Fin d’une dynastie, fin de règne, le dernier des Médicis, Gian Gastone, est un personnage décadent. Comme le Caravage, il vit son homosexualité de manière tragique cherchant plus la déchéance que le plaisir. Dans la Florence des Médicis, l’amour des garçons est presqu’aussi admis qu’aux temps des Grecs. Il plonge dans l’ivrognerie, la goinfrerie et l’abjection pour déchoir encore. Il en résulte une fin pénible et une lecture assez pénible. J’ai terminé avec peine ce livre pourtant intéressant.
Les jours brillants de la Renaissance sont terminés, l’histoire se termine au milieu du 18ème siècle .L’Italie est dominée par l’impérialisme des Habsbourg, d’où un déferlement de touristes allemands sur Florence. Les Médicis se sont alliés aux Bourbons, influences françaises donc, et toujours celle de l’Espagne .
Florence est la ville des peintres. Gian Gaston, le dernier des Médicis a une préférence pour Andrea del Sarto. Je fais donc la connaissance de ce peintre
villa petraia
.Description de la vie dans les villas médicéenes et au Palais Pitti.
Clin d’œil à Stendhal : le livre se présente comme la traduction d’un manuscrit écrit par le médecin de Cosimo III et de Gian Gaston. Ce parti pris médical autorise une analyse d’un « fléau », épidémie vénérienne, qui ressemble au développement du Sida. Autre anachronisme, une « analyse viennoise » de l’homosexualité. Une description assez plaisante du tourisme : ces touristes allemands étrangement contemporains, qui auraient pu être drôles dans un contexte plus léger.
A 8h30, nous traversons l’Arno et arrivons en zone piétonnière. La ville dort, la circulation est facile. Mais que faire de la voiture? Nous la garons dans un parking privé (3€/h) cher, mais bien situé.
Sur le Ponte Vecchio, les échoppes de bois sont relevées. La lumière du matin fait ressortir les crépis colorés des maisons. Nous suivons le « corridor » de Vasari qui nous conduit aux Offices, deux galeries à arcades solennelles se faisant face. Nous parvenons au Palazzo Vecchio et à la Loggia de la Signoria sur la Plazza della Signoria.
Piazza della Signoria
Persée de Cellini
La Loggia della Signoria est un musée de sculptures. Le chef d’œuvre le plus célèbre est le Persée de Cellini en bronze. Beaucoup de statues sont antiques. La confrontation des œuvres du XVI ème siècle et des antiques qu’on vient de retrouver à la Renaissance, est particulièrement intéressante. Mais je ne trouve pas d’autre piste d’analyse.
La place de la Signoria est ornée d’une curieuse fontaine de Neptune et de statues géantes. On voit l’emplacement où Savonarole a été pendu. Je suis ravie d’avoir préparé ce voyage en lisant l’histoire des Médicis. Même si je ne connais rien en sculpture je suis heureuse de mettre des visages sous les noms des différents Cosimo.
Palazzo Vecchio
palazzo vecchio vu du haut de la coupole du Duomo
Le Palazzo Vecchio est emballé par des bâches de ravalement. Heureusement nos guides sont bien illustrés ! La cour décorée par Vasari est un peu encombrée par le ravalement. Encore ! La visite du Palazzo est libre. De nombreux panneaux et des écrans multimédia fournissent d’abondantes explications. Deux axes : l’Histoire de Florence qui se confond avec celle des Médicis (parenthèse de Savonarole à la fin du XVème), autre thème : la Mythologie. Mythologie
Depuis plusieurs années nous avons appris à décrypter les fresques et mosaïques byzantines et romanes à sujet exclusivement religieux ou les mosaïques romaines. Avec la Renaissance, tout change, la mythologie fournit les thèmes des peintures. Mais il ne faut pas les regarder naïvement. La mythologie n‘est que prétexte à la glorification des maîtres de Florence. Je suis déroutée quand Cérès, déesse des récoltes figure un Médicis. A l’époque tout le monde savait reconnaître le sens caché de ces allégories. Pour nous c’est plus difficile.
Les objets décoratifs sont plus faciles à apprécier : je tombe en arrêt devant un secrétaire aux nombreux tiroirs ornés de marqueterie de pierres dures.
La salle des cartes de géographie nous plaît beaucoup.
