Monte San Savino, à la recherche d’un gîte

CARNET TOSCAN – ENVIRONS D’AREZZO

les environs d'Arezzo

Nous laissons la voiture au pied des murs de Monte San Savino près d’une belle porte. l’Office de Tourisme est installé dans une belle Loggia Renaissance aux pilastres en pietra serena, grise, cannelée  avec des chapiteaux corinthiens, dessinée par Sansavino (1517-1520) face au Palazzo Communale, belle bâtisse carrée crépie, le tour des portes et des fenêtres souligné par des bossages à la façon florentine.

L’employée de l’office de tourisme, devant son ordinateur, très aimable,  propose de téléphoner aux résidences d’Agriturismo. Nous n’avons aucune idée de l’emplacement ni du prix. La première répond en anglais:  671€ avec piscine.. La seconde offre est très tentante : un château en pleine forêt, piscine, tennis, des chevaux à notre disposition : 730€. C’est plus cher, mais tentant. Troisième adresse 700€, le dépliant montre une résidence moderne qui ressemble à la Villa Poggetto que nous venons de quitter .

Sur ces entrefaites, arrive,un homme, poivre et sel,  très excitéqui être le patron de la gentille employée qu’il rudoie :
– »W.W.W »( en Italien cela donne « vouvouvou ») pour l’inciter à chercher sur Internet.
Elle imprime une quatrième proposition. Il téléphone avec un air important de son mobile qu’il décroche de la ceinture. C’est pris. Il re-téléphone au château. Il embrouille tout, parle très vite dans un curieux mélange de français « appris à l’école »d’italien et d’anglo-américain. Nous lui disons que nous préférons la location à 671€. Il barbouille notre carte routière, confisque le papier sur lequel la jeune fille a écrit soigneusement. D’une grosse écriture griffonne trois mots « Illuminati » « Foresteria », «  Alberoro ».

Que viennent faire ces illuminations ? Et cet illuminé excité ? Qu’allons nous trouver? une résidence avec des panneaux lumineux comme Nuit d’ Hôtel ou Campanile éclairés de néons ?

J’en oublie mon sac à dos sur un fauteuil. Et ne m’en aperçois qu’au retour au parking. Je reviens en vitesse à l’Office de tourisme pour découvrir, la main dans le sac, la jeune fille qui tient mon carnet moleskine. Elle est toute rouge, toute gênée. Elle m’explique qu’elle cherchait mon nom et mon adresse dans le carnet et surtout le telefonino qu’elle a allumé. Il aurait pu me venir à l’idée de téléphoner pour le retrouver. C’est un bon plan, je n’y aurais pas songé.

Foresteria

Foresteria :la maison de maître

Nous traversons des zones industrielles, je crains le pire. Enjambons la voie rapide et l’autoroute et retrouvons une campagne prospère avec des tournesols et des vergers. Sur le bord de la route une affiche énorme figurant des pommes avec le vocable mystérieux « Illuminati » Je traduis approximativement « Illumine ta vie avec des fruits ». Chassées nos appréhensions, et les analogies avec l’hôtellerie de pacotille soulignée au néon coloré !

Nous traversons un verger de pommiers très bien tenu. Un beau panneau de bois brut indique : « Foresteria-Giardino di Pontecoro ». Nous voici arrivées.

Une ferme massive, cubique, crépie de jaune laissant voir la brique. Une entrée monumentale : trois arcades successives sur un perron. Le gazon pourrait être britannique, on le tond en ce moment. Cela sent très bon. Une jeune fille très décidée vient à notre rencontre, nous tend la main :
– « Amanda » (elle a l’air américaine) s’adresse à moi en anglais.
Je lui dis que je parle aussi Italien.
– «  C’est plus simple en anglais », fait-elle.
Nous visitons notre appartement dans un petit bâtiment bas.
Pendant que je suis en train d’écrire à la piscine, je remarque une tête brune qui progresse régulièrement. C’est un gros crapaud qui nage tranquillement la brasse.

