CARNETS DE LA FORET FOUESNANT

Le site de la Torche est exceptionnel : un promontoire rocheux s’avançant dans la grande baie d’Audierne.
Arrivée sur le rocher, je comprends le nom de La Torche : un magnifique rocher se dresse avec la forme d’une flamme. Un blockhaus le surmonte. Plus discrète mais plus sympathique : une allée couverte.

De part et d’autre les grandes plages de sable sont battues par les vagues écumeuses et mousseuses ; les surfeurs profitent de ces lames, ils sont nombreux.
Les dunes sont fragiles. En certains endroits, la côte recule d’1.5m à 2m/an. La fixation de la dune par les végétaux et des systèmes de brise-vent sont surveillés pour la protéger.
Un panneau explique la zonation des végétaux :
Haut de plage et dune mobile :
– oyats Ammophila arenaria : possède des racines traçantes pour fixer le sable
– Cakilier : Cakile maritima , roquette de mer aux feuilles vertes lobées et au goût salé.
Dune fixée :
– Immortelle des dunes helicrysum stoechas aux fleurs jaunes fortement odoranteau parfum rappelant le curry indien
– Euphorbe maritime : secrète un latex blanc.
Arrière-dune
– Liseron des dunes : Calystegia soldanella fleur rose à pavillon de vieux phonographe et liseré blanc
– Panicaut maritime : Eryngium maritimum , chardon aux feuilles coriaces et épineuses , utile pour freiner le vent et accumuler le sable.
Une autre pancarte signale l’introduction de la culture des bulbes de jacinthe, tulipes, narcisses dans la Baie d’Audierne.

Le Promontoire de la Torche : site archéologique.
On a retrouvé des amas coquilliers (10 000 – 5 000av JC) et ossements humains (4 000 av JC) . A la fin du 6ème millénaire, les premiers paysans apparaissent en Armorique. La communauté se nourrit de fruits de mer et de gibier. Les techniques de cueilleur vont encore perdurer longtemps. La sépulture mégalithique de la torche (allée couverte contenait des ossements humains datés 4000avJC).C’est à ces derniers qu’on doit l’érection des monuments mégalithiques (dolmens et menhirs).
Sur le GR
Topo-guide GR34 Côte de Cornouaille p51 De la Pointe de la Torche à saint Guénolé 5km 1h15 – de Saint Guénolé à saint Pierre 2.5km – 40 mn – de Saint Pierre à Kerity 3.5km -50 mn
Le GR34 est tracé dans la dune et s’éloigne de la plage. Je décide de retourner sur le sable mouillé puisque la mer est basse. Voulant envoyer un Sms, je constate qu’au bout des cordons ne pendent plus mes lunettes et fais demi tour pour els retrouver. Une dame très gentille les a accrochées avec un fil de fer au fil interdisant le piétinement des oyats
Après 20 minutes j’arrive au bout de la plage de Porz Carn. Malgré la température de l’air( 8°C) et le drapeau rouge, six baigneurs sont à l‘eau non pas en combinaison comme les surfeurs mais en bikini. Défis ou bain habituel ?
Nous négligeons le beau Musée de la Préhistoire pour profiter du beau temps.
Le sentier côtier suit la côte rocheuse empruntant de petites portions de route. Il est quand même très agréable avec des affleurements spectaculaires. La mer est hérissée de lames blanches (degré6 sur l’échelle de Beaufort) . Je passe devant un four à goémon sans le trouver (pourtant je l’ai cherché). La côte est assez construite, de vieilles maisons au crépi gris attaqué par les embruns et aux maisons de vacances bien blanches avec de grandes baies ouvertes vers l’océan.

A l’entrée de Saint Guénolé, un très gros rocher de granite très érodé, curieusement en plaques horizontales (et non en boules comme dans les chaos habituels), est appelé le rocher des victimes, en effet le 10 Octobre 1870, la femme du Préfet et plusieurs membres de sa famille furent emportés par une vague meurtrière. L’histoire ne dit pas si la mer était en tempête et jusqu’où ils s’étaient aventurés. Le sommet du rocher est équipé d’un garde-fou métallique tout neuf.
Nous déjeunons devant ce rocher de Saint Guénolé. Au menu salade de pommes de terre, thon et anchois. A peines sommes nous installées qu’un nuage noir vient crever juste au dessus de nous : repli dans la voiture. L’averse a été de courte durée. Une lumière très vive éclaire le port désert de Saint Guénolé- un vrai port de pêche à la sardine. Des entrepôts se succèdent, pas touristiques du tout et bien désert ce samedi à midi. Une petite crêperie est ouverte mais il n’y a personne.