Nous avons passé deux heures dans le palais et ne sommes pas prêtes à entreprendre une autre visite sérieuse. Nous parcourons les ruelles à la recherche du Duomo et du Baptistère. De la Terrasse de Saturne, en haut du Palais, ils semblaient tout proches.
Duomo et Baptistère
Les grandes places sont maintenant occupées par la foule. Le soleil tape. Il fait meilleur dans les petites rues. Je ne sais pas très bien où porter mon regard : boutiques de luxe très raffinées, architecture des palais florentins… Ici, chaque immeuble est un palais. Les églises sont ornées d’abondantes sculptures. Tant de luxe, tant d’ornements finissent par nous étourdir et nous blaser. Difficile de garder longtemps la disponibilité et la capacité de s’émerveiller. Nous passons donc devant des merveilles sans nous étonner plus que cela.
En face du Baptistère et de la Cathédrale, nous lisons les guides assises sur un banc à l’ombre. Les belles incrustations de marbre blanc et vert, les dentelles de pierre du fronton, le campanile ajouré, nous éblouissent au point de rendre un peu idiotes. Je fais le tour du Baptistère pour admirer les portes ouvragées. Celle de Pisano me rappelle Monréale, celle du Paradis est finement ciselée. Nous nous dépêchons de rejoindre le parking avant que n’expire la 4ème heure.
De la terrasse de Neptune du Palazzo Vecchio, une façade blanche se détache des collines : San Miniato. Ce sera le but de notre promenade.
Le trajet de la Villa à San Miniato est facile et très agréable. La large avenue Galilée ondule aux flancs de la colline, entre des villas magnifiques précédées d’imposants jardins. D’immenses pins parasols font de l’ombre, toute la colline est boisée.
San Miniato est perchée sur des escaliers blancs. La façade de marbre éblouissant est extrêmement décorée : motifs, bandes et incrustations de marbre vert, colonnes antiques à chapiteaux corinthiens. Le décor ressemble à celui du Baptistère, mieux mis en valeur dans son écrin de verdure et ressort sur le ciel bleu tandis qu’au Baptistère, il se trouve écrasé par la Cathédrale.
Les tolits de Florence vus de san miniato
Assises dans un petit coin d’ombre sur le parapet, nous admirons les toits de Florence. Le panorama est magnifique. Nous identifions les tours, celle du Palazzo Vecchio, le Campanile, le Duomo, les arcades des Offices.
L’intérieur de l’église San Miniato s’harmonise bien avec sa façade. Cela parait idiot mais c’est loin d’être une évidence. Combien de façades baroques cachent des églises gothiques ou romanes en Espagne ! Ou au contraire, une façade romane sobre s’ouvre sur un intérieur baroque en Sicile! Les murs sont décorés des mêmes motifs : imposantes colonnes de marbres variés. Au sol, marqueterie de marbre noire et blanche : un zodiaque est ciselé au milieu de motifs géométriques compliqués rappelant, selon nos guides, les tissus siciliens. Il fait bon dans l’église fraîche et aérée. Le plafond de bois est peint de motifs géométriques de couleurs vives. Cette église me paraît étrangement familière, réminiscences de Sicile. Au dessus du chœur, la mosaïque dorée du Christ Pantocrator s’apparente aux mosaïques byzantines. Nos guides la qualifient de romane. J’ai la curieuse impression d’une boucle qui se referme ici entre l’Orient byzantin et le Roman que nous le connaissons en France. Entre l’étrangeté et l’exotisme byzantin, la symbiose sicilienne, se trouve ici un chaînon qui relie nos voyages, Chypre, Sicile, Toscane….Dans le chœur, un curieux tabernacle abrite un crucifix miraculeux : sorte d’arche très décorée de tableaux qui rappellent les icônes. Sous le chœur, une très jolie crypte est soutenue par de fines colonnes. Au dessus, nous remarquons des marqueteries de marbre noir et blanc. L’église est aussi peinte de fresques qui ne m’attirent pas spécialement.
La route qui serpente dans la colline aboutit à la place Michelangelo, occupée par un podium : des baraques, beaucoup de monde, aucun intérêt.
parking!La recherche d’un parking à Florence est une affaire délicate. Le long des remparts, dans l’Oltrarno, se trouvent de nombreuses places de stationnement. Celles qui sont peintes avec des bandes blanches sont réservées aux résidents. Nous devons utiliser les bleues, payantes (1€, la 1ere heure, 2€ les suivantes) Il vaut mieux se rapprocher du Duomo puisque c‘est le même prix partout. Nous garons la 206 près de l’Arno à la Porta al Prato dans un grand parking gardé.