Il Fienile

notre gite

Notre maison, « Il Fienile », est recouverte de tuiles rondes patinées, les murs sont doublés de canisses qui ont pris une teinte grise avec le temps. Les coins et le milieu sont soulignés de montants de brique. Belle porte en bois peint de gris, encadrement des fenêtres, jaune crème et cadres gris, rideaux de dentelle un  peu rustique.
L’intérieur est tout à fait charmant. Dans le tiroir de la table en bois patiné à l’ancienne, on découvrira une nappe, des serviettes à carreaux et aussi des torchons et même des tabliers assortis aux rideaux. Sur la table un compotier plein de goldens et une très jolie fiole fantaisie remplie d’huile d’olive sur un napperon.
Le coin cuisine est meublé de bois ciré avec des rideaux à carreaux. Un canapé recouvert d’un beau tissu brillant complète l’ameublement.
La chambre est très belle : grand lit de fer surmonté d’une moustiquaire de mousseline, dessus de lit rouge plus précieux. Vieille armoire. La salle de bain est une merveille, la robinetterie semble ancienne, le lavabo de porcelaine antique est surmonté d’une glace ancienne mais il y a une cabine de douche en verre.
Tandis que Dominique décharge la voiture je tente de camoufler nos bagages pour ne pas gâcher un si joli décor.
Pour un prix inférieur à celui de Casale Marittimo,   clim et télé-satellite (CNN, Arte en Allemand mais rien en français). Luxe de serviettes, draps brodés. C’est  le plus bel endroit des vacances.

Les autres gîtes sont installés dans la belle ferme carrée. Un autre bâtiment à étage est aménagé en restaurant : belles voûtes. La piscine est très grande et très bien aménagée : les transats en toile crème et les grands parasols  de bois. Ici encore, luxe et bon goût: même les briques qui bordent la piscine ont l’air vieilles et patinées.

Un petit pigeonnier recouvert de rosiers grimpants et de glycine abrite les installations de la piscine. Deux rangées de lavandes, des géraniums rouges dégoulinent de baquets anciens En angle, face aux bâtiments, des pêchers bien taillés.
Nous passons l’après midi à la piscine, nageant dans l’eau tiède,  le luxe et l’euphorie. Le ciel est traversé par des nuées qui n’atténuent pas la chaleur et qui ont tendance à s’accumuler sur les crêtes montagneuses qui bordent la vallée de Val di Chiana à l’est.
Foresteria est située à 12km de Monte San Savino et à peu près la même distance d’Arezzo. Dans le village le plus proche, Montagnano, il y a tous les commerces.

Arezzo, Eglises, maison de Vasari

CARNET TOSCAN; AREZZO

via dei pilatrei palazzo pretorio pietra serena

Arezzo est une ville de 90 000 habitants. Le centre historique est enclos dans des murailles. Contrairement à Florence ou  Sienne il semble beaucoup plus habité. Plus de voitures, moins de boutiques de souvenirs, très peu de touristes.
Les Italiens font la grasse matinée le dimanche matin. . Une dame  revient avec le pain. Quelques autres vont à la messe. Le ciel gris accentue l’impression de ville endormie. Nous montons sur le point le plus haut de la ville, pour avoir une vue d’ensemble qui nous permettra de nous orienter.

pietra serena

Arezzo est construite en grès gris très fin : la pietra serena qui semble fragile à l’érosion :les palais s’épluchent par plaques.

Le haut de la colline est occupé par une forteresse Médicéenne (encore une !) et par un jardin public « orné » d’une hideuse statue de style mussolinien(1928) où on reconnaît Pétrarque, la Louve Romulus et Rémus, SPQR, une espèce d’Ange piétine une tête de mort, des soldats . Tout cela est bien blanc, bien lourd. La vue sur la campagne est très étendue. Nous repérons la Cathédrale toute proche San Domenico (recommandé par nos guides).