Le GR34 passe sur une corniche longeant la mer. Les rochers sont découverts sur une très grande largeur formant une sorte de chaussée brune de goémon, luisante, avec des flaques brillant sous le soleil. La chapelle Notre-Dame–de-la–Joie(ou de-la-Pitié) c’est selon, est le nom donné à cette église bâtie sur le bord du rivage et visible par les marins. Construction trapue et simple quoique d’assez grande taille. Son calvaire est hérissé de lichens. J’avance vers Saint Pierre en regardant les phares se rapprocher. En ce moment je lis le gros bouquin Omnibus Histoires de Phares qui me semble de circonstances. Face au rivage se trouvent des balises peintes en vert, de nombreuses bornent de pierre marquent sans doute un chenal. En mer, sur un ilot se dresse un phare. A Saint Pierre, je compte 3 autres édifices : le plus grand : le Phare d’Eckmühl coiffé d’un lanternon en métal travaillé, le vieux phare rond, grosse colonne tronquée, et le petit sémaphore militaire, j’ai même oublié la tour de l’église éclipsée par le vieux phare. On pourrait visiter le poste de secours qui présente une exposition, mais aujourd’hui, c’est fermé. On aurait aussi pu monter au phare d’Eckmülh mais on n’a pas essayé. C’est seulement au retour à la maison en triant les photos que j’ai découvert des touristes en haut du phare et que je les ai jalousés. Toujours en corniche je continue la promenade sous un ciel tantôt bleu éclatant tantôt menaçant avec des nuages très noirs qui donnent des pluies diagonales au large et des arcs en ciel.
Kérity est un petit port très sympathique. Quelques maisons : la boutique l’escale est gaiment crépie de rose ainsi que la crêperie. Nous décidons de prendre un café en terrasse et nous installons d’abord sur les tables du grand café des Doris. Personne ne vient prendre la commande. Tout le village semble s’y être donné rendez vous pour des jeux de grattage et des lotos. Le patron est débordé. Une retraitée a étalé ses cartes de grattages recouvrant toute une table . J’ai signalé notre présence mais il ne vient toujours pas alors qu’un gros nuage menaçant se rapproche.

Un peu plus loin, le Nautilus a une sorte de véranda. Nous y serions mieux. C’est un établissement beaucoup plus chic qui propose des kouing tapas( ?) des kouing acras ( ?) et qui est très bien décoré avec des tableaux de bonne facture, des rames aux peintures écaillées, des coffres gris cérusés avec des lampes assorties. On sert l’expresso dans d’élégantes tasses rouges et blanches, un petit chocolat emballé. Des numéros de Beaux arts magazine trainent négligemment. Nous étions les seules clientes quand l’averse s’est abattue, apportant avec elles d’autres consommateurs. Des jeunes femmes assises sur les tabourets du comptoir parlent entre elles de « vieilles coiffes » en nous désignant. C’est plutôt injurieux mais bien trouvé.
Nous rentrons par Penmarch en faisant la tournée des clochers. A Kerity l’église est ouverte, sa nef est particulièrement haute et grande pour un si petit village, le plafond est une coque de navire renversée. La végétation a colonisé les murs, les lichens hérissent les statues très érodées par les embruns.

A Penmarch l’église est tout à fait intéressante. Une tour carrée avait attiré notre attention ce matin. Nous avions pensé à un château. En nous rapprochant je compte les tourelles et pinacles si nombreux que je n’arrive pas à les dénombrer. La tour carrée surmonte le porche bien usé lui aussi. A l’opposé une belle rosace ajoure le mur côté chœur (un peu comme celle de l’église des Carmes de Pont L’Abbé). Ce qui est le plus étonnant ce sont les décorations : plusieurs voiliers sont gravés sur le mur et des anges corrodés se détachent. Une messe d’enterrement se déroule et nous n’entrons pas, bien sûr.
