3ème CARNET BÉNINOIS ET TOGOLAIS

La route inter-états est bien entretenue. Même signalisation routière qu’en France, 50 en agglomération . Les jardins de maraîchers bordant la route, sont très soignés. Comme à Cotonou, on arrose avec la double pomme d’arrosoir fixée sur des tuyaux jaunes. L’arrosage est l’essentiel du travail.
Plus loin, on cultive le manioc. Sur le bord de la voie, on vend de grands cylindres de gari et de tapioca. Kamal insiste : le tapioca est très nourrissant et plein de vitamines. Cet amidon de maïs ne me plaisait pas du tout quand j’étais petite. Cela ressemblait à des œufs de grenouille dans le bouillon.
A l’approche de la frontière, les camions en stationnement sont de plus en plus nombreux. Certains viennent de très loin. Ils sont chargés de tuyaux, de grosses bobines de fil de fer et de chargements très hauts cachés par des bâches Certains sont décorés. Je lis « Heaven helps » sur l’un « Body Body » sur le suivant. Kamal nous montre ceux qui sont nigérians, ceux qui vont jusqu’au Niger ou au Burkina Faso. Ils sont pris leur chargement à Lomé, peut être au Ghana. Jamais de tels monstres ne circuleraient en Europe. Sur la route de Pobè nous en avons vu un qui avait perdu l’équilibre et basculé dans le fossé en cherchant à éviter un autre en panne qui encombrait la voie. Les sacs de charbon étaient déversés sur le talus.
Passage de la frontière du Bénin/Togo
On passe la douane à pied. Il faut d’abord se rendre au poste de contrôle béninois. Le fonctionnaire, en uniforme bleu, bien en chair, le crâne rasé avec des épaulettes fait consciencieusement et lentement son travail.
– « l’adresse du passeport est elle encore valide ? »
– « Quel est votre hôtel à Cotonou ? »
– « Votre profession ? », « encore en exercice ? » s’étonne-t-il ? Au Bénin, la retraite des fonctionnaires est à 55 ans.
– – « il faut maintenant plus de 40 ans de service » , je réponds, un peu vexée.
Ce n’est pas la première fois au Bénin qu’on me traite en vieille dame. Il recopie puis revient à la question de la retraite qui semble l’intéresser :
– « pourquoi la France a-t-elle reculé l’âge ? »
– « pas assez d’enfants ! », je réponds.
Cette idée lui plait. Sans doute les africains remplaçant les enfants manquants, seront-ils mieux accueillis ?
Premier tampon.
– « numéro du véhicule ? » Juste derrière moi, Kamal a surgi comme par enchantement.
On remonte en voiture. La frontière se passe à pied par une porte étroite qui donne dans un couloir noir. Le policier Togolais cherche le visa et appose un autre tampon. Ce n’est pas le dernier. Il faut aller à l’Emigration où deux fonctionnaires officient à un comptoir. Même questionnaire que chez les Béninois.
– « numéro du véhicule ? encore une fois Kamal est arrivé sans qu’on s’en rende compte.
Un jeune passe dans tous les bureaux béninois et togolais ; il distribue des boîtes à gâteaux. Les premiers l’avaient reçue d’un air distrait. J’avais cru qu’on lui livrait son déjeuner. Son collègue l’avait ouverte. Elle était pleine de sachets argentés. Quelle utilité ?
Du côté Togolais, on n’est pas prude. On distribue les préservatifs à tous les passants (pas à nous, à cause de notre peau blanche ou de nos cheveux idem ?). Une femme se rebiffe:
– « mon mari ne met pas ça ! »
Le policier est rigolard :
– « il n’est pas forcé ! »
Le nombre des camions explique peut-être cette initiative. Il est connu que l’épidémie se propage, entre autres, par les voies de communications, les routiers loin de leur domicile, fréquentant des prostituées. Et puis, ce passage obligé devant les autorités est un excellent prétexte.
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Campagne de Prévention VIH au Togo
Affiches
Au Togo, la campagne d’information par affiches est très active. Un panneau publicitaire sur deux est consacré à la prévention contre le VIH, en français mais aussi en anglais.
Bilingue : Le Sida ne connait pas les frontières.
Protège-toi !
Illustrée par une carte des pays traversés par la route inter-états :
« Pour un corridor sans Sida »
Sympa : deux collégiens souriants, décor de rubans rouge, Ils ont écrit au feutre sur la paume de leur main : « C’est ma vie », une petite main jaune genre « touche pas à mon pote.
Nous sommes trop jeunes pour le sexe.
L’abstinence c’est mon choix
Une publicité pour les condoms :
Un ami dans la cité
Ciblé adultes : 3 couples d’origines sociales différentes, de l’homme d’affaire à l’ouvrier :
Nous avons fait le test
Nous sommes sereins
Plus surprenant et martial : 6 militaires brandissent une pochette :
Les forces Armées s’engagent pour le combat du Millénaire
Contre le VIH
La chute rend sympathique le ton provocant et militariste du début.
Les autres affiches se répondent :
Deux basketteurs, un ballon, un panier
On n’attrape pas le Sida en jouant ensemble
Deux femmes goûtant la cuisine dans un fait tout
On n’attrape pas le Sida en mangeant avec une personne séropositive
Plus sobre :
Les personnes séropositives sont aussi utiles à la société
Je ne sais pas qui a réalisé cette campagne tonitruante mais plus personne au Togo ne peut ignorer la maladie ni les moyens de se protéger