Duomo et autres églises
La Cathédrale, en grès fin, est comme neuve. On a dû la restaurer. Son porche s’orne de fines colonnettes torsadées ou ornées de rosaces en bon état. Comme le guide dit qu’elle est Néo-gothique, j’en conclue qu’elle date du 19emesiècle. On célèbre la messe, nous ne nous attardons pas.

cimabue

Nous avons plus de chance à San Domenico : les portes sont ouvertes. L’œuvre principale est un crucifix de Cimabue qui vient d’être restauré. J’ai déjà entendu le nom de Cimabue mais aucune image ne vient à l’énoncé de son nom. J’espère que je me souviendrai de es visages douloureux encore qu’un peu stylisés apparentés aux byzantins. Sur les murs, presque effacées, des fresques de l’école de Duccio (de la Maesta de Sienne). Sans aucun commentaire, je trouve une jolie Annonciation et des anges musiciens. Nous avons vu tellement de fresques que maintenant nous pouvons reconnaître de nombreuses scènes des Écritures (pas de la vie des Saints) et même voir des correspondances.

La messe est terminée à la Cathédrale. Nous suivons un groupe d’Italiens avec un guide pour trouver les œuvres désignées par les guides.  Les vitraux de Guillaume Marcillat sont unanimement loués mais personne ne signale qu’il a réalisé les fresques dont le plafond est couvert.Je me démanche le cou mais la nef est vraiment trop haute et l’éclairage insuffisant. Sans la conférencière des Italiens, nous n’aurions pas trouvé la petite fresque de Marie Madeleine de Piero della Francesca. Première rencontre avant d’aller voir les fresques fameuses.. Dans une chapelle nous voyons des sculptures de l’école des della Robia. Nous sommes maintenant habituées à les reconnaître. Je me souviens de la première à la Certosa de Galluzzo !

Maison de Vasari

Cieu bénissant la semence d'Adam

Dès le premier jour à Florence, nous avions fait la connaissance de Vasari au Palazzo Vecchio. Ensuite, soit comme architecte, soit comme critique d’art, ce personnage nous a accompagné tout le mois. Fernandez et l’auteur de l’énorme guide de Florence s’y réfèrent constamment. J’ai donc été ravie de visiter sa maison.
C’est l’occasion de franchir la porte de ces façades sévères. Surprise d’y découvrir également un joli jardin aux bordures de buis ombragé de tilleuls, qui embaument. Vasari a décoré toute sa maison de fresques.
Le plafond de la première salle représente la Renommée et la Fortune piétinant la Mauvaise Réputation, dans la seconde ce sont les Muses. . Dans la Chambre Nuptiale, Abraham présente sa progéniture à dieu le Père qui les bénit pour porter chance. Cela n’a pas marché. Vasari est resté sans héritier. La salle de Cérès est très vaste. Dans cette allégorie mythologique on reconnaît la Lune le Soleil, Saturne, Mars Jupiter Apollon autour du plafond à caisson. Il y avait déjà ces mêmes représentations au Palazzo Vecchio. Les murs sont plus extraordinaires. Vasari a conçu cette salle à sa propre gloire vantant tous ses talents de peintre, d’architecte, de sculpteur et d’écrivain. Dans une porte en trompe-l’œil, Vasari s’est représenté, ses lunettes posées à côté de lui. Je n’ai jamais vu une telle sophistication. Je repense à notre visite au palazzo Vecchio où figuraient les mêmes allégories Muses Dieux de l’Antiquité. Cette fois ci elles ne sont pas à la gloire des Médicis mais à la propre gloire de l’artiste. J’avais été un peu abasourdie, ne sachant pas où donner de la tête. Aujourd’hui cela paraît plus simple. Peut être avons nous appris quelque chose pendant ce mois ? Une autre visite de cette maison aurait pu être l’examen de toutes les toiles accrochées sur les murs.

