Sienne, Forteresse Médicis, palais, crypte, baptistère….

CARNET TOSCAN

Sienne Piazza del Campo

La  route S2 traverse une campagne agréable de champs qui ondulent avec les tournesols en fleur, les blés moissonnés, la paille en grosses roues. Le long de la route je découvre de nombreuses industries, petites usines modernes, propres et discrètes : cristalleries, composants électrique, agro-alimentaires. Pendant que j’en fais l’énumération D; me conseille plutôt de regarder les hautes tours qui se profilent sur une colline : Monteriggioni, entourée d’une enceinte à si grosses tours que Dante les a comparées dans l’Enfer à des géants  L’ensemble est spectaculaire. La route continue ensuite dans un paysage vallonné assez boisé ? Ici, ni vigne ni oliviers, des acacias, des sureaux, des chênes. Je ne sais pas pourquoi ce paysage m’évoque plutôt la Dordogne que la Méditerranée.
Forteresse Médicis
Hauts murs, bastions, tours de briques. A l’intérieur, une vaste esplanade avec un amphithéâtre. Un écran est installé pour des projections « sous les étoiles ». De magnifiques escaliers baroques sont en cours de restauration. Du haut de la forteresse, nous découvrons les toits de la ville, le campanile à rayures, le Duomo, le beffroi du palais Municipal et des dizaines d’églises .

Aujourd’hui, dimanche, les parcmètres sont gratuits, autant en profiter et rapprocher la voiture. Nous passons devant une église massive de briques S Domenico et Santa Catherine puis montons une rue piétonnière. Nous sommes dépaysées. Habituées aux grands palais sévères de Florence et aux décors Renaissance, nous voici au Moyen âge dans des petites ruelles sombres avec toujours des boutiques de luxe mais moins de mode, plus d’épiceries fines proposant les spécialités locales : Chianti, pâtes de luxe, charcuterie. C’est aussi plus calme. Pas de motos ni de vélos (peut être parce que c’est Dimanche ?)

Je reconnais la place Salimbeni avec le Palais Gothique du Mont de Piété vus à notre visite précédente il y a plus de vingt ans. Au centre de la place la statue d’un ecclésiastique. Une plaque précise qu’il s’agit d’un économiste, un théoricien du Libre Echange et que c’est le Mont de Piété qui a fait ériger la statue. Etrange monument ! Le Palais Gothique Salimbeni a été restauré au XIXème siècle ce qui explique la fraîcheur des décors.

Au coin de la via Bianchi, le Palais Spannochi est très décoré aux couleurs de la Contrade de la chenille : jaune et vert. Nous apercevons la belle place en forme de coquille : la Piazza del Campo sans nous y arrêter et continuons vers le Duomo, le but de notre promenade.

La Cathédrale de Sienne

On parvient à la Cathédrale par un escalier. Sous une arche très blanche, très haute nous découvrons la silhouette fine du Campanile blanc rayé de vert et la façade très très ouvragée du Duomo : dentelle de pierre, pinacles, gargouilles, statues dans des niches, statues de vieillards et apôtres aussi lions, chevaux et bovins qui se détachent sur le ciel.

Duomo

Le Duomo est fermé aux touristes aujourd’hui Dimanche matin. Nous nous asseyons en face pour détailler la façade puis descendons l’escalier qui mène à la Crypte. Le Billet collectif de 10 euros donne droit à 4 visites : la crypte, le Baptistère, le Musée de l’Opera del Duomo et l’Oratoire San Bernardino.

Crypte

La Crypte est une surprise totale. Nos guides ne la mentionnent pas : elle vient d’être ouverte au public. On entre par une porte blindée et on découvre des fresques dans un état de préservation exceptionnel. Située sous le Duomo, elles étaient ignorées, enterrées dans les fondations, préservées de la lumière et de l’oxydation. Les bleus sont exceptionnels : l’azurite n’a pas été oxydée pour donner de la malachite vert turquoise. Il s’agit de l’église d’avant le XIIIème siècle  avant la construction de la cathédrale. Quand nous pénétrons accompagnée d’une guide parlant français, la crypte est vide. Nous avons l’impression de faire nous même une découverte !

