore Manrique). Noir basalte, blanc cru, laque rouge. Un très bel endroit et des prix raisonnables, les mêmes qu’au Monumento al Campesino où nous étions samedi.

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image http://fotonavasca.blogspot.fr/2012/12/una-vuelta-por-la-isla-lanzarote.html

 

Musée du volcanisme

lanzarote Rien n’indique qu’un Musée du volcanisme est aménagé dans une aile surplombant le cratère. Sur deux niveaux, le volcanisme est mis en scène.

Photographies magnifiques d’éruptions, de coulées sous marines. Des maquettes. La maquette des Canaries fait prendre conscience que la partie émergée formant les îles est infime par rapport aux quantités submergées. Le volcanisme des Canaries est situé dans le cadre de la tectonique des plaques. Il est expliqué île par île. Chaque île représente un cas de figure différent. Lanzarote ne comporte que du basalte tandis que d’autres îles combinent volcanisme éruptif et volcanisme explosif. De beaux échantillons de lave sont alignés. On les voit mais on peut aussi les toucher.

Autre intérêt de ce musée : la présentation des instruments scientifiques de surveillance et d’étude des volcans. La station sismique dans le tunnel tout proche est reconstituée. Une éruption est illustrée par les sismogrammes, les taux de gaz. Sur un écran translucide on imagine monter le magma.

En ce qui me concerne, rien de bien nouveau en ce qui concerne les théories générales.

En revanche le cas particulier du volcanisme canarien m’a étonnée. Non pas le contexte d’ouverture de l’Océan Atlantique il y a 140 MA, mais plus tard quand,  il y a 60MA, la dérive de la plaque africaine s’est bloquée et que l’Afrique a effectué une rotation générant un mouvement de compression. Les fractures du socle portant les îles canariennes se sont soulevées et les sédiments présents dans le bassin se sont plissés. Cette sorte de rift avec des blocs en escalier ne ressemble pas à une autre théorie que je viens de lire rattachant plutôt les îles Canaries au volcanisme de point chaud .

théorie du point chaud
théorie du point chaud

 

En recopiant le compte-rendu de la visite je me suis amusée à pousser plus loin mes recherches sur Internet et j’ai trouvé des articles fort intéressants.

(http://geologierandonneurs.fr/conferences/Volcanisme%20Tenerif.pdf) Un autre article trouvé sur Internet qualifie le volcanisme canarien d’ »énigmatique » http://www.come4news.com/le-volcanisme-enigmatique-des-les-canaries-informations-geologiques-existant-dans-le-domaine-i-447927

Copié-collé d’un PDF : http://cgo.asso.free.fr/telechargement/Doc_GeologieCanaries.pdf

volcanisme canarien
théorie de la fracture

 

  1. La théorie de la fracture propose l’existence d’une très longue fracture connectant les îles Canaries et les montagnes de l’Atlas. Lors d’une période d’extension, le magma emprunterait ce couloir. Les objections principales à cette hypothèse sont le manque d’évidence d’une telle fracture ainsi que l’absence de volcanisme entre l’Atlas et l’archipel espagnol.
  2.  Le point chaud classique. Un des problèmes soulevés par ce modèle est que la lithosphère océanique sous les îles Canaries est froide, alors qu’elle est habituellement chaude dans une région de point chaud. Le volcanisme sub-aérien montre une progression irrégulière vers l’Ouest. Certaines îles battent des records d’activité volcanique (depuis 39 MA pour Fuerteventura, par exemple) alors que d’autres montrent un arrêt de toute activité depuis des millions d’années. Contrairement au système de point chaud traditionnel, les îles les plus vieilles (les plus occidentales) ne présentent pas de phénomène de subsidence.
  3. . La théorie du soulèvement de blocs tectoniques est basée sur l’évidence du soulèvement de différentes sections des îles. Un phénomène compressif engendrant un amincissement crustal serait la principale cause du magmatisme et du soulèvement des blocs formant les îles Canaries. D’occasionnelles diminutions des contraintes tectoniques auraient permis la remontée de magma. Ce modèle a été réfuté car il ne propose pas de mécanisme probant pour la genèse des magmas et n’explique pas la répartition spatiale et temporelle du volcanisme. 4. Un modèle unifié proposé en 2000 se base sur les théories des points 1, 2 et 4. De la théorie des blocs soulevés, il retient que les îles sont dues à l’action de forces tectoniques compressives. De la théorie de la fracture, il retient le rôle de l’existence d’une fracture régionale pour la mise en place du magmatisme. Du modèle du point chaud, il retient que les îles doivent leur origine à une anomalie thermique.