Je vais d’un bon pas pour l’ouverture du Musée de l’Opera del Duomo à 9h. Nous nous retrouverons à 10h devant le Duomo. Je parcours des rues à consonance napoléoniennes Solférino, Magenta, Montebello, pour arriver à la Piazza Trinita au Palazzo Strozzi puis au Duomo.
Musée del Opéra del Duomo
Le Musée del Opera del Duomo est très moderne. Peu de visiteurs hormis une classe d’étudiantes américaines très studieuses mais bruyantes. Il est consacré aux sculptures de la Cathédrales qu’on a enlevées à cause de remaniements de la façades ou à cause de la pollution. C’est toujours passionnant de voir, à hauteur d’homme, des statues perchées.
cantaria de Donatello
Comme à saint Jacques de Compostelle, il y a de nombreux anges musiciens. On a installé face à face les putti de la Cantaria de Donatello qui font des rondes et de la musique et la Cantaria de Della Robbia. Les putti de Luca della Robbia sont des enfants sages tandis que ceux de Donatello sont des garnements bagarreurs (je pense aux putti de Serpotta).A l’honneur: La Piéta de Michelange, Il faut avoir vu un Michelange quand même !
La dernière partie du Musée montre l’Atelier de Brunelleschi et la fameuse maquette du Duomo en double coque. On voit aussi les concours d’architecture pour la façade. De belles maquettes en bois montrent des frontons baroques qui n’ont jamais été construits. Des gravures du Concours de Restauration du 19ème siècle gagné par Emilio de Fabris
Ghiberti portes du paradis : histoire de Jacob et Esaü
.Enfin les panneaux originaux de Ghiberti de la Porte du paradis. Séparés, les panneaux sont mieux mis en valeur. Je peux ainsi observer tous les détails.
La chartreuse de Galluzzo perchée sur la colline juste en face du gîte qui s’appelait Certosa sur le catalogue(en réalité,Villa Il Pino ou Villa Palagi). Nous lui devons donc une visite. Au lever du jour je l’ai dessinée .
Le campanile gracieux, la façade baroque donnent une impression de légèreté. Les autres bâtisses sont plus massives. Elle est même fortifié avec des créneaux. Elle coiffe une colline isolée et semble flamboyer des flammes noires des cyprès émergeant d’un épais bois de chênes verts ? Les autres collines sont plus douces avec un moutonnement d’oliviers des jardins et des maisons.
Le monastère est encore occupé. Les Chartreux ont été remplacés par des Cisterciens, 7 moines. La visite est guidée par un Padre noir,(peut être éthiopien ? ) à l’Italien ralenti et chantonnant (il accentue sur la syllabe finale) . Malheureusement nous sommes arrivées en retard et traversons la Pinacothèque sans accorder un regard aux fresques de Pontormo (le chef d’œuvre de l’endroit !). Dommage, les couleurs sont fraîches et claires avec des teintes orangées rares.
le cloitre et les maisons des ermites
La visite de la Chartreuse raconte le mode de vie des Chartreux . L’ordre fondé par Saint Bruno est originaire de France (tableau croutesque). Les Chartreux étaient des ermites. Ils vivaient enfermés dans leurs cellules ne se retrouvant que pour un repas commun le dimanche et à la promenade le lundi. Les frères converts faisaient tourner le monastère mais ne vivaient pas en ermites. Autour d’un vaste cloître occupé par une pelouse verte et leur cimetière (tombes anonymes) sont installées les cellules. Ce sont de véritables maisons. A l’entrée, dans la porte, un passe plats pour les repas. On entre dans une belle salle de séjour claire et chauffée par une cheminée meublée d’un bureau à rabat à côté une chambre à coucher de bonne taille occupée seulement par un lit de bois simple. Un couloir de 5 à6 m éclairé par de belles fenêtres permet la promenade (vue magnifique). Le moine dispose également d’un petit jardin. J’avais imaginé la vie des ermites plus ascétique . Ceux là étaient vraiment très bien logés !