Un CD ROM très détaillé et très scientifique explique comment on établie la cartographie des différentes altérations des fresques : calcifications, abrasions, dissolution, action des mousses et des algues, salinisation, apparition de croûtes de sel…

Procession

défilé de la contrade de la Chenille

Des tambours résonnent à l’extérieur. Nous abandonnons l’écran pour nous précipiter à la rencontre du défilé de la contrade de la chenille. Les hommes sont costumés comme au Moyen Age : jambières jaunes et vertes une moitié de jambe de chaque couleur, hauts, de chausses en velours vert, bonnet moyenâgeux. Les tambours sont également jaunes et verts. Des porte-étendards jouent avec les grands drapeaux, ils les font tourner en occupant toute la rue.

Baptistère


Après ce spectacle inattendu, nous visitons le Baptistère. La grande façade gothique de marbre blanc ne laisse rien soupçonner de la structure octogonale du bâtiment. Au sol, le arbre blanc est gravé et incrusté d’une scène de femmes portant leurs enfants au baptême.
A l’intérieur les fonts baptismaux sont de forme octogonale (toujours le huit qui égale les 7 jours de la Genèse plus celui du Baptême). De très beaux panneaux de bronze doré racontent la vie de Saint Jean Baptiste. On retrouve avec bonheur les œuvres de Ghiberti et Donatello (nos vieilles connaissances de Florence !). Nous étudions les fresques ; celle qui représente Saint Antoine de Padoue me plaît parce qu’une ville est représentée avec de nombreux personnages.

Musée de l’Opera del Duomo

Le Musée de l’Opera del Duomo abrite les sculptures de la façade fragilisées par l’érosion. Elles sont très bien présentées au rez de chaussée. Au dessus des peintures de Primitifs siennois. Au sommet, un escalier en colimaçon monte au sommet d’une arche. De là on découvre un panorama fantastique sur les toits de Sienne, la Cathédrale, le Campanile, la piazza del Campo…On lève la tête, au dessus de nos têtes s’élève une arche encore plus haute qui donne le vertige à Dominique. Un nouvel escalier encore plus étroit permet de monter à la seconde arche. On avait imaginé construire une cathédrale gigantesque plus vaste que celle de Florence. Ces arches vertigineuses sont des ébauches du transept jamais achevé. La peste et la domination de Florence ont mis fin à cette construction ambitieuse.

Maesta duccio

En redescendant, nous allons voir les peintures : le retable du Duomo jusqu’en 1505 ; cette peinture absolument merveilleuse se composait de14 petits tableaux ravissants. On voit également une Maesta : Madone entourée des anges sur fond doré.

Sienne, ville médiévale, Palazzo Publico

CARNET TOSCAN

Ville médiévale

La sortie sud de l’autoroute nous mène directement à la Porta San Marco. Sans transition, on passe de la campagne aux murailles de la Ville Médiévale

. Parking souterrain (1.5€h).  9h, nous remontons une petite rue tranquille bordée de maisons de briques aux persiennes vertes orientables.

Une maison au fronton baroque peint en vert fait un angle aigu à une fourchette. Devant, il y a un très joli puits blanc. Belle image, mais photo impossible, on a garé des scooters et des motos près du puits.
Contrades

La contrade de la Chenille, défilé dominical


Aux coins des rues, je remarque les carreaux apposés indiquant la Contrade à laquelle appartient ce quartier. Nous passons de la Contrade de l’Escargot à celle de la Panthère (jolie sculpture moderne sur une placette) puis à celle de la Girafe (oriflamme déployé à une fenêtre) et enfin sur le territoire de l’Aigle.
Les touristes et les habitants de Sienne ne sont pas encore sortis. La promenade est très tranquille. Nous rencontrons seulement deux bonnes sœurs en cornette.

Piazza del Campo

La Piazza del Campo, la belle place en forme de coquille, ou d’éventail, est déjà animée. On est en train de monter un podium pour un spectacle. Les ouvriers sont équipés de matériel d’escalade : baudriers longes et mousquetons Nous les regardons travailler avec intérêt.