La route vers le nord jusqu’à Orzola, traverse le Malpais de la Corona, coulée hérissée de blocs et pics mais verte de lichens et cachée sous les euphorbes. Contrastant avec le basalte noir, du sable blanc a construit de petites dunes. Les plages de sable – très petites – se succèdent. Nous déjeunons sur l’une d’elle (salade de pommes de terre, anchois, thon, olives) dans le grand vent qui soulève des vagues impressionnantes.

près d'Orzola : sable blanc et rochers noirs
près d’Orzola : sable blanc et rochers noirs

Au retour, nous quittons la route principale(LZ-1) à Mala pour des routes plus tranquilles dans la campagne. De Guatiza à El Mojon, une mince bande de goudron en mauvais état grimpe à flanc d’un volcan. Arriverons nous de l’autre côté ? Nous passons entre des cultures très soignées : rectangle de sable ou fin lapilli noirs ; ces granulés poreux stockent l’humidité et empêchent les légumes de se dessécher. A-t-on apporté cette roche ou se trouve-t-elle sur place ? j’avais d’abord pensé qu’en ratissant soigneusement et en enlevant le bombes et les scories les paysans obtenaient ces champs à la surface régulière mais les gros tas noirs me font douter. Existe-t-il des carrières  de cette pouzzolane qui serait répandue dans les champs ? . il pousse une petite herbe aux larges feuilles  maïs ou canne à sucre ? Les explications d’un natif de Lanzarote nous manquent.

Garni : symphonie de pierres

CARNET ARMÉNIEN

orgues basaltiques de Garni

Ayant fait provision de fruits secs et de brioche nous cherchons un coin-pique-nique. Les chemins sont vraiment terribles pour notre belle voiture neuve. Nous aimerions de l’ombre, des arbres en fleur et si possible la vue sur l’Ararat. Plus on monte, moins il y a de fleurs. La neige est toute proche. Le nombre de voitures qui circulent dans la montagne est étonnant : des Lada ou d’autres modèles russes antiques. Les camions ont aussi un profil exotique, désuets aux proportions réduites. Minuscules et charmants, les petits autobus jaunes qui desservent les villages. A l’écart de Erevan le capitalisme triomphant n’a pas effacé les décennies soviétiques. Les magasins ressemblent à ceux que nous avons vus en Lettonie, même décor, même présentation. Casquettes et costumes de cedtte époque, comme les grandes statues incongrues dans la campagne.

Trop tôt pour rentrer! Nous décidons de visiter les villages. Goght se trouve entre Gueghart et Garni. Charmant village : pommiers et poiriers en fleur, tas de fumier et cabinets au fond du jardin. Une petite troupe de chevreaux noirs aux petites cornes pointues descend sur la place,  menés par un enfant blond et joufflu au T-shirt de Lionel Messi. Des jeunes fument à bord de vieilles voitures noire.

L’office de tourisme de Garni gère la Réserve de la Forêt de Khosrov. Il faut un permis pour randonner dans cette forêt millénaire et les randonnées sont réservées aux marcheurs confirmés. Je ne sollicite donc aucun permis, seulement un plan pour une courte promenade qui me conduira aux orgues basaltiques « stone symphony ». je descends la rue poudreuse du village et profite de l’atmosphère tranquille. Au bout de la rue, une chaussée pavée et très en pente est borde de deux ruisseaux tumultueux. C’est tellement aide que je suis forcée de me cramponner. J’arrive au torrent enjambé par un pont à une seule arche. Les orgues sont vraiment spectaculaires. Jeux de volumes et de lumière. Quatre filles russes sortent d’un énorme 4×4. Elles jouent les mannequins et posent comme pour un magazine. Un peu plus loin des alpinistes s’amusent à grimper aux prismes allongés. Des encoches fournissent d’excellentes prises.

