La plantation des poivriers est située dans la colline à la sortie de Kep.. La région a été tenue par les Khmers rouges jusqu’en 1998 quand le Gouvernement a décrété une amnistie. En 1993 trois journalistes australiens venus en reportage y auraient été capturés et tués. La colline est maintenant plantée de manguiers, tecks, jaquiers mais elle a été minée, tout au moins le long de la route et de la rivière.
Souris démineuse
J’ai vu récemment à à la télévision un reportage sur un rat démineur, Khem me corrige :
– « Ce n’est pas le rat, c’est la souris qui a un odorat très fin. On leur fait sentir de la nourriture ayant l’odeur de la TNT. Quand elles sentent une mine elles grattent mais elles sont trop légères pour déclencher le mécanisme »
Plantation de poivriers de Madame Kau Seng

Madame Kau Seng travaille avec son mari sur une exploitation de 7 ha depuis
Ans. Les poivriers sont sa production-phare mais elle cultive aussi d’autres fruits.
Les poivriers sont des lianes qui s’enroulent sur des piquets verticaux et grimpent sur des fils tendus entre ls arbres. Le poivre cultivé en agriculture biologique nécessite des soins parce qu’il est attaqué par des chenilles. Il faut enlever les feuilles enroulées sur elles –mêmes contenant le parasite. La première récolte se fait à 3 ans après plantation, une récolte par an, précise-t-elle. Le poivre fleurit en aout et se récolte fin mars. En ce moment les grains ne sont pas murs. Ils se présentent en petites grappes vertes. Khem nous dit que les crevettes au poivre vert sont son plat préféré.
Les durians sont en fleur : un gros pistil, de très longues étamines, de petits pétales charnus beiges tout contre les grosses branches. Certains fruits sont déjà formés et gros mais l’odeur repoussante n’arrive qu’à maturité (tant mieux). Il faut attendre 4 ans pour que l’arbre produise (une récolte par an). En saison sèche on arrose chaque jour au tuyau dans un grand cercle de 2m de rayon autour du tronc de l’arbre. Le rendement est diminué par les champignons parasites.

Nous découvrons les sapotiers et les sapotilles , fruit oblongs marron que je n’ai jamais goûté.
L’arrosage vient d’un bassin circulaire et de citernes d’eau de pluie. Au pied de la citerne poussent de petites touffes d’une herbe odorante que Khem appelle « persil » pour la soupe et qui ne ressemble pas du tout à du persil. Dans une citerne des bouquets de liseron d’eau sont conservés.
Les manguiers ne sont pas irrigués. La rosée du matin leur suffit. Ils ont sans doute des racines profondes qui vont chercher l’humidité encore présente dans le sol. Les mangues vertes sont déjà grosses. Vertes, elles ont un goût piquant et se mangent salées. Au pied des manguiers poussent des sensitives. On ne désherbe pas les manguiers comme les autres arbres du verger Un petite motoculteur peut aider au désherbage mais l’essentiel se fait encore à la houe.

Avant de partir Madame Kau Seng nous montre le produit fini : le poivre ensaché pour être vendu : poivre noir, rouge ou vert. On le cueille lorsqu’il est mûr : la baie est alors rouge. On la fait sécher au soleil sur des nattes ou des bâches sur le toit de la maison pour éviter les dégâts dus aux oiseaux. Le poivre rouge et le vert sont les mêmes graines, on a simplement enlevé l’écorce.
Les Khmers rouges se cachaient à l’abri des grands arbres de la colline : on les a donc coupés.