Fonte Gaia oeuvre de Jacopo della Quercia (1374-1438)

La Fontaine Gaia (Fontaine de la Joie) située en haut de la place en marbre blanc avec de jolis panneaux sculptés, fait le bonheur des pigeons. Perchés sur les louves couchées, ils prennent une douche dans le jet d’eau.

Palazzo Publico

Le Palazzo Publico qui abrite la municipalité est un intéressant musée. C’est un grand bâtiment de brique rose décoré de parement de pierre blanche .couronné de créneaux et orné de belles fenêtres gothiques trilobées. L’élégante tour de la Mangia domine la ville de toute sa hauteur.

Le Musée n’ouvre qu’à 10h, nous avons tout le loisir de regarder les façades de brique des palais qui entourent le Campo.

Nous traversons rapidement les premières salles du Palazzo Publico pour nous consacrer uniquement aux fresques Le premier cycle raconte le conflit entre Frédéric Barberousse et le Pape : une belle bataille navale entre les Vénitiens alliés du pape et les forces impériales. Malheureusement, la salle est en restauration. Dans la Salle de la Mappemonde (qui a disparu) deux fresques intéressantes : la Maesta(Vierge en majesté de Simone Martini que l’on peut comparer à l’autre Maesta, celle de Duccio exposée au Musée de l’Opéra del Duomo. Je préfère celle de Duccio. L’autre fresque est un portrait équestre du condottiere Guidoriccio da Fogliano (1328) .

le bon gouvernement côté campagne

la Salle de la Paix est occupée par un autre cycle : Les Effets du Bon Gouvernement et le Mauvais Gouvernement.

Le bon Gouvernement.  Toute la vie de Sienne au XIV ème siècle est résumée dans les deux grands tableaux. Sur une moitié la Ville de Sienne est représentée avec toutes ses activités : le cordonnier dans son échoppe avec les bottes suspendue, les maçons sur un toit, l’auberge avec des garçons occupés à jouer. Des jeunes filles dansent une ronde Des cavaliers entrent dans la ville. Dans un coin, on reconnaît ; le Campanile et le Duomo. Les maisons sont peintes en rose vif. Ce sont celles qu’on voit encore dans les rues. Les murailles de la ville découpent en deux le tableau : de l’autre côté : la vie à la campagne. Le seigneur chasse le sanglier, des paysans taillent la vigne, d’autres moissonnent d’autres battent le blé. Au fond, un beau paysage de collines coiffées de villages. On pourrait rester des heures à chercher des détails.

En face les effets du mauvais gouvernement : les murs sont en ruine, les ordures sont dans la rue, les soudards entraînent une jeune fille, scènes de meurtre et de désolation dans la campagne…

Une conférencière me fait prendre conscience de principes simples : les fresques ont été conçues en fonction de la pièce et non pas comme les tableaux peints dans l’atelier de l’artiste. Le rôle de l’éclairage est donc tout à fait remarquable. A cette époque il s’agit, bien sûr, de la lumière du jour venant de la fenêtre. Dans le Bon Gouvernement, le soleil éclaire la ronde des jeunes filles qui jouent le rôle de source lumineuse secondaire du tableau. On vérifie cette théorie en regardant les façades claires ou ombrées. Dans le Mauvais Gouvernement la table où se trouvent le Diable et les Péchés, semblent au contraire jeter de l’ombre sur la ville.

 

 

Sienne : Duomo

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façade du Duomo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les rues…

Autour du Campo :la Via di Citta épouse la courbe du Campo et serpente autour de la colline où est perché le Duomo. La longue façade gothique du palais Chigi-Saracini suit cette courbe. Nous entrons dans la cour et découvrons une jolie loggia peinte avec des motifs de grotesques rappelant ceux de Vasari au palazzo Vecchio. Nous nous arrêtons près du magnifique puits.

Duomo

Contrairement au Duomo de Florence vaste, mais presque vide, ici, nous avons une impression de surcharge de décoration et d’exiguïté tant il y a de sujets à observer.

