Hauteville house – la Maison de Victor Hugo en exil

CARNET DE GUERNESEY

Hauteville House Salon rouge

Je suis arrivée trop tôt, on me demande d’attendre dans le jardin, très agréable mais un peu humide sous la pluie.

Visite guidée en très petit comité (5). Réservation d’un créneau horaire par Internet obligatoire. (Mercredi fermé) . Il convient de laisser manteau et sac dans des casiers. Pour prendre des notes on m’a demandé d’utiliser le crayon de papier. Durée de la visite : 1 heure.

Hauteville House vue du jardin

Expulsé Jersey en 1855 pour avoir critiqué la visite de Victoria à Napoléon III, Victor Hugo fait l’acquisition de Hauteville House en 1856 et va y installer son foyer en exil : maison familiale spectaculaire et théâtrale.

Le guide va pointer tous les éléments du mobilier, les symboles du décor et décrypter les inscriptions cachées, enrichir la visite de toutes les allusions que Hugo a dispersé dans les pièces. Du plancher au plafond, il ne reste pas une place disponible, tapis, tapisseries sur les murs, les portes, les plafonds. Au contraire : des tiroirs secrets, des passages secrets, des panneaux  qui cachent des rangements et les commodités.  Hugo a décoré sa maison comme il écrit ses chefs d’œuvres, généreux, monumental, impressionnant avec le souci du détail, de la mise en scène, chargé de sens, de mystère…

Victor Hugo sur son rocher d’exil

Le premier salon que nous visitons au rez de chaussée, le « salon générique » est occupé par un grand billard français. Aux murs, les portraits de famille, ceux de Victor Hugo, assez jeune, de ses fils, d’Adèle sa femme, mais aussi de Léopoldine, l’absente, qui n’aura pas connu Guernesey mais à qui Victor Hugo fait une place. Un des fils a réalisé un collage photographique représentant la famille autour de Victor sur son rocher. Des dessins de Victor Hugo complètent le décor. Impressionnant et très sombre, celui qui rappelle la lutte d’Hugo contre la peine de mort.

la cathédrale

Le salon privé est dominé par la « cathédrale » buffet monumental occupant tout un mur fait de recyclage de meubles anciens. Les symboles religieux, ménorah, étoile de David, sont largement présents ainsi que les blasons familiaux. Le double H, H pour Hugo, H pour Hauteville, sont aussi une marque omniprésente.  La table est aussi une porte réutilisée.

Un atelier- photo est caché dans l’épaisseur d’un mur : chambre noire mais aussi évier et tout ce qu’il faut pour développer les clichés.

Salle à manger carreaux de Delft

La cheminée de la salle à manger est tapissée de carreaux de Delft, le double H ressort en relief. Notre Dame de Bon Secours peut être assimilée à La Liberté guidant le Peuple. L’inscription EXILUM V ITA EST montre l’acceptation de l’exil, une fois la maison terminée. Entre deux fenêtres, le siège des ancêtres contribue à inscrire les ancêtres dans cette maison. On peut y voir de près les blasons familiaux. Hugo a été fait pair de France par Louis Philippe, il conserve à Guernesey les insignes de sa noblesse.

Dans chaque pièce on peut observer les chinoiseries que l’écrivain collectionnait.

Montant l’escalier sur un palier surchargé de draperies (la tapisserie conserve la chaleur), nous découvrons à l’étage les salons d’apparat rouge et bleu, rappelant le luxe des salons parisiens. Des tableaux de perles occupent tout le panneau qui fait face aux fenêtres avec  des statues, bibelots et chinoiseries .

la chambre

Le deuxième étage est encore plus théâtral : chambre à coucher et bureau de l’écrivain. Les meubles proviennent de stalles d’église, bois foncé tourné. Involontairement je pense à La folie des Grandeurs, adaptation cinématographique de Ruy Blas avec ses sévère meubles espagnols. Au bureau, non pas un fauteuil mais trois Pater – Mater- Filius allusion à la trinité. En guise de séparation des colonnes torses avec des raisins comme dans les églises baroques et au centre « l’arbre de feu » candélabre monumental qui n’a pas dû servir beaucoup : allumé il aurait brûlé le plafond. Le lit rouge, à baldaquin, est disproportionné, à la tête de lit, une tête de mort, pommeau d’une canne d’ivoire. Un escalier secret est caché dans le mur, conduit-il à la chambre de travail au troisième étage, ou a-t-il permis à Juliette Drouet de rejoindre discrètement son amant ?

Verrière

Au dernier étage, une verrière offre un espace lumineux. Hauteville house est admirablement situé en haut d’une colline. La vue est extraordinaire. Par temps clair Hugo pouvait contempler les côtes françaises. C’est là qu’il travaillait et dormait sur une couche posée au sol, presque un campement si on compare avec la chambre théâtrale située juste au-dessous.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

10 réflexions sur « Hauteville house – la Maison de Victor Hugo en exil »

  1. A part la verrière, j’aurais étouffé dans un décor aussi chargé ! mais c’est grandiose, peut-être arriverais-je à y aller un jour. (j’ai apprécié la visite de sa maison, place des Vosges, sans parler de celle de Villequier, où s’est noyée Léopoldine).

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    1. @keisha : Ces pièces surchargées et théâtrales devaient être peu commodes à vivre puisque Hugo préférait s’installer à l’étage de la grande verrière et dormait sur une couche étroite, presque un lit de camp.

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  2. C’est vrai que Victor Hugo avait la folie des grandeurs ! Et pourtant il préférait la verrière ! Moi aussi ! Quant aux escaliers secrets, cela fait penser à Hernani, la porte dérobée. Etant donné la vie sexuelle de Victor Hugo, les escaliers devaient servir mais pas seulement à Juliette !

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