JUMELAGE CRETEIL/POBE

Les Béninois savent recevoir! Un accueil extraordinaire
Les festivités en notre honneur
Le CEG1 se trouve à l’entrée de Pobé que nous ne visiterons donc pas.
Nous avons 30 minutes de retard sur le programme des festivités. Nous passons entre deux rangées de scouts qui font le salut à 3 doigts. Cela me renvoie 40 ans en arrière ! La haie d’honneur est complétée par les correspondants en tenue du dimanche aux vives couleurs, tirés à 4 épingles. D’un côté, les 4ème M1, de l’autre les 4ème M2. Nous avons l’impression de passer en revue les élèves de manière quasi militaire. Mes trois jeunes collègues n’apprécient pas trop. Au niveau des correspondants, notre groupe se scinde. Je fais le portrait de chaque enfant pendant que Damien note les noms. En face, Stéphanie et Laure font de même. Mon cœur se serre. Les 4èmeM2 n’auront ni lettres ni cadeaux. J’ai essayé de réparer en urgence cet oubli. Seules Hana et Maéva ont écrit et je n’ai rien à offrir. Comment faire la distribution aux uns sans blesser les autres ?

Une table d’honneur est dressée couverte d’une nappe blanche fleurie de bouquets en tissu. Le programme de la journée est très complet. Derrière nous, à l’ombre d’un beau manguier, une véritable salle de classe est installée. D’un côté, les professeurs, de l’autre les élèves. Les classes sont logées dans des bâtiments en longueur construits sur des blocs de ciment qui font une estrade parfaite pour le spectacle qu’on a préparé en notre honneur.
Chants et danses de bienvenue :
les filles ont peint des taches blanches sur le décolleté et sur les bras. Elles portent leurs plus beaux bijoux et leurs plus beaux atours. La vedette est Floride en robe verte et magnifique pectoral en or, ses cheveux cachés par un turban vert assorti. Elle chante avec assurance et danse très bien. Le Directeur nous explique que c’est l’hymne national.
La pièce de théâtre, écrite en notre honneur, raconte l’histoire d’un père qui impose à sa femme les quatre enfants de son frère décédé. La femme soumise apporte de l’eau de bienvenue à son mari, lui enlève sa veste. Elle oppose un refus catégorique : « Non ! Ces enfants ne resteront pas chez moi ! » . Face à son mari, elle boude. Dès qu’il s’absente, elle devient une marâtre tyrannique. Les enfants se sauvent et sont recueillis par un homme de la FEFA (formation et Education pour la Femme et l’Adolescent) , l’ONG qui est intervenue dans notre projet de Jumelage et dont Thimoléon est le Président.
J’ai le souffle coupé. Jamais je n’aurais pu imaginer une telle organisation : ces chorégraphies, cette pièce de théâtre. Jamais nos élèves cristoliens n’auraient pu soutenir un tel travail avec une telle application et une telle discipline.
L’organisation, la discipline, sont la mission des scouts qui déménagent les éléments du décor et les costumes.
L’actrice principale lit un très long discours résumant le Projet du Jumelage entre les deux collèges. Je suis à la place d’honneur en tant qu’instigatrice du projet avec Thimoléon. Je suis très émue. Rouge de confusion (aussi à cause de la chaleur). Dans ma tête trotte l’idée insidieuse : comment répondre à un tel discours ? Prendre la parole devant mes collègues ne m’intimide pas, en principe. Aujourd’hui je m’en sens incapable. Heureusement, on ne me le demande pas.
Le Directeur est un colosse habillé d’un magnifique boubou blanc damassé. Il est très impressionnant. De sa haute stature, il délivre un discours majestueux et africain. Je ne sais plus si c’est Thimoléon ou Romain qui a commencé par ces jolies paroles :
« En Afrique, la pluie est un heureux présage. Il a plu le jour de votre arrivée. Puis le soleil est revenu avec la chaleur de l’Afrique. Notre Projet est donc réalisé sous les meilleurs auspices. »