Nous visitons l’église (belles stalles). Le Padre nous montre les médaillons de della Robbia « se vede » murmure en admiratrice une des deux italiennes qui se pique d’être connaisseuse.
della Robbia
Dans la boutique, on vend de la Chartreuse, comme de bien entendu.
A 18h nous sommes à nouveau à la piscine et profitons d’une dernière heure ensoleillée. Ici, le soleil se couche plus tôt qu’en France. Après 7h1/2 le soleil a disparu derrière la colline. Il fait nuit vers 9h.
Nous avons quitté à 10heures notre belle demeure florentine. Comme nous ne sommes attendues que l’après midi à notre prochain gîte, nous faisons un tour dans le Chianti et empruntons l’ancienne route de Sienne qui serpente dans les collines. Il existe aussi une voie rapide sans aucun intérêt touristique.
Val di Pesa
San Casciano in Val di Pesa est un bourg perché sur une colline d’où on a une très belle vue sur les vignes du Chianti. De très hautes murailles protègent le centro storico piétonnier, très chic, très cher, avec ses magasins de luxe : œnothèques, épiceries fines, poteries, vannerie. Je trouve même Le Monde. Cette région est vraiment très touristique !
Bibbione
La route de Sienne suit la vallée du Pesa très verte avec de beaux arbres feuillus : acacias, tilleuls et grands chênes. Des panneaux indiquent un château, une galerie d’art, une tombe étrusque. Nous grimpons un raidillon avec quatre épingles à cheveux pour découvrir une énorme bâtisse au sommet de la colline avec un parking. Nous laissons la voiture et nous promenons dans les jardins très soignés de cette ferme fortifiée. Une piscine, une table de ping pong, la réception, des appartements à louer ont été aménagés. C’est à peine plus cher que nos locations (680€, pour la dernière semaine de Juillet, il reste un appartement que nous visitons : luxueux).
La petite route suit la ligne des crêtes. La vue est magnifique sur les vignes et les oliveraies. Tous les villages sont très pittoresques. D’énormes bâtisses sont souvent transformées en gîtes touristiques.
1ère tombe étrusque!
Le chemin de la tombe étrusque fait des zigzags pour éviter les belles propriétés. C’est une jolie promenade. De la tombe au sommet d’une colline, il ne reste que des gros blocs, montants et linteaux. Une petite maquette à l’échelle 1/10ème reconstitue l’ensemble. Rien de bien spectaculaire ? Je suis ravie : c’est ma première tombe étrusque ! Depuis quelques temps le monde antique se diversifie dans mon imagination. En plus des Égyptiens, des Grecs et des romains que je connais depuis le lycée, nous avons rencontré en Sicile Sicanes, Elymes et Phéniciens. Voilà les Étrusques ! Je rentre par une allée dans les oliviers bordée de grosses touffes de lavande.
Passignano
L’Abbaye de Badia à Passignano, surgit au sommet de sa colline. Elle ressemble à un château. Ici, tout pourrait être qualifié de château : les villas, les fermes, les églises. Les solides bâtisses cubiques à deux étages avec tour carré et créneaux sont très fréquentes. Je serais curieuse d’apprendre la date de leur construction.
un coin pique-nique avec vue…
La recherche d’un coin à pique-nique donne lieu à un long périple en voiture. Il faut une place pour la voiture (le plus compliqué), de l’ombre, et si possible une belle vue. On roule doucement sur une piste qui grimpe et qui traverse un bois. En vain! nous mangeons au creux de la vallée à l’ombre d’un olivier.
Le compteur indique que nous avons parcouru 1500km depuis Créteil.
La voie rapide Florence-Sienne nous mène rapidement à Colle val D’Elsa, grosse agglomération. La ville basse est assez étendue et semble industrielle. La Ville Haute est perchée sur un promontoire très allongé. Je ne sais pas pourquoi, quand je regarde la Ville haute, il me vient à l’idée l’image d’une île ou plutôt de deux îles reliées par un pont.
Tana di Lepri
Notre résidence, Tana di Lepri, est située à la lisière de la ville tout près d’un quartier de pavillons . D’après la brochure, c’est un ancien couvent. J’avais imaginé un cloître, de hauts murs, l’isolement dans la campagne… Au premier abord, je suis déçue.