Entre temps les rues se sont peuplées de touristes. Nous découvrons la rue principale bordée de Palais et de belles façades. La municipalité d’Arezzo a installé des plaques bilingues détaillant l’architecture et l’histoire de tous ces palais ?

Curieuse anecdote du puits

Sur une petite place un joli puits a une curieuse histoire. Une femme harcelée par son mari jaloux décide de le punir en prenant un amant. Elle fait boire son mari et, chaque soir, rejoint son amant pendant que son mari dort. Un soir, le mari découvre le stratagème et ferme la porte. La femme ne pouvant rentrer chez elle, invente une nouvelle ruse : elle lace un objet très lourd dans le puits faisant croire qu’elle s’y est noyée. Quand son mari sort pour voir, il laisse la porte ouverte, lui permettant ainsi d’entrer. Ce genre d’histoire me ravit.

Nous nous promettons d’aller voir la Maison de Pétrarque, natif d’Arezzo, la prochaine fois.

Piazza grande, côté Renaissance loggia dei Laici

La belle place en pente d’Arezzo est une véritable surprise. J’avais imaginé une réplique de celle de Sienne ou de Volterra. Celle ci st encore très différente. Il est midi. La pluie commence à tomber.

Cortona, une ville en pente! sous le soleil de Toscane

Avec le livre de Francès Mayes pour guide : Sous le Soleil de Toscane

arrivée à Cortona

Cortona est la ville la plus pentue que nous ayons jamais visitée ! On y entre par une arche dans la muraille étrusque (gros blocs arrondis par le temps), on remonte la via Ghelfa pavée de grosses dalles grises entre les maisons grises en pietra serena, endormie à notre arrivée.

 

ruelle en pentte

Halte à mi-pente au couvent Saint Augustin : le cloître est planté d’un palmier et du plus joli althæa à fleurs blanches qui, au lieu de faire une boule, est taillé en berceau et a grandi comme un véritable arbre? Les arcades du cloître sont  en jaune pâle comme dans la plupart des les cloîtres. Je regarde avec plus de curiosité que d’admiration, les fresques narrant les épisodes de la vie du saint. Facile à comprendre: les miracles sont expliqués en Italien (plus facile que le latin) Ces peintures n’ont aucun intérêt esthétique. Nous avons vu tant de belles fresques que nous devenons difficiles !

Piazza della Reppublica

Deuxième étape dans notre ascension : un banc de la Piazza della Reppublica, place où trône sur un large escalier le Palazzo del Capitano del Poppolo(hôtel de ville) surmonté d’une tour et d’une grande horloge. Des échoppes minuscules sont logées sous l’escalier. Frances Mayes décrit dans son livre, Sous les soleil de Toscane, l’horloger installé depuis le temps des clepsydres. Malheureusement il a cédé son atelier à une galerie de tableaux – personne ne fait plus réparer de montre !
Comme le raconte le livre de Frances Mayes, nous trouvons sous les arcades la marchande de frutta e verdura et dans la loggia surélevée, la terrasse du restaurant. On sort le livre et on le lit à voix haute. C’est amusant de visiter les lieux décrits si minutieusement par l’Américaine.

Nous venons tout juste d’arriver,  Cortona nous semble familière. Un petit bémol : la place est beaucoup plus touristique qu’on ne l’imaginait.

San Christoforo
Après cette lecture, nous adoptons notre tactique habituelle : grimper le plus haut possible et faire la visite à la descente. Donc on monte, on monte même très raide. L’église préférée de Frances Mayes est San Christoforo. Selon elle, a porte serait toujours ouverte. Cap sur San Christoforo qui se trouve dans les hauteurs ! Nous passons rapidement devant San Francesco mais on n’aime pas s’interrompre à mi-pente, cette église est vaste et sombre. On a descendu les tableaux pour restauration. Un moine en robe de bure lit en marchant.
Vers le haut de la ville, les constructions sont moins denses avec de beaux jardins. Nous découvrons une vue dégagée sur le Lac Trasimène (on l’attendait, il est dans le livre). De grands bâtiments austères en pierre avec de hauts murs bordent la rue : ce sont des couvents de Santa Chiara delle Povere, della Trinita etc.….On restaure San Niccolo qui a un joli porche abrité par une colonnade.