le canyon dans la coulée en bas de Garni

L’église  de Garni est vraiment mignonne sur sa place occupée par toute une basse-cour de poules coq, une oie et même un paon. Elle est ouverte. J’y trouve des images pieuses bien naïves avec seulement deux rangées de deux bancs, ne contenant qu’une dizaine de personnes.

la petite église de Garni

Au diner Hasmik nous fait goûter à deux spécialités arméniennes : du yaourt liquide salé et dilué analogue à l’ayran turc et à une boisson bulgare dont j’ai oublié le nom, et de la limonade colorée en vert au parfum d’estragon que j’ai adoptée. Pour dîner deux ailes de poulet, du confit d’oignon-chou épicé et une salade de haricots rouges, maïs, cornichons, du riz au coriandre. Et comme d’habitude l’assiette d’herbes variées (menthe, coriandre, estragon, ciboulette).

Glendale – Nestpoint

JUILLET ÉCOSSAIS

 

Par un matin gris et frais; Des planches peintes indiquent qu’il y a ce soir « Gala à Glendale ». je suis très excitée à l’idée d’écouter de la  musique vivante sur Skye. La petite route à une seule voie serpente entre les passing places le long du bras d mer à l’est de Duirnish. La vieille chaumière préservée – encore un écomusée –  est fermée ! Le restaurant 5 étoiles «  the 3 chimneys ». Glendale s’étale dans le creux d’une petite vallée. Ses maisons sont dispersées aux flancs des collines. Au creux se prélasse la rivière en méandres pédagogiques. Le côté extérieur très creusé, l’autre courbe amassant les graviers et les sables noirs. Une petite route indiquée Glendale Mill grimpe hardiment en montagnes russes. Deux dames promènent 6 lévriers attachés ensembles.

3 cheminées!

–          « Où peut on faire demi-tour ? »

–          « devant la maison bleue. »

La vue est magnifique. Les  pics déchiquetés des Cuilins se détachent très nettement. Des îles émergent de l’étroit bras de mer qui nous sépare de Dunvegan. Cela me donne envie de dessiner. A peine suis-je installée qu’un homme revêtu du gilet fluo de ceux qui travaillent sur les routes, surgit de la colline. Il appelle son chien Carrey. Comme nous le saluons, il commence par nous indiquer un broch en haut de la colline. Puis il nous explique que les noms des villages aux alentours sont des noms vikings. Il nous parle des Vikings. On a montré hier sur la BBC la découverte d’un trésor viking au nord de l’Angleterre. Le berger a vu lui aussi cette émission à la télévision. Il est très enthousiaste. Il connaît la France et a assisté au Festival Celtique de Lorient. Il en a gardé un excellent souvenir. Etonné de se sentir tellement « at home » en Bretagne dans un univers si familier. En revanche, selon lui, le Gaëlique écossais ne ressemble pas du tout au Breton plus proche du Gallois. On lui demande s’il peut nous recommander des endroits à visiter – Nous n’avons encore rien réservé pour les dix jours suivants. Sur la carte, il nous montre les régions désertiques au nord d’Ulapool où il aimer se promener avec son chien. Il va en B&B quand il ressent le besoin de prendre un bain. On parle de moutons et du loup, des renards et des aigles. Sa houlette de berger est très belle. Il prend congé de nous. Il doit aller au secours de quelques brebis qu’un de ses voisins a vues en difficulté.

Je fais un saut au Musée de la Cornemuse. Reconstitution de l’intérieur d’une maison ancienne. La dame prend son bain dans un tub, des partitions pour cornemuse sont placardées, tout un bric à brac. Pas grand chose sur les cornemuses. Pour 5 £, j’achète un bonnet de laine chinée très douce tricoté à la main à Dunvegan.

Neistpoint,

Nous passons pour une troisième fois devant les mêmes maisons et finissons par demander notre chemin aux ouvriers qui réparent les lignes électriques.