Colle Val d'Elsa
Une grande bâtisse cubique de deux étages sur le plan des fermes toscanes, crépie de ciment gris. La belle piscine est malheureusement flanquée d’un édicule de ciment laid, des parasols oranges à rayures tout ce qu’il y a de plus commun. Entre la maison et la piscine,des juniperus et des thuyas rampants couvrent mal la terre envahie de chiendent. En contrebas : trois emplacements pour le pique-nique abrités par des parasols rectangulaires tendus sur 4 piquets, sièges et tables en plastique blanc.
Nous sommes loin du raffinement florentin de Certosa et des splendeurs du château Bibbione visité ce matin (pour plus cher !).
En revanche, l’accueil est chaleureux : une dame vient à notre rencontre et nous fait entrer dans le bureau. Elle est ennuyée : Cuendet et une autre agence ont pratiqué le surbooking. Notre appartement, Lepri3, a été réservé deux fois. Des Belges, arrivés avant nous, y sont installés. La catastrophe est évitée de justesse. Elles disposent d’un autre appartement, mais il n’est pas prêt. Nous ne pouvons pas visiter Lepri 3 que nous avions retenu, selon elles, le nouveau serait mieux.
On y pénètre par une porte légèrement cintrée sous l’escalier extérieur. Ce qui donne un petit vestibule aéré. La salle de séjour-cuisine est très vaste meublée d’un canapé, d’une table rectangulaire, un petit buffet de bois sombre avec de jolis anneaux de cuivre et la télé. La cuisine est meublée d’éléments modernes avec frigo et plaques intégrés. Murs blancs, une reproduction de Signac figure Venise. La merveille : les plafonds voûtés en briques rouges formant un joli motif. Un arc roman coiffe le coin-cuisine, le volume au dessus du reste de la pièce s’inscrit dans un carré mais j’ai du mal à le nommer.
La salle de bains, toute neuve, a également un plafond voûté avec des volumes compliqués. On a gardé une sorte de mangeoire avec une poutre inclinée. La chambre claire et vaste est occupée par un immense lit de fer forgé très élégant. Au rez de chaussée, dans ces vieux murs, l’appartement devrait être très frais. J’utilise le conditionnel car le temps a changé. Le vent souffle fort, il fait tout juste 26°C et je dois me forcer pour aller à la piscine. Une fois dans l’eau tiède je fais 20 bassins en redoutant la sortie de l’eau.
Ville haute
En un petit quart d’heure de marche, nous sommes dans la Ville Haute. Le centro storico s’allonge sur une rue bordée de palais XVII et XVIème siècle. Un pont relie deux éperons rocheux. L’entrée est commandée par une arche très haute surmontée d’un palais à la façade soulignée de colonnes et de corniche. Du pont, on a une jolie vue sur la campagne toute proche. Un champ de tournesol couvre une croupe arrondie. Malheureusement la floraison semble terminée. Quelle belle photo nous aurions faite ! A l’horizon, les crêtes bleue, le jaune contrastant avec le vert des arbres et au premier plan la ville avec ses toits de tuiles patinées, ses clochers…
Autour du Campo :la Via di Citta épouse la courbe du Campo et serpente autour de la colline où est perché le Duomo. La longue façade gothique du palais Chigi-Saracini suit cette courbe. Nous entrons dans la cour et découvrons une jolie loggia peinte avec des motifs de grotesques rappelant ceux de Vasari au palazzo Vecchio. Nous nous arrêtons près du magnifique puits.
Duomo
Contrairement au Duomo de Florence vaste, mais presque vide, ici, nous avons une impression de surcharge de décoration et d’exiguïté tant il y a de sujets à observer.
Pavement
la nef et le pavement
Le pavement décoré de 56 panneaux de marbre réalisés selon la technique de l’agraffito : silhouettes gravées dans le marbre blanc puis noircies à l’asphalte. A partir de 1518, Beccafumi utilisa la technique de marqueterie de différentes couleurs. Pour éviter l’usure du passage, les deux tiers des panneaux sont protégés par une plancher amovible. On n’en verra donc que le tiers restant. Les Sibylles de Cumes et des autres villes (1491-1498), une Allégorie de la Fortune avec Socrate et Crates qui renverse des pièces et des bijoux, une roue de la Fortune, curieux motifs pour une église. Judith délivrant Bethulie (1473) et le Massacre des Innocents, Hérode chassé du trône étonnent moins. Dans ce
pavement
dernier, j’ai surtout admiré le dessin des chevaux avec le mouvement bien rendu.
