MOYENNE EGYPTE

Une longue allée dallée entrecoupée de volées de 5 marches – en tout 350 – sous un soleil de plomb,nous mène dans le désert vers la falaise où sont creusées les tombes . Nabil avait tenté de convaincre D de mettre un chapeau dans un sabir bizarre
– « Where is the capello ? »
J’ai mis le voile turc par-dessus le chapeau vietnamien. Nous sommes escortées par ds militaires en armes. Un vieil homme en galabieh bleue gris et turban bleu nous vend les billets 25LE « no photos ».
La tombe N°17 de Khity nous ébloui par la richesse du décor. Les murs couverts de dessins colorés racontent la vie quotidienne aux temps des pharaons. Nous prenons bien notre temps pour étudier les détails. Comme on nous surveille, nous renonçons aux photos et je sors le carnet moleskine et D son carnet de comptes. Nos anges gardiens sont aux petits soins : ils nous prêtent leurs bancs de bois pour qu’on dessine à notre aise et s’accroupissent au pied des colonnes très élégantes au chapiteau en forme de lotus fermé.


Les décors des tombes répondent à des canons immuables basés sur l’orientation. La particularité de Beni Hassan est que cette nécropole se trouve sur la rive orientale et non pas occidentale comme aux Pyramides ou dans la Vallée des Rois. Le panneau NW est occupé par des scènes de travaux des champs sur plusieurs registres. Le mur N, par des scènes de chasse dans le désert tandis que l’E représente des lutteurs des guerriers et la prise d’une citadelle, au sud on voit le défunt en grand format et les processions d’offrandes. D s’applique à compter les bœufs de deux troupeaux qui viennent à la rencontre les uns des autres. Les bouviers sont disposés de part et d’autre d’une canne, accolade symbolique. Les animaux sont très bien dessinés. Sur le registre situé en dessous, les offrants portent des poulets du pain et un bouquet de lotus ils sont suivis par un autre troupeau de bovins. Dans un coin, une sorte de hangar est représenté avec des réservoirs à coupole (greniers ?) on peut aussi penser à des ruches ? Le dernier grenier est accompagné d’un escalier, au dessous on bat le blé.
Je m’attache à dessiner une scène de champ de la paroi nord ouest : une frise à chevrons représente l’eau – bizarrement marron – (il eut d’agir de l’eau de l’inondation boueuse et fertilisatrice) : un canal d’irrigation, une frise de lotus orne le haut du registre. Entre les deux frises, dans un massif de végétaux verts, des paysans, torse nu, vêtus seulement d’un pagne court blanc, récoltent le blé comme aujourd’hui, accroupis ou agenouillés.
Tombe N°15 : Baquit II
Les mêmes motifs sont peints – peut être en plus sophistiqués. La chasse sur le mur nord est amusante : parmi les gazelles, les oryx, les fauves se glissent 4 animaux fantastiques. Nous trouvons avec bien du mal le quadrupède à tête de serpent mais pas le griffon ni la licorne. Sur le mur nord, la « vie turbulente des Princes » (Guide bleu) est aussi plus lisible que dans la première tombe.
Tombes n°3 et N°2
De Knoumhotep et d’Amenhat sont d’une autre facture. Les personnages sont beaucoup plus grands mais moins souples et moins élégants. Dans la tombe de Knoumhotep la scène la plus originale représente la caravane des asiatiques. Les personnages sont jaunes, les cheveux coupés courts, les barbes fines et noires. Ils apportent leur marchandise sur des ânes bâtés et sont précédés d’un introducteur portant une lettre datant la délégation à l’an 6 du règne de Sésostris. Dans la tombe d’Amenhat, le Prince de la Gazelle, trois statues se trouvent encore dans la niche au fond. Nous nous attachons à observer les « navigations mystiques » : celle qui va à Abydos, plus au sud en remontant le courant se fait à la voile, vers Busiris en suivant le courant du Nil, les navigateurs ont replié les mats et s’aident du courant. J’adore ce genre d’observation de détails, il faut chercher exercer le regard et la récompense est une très jolie scène.
En sortant, pas de dilemme : le vieux gardien impose le tarif du bakchich. Le billet de 5LE que j’avais préparé sera « pour la Bolis », il me montre un billet vert de 20LE qu’il s’attribue.
D exaspérée par l’escorte rapprochée, décide de lambiner sous la cagna pour les agacer. Je presse le pas, deux me suivent. Après le premier banc deux turbans et deux armés la rejoignent.
La cafétéria est rafraichie par deux ventilos, on m’offre un café turc délicieux. D arrive sur ces entrefaites, furieuse, les policiers l’ont obligée à marcher trop vite et son genou la fait souffrir. Nous n’en avons pas fini d’être accompagnées !