Pont-Aven, Port Manech, Le Pouldu

Et sur l’autre rive : des yuccas

Sous le soleil, 10h à Pont Aven, le GR34 se trouve au bout du quai du Port il suit la rivière tout d’abord sous des chênes aux troncs tordus presque têtards. Le sentier est moussu, un épais tapis garnit les pierres des murettes, les troncs sont chevelus de polypodes, humidité perceptible, tellement différente des lichens secs hérissant les calvaires et murs le long de l’océan. Puis je marche sur les aiguilles d’une pinède. Une tempête a fracassé une grosse branche le parfum de la résine est très puissant.  L’estuaire s’élargit, les petits ruisseaux affluents occasionnent des détours importants. De nombreux manoirs jalonnent le cours de l’Aven, certains ont des tourelles et des poivrières de château de contes de fée. Une première averse s’abat, comme je suis à couvert sous de beaux chênes j’ai le temps de déplier ma cape et marcher au sec. Quelques minutes plus tard, je replie la pèlerine

la rivière s’élargit

10h30, je devrais passer devant un château,  10h45, devant un moulin–mer. Ce dernier est invisible. Il me semble que je n’arrive pas à soutenir le rythme de 4km/h  pourtant raisonnable. La faute aux racines glissantes traitreusement cachées sous les feuilles de châtaigniers dont le je me méfie (je me suis déjà cassé une cheville), la faute aussi au bourbier dans les creux après le passage des VTT (pourtant interdits sur ce trajet), je dois ruser pour ne pas me trouver trempée et cela ralentit la progression.

un manoir mystérieux

Au Hénand,   le moulin-mer est près d’une caverne conchylicole. Sous un abri, les enfants du CM1-CM2 me font réviser ma sédimentologie : Slikke et schorre dont j’avais appris le sens autrefois, ils ont aussi écrit des haïkus qui feraient les délices de certaine bloggueuse japonisante de ma connaissance et fait une belle peinture très colorée sans doute inspirée par Gauguin.

A Kerdruc,  petite pause sur un pont.

Kerdruc : chaumière

Le GR tourne alors le dos à l’Aven et s’enfonce dans la campagne. Ces détours m’agacent en général. Aujourd’hui, j’aurais bien tort de me plaindre : je passe devant de ravissantes chaumières puis m’engage dans un mignon chemin creux dans une châtaigneraie.

Kerdruc :pierres dressées

La pluie a repris, le sentier longe une petite anse à Kerichet. Je rencontre un couple breton en polaire sans parapluie. Je plaisante :

–          « Les Bretons ne se mouillent donc jamais ? »

–          « nous habitons tout près, quand nous rentrons nous mettons les polaires près du feu ! »

Ma cape les intrigue, je vante ses qualités, elle abrite le sac à dos, permet de faire pipi en toute discrétion et aussi de piqueniquer au sec quand elle n’est pas tout simplement un tapis de sol. Cela intéresse mes interlocuteurs qui me demande où cela s’achète et à quel prix !

Rendez vous raté sous la pluie

Le château de Poulgwin – lieu de rendez-vous – est introuvable, sur le sentier comme par la route. En outre il n’y a pas de réseau. Les conversations téléphoniques sont inaudibles. D, en voiture, tourne en rond, je longe un haut mur,  les marques du GR sont effacées : sans doute le château ? en effet une route privée entre deux rangées de bornes de granite ou même de rocher sous le feuillage impénétrable remonte vers la route. Des panneaux « attention aux chiens » complètent l’impression sinistre. Quelques temps après j’arrive sur un parking avec table de pique-nique, près d’un bassin et d’une fontaine agrémentés d’hortensias bleu, endroit plus sympathique et pour comble de joie, la 207 bleue arrive d’une autre route.

Je suis trempée : sous la cape la pluie ne m’atteint pas mais je transpire tellement qu’il me faut quitter mes deux polaires et me changer complètement avant le pique-nique sur la plage de Port Manech, sable blanc et rangée de cabines blanches au toit à deux pans. Un timide soleil sèche un peu les affaires. Un petit détour en voiture et nous sommes sur la côte sauvage face à l’océan. Je descends sur el sentier côtier juste à la hauteur du « Doigt de Dieu » un rocher pittoresque que j’ai juste le temps de photographier avant qu’une nouvelle averse ne trempe mes nouveaux habits secs.

le doigt de Dieu

La visite de Pont-Aven prévue sous le soleil est bien compromise maintenant. Le Musée de Pont Aven ne ré-ouvrira ses portes qu’en 2014.

le Pouldu : fresques de la salle

Au Pouldu, la  Maison-musée des peintres de l’école de Pont-Aven est ouverte à la visite. D’ailleurs cette portion de côte se nomme la Côte des Peintres. Le GPS nous guide dans de petites routes tortueuses par Riec-Belon,  Moelan-sur-Mer et Clohars- Carnoët jusqu’à la petite station du Pouldu à l’entrée de l’estuaire de la Laïta.

La maison-musée est la Buvette de la Plage  où était reconstitué  le café de la Plage, auberge de Marie Henry ou Paul Gauguin, Meijer deHaan, un peintre hollandais, Sérusier et d’autres peintres vinrent s »’installer en 1889 séduits par cette bourgade tranquille et pittoresque et où un nouveau courant pictural vit le jour : le synthétisme. Durant l’hiver suivant ils décorèrent vitres et plafond de la salle tandis que les autres pièces, cuisine, chambres sont un témoignage de la vie de ce temps là. Marie Henry était bretonne mais passée par Paris, elle aimait la musique et les arts. Son auberge est décorée aussi bien des peintures des artistes qui y sont passés que d’estampes japonaises et de dessins. Dans la buvette les peintres côtoyaient les pêcheurs ou les ramasseurs de goémon.  Bien entendu, il n’y a aucun authentique Gauguin, seulement des reproductions. A l’étage la grande chambre était celle de Marie et du peintre hollandais Meijer de Haan, Gauguin avait une chambre plus petite, en face il y avait celle de Sérusier. Les boites de couleurs, les palettes, la valise, la veste de l’artiste sont posés comme s’ils venaient de quitter l’auberge. Une vidéo complète la visite. Nous n’avons pas vu beaucoup d’œuvres des peintres mais leur présence est perceptible et cette visite très émouvante.

Non loin du Pouldu, sur les bords de la Laïta, se trouve le site de Saint Maurice, ancienne abbaye cistercienne. Nous y arrivons à la tombée de la nuit. Le site est charmant. Il est bien tard pour entreprendre une visite qui, selon le monsieur de la billetterie qui prête des audio-guides, dure une heure et demie.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « Pont-Aven, Port Manech, Le Pouldu »

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