CARNET OUZBEK

Khiva : notre hôtel Qo’sha Darvosa
Quo’sha Darvosa est situé à quelques pas de l’arche double marquant l’entrée de la ville. Il est installé dans une maison ancienne (1901) qui possède sur une belle cour pavée autour d’un puits où s’ouvrent les portes d’une dizaine de chambres. Une grande banquette garnie de coussins colorés s’adosse au mur. Un escalier conduit à une terrasse : de là la vue est merveilleuse sur les coupoles turquoise. On nous y sert un thé accompagné de raisins secs, deux sortes, l’une dorés, l’autre presque bleus.

Notre chambre est crépie de beige imitant le torchis. Présence du bois brut : le plafond est soutenu par une douzaine de grosses poutres. Le bas des murs est habillé de bois à peine équarris. Le mobilier est en pin clair. Au sol cinq kilims modernes très colorés. Dans une niche, une photo ancienne est encadrée : des femmes en habit de cérémonie. Une bande de tissu coloré entoure le cadre.

L’ensemble est simple, chaleureux, coloré. La télévision à écran plat est discrètement accrochée au dessus de la porte de la salle de bain.

La ville close
Entrée payante, 8000 soums de droits pour les photos
Les murailles qui ceignent la ville sont étrangement bombées, en pente douce, arrondies. Leur teinte est rosée lorsque le soleil décline.

Une grande statue accueille le visiteur Al Khorezmi, (780-850)mathématicien, inventeur des algorithmes, natif de Khiva qui remplaça les chiffres romains par les chiffres indiens. Le centre culturel était alors Bagdad, Al Khorezmi est devenu le directeur de l’académie Mamoun. Une académie Mamoun existe de nos jours à Khiva.
Un panneau mural représente la carte de la Route de la Soie, de la Chine à l’Ouest de l’europe, incluant la Russie et l’Inde.
On raconte que, au 3ème siècle av. JC, l’empereur de Chine envoya chercher des chevaux de Ferghana pour les échanger contre de la soie.
Les 12 000 km séparant Xian de Venise étaient parcourus par des caravanes de 500 ou 600 chameaux, à leur tête le Caravan Bashi avait une armée avec des éclaireurs de la route. Ils se guidaient au soleil et d’après les étoiles et parcouraient de 50 à 60 km par jour, s’arrêtant dans les caravansérails. En Ouzbékistan un seul caravansérail est aujourd’hui conservé mais nous en avons visités en Turquie et en Arménie. Boukhara et Samarcande se trouvent au croisement de la route Est/Ouest et de la route Nord/sud allant de l’Inde à la Russie apportant des épices, des pierres précieuse. C’étaient donc des centres culturels importants.
Les remparts 2200m entourent un quadrilatère avec quatre portes. 3000 habitants seulement vivent actuellement dans la ville close.
Nous entrons par la parte de l’Ouest qui est la porte principale.
Nassim nous raconte l’histoire du minaret inachevé Kalta minor– symbole de Khiva –qui devait être le minaret le plus haut de l’Asie Centrale et atteindre 70m . Ses fondations ont donc un diamètre très large. L’émir qui en était le commanditaire est mort avant la fin des travaux, il est resté inachevé car on n’aimait pas continuer après la mort de celui qui devait en tirer gloire. Une autre légende dit que l’architecte avait promis un minaret semblable à l’émir de Boukhara et que le khan de Khiva l’aurait précipité du sommet Il mesure 26m de haut et il est recouvert de belles céramiques vernissées turquoise avec des motifs colorés variés. .
Au pied du minaret, une énorme madrasa et la mosquée qui lui fait face, ont été transformées en hôtel et en restaurant pour touristes. L’authenticité est perdue. Les groupes français et italiens caquetant, je ne leur ai pas trouvé de charme.

La rue qui parcourt la ville d’ouest en Est et qui passe sous le minaret inachevé est très passante, elle est occupée par les étals des marchands de souvenirs. En plus des chaussons tricotés, des foulards en soie (ou en coton), des lutrins pour le coran, des corbeilles à fruits en bois télescopiques, ou des planches à découper les légumes finement ciselées, les plus spectaculaires sont chapkas, toques, coiffures traditionnelles. L’Astrakhan est le plus renommé. La fourrure d’un agneau mort-né fournit l’Astrakan de la meilleure qualité mais les agneaux nouveau-nés donnent aussi de la belle fourrure. Il a pris le nom de cette ville de Russie, très froide qui importait beaucoup de fourrures d’Ouzbékistan. Les Ouzbeks le désignent par un autre nom : karakul. Les bergers et paysans revêtent des bonnets à longs poils de mouton qui leur donne la même silhouette que les Juifs religieux avec leur schtreimmel. On peut préférer le renard ou la fourrure de chat.

Nassim nous abandonne et nous déambulons au hasard par les ruelles, les passages, les cours des madrasas, les places bordant des palais. Les touristes sont nombreux mais ils ne sont pas tous européens, ou japonais. Il y a beaucoup d’Ouzbeks venus pour passer le dimanche, de la région et parfois de très loin pour visiter le vieux Khiva ou pour un pèlerinage.

Les cours sont le plus souvent occupées par les marchands, on laisse donc entre les visiteurs dépourvus de billet (Nessim a pris les nôtres pour les visites de demain). Dès qu’il s’agit d’entrer dans les bâtiments on me chasse gentiment. Certains monuments sont occupés par des artisans : des menuisiers fabriquant des objets d’art ciselés, des portes magnifiques me laissent admirer leur travail, tout comme ceux qui sont spécialisés dans les tables et els bancs. Scies électriques voisinent avec burins et ciseaux. Cette rencontre a été pour moi le clou de la promenade.
18h30, les visiteurs se font rares. Les habitants de Khiva sortent de chez eux. Des femmes sont assises devant les maisons sous la lessive qui sèche. Des gamins font des tours à vélo. Alors que partout ailleurs les gens étaient ravis de poser pour la photo, les femmes font signe que « non ». Elles doivent en avoir marre des touristes ;
Nous dînons à l’hôtel. On a dressé une table carrée dans le patio. Salade plutôt sucrée de cubes de betterave, pommes de terre et carottes, l’autre salade est épicée avec des aubergines, courgettes et piment. J’ai commandé du plov, moins gras qu’à Tachkent ressemblant plutôt à notre riz vapeur avec des morceaux de carottes et mouton. En dessert des « baklavas » différentes de celles que je connais, point de miel, de la pâte feuilletée avec de la crème et des amandes.
Tout comme tes billets précédents, tes photos sont magnifiques ; je connais très mal ces pays, ça me permet de resituer un peu côté géographie et géo-politique !
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@Aifelle : si, en plus, cela peut être utile…..
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Je n’y suis pas allée (l’objectif ét
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(je continue, il semble que mon doigt a envoyé le commentaire?)
était de parcourir la route de la soie). Merci pour l’allusion au mathématicien (bien connu , bien sûr) Quelle époque!
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@keisha : tu as parcouru quel tronçon de la Route de la Soie? Tu l’as raconté quelque part?
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Le bleu de ces minarets et coupoles est vraiment féérique! Quant aux murailles, leur forme est étrange pour nous!
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@claudialucia : l’expression « plaisir des yeux » galvaudée par les marchands orientaux prend toute son ampleur
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