Promenade en barque sur le Lac Prespa

CARNET MACEDONIEN

Germanos aux commandes

Après le petit déjeuner, nous trouvons Germanos à la terrasse de sa taverne. Sa barque de pêche est ancienne, en bois avec l’étrave pointue, peinte en noir. Le « bateau de croisière »est en plastique, très confortable avec des coussins rembourrés.

La croisière commence dans le petit golfe où se niche le village. L’eau y est noire et très profonde, calme aussi. Une ligne sur la falaise entre la roche patinée et la roche blanche, matérialise les variations du niveau du lac (6 à 7m).

Fresque rupestre du lac Prespa

Sur le calcaire, des fresques rupestres : la Vierge et l’Enfant et un petit ermitage, une grotte protégée par un mur.

A la sortie du petit golfe, l’eau est beaucoup plus agitée (avant-hier, avec le vent du nord, les vagues atteignaient 1m de haut). Germanos nous montre encore les frontières séparant la Grèce de l’Albanie et de la FYROM. La petite île aujourd’hui déserte contenant des ermitages est macédonienne. C’est là que convergent les trois frontières. Une autre petite île est albanaise.

Au cap, se trouve un poste d’observation français pendant la Première Guerre Mondiale. C’est un endroit très poissonneux l’hiver. Dans une grotte une église Micri Analepsi est blottie, on devine les trois cellules des moines. Des escaliers permettent d’y monter.

Petits cailloux blancs  des plages où l’eau est très transparente. En ce moment la température  de 22°  n’incite pas à la baignade. Au plus chaud de l’été, elle peut atteindre 27°. Les plages sont accessibles en bateau mais il existe également des chemins et des escaliers d’accès.

Au dessus, la Route Française  devait relier Psarades au village albanais de Koritza distant de 28km, c’était la première route construite à Psarades. La route actuelle date de 1950.

pélicans de Dalmatie

Sur les rochers, sont perchés de nombreux cormorans et, surtout des pélicans sur l’embarcadère de la Panagia Eleoussa, l’église perchée dans une grotte. Une centaine fuient à notre approche.  150 marches taillées dans la roche pour arriver à l’église, ravissante avec une jolie icône de la Vierge au dessus de la porte. On a imité la brique avec des motifs rouges sur la façade. Construite au 15ème siècle, elle était entourée des cellules des moines. Jusqu’à 25 ermites vivaient là. L’intérieur de l’église est entièrement peint à fresques. Les yeux s’habituent à la pénombre, puis on distingue les scènes.

L’église perchée dans la grotte

Nous rentrons en prêtant attention aux nombreux oiseaux perchés à contre-jour sur les rochers : tête fine et cou sinueux des petits cormorans, air satisfait des pélicans qui s’envolent lourdement, élégants hérons, hiératiques qui chassent à l’affut. L’un d’eux s’envole. Dans son bec, se tortille un serpent.

Germanos a poussé le moteur. Le bateau rebondit à la surface de l’eau comme si elle était solide. Les à-coups sont brutaux pour mes lombaires endolories. Il arrête le bateau devant une croix rouge peinte sur la roche claire qui matérialise le niveau de l’eau le 26 juin 1966.  Avec de bonnes jumelles on pourrait distinguer sur l’icône de Saint Nicolas les impacts de balles d’une patrouille française qui, pour s’amuser a fait un carton. Saint Nicolas, pour se venger a levé le vent du nord en tempête qui a coulé le bateau français. Ce n’est peut être qu’une légende. Le lac est profond de 30m, personne n’a plongé pour retrouver le bateau.

Au retour, Germanos nous signale la petite chapelle Saint Athanase endommagée par les intempéries, protégée par une forêt de pins magnifiques que les gens de Psarades ne coupent pas.

En rentrant à la taverne, Germanos me demande si je n’ai pas perdu 5€ en montant à la Panagia Eleoussa. Il demandera au village.  Si personne ne les réclame, c’est le tronc de Saint Pierre qui les recevra pour les cierges qu’on allumera pour admirer les fresques.

 La promenade en barque a duré une bonne heure et coûté 30€

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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