Pâques aux Météores et une semaine au Pélion
Oiseaux du matin
6H30, le pépiement des oiseaux annonce le lever du jour. Les moineaux se perchent sur l’auvent de l’appartement voisin. La mésange bleue a fait son nid dans le tuyau d’aération, elle picore un jeune abricotier. Les hirondelles volent en escadrille, rasant les oliviers. Sur l’eau, un groupe de mouettes suit le bateau du pêcheur. A la piscine, les hirondelles ont fait un joli ballet, se poursuivant et plongeant à la surface de l’eau – pour chasser ? – pour boire ?- se rafraîchir ? L’une touche l’eau bruyamment un court instant, suivie immédiatement par une autre.
Mer d’opale
Au petit matin, l’eau est un miroir lisse, argenté. Une brume opalescente noie les crêtes qui se confondent avec les îles. Le bateau orange agite l’eau. Le pêcheur relève ses filets. Il ne s’éloigne pas et reste à une centaine de mètres de la côte.
Au petit déjeuner, nous le retrouvons sur la jetée en face du café en train d’enlever les poissons des filets. Il y a aussi de belles seiches. Les hommes du village sont là pour apprécier la pêche du jour. Le poissonnier a arrêté sa camionnette rouge. Dans ses cuves, sur de la glace, des sardines – 4€ le kilo – nous en achetons pour 2€, pour moins, il ne vend pas.
Argalasti
Argalasti, est une petite bourgade avec deux stations-service, un dispensaire, un vrai supermarché moderne. Rien de hideux ne défigure le village. De nombreuses domatia à louer sont proposées dans des maisons privées à un seul étage.
Milies se voit de loin avec ses maisons dispersées au flanc de la colline, cachées dans la verdure. Les toits de lauzes caractéristiques coiffent des maisons blanches aux balcons fermés en saillie au premier étage avec des ouvertures originales.
Le train de Miliès à Volos
Miliès
Milies, petit village perché au milieu du promontoire du Pélion, aux maisons pittoresques. Départ du petit train touristique. Je me propose de suivre la voie ferrée, belle promenade sans problèmes. Nous trouvons facilement la gare miniature avec son bâtiment crépi de jaune et son écriteau, les horaires à la craie sur l’ardoise les aiguillages miniatures. C’est un vrai train, construit à la fin du 19ème siècle pour relier les régions agricoles du Pélion à Volos. Aujourd’hui, un tronçon de 28km est encore exploité le week-end comme attraction touristique. Les rails écartés de 80 cm, reposent sur de petites traverses sur le ballast. La voie court dans une tranchée coupant les rochers et passe sur des ouvrages d’art : pont de pierre aux hautes arches et pont métallique à clair voie.
Sur le sous-sol schisteux, les genêts sont florissants. Leur parfum est entêtant. Je n’en ai jamais senti de si odorants. Deux sortes de cistes, rose et jaune pâle, sont aussi répandus. Je marche d’un bon pas sur le parcours, tout en ligne courbe. L’ingénieur qui a conçu le tracéà fait remarquableest le père du peintre Chirico. En 28 km, le train doit arriver à la mer, la pente est si régulière que je n’ai senti ni la descente, ni la montée au retour. J’avais prévu de rebrousser chemin au bout de 4km et je m’étais fixé comme but un grand tournant. 50 m avant, je rencontre un petit serpent qui rampe tout doucement devant moi. Je m’approche pour le photographier. Il se retourne brusquement, me menace en sifflant et en tirant sa petite langue. Il s’enroule face à l’ennemi. Déconfite, je recule et fais machine arrière.
le bourg de Miliès
Bibliothèque
D, entre-temps, a fait la visite de Miliès. Elle me pilote dans les petites rues très animées. La place, sous un platane géant, est occupée par un restaurant : table aux nappes rouges, cuisine très soignée – un peu trop chic, peut être. L’église est décorée de fresques aux couleurs très vives. Un baptême s’y déroule. La petite fille a un chapeau transparent. On distribue des dragées et de la glace dans des coupelles de plastique rose. Nous sommes vraiment mal attifées à côté des invités du baptême et n’osons pas rentrer pour visiter l’église.
La bibliothèque est perchée dans un bâtiment, au-dessus de la place. C’est une vraie bibliothèque de prêt, moderne avec des ordinateurs. Peu à voir pour celui qui ne lit pas le grec. Deux beaux livres d’ornithologie illustrés de planches en couleur, du matériel de démonstration d’électromagnétisme (j’avais le même à Schweitzer quand c’était le programme de 4ème). Le petit musée est encore plus réduit : une pièce dans la mairie.
Afissos
Jason et les Argonautes sont partis d’Afissos. Nous nous y installons sur une des trois plages. Des gens se baignent, tranquillement, comme en plein été. Première excellente surprise : plage de sable et non de galets ! Deuxième surprise : l’eau est fraîche ; une fois trempée, je nage le long de la plage vers une petite pointe en schiste vert. L’eau est tellement lisse qu’on voit mon sillage : des petites bulles qui éclatent à la surface. Je suis surprise d’avancer tranquillement sans avoir froid. Les rochers et les arbres se reflètent dans le miroir. Des bancs de poissons transparents croisent. Il y a aussi de petites méduses qu’il vaudrait mieux éviter. Je regrette de ne pas avoir mon masque.
Métaphore!
Entre deux baignades, café frappé dans un bar de plage. Un camion de frites McCain nous bouche le paysage. Comme d’habitude, je lis ce qui est écrit en Grec. Quand un mot est connu, je lis vite, globalement. Quand je déchiffre lettre par lettre, c’est plus laborieux. Le camion de frites est une métaphore. Xénon n’est ni un gaz rare ni un philosophe, c’est le propriétaire des garçonnières (écrit en caractères helléniques, c’est plus original !).