Pas de visite San Christoforo est vraiment une toute petite église avec un campanile tout simple « à peigne » située à la fourche de deux routes. On ne peut pas vraiment l’appeler une place, mais il y a un banc . Le livre qui décrit l’Ange de l’Annonciation qu’on aperçoit dans une petite chapelle extérieure fermée par une grille. Depuis que Frances a écrit le livre, on a fermé l’église.

Nous poursuivons jusqu’à la Porta Montanina. De là nous avons une très belle vue sur un vallon la coupole de S. Maria Nuova et de belles maisons avec piscine (sans doute agriturismo) ? Nous négligeons Santa Margharita et ratons une belle promenade verte et ombragée (un chemin de croix !) Nous avons déjà assez monté comme cela.
Pour descendre nous choisissons les plus petites ruelles . Un petit chien bâtard fait mine de nous barrer la route, un chat dort tranquillement. Deux femmes en tablier descendent en bavardant …Chaque viccolo apporte une surprise : une volée de marches, une rampe glissante,uneéchappée sur la vallée ou le lac …Nous somme vite rendues à la Piazza della Reppubblica maintenant plus animée.
La via Nazionale est la rue commerçante. J’y trouve facilement le Monde. De jolies boutiques proposent de bien jolies choses. On entre dans un magasin de papier d’art : carnet, agendas, écritoires …recouverts de papier ancien. Une très belle librairie vend du matériel de peinture tubes, pastilles d’aquarelle, papier. J’achète un bloc. Le format du carnet moleskine est parfait pour les croquis rapides mais pour peindre je n’ai plus de papier grand format. Dominique m’incite à « mettre des couleurs »dans mes dessins. Sans couleur, elle ne les regarde même pas.
La Cathédrale est un peu décevante : extérieur roman très sobre, intérieur Renaissance avec les colonnes et arcades gris foncé que nous avons vues maintes fois depuis Florence.

Le Musée diocésain

annonciation fra angelico

En face le « petit musée « diocésain. Je suis toujours méfiante avec les Musées d’Art sacré qui exhibent chasubles, chandeliers, encensoirs et croix qui m’ennuient. Encore une fois je me laisse conduire par Frances Mayes qui décrit une Annonciation de Fra Angelico avec un ange aux cheveux oranges. Nous décidons de faire une visite à l’Ange, je prends l’ audio-guide.
L’Ange est bien là ; sa présence illumine toute la salle. C’est une peinture très connue. Elle m’est familière. J’aimerais rester longuement à la contempler. La Vierge, sous une sorte de pavillon à colonnettes est aussi très douce. Un parterre fleuri à fond vert soutenu fait ressortir les personnages clairs. En dessous une bande dessinée – la prédelle- représente des scènes miniatures qui me plaisent énormément. Une femme, entrée en même temps que moi, s’est assise et écrit dans un carnet. Comme j’ai pris l’audio-guide, je fais une visite complète qui me permet de découvrir un peintre que je ne connaissais pas : Lorenzetti (14ème siècle école siennoise) qui peint des visages grisâtre très doux presque douloureux. Je retrouve Signorelli (et son atelier). Pour Signorelli, je suis partagée. Certains de ses tableaux me plaisent, d’autres pas. Je ne sais pas très bien pourquoi. Ce n’est pas nouveau, déjà à l’Abbazia de Monte Olivetti Maggiore, les fresques m’avaient paru insignifiantes. Certains tableaux paraissent réussis : la Déposition du Christ mort est saisissante. Les autres tableaux semblent bâclés. Avant de quitter le musée, je retourne prendre congé de l’Annonciation. La femme aux cheveux gris écrit toujours dans son carnet.
Il est midi, je n’ai pas envie d’une autre visite de musée. Dominique a pris les renseignements pour les visites des tombes étrusques. Nous terminons la visite par un tour en voiture en haut de la ville.

