Enclos paroissiaux, Monts d’Arrée : tourbière allée couverte

 ROSCOFF SENTIER CÔTIER, CHOU-FLEUR, ALGUES & THALASSO

à la découverte des enclos paroissiaux


Temps couvert. Une bande orangée nous laisse l’espoir de voir le soleil.

en route vers Landivisiau : choux fleurs
Le circuit des Enclos Paroissiaux commence à Landivisiau. Autour de Roscoff et de St Pol de Léon la campagne est cultivée exclusivement de choux fleurs et d’artichauts. Tous alignés, de même taille, pas une mauvaise herbe, pas une feuille qui dépasse. Le Prince de Bretagne est tout puissant.Comment les paysans se procurent ils les semences, les engrais et les pesticides ? Quelle catastrophe si le cours vient à s’effondrer ! Il faut que j’en parle avec la propriétaire. Ils cultivent aussi des oignons et des salades Iceberg, mais où ? Toute puissance de l’Agro-alimentaire. On ne parle même plus d’agriculture à cette échelle. D’ailleurs, je lui ai demandé si nous pouvions acheter les légumes à la ferme. Elle a pris un air étonné. Leurs salades sont destinées aux sachets de « salade mélangée ».

Aux alentours de Landivisiau la monoculture du Prince est battue en brèche par l’arrivée du maïs. Plus loin, le bocage d’herbe verte avec des laitières noires et blanches ? Les gens ici sont conscients des enjeux politiques de l’industrie agroalimentaire. Dans chaque église, une discrète affiche jaune invite à une conférence « Le Soja contre la Vie » à Châteaulin.

Le premier calvaire du circuit, à l’entrée de saint Pol de Léon, est masqué par les panneaux publicitaires dans l’univers de consommation des ZAC à l’entrée de la ville, zones industrielles, entrepôts et hypermarchés installés à l’entrée de chaque ville – même petite – quelle tristesse !
Landivisiau est très animée le samedi matin. Nous aurions volontiers fait nos courses dans le beau marché couvert. Nous achetons du pain frais pour accompagner crevettes et langoustines de l’andouille de Guéméné et du boudin.

Saint Thégonnec

Saint Thégonnec  possède un enclos paroissial  monumental. On y pénètre par une Porte Triomphale (1587). Le magnifique calvaire est peuplé d’une multitude de personnages en habits du temps d’Henri IV portant la fraise. Le sculpteur semble s’être beaucoup amusé à leur faire des trognes de soudards ou des cheveux longs de mousquetaires. Face à l’enclos : le Bar du Loup. Le saint patron local, Thégonnec, après que le loup ait dévoré son âne l’avait attelé à sa charrette. Je découvre avec plaisir la petite statue le représentant. A l’intérieur de l’église Saint Hervé est aussi représenté dans ses démêlés avec cet animal.

Dans l’église

Comme l’église de Roscoff et toutes celles que nous visiterons aujourd’hui, l’église possède un beau plafond de boiserie. Elle est vaste, deux nefs partagées par des arcades. La chaire de bois sculpté, peinte et dorée attire tout de suite le regard. Des sculptures des vertus, les angelots dépassent. Bas reliefs, médaillons et guirlandes de fleurs. Tout cela est coloré, un peu naïf, kitsch. Je ne sais plus où donner de la tête entre les boiseries, les colonnes torses, l’Arbre de Jessé, les statues des saints…Comme à Roscoff, je suis ébahie devant une telle abondance de décors dans une église de village. Etonnée aussi de cet art proche du baroque mais en plus naïf. Les oiseaux picorant les pampres de vigne sont de bois et non pas d’or, les couleurs pastel des médaillons trahissent une certaine simplicité.

Guimiliau
Quelques kilomètres seulement nous séparent de l’Enclos de Guilmiliau ,celui qui m’a le plus impressionnée, avec ses 200 personnages peuplant le calvaire. Le panneau représentant l’enfer  m’a le plus amusée : Cattell Gollet, une pécheresse personnage connu ici. Dans le calvaire (1591- 1588)  les personnages narrent la vie de cette époque. Sous le porche deux rangées de saints et d’apôtres nous accueillent, nous n les identifions grâce à leurs attributs traditionnels.
Le baptistère de bois sculpté retient longuement notre attention. Saint Louis a la figure de Louis XIV (pas étonnant, il a été sculpté en  1675) . Le buffet d’orgue  date de la même époque ainsi que la chaire. Comme à Saint Thégonnec,  les retables richement ; colorés représentent les saints locaux : Saint Hervé et son loup, saint Yves patron des avocats entre le riche et le pauvre,Saint Miliau, roi breton décapité. Je me régale de toutes les anecdotes et des détails qui fourmillent dans ces sculptures.