Pavement

la nef et le pavement

Le pavement décoré de 56 panneaux de marbre réalisés selon la technique de l’agraffito : silhouettes gravées dans le marbre blanc puis noircies à l’asphalte. A partir de 1518, Beccafumi utilisa la technique de marqueterie de différentes couleurs. Pour éviter l’usure du passage, les deux tiers des panneaux sont protégés par une plancher amovible. On n’en verra donc que le tiers restant. Les Sibylles de Cumes et des autres villes (1491-1498), une Allégorie de la Fortune avec Socrate et Crates qui renverse des pièces et des bijoux, une roue de la Fortune, curieux motifs pour une église. Judith délivrant Bethulie (1473) et le Massacre des Innocents, Hérode chassé du trône  étonnent moins. Dans ce

pavement

dernier, j’ai surtout admiré le dessin des chevaux avec le mouvement bien rendu.

Chapelles

Comme à notre habitude, nous suivons scrupuleusement la visite du guide Vert (le plus méthodique), entrons dans toutes les chapelles, celle baroque du Bernin, celle Renaissance celle de Saint Jean Baptiste avec une statue du saint par Donatello ressemblant à celle du Musée de l’Opéra del Duomo de Florence.

Sienne : Libreria Piccolomini, promenade dans les ruelles

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fresque dela Librairie Piccolomi

Libreria Piccolomini

La Libreria Piccolomini est une grande salle très claire attenante à la nef couverte de fresques de Pinturicchio (1502-1509) racontant, la vie d’Enea Silvio Piccolomini devenu le pape Pie II. Ce sont des fresques très colorées, très vivantes et narratives. Encore une fois, notre regard est plus historique. les fresques racontent le Concile de Bâle, les fiançailles de Frédéric III et d’Eléonor d’Aragon, la décision du pape Pie II de partir en guerre contre les Turcs..

Nous terminons la matinée par une balade dans les ruelles. Nous n’avons pas trouvée la via Galluzzo « la plus typique ». Mais nous avons vu des passages cachés complètement couverts avec des marches. Nous avons abouti à la fontaine de la Contrade de la Selva avec sa forêt miniature de lauriers symbolisant la forêt. Enfin nous sommes rentrées à vive allure pour ne pas payer une heure supplémentaire de parking.

Trois ermitages dans la Montagnola

cloitre de Lecceto

La Montagnola est un petit massif aligné Nord/ Sud à l’Ouest de Sienne. Au programme des visites : trois monastères dont deux ermitages.
Ermitage de Lecceto

L’ermitage de Lecceto est le plus difficile à trouver. Sur la carte, il ne semble situé sur aucune route. On erre dans les petits pays en lisière de Sienne. On demande. Tous les gens connaissent Lecceto mais leurs  indications sont plus ou moins fiables.  Nous tournons en rond avant de trouver le chemin de cailloutis, qu’ils appellent  « une route blanche ». Nous grimpons dans un bois de chênes sûrement plus que centenaires. L’ermitage est un véritable monastère, ce n’est pas un monument ouvert à la visite. Des pancartes invitent au silence . Nous entrons sur la pointe des pieds dans le cloître vide. C’est un très beau cloître planté de cyprès de paliers à l’ombre d’une belle tour carrée en pierre blanche ornée de mâchicoulis et couverte d’un toit .De nombreux jeunes hommes entrent et sortent certains habillés en civil d’autres en robe blanche. Le crucifix est bizarre : le Christ de bois est penché vers l’avant. C’est une statue grossière évoquant presque le sadomasochisme.

Lecceto ermitage caché dans la Montagnola

San Leonardo al Lago

Dans cette montagne sauvage, pourtant proche de Sienne, aux chênes impénétrables il y a un autre ermitage en haut d’un sentier très pentu : San Leonardo al Lago. Le bâtiment est austère, l’église très haute, fermée, le cloître, en ruine. Pas d’animation, pourtant, un écriteau invite à sonner pour la visite guidée.
Le troisième monastère du dépliant devrait être le plus beau (photo d’un cloître sur 3 niveaux à décors noirs et blancs). Malheureusement nous arrivons trop tard : il ferme à 12h.