Pâques aux Météores et une semaine au Pélion
Traversée de la Thessalie..
La route est facile par Kalambaka, Trikala, Larissa et Volos, deux heures en grande partie sur des 4 voies entre des champs de maïs irrigués dans la plaine jusqu’à Larissa, puis du blé sur les contreforts des collines. Dès qu’un espace n’est pas cultivé, les coquelicots s’épanouissent en un tapis rouge violent.
Volos et le Pélion
Volos : tout est fermé le lundi de Pâques. La route du Pélion longe d’abord la côte assez urbanisée, petites maisons blanches, tavernes tout le long des plages de galets. Nous faisons un arrêt devant la plus jolie taverne qui soit, sur une plage abritée par une belle oliveraie, maison à étage, tables bleues, chaises de bois, dentelles aux fenêtres encadrées de volets bleus, grecs. Je me trempe les pieds dans la mer, c’est frais. La route quitte ensuite le bord de l’eau. Le paysage devient sauvage, un peu comme en Corse . A Milina, le relief s’adoucit.
Arrivée à Milina
Milina est une petite station balnéaire étirée le long de la mer. Les cafés ont installé leurs terrasses au bord de l’eau. Il règne une charmante animation, ce lundi de Pâques. Les boutiques sont ouvertes, cafés et restaurants sont pleins Sur le parvis de l’église, le pope est sorti, entouré d’une foule endimanchée.
milina petit port
Notre gîte : studio Panorama
Les Studios Panorama sont à la sortie du village, on ne peut pas manquer le grand écriteau qui surmonte le portail. Nous garons la voiture à l’ombre des eucalyptus sur le bord de l’eau et levons les yeux pour découvrir les maisons blanches, perchées très haut sur la pente. Des escaliers très raides grimpent tout droit dans le verger. Nous sommes atterrées : non seulement, il faut monter les bagages, mais ensuite D se sentira prisonnière là-haut. Découragées, nous déchargeons valises et sacs. Mentalement, je maudis Internet.
Un homme aux cheveux blancs et sa femme nous attendent de l’autre côté de la route. Ils ne parlent que le grec. Le vieux sort son téléphone pour appeler Sakis. Puis il me tient un discours d’où ressort le mot « lift », empoigne nos valises et nous conduit à une plateforme : le « lift ». Plutôt qu’un ascenseur, c’est un funiculaire dont les roues de fer glissent sur deux rails tandis qu’un câble métallique s’enroule autour d’un bidon. Des herbes poussent sur le ciment. Une belle giroflée rose violacée se trouve juste sous la plateforme d’arrivée peinte en gris clair. Elle est équipée d’une rambarde à l’avant et à l’arrière mais sur le côté c’est le vide. Nous sommes loin des « normes de sécurité européennes ». Pour l’actionner, le bouton du bas « kato » pour descendre, celui du haut « pano » pour monter, c’est facile à retenir. Le départ est brusque, il faut s’accrocher à la rambarde. Ensuite l’ascenseur s’élève entre les terrasses de citronniers en fleurs et en fruits, d’orangers et d’oliviers qui embaument. Je compte huit terrasses – huit étages – et arrive sur une terrasse dallée, fleurie de magnifiques rosiers, entre deux maisons blanc.
Il nous faut encore gravir une vingtaine de marches de marbre blanc pour entrer au studio. Et nous voici chez nous !
Notre appartement est composé d’une très vaste salle à vivre avec un coin cuisine, une table et deux chaises, un canapé. La chambre est toute blanche avec un grand lit au couvre-lit blanc, une armoire blanche. Seule la tête de lit, les tables de chevet et la porte en bois sombre ressortent. Même les lampes sont blanches. Lorsqu’on ouvre la fenêtre pour aller sur le balcon on est stupéfait. La vue est encore plus spectaculaire que sur la photo d’Internet. On plonge dans la mer. La baie est splendide avec son petit port de pêche à nos pieds où sont amarrés seulement trois bateaux, la petite île toute proche (700 mètres), la côte verte et, au loin, les crêtes de Thessalie.
Sakis nous montre la piscine sur la terrasse supérieure (10ème étage), carrelée de bleu, profonde de 3m. Dès que nous sommes installées, je descends au village faire les courses. Je rencontre Olga assise à une terrasse de café. Tous les magasins sont ouverts jusqu’à 9 heures du soir sans même une interruption pour la sieste.
Première baignade
Après le déjeuner sur le balcon, nous montons à la piscine. J’hésite longtemps avant de me jeter à l’eau. Comme toujours, ce sont les premiers allers-retours qui coupent le souffle. Avec le mouvement, le corps se réchauffe et s’habitue à l’eau froide,je compte les longueurs,trente en tout. Les immenses parasols se déploient à l’aide d’un cordon et d’une poulie, mais il y a un « provlima » d’après Athanassios, le père de Sakis qui s’installe près de nous, sous l’olivier.
Nous partons explorer la côte en direction du sud. A un kilomètre ou deux de la maison, un petit restaurant et une marina ; plus loin, dans un petit chantier naval on répare et entretient de très beaux voiliers. Quand la côte est basse, la plage se réduit à quelques cm de graviers. Puis la route grimpe dans une garrigue et dans des oliveraies. Quand la côte est plus rocheuse, nous découvrons des criques inaccessibles. Le spectacle est à couper le souffle. Parfois, une maison est tapie dans la végétation ou blottie dans sa petite anse. Sous une oliveraie très bien entretenue, un port miniature : une belle maison blanche à étage avec un escalier extérieur flanquée d’une aile et d’une cour carrée sur un petit quai arrondi. Parfois une bergerie de tôle est bien cachée dans la végétation. Nous aimerions faire un arrêt, prendre des photos. Rien n’est prévu pour stationner. La route est si large que deux semi-remorques pourraient se croiser, il n’y a guère de circulation. Je propose de laisser la voiture tout simplement sur le bord de la route. Finalement, je dessine la belle maison, assise sur l’asphalte, les jambes pendantes. En une heure, il ne passera que deux ou trois voitures.
Nous avons rendez-vous avec Sakis pour le coucher du soleil à 19H45. Le soleil encore haut, orange, éclaire d’une lumière chaude les rochers et la digue. Les crêtes deviennent de plus en plus nettes, roses puis violines. Un banc de nuages l’engloutit. Il en ressort une boule rouge, zébrée de fines bandes noires qui va se cacher derrière les montagnes.
La nuit est tombée, au village, toutes les boutiques sont ouvertes. L’animation du midi fait place à une calme soirée. Les Athéniens venus pour le week-end pascal préparent leurs valises ou sont déjà sur les routes.