Lampau-Guimiliau

Tout près, encore un Enclos remarquable à Lampau-Guimiliau, village très tranquille plus petit que les précédents, un seul magasin de souvenir, un bar. Tout semble fermé. Il est vrai qu’il est midi. Nous passons encore sous une porte triomphale pour trouver un calvaire. Sous le porche, les mêmes saints nous attendent, Pierre avec ses clés, Simon et sa scie, André et sa croix…A l’intérieur, toujours des lambris peints de bleu, une frise sculptée … Une Poutre de Gloire traverse la nef(16ème siècle) sculptée très colorée.

Sur la route de Commama

Nous avons visité avec beaucoup d’attention ces trois édifices , il est temps de passer à autre chose. Tout d’abord à pique-niquer  en bordure des monts d’Arrée, sur la route de Commana, devant un vaste paysage vallonné, avec des prairies très vertes où ruminent des vaches, nous dégustons langoustines et crevettes.
L’enclos de Commana  nous déçoit, l’église est fermée. Dans le cimetière qui se trouve dans l’enclos, on lave les tombes à grande eau à l’occasion de la Toussaint comme dans Volver  d’Almodovar.
l’allée couverte

allée couverte

Nous tournicotons dans la campagne à la recherche de l’allée couverte de Maugau Vian. De belles dalles de granite d’un  peu plus d’un mètre de haut sont alignées sur 14 m. A l’entrée, un panneau signale des  pétroglyphes : des lances et les deux seins de la Déesse Mère. Je suis sceptique, les pétroglyphes, je ne les trouve jamais ! Et bien si ! Les deux hémisphères sont bien perceptibles ainsi qu’une gravure qui ressemble à une plume.

La tourbière

Tourbière

Du parking part une promenade dans la tourbière – Ouverte de Mai à Octobre – lit on. Un cheminement de planches a été aménagé avec des bornes explicatives. Un korrigan, pour l’amusement des enfants, joue le rôle de  guide. Les explications sont très bien faites, et pas seulement pour les enfants. Des saules et des peupliers se sont installés sur ce qui était une pâture humide. La tourbière est menacée par ce boisement sauvage. Contre toute attente, une tourbière doit être entretenue. Nous traversons donc un petit bois très humide et moussu. C’est à la sortie du bois que  nous découvrons la tourbière proprement dite plantée de végétaux caractéristiques : la Narthécie ou Oxyfrage qui ressemble  à une graminée portant une inflorescence épaisse orange. Un panneau signale des plantes carnivores : droseras que je cherche longuement, sans succès. Sans doute la saison est trop avancée et elles ont disparu. Parmi les Narthécies, bruyères et callunes fleurissent encore. La ¨Plante de tourbière c’est la Sphaigne, plante éponge formant des coussinets en étoile. Les coussinets noyés formeront la tourbe tandis qu’au sommet de nouveaux coussinets cherchent la lumière. Il est écrit que la tourbière joue le rôle de château d’eau. Château d’eau bien plat alors que les crêtes des Monts d’Arrée sont toutes proches !

la lande

ajoncs de la lande

Nous parvenons à la lande. J’ai la surprise d’apprendre que la lande n’est nullement un paysage naturel mais une création  de l’homme à la suite de l’écobuage et du déboisement. Même les ajoncs ne poussent pas ici par hasard ! Avant l’introduction des prairies artificielles au 17ème    siècle on a apporté des ajoncs pour améliorer la qualité des sols granitiques pauvres avant de cultiver le terrain en céréales. L’ajonc était aussi utilisé, broyé, comme litière pour les animaux. Ajoncs et callunes fleurissent en cette fin octobre alors que les fougères aigles sont complètement roussies ayant leur aspect hivernal. Le sentier aboutit à un large chemin d’ardoise qui monte vers les crêtes. En un bon quart d’heure je serais parvenue au sommet si un grillage n’en avait pas interdit l’accès. Une baie rouge, brillante et juteuse roule à mes pieds. Quel est ce fruit semé en vol par un oiseau ? Je découvre rapidement un hou magnifique haut de 4 à 5 m. Un peu plus loin, un pommier sauvage porte des petites boules rousses innombrables : des petites pommes miniatures ! je n’en avais jamais vues. Pour être plus sûre, j’en dissèque une et la goûte. C’est bien une petite pomme mais son goût est infect : âpre et blet à la fois.

Sizun

Dernier enclos : Sizun. La Porte Triomphale est très grande, digne d’un arc de triomphe an tique ou d’une loggia toscane. Le reste de l’enclos est sans prétention. L’ossuaire Renaissance est fermé. L’église ressemble à celles vues ce matin. Nous sommes blasées. Cinq enclos pour la journée, c’est beaucoup ! Nous passons sans nous arrêter devant le 6ème du circuit à proximité de Landivisiau.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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