CANARIES 2015

La route de Teguise traverse des étendues agricoles plutôt planes et très soignées. La pouzzolane est finement ratissée, les pommes de terre touffues protégées par ds haies ou des filets. A l’entrée de Téguise il y a une petite zone industrielle avec de petites usines agro-alimentaires, entre autres une fromagerie (chèvres). Dimanche est jour de marché à Teguise – marché touristique selon Jürgen. Les employés municipaux canalisent les voitures vers de grands parkings payants (1.80€) à l’extérieur de la ville. Nous faisons le tour de Téguise sans nous y arrêter – peu désireuses de nous mêler à la foule de touristes. Un château domine la ville en haut de sa colline et nous nous promettons d’y revenir.

La LZ-10 vers Haria s’engage dans une étroite vallée. Sur la carte figurent deux ermitages. Au Monumento del Campesino j’ai vu les maquettes des petites chapelles ; blanches, très simples et charmantes. Avant le village Los Valles nous prenons la direction d’El Mojon pour y chercher l’ermitage San Sebastian :mignonne église blanche au porche arrondi souligné de basalte autour de sa lourde porte de bois avec un clocheton décalé sur la gauche. A l’arrière du clocher, le mimosa est en fleur. Quatre palmiers cachent le petit presbytère avec un petit poivrier. A l’arrière de l’église, derrière une murette, la prairie est constellée d’anthémis jaunes parmi les graminées. Les maisons du villages – blanches éclatant – sont entourées de jardins très soignés avec des cactus sculpturaux, des buissons fleuris – du genre echium(Tajinaste) cultivés aux inflorescences très abondantes bleutées – et des verbena roses oranges.

La chapelle Santa Catalina de Los Valles se trouve sur le bord de la route, entourée de jardinets de placettes, dans l’une d’elle la citerne est accessible par un puits discret qui se déverse dans une auge creusée dans de la pierre. L’église est construite sur une estrade haute de trois marches. Le barranco est resserré entre deux montagnes. Des murettes forment des terrasses et consolident la pente pour éviter l’érosion.

La route s’élève à flanc de montagne pour arriver à un parc éolien. Juste après, à gauche, une petite route monte à l’ermitage de las Nieves. Je ne pense pas que la neige n’ait jamais saupoudré ce sommet mais un vent glacial y souffle. Le panorama est spectaculaire, Des falaises hautes, découpées et escarpées dominent la mer. Non loin, le Pic de Penas del Chache est coiffé d’un dôme géodésique. A nos pieds, vue vertigineuse : la plage de Famara et plus loin vers le sud les sommets volcaniques du parc de Timanfaya on voit même jusqu’à Fuerteventura. Au sol fleurissent des fleurs colorées : mini-moutarde sauvage jaune, mini-crocus bleu intense, petit bouquet de fleurettes roses violettes aux senteurs aillées, bouquets violets… Tapis jaune et bleu qui égaie le paysage sous un ciel un peu gris.

L’ermitage de Las Nieves est un bâtiment d’assez grande taille, entouré d’une vingtaine de palmiers trapus dont la base est colonisée par toutes sortes de plantes grasses apies dans les creux. . le gros bâtiment cubique est entouré d’une enceinte, trois marches permettent d’accéder au parvis dallé de basalte. Deux grosses poteries chaulées contenant des plantes. Du basalte encadre le porche surmonté d’un œil de bœuf rond. Comme dans les autres ermitages un puits se trouve dans l’enceinte.
Aimable rencontre avec deux agriculteurs qui cultivent leur champ de papas. Un âne blanc attelé à la charrue trace un sillon dans lequel les hommes emmitouflés dans des anoraks la tête emballée dans des capuches pour travailler dans le vent, sèment les pommes de terre.

La descente sur Haria se fait par le ravin de Malpais. La route, étroite, taillée dans le rocher, tortille ; motos et vélos déboulent à vive allure. A mi-pente, une maison abandonnée et tagguée, permet de se garer pour admirer la vue sur deux vallées qu’une arête aigüe sépare. Les terrasses minuscules, les murettes séparant les jardins, les petites parcelles noires forment une mosaïque charmante. Au loin, Haria toute blanche est piquetée de nombreux palmiers. Au premier plan, de curieux pissenlits arborescents. Leur fleur est vraiment celle du pissenlit, les feuilles découpées sont reconnaissables mais au lieu de pousser au sol en rosette il y a un tronc qui supporte un buisson – j’ai trouvé son nom latin sur le site du jardin exotique de Roscoff : Sonchus congestus .
Haria
Le village d’Haria est très pimpant avec ses palmiers, ses belles maisons, ses placettes occupées par les terrasses des restaurants et des cafés. La Casa Manrique est annoncée par des flèches très discrètes. Un Parking gratuit est aussi fléché, son entrée est bizarre, le plan cimenté est très incliné. De l’autre côté du parking une porte permet d’accéder à l’église, aujourd’hui dimanche, les retardataires à la Messe, s’y pressent. L’église est récente, grande nef de béton, claire. Une allée piétonnière plantée de très grands ficus, bordée de maisons à étage débouche sur la place où on peut se restaurer de pizzas, tapas ou menus bon marché (9.5€). C’est la première fois que je vois des arbres aussi beaux depuis que nous sommes à Lanzarote.
La Casa Manrique est à l’extérieur du village. Je marche un quart d’heure d’un bon pas par des petites rues blanches, très soignées et arrive à une palmeraie. Le Musée est très bien conçu, même le petit édifice extérieur abritant les toilettes est décoré de reproductions de peinture c’est presque un hall d’exposition (cela me rappelle les toilettes du Musée Hundertwasser à Vienne, il y a une parenté entre Manrique et Hundertwasser). Entrée 10€ (mais il a un billet commun avec la Fondation qui donne des tarifs réduits). Dès que j’ai mon ticket, une femme m’ouvre la porte du petit patio au citronnier. Elle me prévient que les photos d’intérieur sont interdites. Je serai obéissante ! Je pénètre ans cette maison d’habitation, meublée comme au temps où l’artiste y vivait encore. César Manrique est mort accidentellement en 1992, la maison n’était pas encore achevée.

Aux murs, des tableaux de ses amis, les siens aussi, des revues, des vêtements. J’entre dans l’intimité du peintre dont je regrette de ne pas mieux connaître les œuvres. Manrique a meublé sa maison comme une œuvre d’art : mélange de traditions canariennes comme le plafond de bois à caissons et mobilier design. La piscine s’insère dans le décor. Les baies vitrées des grandes salles de bain s’ouvrent sur le jardin ; les chaises longues blanches très sobres sont originales. L’atelier du peintre est de l’autre côté de la palmeraie, lumineux et très vaste. Sur les étagères des pigments, bien sûr, mais aussi des mannequins et des têtes de poupées. Pour quelle œuvre ? Je regrette qu’aucun tableau aucune reproduction n’y figure.

C’est vrai. Aucune toile apparemment: Manrique était plus sculpteur que peintre, je pense.
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@philfff : Manrique st peintre mais ses tableaux se trouvent plutôt dans la fondation de Tahiche que nous avons visitée. C’est aussi un plasticien complet qui s’esst intéressé au design, à l’architecture
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