–          « Demi tour et tout droit, passer Glendale (une 4ème fois !) et continuer la route !»

Les collines cachent d’autres collines, d’autres falaises. Il y a tant de moutons que les chiens ne sont pas les bienvenus. C’est aujourd’hui jour de marquage.

Le site est grandiose. Vers l’ouest, la série volcanique est entaillée pour former une falaise qui tombe à pic dans la mer. Des falaises de basalte, nous en avons vues, aussi bien à Madère, aux Canaries, au Cap Vert…empilement de coulées, prismes.

Une demi pyramide a basculé formant la pointe de Neistpoint. D’un côté la falaise, l’autre versant est une pelouse vert fluo qui s’incline vers la mer. Le parking est sur un plateau, un escalier et un ruban de ciment mènent au phare. A côté, une curieuse cabine de bois peinte en blanc soulignée de jaune avec un monte-charge rudimentaire. Un écriteau signale que les maisons du phare sont à louer – self catering – mais que le B&B peut aussi être organisé. En dessous, un numéro de téléphone à contacter. Cela me fait rêver ! Dormir dans un phare me semble être le plan le plus romantique qui soit. Imaginons la tempête ! Il faut descendre les valises et parcourir tout un kilomètre dans le brouillard. Ne pas quitter la sécurité du ruban de ciment. Le bord de la falaise est proche, les rafales pourraient nous emporter. Il vaudrait mieux voyager léger, un petit sac de voyage (peut être est ce la fonction du monte-charge ? Pour le « self catering », il ne faudra pas être trop exigent pour le menu. Les provisions devront être minimales. Peut être des œufs frais achetés à la ferme voisine, une soupe en boîte, des pâtes…

le phare de Nestpoint

Nous nous perchons sur un rocher pour pique-niquer : maquereaux fumés et carottes râpées. Les maquereaux sont plus goûteux que la truite, beaucoup moins chers aussi.

L’expédition au phare a pris une bonne demie heure sous un ciel dégagé et un franc soleil. Du parking, on ne voyait qu’une partie de l’itinéraire. La rampe de ciment remonte puis sur l’autre face de la moitié de la pyramide on descend une autre pente raide. Le phare est blanc souligné de jaune, assez bas, entouré de bâtiments en longueur aux portes vertes. Je ne pourrai  pas visiter les chambres. Tout paraît vide. Des panneaux interdisent l’accès. Des caméras CCTV surveillent. Le Royaume Uni est la patrie de Big Brother ! Pour savoir si on peut loger au phare, une seule solution : téléphoner ! Ce phare est d’autant plus excitant qu’il est caché aux regards des terriens. Seuls les marins et les îliens des Hébrides le connaissent/

Curieuses silhouettes de Nestpoint

Le phare est perché sur la falaise à pic mais le versant en pente douce plonge vers la mer quelques centaines de mètres plus loin. La balade se poursuit donc. A contre-jour, sur le bord de l’eau, des silhouettes se dessinent. Des pêcheurs ? Des estivants ? Plus j’avance, plus ces personnages immobiles me paraissent bizarres. Une croix au milieu se détache. Une croix face à la mer – ce serait banal en pays catholique. Ce que j’avais pris pour des hommes, ce sont des cairns. Est-ce la tradition d’ajouter sa pierre quand on parvient à la Pointe ? L’Ecosse est aussi la patrie des cairns puisqu’une de ses montagnes a donné son nom à ces accumulations de pierres sèches. Quand je m’approche davantage, je suis encore plus surprise. Ce sont de véritables sculptures. La croix est elle-même un assemblage de pavés  Art primitif ou art contemporain ? On a assemblé les cailloux de manière à construire des arches. Miracle de l’équilibre, survivent elles aux tempêtes de l’Atlantique ?

une chaussée volcanique

Je m’approche de l’eau. Pas de plage ici mais une sorte de chaussée de Géants : orgues basaltiques qui se découpent et se détachent pour faire des pavés géométriques.