Chapelles
Comme à notre habitude, nous suivons scrupuleusement la visite du guide Vert (le plus méthodique), entrons dans toutes les chapelles, celle baroque du Bernin, celle Renaissance celle de Saint Jean Baptiste avec une statue du saint par Donatello ressemblant à celle du Musée de l’Opéra del Duomo de Florence.
La Libreria Piccolomini est une grande salle très claire attenante à la nef couverte de fresques de Pinturicchio (1502-1509) racontant, la vie d’Enea Silvio Piccolomini devenu le pape Pie II. Ce sont des fresques très colorées, très vivantes et narratives. Encore une fois, notre regard est plus historique. les fresques racontent le Concile de Bâle, les fiançailles de Frédéric III et d’Eléonor d’Aragon, la décision du pape Pie II de partir en guerre contre les Turcs..
Nous terminons la matinée par une balade dans les ruelles. Nous n’avons pas trouvée la via Galluzzo « la plus typique ». Mais nous avons vu des passages cachés complètement couverts avec des marches. Nous avons abouti à la fontaine de la Contrade de la Selva avec sa forêt miniature de lauriers symbolisant la forêt. Enfin nous sommes rentrées à vive allure pour ne pas payer une heure supplémentaire de parking.
Nous avons choisi le but de l’excursion d’après une carte postale figuant un paysage magnifique souligné par une allée de cyprès zigzaguant au flanc d’une colline dans les blés. Au dos Monticchiello- Pienza . le guide Gallimard a recommandé d’un cœur l’itinéraire des Crêtes allant de Sienne à l’Abbazia di Monte Oliveto Maggiore. J’ai donc combiné ces deux destinations.
Colle Val d’Elsa-Sienne : voie rapide. Tour de Sienne sur le « périphérique » jusqu’à la dernière sortie. Nous trouvons la S438 en direction d’Asciano qui nous fait découvrir un vaste panorama dans un paysage de champs de blés ondulant, ravinés dans l’argile. La moisson a commencé dessinant de longs rubans de chaumes dans les épis mûrs. Les collines pointues sont coiffées de fermes ? Pas un arbre dans les champs. Seules les belles allées de cyprès conduisent aux grosses fermes. Au loin, la ville de Sienne, et ses tours, domine le paysage. On se croirait dans la fresque des Effets du bon Gouvernement. Le paysage n’a pas changé depuis le XIVème siècle.
Nous guettons les points de vue, impatientes de faire de belles photos comme sur la carte postale. La photo devrait contenir une colline et sa ferme avec son allée de cyprès, si possible avec les découpes de chaume dans les blés et en plus un premier plan.
Vu de voiture, cela paraît faisable. Malheureusement, il faut également un endroit pour garer la voiture. La route tortille. On ne peut pas s’arrêter net au sommet d’une côte ou dans un virage. Encore une fois, je mesure l’écart entre l’image virtuelle construite par notre cerveau et l’image réelle dans le viseur.
Le petit village enchanteur se trouve encombré d’une grue malséante. L’imagination élimine ce genre de parasite, pas l’appareil photo. Le zoom 110 n’est pas assez puissant : le village est minuscule, noyé dans un océan de blé ou de ciel. Le décalage entre le résultat cadré au viseur et l’image rêvée est énorme. Je finis par me décourager. Ce n’est pas que le paysage ne me plaise pas. Au contraire, il est magnifique, pittoresque ! C’est la difficulté de trouver l’endroit idéal synthétisant toutes les impressions. J’imagine l’auteur de la carte postale sillonnant à vélo ou à pied la campagne. Photographier de la voiture rajoute une difficulté supplémentaire. La vitesse gomme les imperfections du genre poteaux, panneaux routiers… ensuite, je suis assise en hauteur. Parfois, je retourne à pied en arrière à la recherche de l’image fugitive. Mais où était donc l’endroit exact qui m’a fait demander à Dominique de s’arrêter ? Je suis à la recherche d’un souvenir éphémère que j’ai déjà oublié .Si j’avais le temps, je peindrais. J’aurais alors la possibilité de tricher, de superposer à ce ravin des crêtes, un champ doré éclatant, agrandir le groupe de maisons, faire tourner la rangée de cyprès.