Nous arrivons sur l’esplanade de Santa Margharita que nous avions négligée. Si la promenade du chemin de croix  devait être une promenade agréable, la découverte de cette église est une déception. C’est une basilique du XIXème siècle de proportions imposantes disproportionnée à l’échelle de Cortona, néogothique, hideuse.
Nous continuons vers la forteresse Médicis perchée au dessus de la ville. Forteresse de pierre, contrairement à celles de briques de sienne de Volterra ou d’Arezzo). Elle abrite une expo d’art Contemporain (contemporaine vacuité et prétentieuse nullité). Nous montons sur le chemin de ronde pour la vue sur le Lac Trasimène, la ValdiChiana et les montagnes bleutées qui ressemblent à des volcans.

Cortona : Bramasole, la maison de Frances Mayes auteur de « sous le soleil de Toscane »

Bramasole maison de Francès Mayes

Cet hiver la lecture du livre Sous le Soleil de Toscane nous a incité à choisir cette destination pour les vacances de Juillet. Lecture facile, lecture sympathique, récit d’une journaliste américaine qui vient s’installer en Toscane et retaper une maison. Découverte de Cortone et de ses habitants, de la vie italienne si différente et exotique pour une américaine.

Dernier temps fort de la journée : Bramasole, la maison du livre !

Située à la sortie de Cortona sur une petite route au dessus d’un vallon sauvage dans les oliviers et les cyprès. Ici, tout le monde la connaît. Deux jeunes gens qui se restaurent de salami à la terrasse d’un café nous pilotent : « c’est après la courbe vous verrez un grand portail et un grand jardin »Bramasole est facile à identifier avec sa madone en terracotta (genre della Robia) et son magnifique jardin.

 

Bramasole madone

Nous sommes surprises. On ne l’imaginait pas si proche de la ville. Moi, je ne la voyais pas si rouge et si grande. Le jardin en terrasse est soigné et fleuri. On la mitraille de photos. Un peu déçues, l’écrivaine n’y habite plus.

Il faudra relire le livre maintenant !

Cortona : tombes étrusques

 

tombe de "Pythagore"tombe de Pythagore

Rendez-vous au parcheggio du torrente Loreto. Nous trouvons le ruisseau ( torrente), pratiquement à sec, mais pas le parking !

Une dame qui arrosait ses fleurs, me fait traverser la  route très passante (Arezzo-Pérugia) pour me montrer le parking.

Visite privée : nous sommes seules. Notre guide est une archéologue américaine, sur son badge : « dottore », en anglais donc. Les conférences en Italien m’amusent mais je suis incapable de poser des questions précises. Comme la visite  sera un dialogue, l’anglais me convient parfaitement.

Le premier tumulus est encore plus imposant que celui de la tombe des chars de Populonia. Des chênes centenaires masquent le dôme de terre. On ne voit pas non plus le tambour de pierre. Les archéologues ont dû creuser sous le niveau du sol. Ce tumulus comporte plusieurs chambres. Il a été utilisé pendant longtemps:  durant six siècles les habitants de Cortona ont pris l’habitude de se faire enterrer ici, Étrusques ou Romains, ou autres.

