Les voisins de Dieu – film de Meni Yaech

TOILES NOMADES

 

Je ne serais pas allée de moi-même voir ce film après avoir lu les critiques. On m’y a poussé. Plaisir d’écouter de l’hébreu et de le comprendre encore. Par ailleurs, je savais que je me sentirais agressée par ce film violent.

Même filmé très près avec beaucoup (trop?) d’empathie et de tendresse (on pense à Rengaine) les héros sont insupportables. film de petits mecs, de petits fachos qui font terrorisant  le quartier à coup de battes de base-ball ou pire. Ordre religieux en punissant celui qui a gardé sa boutique ouverte quelques minutes après le début du Chabat. Ordre moral en chassant le vendeur de DVD-X. Ordre des mecs en décidant de la longueur des shorts des filles. Ordre raciste quand il s’agit de faire une ratonnade contre les Arabes de Yaffo, et éventuellement contre les Russes qui ne sont pas de leur bande.

Ils sont étonnants ces trois copains, Avi, Kobi et Yaniv – s’ils ne portaient pas la kippa voyante blanche crochetée, ils ressembleraient comme des frères à ces Arabes qu’ils pourchassent et à nos racailles de banlieue. Même dégaine, joints et musique hip hop un peu orientale à plein tube, foot et Thora. Enfin, pour ce qui est de l’exégèse, ils laissent cela à leur rabbin charismatique qui les entraîne dans la danse. Plutôt la transe que l’étude!

Nous ne sommes pas à Jérusalem dans une yeshiva traditionnelle mais à Bat Yam, banlieue de Tel Aviv. Ce ne sont pas des érudits blafards mais un vendeur de légume d’origine turque, un copain marocain, et leur spécialité est plutôt le chechè-bech (jeu de tric trac oriental.

Pourtant le film fonctionne bien, il y a une jolie histoire d’amour avec une fille qui n’est pas religieuse mais qui a assez de personnalité pour s’opposer à la violence des trois héros.  Avi fera sont introspection – plutôt une prière gueulée au bord de la mer. Mais Miri, elle aussi fera des concessions, vestimentaires, et même religieuses. Complaisance?

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Les voisins de Dieu – film de Meni Yaech »

    1. @claudialucia : douteux pour sa complaisance envers les 3 héros, mais il semble que ce soit encore plus compliqué : la compagne du réalisateur a fait des films que j’ai beaucoup aimés…

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  1. Concernant l’hébreu, que j’apprends depuis peu (biblique), j’ai été agréablement surprise de constater qu’indépendamment des parties relatives aux prières, j’arrivais à capter certains mots et expressions de l’hébreu moderne. Celle qui m’a fait le plus rire je crois est « Gadol! » pour dire « Enorme! »
    Je ne pense pas qu’il s’agisse, concernant les efforts réciproques d’Avi et de Miri, de complaisance, en tout cas, ce n’est pas ainsi que je l’ai perçu! 🙂

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    1. @ claire : la complaisance c’est plutôt la tendresse avec laquelle les mauvais (vraiment mauvais) garçons sont filmés. Les efforts d’Avi et Miri sont louables. Mais je remarque que Miri se retrouve dans le rôle dévoué à l’épouse juive….

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