Pâques aux Météores et une semaine au Pélion
Autour de Syntagma
Quel musée visiter ? C’est notre dernier jour à Athènes et j’hésite entre le Musée National, le Bénakis ou celui des Arts Cycladiques. J’hésite. Lundi, le Musée byzantin est fermé, le Musée National n’ouvre qu’à 10H30… . Nous partons en direction de Syntagma par les petites rues et allons voir les evzones qui montent la garde devant le Parlement. C’est ma quatrième visite à Athènes et je n’ai pas encore vu la relève de la garde. Les Evzones sont en tenue d’hiver avec d’épais bas de coton blanc. On admire la démonstration : flexion-extension du pied et saut du pompon.
jardin
En juillet, il m’avait paru poussiéreux et négligé, au printemps il est exubérant, vert de mauvaises herbes et embaume la fleur d’oranger.de Syntagma et je file au Musée Cycladique qui s’est agrandi dans une annexe installée dans un magnifique hôtel particulier avec jardin d’hiver, lustre de cristal, lourdes tentures et mobilier imitant l’antique. Une exposition temporaire présentant un site crétois est installée à l’étage. Par un tunnel, on accède à l’ancien musée qui s’ouvre sur une petite rue perpendiculaire à Vassilis Sophia dans un immeuble moderne très sobre, contenant les collections permanentes. L’étage des idoles cycladiques me ravit toujours autant. J’avais attendu ce rendez-vous et je savoure les retrouvailles. Elles sont aussi belles, délicates, épurées que dans mes souvenirs, aussi bien les petites en forme de violon, fines, presque translucides que les plus grandes avec leurs coudes repliés, les avant-bras sur le ventre, le triangle du sexe stylisé, les seins à peine ébauchés. J’avais oublié le personnage assis avec sa coupe, plus élaboré mais toujours aussi sobre. Je remarque aussi un plat translucide, décoré d’oiseaux stylisés. A un autre étage, je découvre avec surprise les Papades : poupées d’argile rouges aplaties avec de larges robes comme celles des popes, d’où leur nom. Figures féminines toutefois avec des seins et des coiffures compliquées. Je retrouve aussi des Tanagras. Le Louvre en avait fait une magnifique exposition l’an passé. Décidément, cette année, mes visites aux musées seront spécialisées dans les figures féminines : corés de l’Acropole, idoles des Cyclades, Papades et tanagras ! Au 3ème étage, une exposition temporaire d’objets provenant de Chypre, à nouveau de petites idoles féminines cruciformes en pierre polie bleu turquoise. Encore des personnages orientalisants de terre cuite.
Le charme des tanagras
J’aborde enfin l’exposition crétoise, distraitement. Difficile de me concentrer encore sur une nouvelle civilisation ! En général, j’ai tendance à tout mélanger : la Crète, les Iles, Chypre…Ce sont des civilisations complètement distinctes aussi bien dans le temps que dans l’espace. La visite de ce matin me fait prendre conscience de toutes les différences et de la richesse de la Méditerranée orientale.
La place de Syntagma est très agréable, encadrée par deux fontaines, l’eau s’écoule sur des murs de marbre. Les grands hôtels bordent la place, le Parlement ferme le rectangle. C’est une Athènes chic où nous ne nous étions pas encore attardées.
Aérides
Nous n’avions pas encore visité l’Agora romaine (Pourquoi ne l’appelle-t-on pas le Forum ?) ni vu de près la Tour des Vents qui est l’un des monuments les plus originaux d’Athènes : tour octogonale coiffée d’une girouette, ornée d’un cadran solaire, et équipée autrefois d’une clepsydre pour les jours nuageux. C’était une horloge officielle, la météo romaine. Sur chacune de ses huit faces, une figure ailée personnifie un vent flottant à l’horizontale, jambes écartées, ailes déployées : borée, le vent du nord, souffle dans une conque ; Kaikias vide son bouclier plein de grêlons ; Notos, le vent du sud, amène la pluie dans une urne ; Lips, vent marin, tient l’aplustre, outil de navigation ; Zéphyros, vent d’ouest, annonce le printemps en déversant des fleurs. Cette tour des Vents termine la rue Eolou. Elle a donné son nom au quartier des Aérides entre Monastéraki et Plaka.
Zephyros
A côté de la tour, un bâtiment carré, les latrines romaines. L’agora romaine, dallée par Hadrien, était précédée d’un portique monumental d’un côté et de propylées ornés de jolies colonnes de marbre gris veiné de blanc reposant sur des supports de marbre beige. On devine bien le péristyle abritant bureaux et magasins. Malheureusement le reste de l’Agora avec la Bibliothèque d’Hadrien est fermé le lundi. Je dessine avec beaucoup de plaisir les colonnes des propylées et la tour des Vents. Nous retournons au café sur le bord du forum, nous installant sur une autre table pour que je dessine vue.
Plaka
Le marchand d’éponges
Avant de quitter Athènes, je veux acheter une éponge. La rue Adrianou (Hadrien) est bordée de nombreuses boutiques. Plus on s’éloigne de Monastéraki, plus les boutiques deviennent chic. Les fast food laissent la place aux tavernes qui ont envahi la rue. Les maisons sont très jolies, cossues, décorées parfois de motifs Art Déco. Nous découvrons en contrebas le curieux monument de la lanterne de Diogène. Au bout de la rue se profile l’Arc de Triomphe d’Hadrien et les colonnes de l’Olympéion que nous n’avons jamais visité – ce sera pour une prochaine fois – nous retournons en flânant dans les rues charmantes de Plaka que nous ne connaissons pas.
Dîner en ville
Nous sommes invitées par les propriétaires de la maison du Pélion. Après des échanges de courriels, cette invitation paraît très sympathique. Métro pour parcourir toute la ligne bleue qui va en direction de l’aéroport. Le métro, mis en service pour les Jeux olympiques, est luxueux marbres et granites polis, escaliers roulants et ascenseurs de verre. Signalisation lumineuse et sonore. De plus, il est très rapide. En un quart d’heure, partie de Monastéraki j’arrive à la sortie d’Athènes sous le périphérique.
Sakis m’attend dans une grosse jeep noire. Il est brun, bouclé, bronzé, mince plutôt petit, juvénile. Ni lui, ni sa femme, Olga ne paraissent leur âge (45 ans) seule leur fille aînée – 15 ans – permet de le deviner. Tout de suite, il se présente : ancien pilote, il travaille dans les radars. Il compte prendre sa retraite l’année prochaine pour se consacrer au tourisme.
Il aide son père qui a construit les Studios Panorama au Pélion. C’est lui qui a conçu le site Internet. Je suis leur première cliente en ligne. C’est ce qui me vaut l’invitation. Ils sont curieux de savoir ce que j’ai pensé de leur site, comment j’ai trouvé leur adresse.
Olga, rousse, toute bouclée a préparé une jolie table avec un plateau de fromages décoré avec des olives, une salade finement hachée en lanières, parfumée à l’aneth sur un plat rectangulaire. Elle apporte ensuite des spaghettis aux crevettes roses et a farci des calamars. C’est la Semaine sainte : ils mangent maigre. Le repas est délicieux, la conversation agréable. Les deux gamines sont bien élevées. La plus grande veut enseigner le grec ancien et l’histoire antique, elle est très posée et sérieuse, la cadette a l’air espiègle. Je rentre vers 11H ravie de ma soirée, emportant la recette des calamars : mélange de fêta et de poivron à chair très fine vert pâle (je croyais que c’étaient des poireaux) elle les a grillés sous le grill du four dix minutes sur chaque face, pratiquement sans graisse.