La structure circulaire a été dégagée pendant les différentes fouilles ainsi, récemment, qu’une sorte de plate-forme (un autel ?) précédé d’un escalier monumental. De grosses palmettes sculptées dans le grès servent de rampe. Des sculptures ornent la base de l’escalier : l’une d’entre elles est bien reconnaissable : un guerrier luttant avec un fauve. Cette tombe est contemporaine de celles de Populonia (VI ou VIIème siècle). Ces tumulus étaient construits à proximité d’un grand axe de circulation devenu la Via Cassia. Ils étaient visibles de la route et marquaient ainsi le prestige du dignitaire et de sa famille. Comme à Populonia, inhumation et crémation ont coexisté. Des fouilles récentes ont mis à jour des objets très nombreux sauvés des pilleurs de tombes grâce ou à cause des inondations du petit torrente. Des bijoux en or sont tombés dans la boue et ont été préservés.

La seconde tombe a été reconstituée au cours de fouilles anciennes (1909). On peut pénétrer dans la chambre.Le matériau employé est remarquable: une belle pierre rose (calcarénite) provenant de Pienza et du travertin. L’utilisation d’un matériau de construction importé de loin (même de très loin, compte tenu de la taille imposante des blocs) est aussi un indice de la richesse du propriétaire de la tombe. Autre intérêt : la fausse voûte. A cette époque, les Étrusques ne savaient pas construire de vraies voûtes. Ils empilaient les blocs en gradins, ce qui aurait dû donner un escalier. Pour faire plus joli, on a scié le bloc en diagonale pour donner un plafond lisse en faisant disparaître les marches. Pas de ciment, les blocs taillés très soigneusement s’emboîtent très proprement les uns dans les autres.

Enfin, des inscriptions ont été retrouvées. L’écriture étrusque utilise des caractères grecs et phéniciens écrits de droite à gauche. On connaît ainsi le nom du dignitaire inhumé ici. Il ne s’agit pas d’un Etrusque mais d’un Ombrien, sa femme étrusque était d’une famille bien connue à Cortona .Malgré la précision de la lecture, ces inscriptions funéraires sont de peu d’utilité pour le déchiffrement de la langue étrusque : sur chaque tombe toujours la même chose « ci gît … ».
A partir du cinquième siècle la pression des Romains sur les villes étrusque se fait menaçante. Les cités étrusques, au lieu de s’unir contre l’ennemi romain, ont continué à guerroyer entre elles. Elles n’avaient aucune chance contre Rome. Cortona a préféré payer un tribut à Rome. La richesse des dignitaires s’est trouvée amoindrie ; la taille des monuments funéraires a donc diminué. Plus de tumulus imposant, seulement des niches pour des urnes contenant des cendres.

La troisième tombe s’appelle improprement « tanella de Pitagore » (confusion avec la ville de Crotone où est mort le philosophe). C’est un monument plus récent, un édicule rond fait de blocs énormes soigneusement taillés. Les sédiments ayant dévalé de la colline ont protégé la moitié située vers l’amont. La moitié aval a été utilisée comme carrière pour la construction des maisons de Cortona.

Cortona : Ermitage de le Celle

le celle, ermitage francescain

Le Celle est un ermitage franciscain où Saint François d’Assise a vécu.. Il se trouve à la sortie de Cortona, au creux d’un vallon.
L’endroit est très paisible (de nombreux écriteaux invitent au silence). Les cellules des moines sont  au flanc de la falaise. Rien de monumental. Les maisons en pierre sèche s’encastrent les unes dans les autres reliées entre elles par des marches. Sur les terrasses : des jardins et des vignes. Sur la rampe, des taches de bougie, et on imagine une procession de moines avançant à la bougie. Pourtant il y a un lampadaire électrique.

Dans le creux du vallon, le torrent a creusé la roche. A la saison, l’eau doit descendre en cascade. En Juillet nous voyons seulement la roche polie .

Sur le chemin du retour nous essayons d’atteindre le château fort du 11ème  siècle situé » entre Castiglione Fiorentino et Cortona. Inaccessible !

A six heures, nous poursuivons la promenade dans les vergers, découverte hier. Une heure sur la strada bianca entre poiriers, pommiers, cerisiers mais aussi dans les champs de tomates. Je regarde avec curiosité les systèmes d’irrigation.