Je remonte après avoir bien peiné dans les escaliers .Tout en haut, sur le rebord de la falaise. De là, on voit, tout petit, le phare. La vue est stupéfiante. La mer a une teinte bleue très intense. La lumière est vive. Skye parait peinte de couleurs vives. Les bruyères roses nous éblouissent. Les épilobes s’épanouissent.

les prismes volcaniques,

Il faut passer à l’Office de Tourisme pour réserver notre gîte pour demain. La dame manifeste de la mauvaise volonté. Elle ferme à 17heures (il est 16h45). Elle me laisse téléphoner de son bureau à Aberfoyle. Déception ! Rien à louer, pas de B&B non plus. Il reste une chambre à  l’hôtel Rob Roy. Le nom de l’hôtel me plaît. J’ai commencé le roman de Walter Scott à Beauly et l’ai laissé à regrets. Je ne pouvais quand même pas le voler !. Malheureusement je n’ai lu qu’une soixantaine de pages et je n’ai pas encore rencontré le brigand qui donne son nom au livre.

Nous retournons à Coral Bay dire adieu aux phoques qui dorment au soleil sur leur rocher. Nous revenons ici pour la troisième fois,  c’est devenu « notre »  plage, « notre rocher », « nos phoques ». J’ai besoin de m’approprier des lieux pour que le souvenir ne s’échappe pas trop vite de ma mémoire.

 

Environs de Naples : la Solfatare de Pouzzoles

la bocca grande

CARNET NAPOLITAIN/ 8 JOURS EN JUILLET 2005

En métro vers Pouzzoles

A 8h30, au Métro Cavour, le guichet est fermé. Je ne sais quel billet acheter dans l’automate.
L’employé préfère lever la chaîne et nous laisser passer plutôt que de nous renseigner.

Sur le quai, des jeunes avec des parasols et des sacs de plage attendent déjà.
La gare de Pouzzoles- Solfatare est le terminus de la ligne. Nous sortons soulagées de ne pas avoir été contrôlées. A l’arrêt du bus deux vieux très aimables nous renseignent :
–  «  Où acheter le billet d’autobus ? »
–  « pas la peine c’est le même que celui du train »
–  « on l’a jeté », mentons –nous, effrontément,
–  « Peccato ! ».

Nous continuons notre voyage gratuit.

La Solfatare : un volcan actif !

La Solfatare est un volcan occupé par un camping. A l’entrée, un porche devant un bâtiment rouge foncé du même rouge que celui des maisons des cantonniers. Dans le petit musée de jolis cristaux : du réalgar orange et jaune fluo ; c’est un sulfure d’arsenic qui cristallise ici. .Les pancartes nous expliquent les caractéristiques de l’arbutus et de la myrte.
Le centre du cratère est une plaine blanche et desséchée : la Fangaia, le bourbier, les eaux infiltrées sont réchauffées par le magma proche, elles ressortent en faisant de grosses bulles de boues. Malheureusement, cette année, la boue est desséchée, il a dû faire trop sec. C’est l’odeur sulfureuse qui nous surprend en l’absence de bouillonnement dans le bourbier. Nous ne découvrons les fumerolles que plus tard. Deux pyramides renversées attirent notre attention : réflecteurs pour les mesures par satellite des déformations du sol. Deux autres réflecteurs sont  situés de l’autre côté du cratère. Un satellite à 800 km  en orbite peut mesurer l’écartement entre les deux cibles et en déduire des changements au niveau du magma. La Solfatare est un volcan actif !
Un peu plus loin les fumerolles sont impressionnantes, à la base de la plus grande la Bocca Grande, des concrétions oranges (du réalgar ?). Des traînées de soufre colorent le sol très blanc(de l’alun ?). Parfois les cristallisations se font dans des sortes de tubes ou dans de petites géodes contenant de fines aiguilles. Elles ne sont pas faciles à photographier sans objectif macro. Plus haut, le bord du cratère a été exploité comme carrière de trachyte, roche très claire presque blanche ici. On veut s’asseoir, le sol est brûlant.
Nous passons devant un puits du Moyen Age d’où on tirait une eau miraculeuse. Au XIXème siècle, des étuves ou sauna ont été construits à l’aplomb de fumerolles particulièrement abondantes : l’Enfer et le Purgatoire.

pour la carte : clic