Naoussa-Mieza et les tombes de Lefkadia- Ecole d’Aristote

CARNET MACEDONIEN

la saison des pêches et des brugnons autour de Naoussa

 

Mieza

Une épaisse brume noie la plaine ce matin. Les nuages accumulés sur les hauteurs ont du mal à se dissiper, annonçant une journée chaude et lourde. Les écriteaux flèchent MIEZA – Théâtre antique et maison hellénistique. Mieza est le nom de la ville antique de Naoussa, ville macédonienne où Alexandre le Grand suivit l’enseignement d’Aristote

Le petit théâtre est en restauration, une belle grue jaune se trouve au beau milieu de la scène et les gradins en  belle roche poreuse du Vermio,  paraissent tout neufs. Ces restaurations paraissent exagérées au premier abord. Un théâtre antique peut être utilisé à nouveau, l’acoustique est généralement excellente et les spectateurs prennent place sur els anciens gradins. Au lieu de rester des ruines romantiques le théâtre reprend vie.

De la maison hellénique, en revanche, nous ne verrons rien. Les hautes graminées et les élégantes hampes des avoines cachent les vestiges.

Autour du site, la récolte des pêche bat son plein. Nous ne voyons pas les cueilleurs mais entendons la radio. Pas de dimanche chez les agriculteurs ! C’est pourtant dimanche au village de Kopanos où les dames ont fait une belle mise en plis, ont sorti le sac à main, la jupe noire et le gilet assorti pour aller à la Messe. Certaines se protègent du soleil en brandissant leur sac de cuir à fermoir métallique au dessus du visage. Juste après Kopanos, nous négligeons un site préhistorique (souvent décevants les sites préhistoriques) et suivons d’autres flèches « Mieza – tombes macédoniennes ».

Un parking ombragé, une structure bétonnée hémicylindrique. Le gardien, jeune, qui parle anglais, vient à notre rencontre. Sans le savoir nous sommes arrivées sur le site des tombes de Lefkadia. Lefkadia est le nom du  village moderne. Les archéologues préfèrent Mieza.

La Tombe du Jugement

La première tombe est La Tombe du Jugement  –  la plus grande tombe macédonienne jamais retrouvée -.  Colonnes doriques ornent la façade surmontées de métopes peints représentant le combat des Centaures et des Lapides surmontés d’une frise ionique Combat des Grecs et des Perses. La tombe est protégée par un toit de béton et des portes métalliques. L’air est contrôlé. Le gardien nous fait pénétrer dans l’entrée et nous découvrons le magnifique tombeau derrière un échafaudage compliqué. On restaure, on colmate, on nettoie. C’est émouvant de voir l’édifice original mais on comprend mieux en regardant les dessins sur un panneau extérieur. Le défunt est un militaire, ceint de pourpre. Il n’est pas nommé, tellement fameux que cela ne semblait pas nécessaire. Un général d’Alexandre probablement ? La tombe a été pillée dès l’Antiquité et ne livre pas d’indices suffisants pour l’identifier. Sur la façade : 4 images : le défunt en tunique courte, Hermès Psychopompe  qui l’entraîne vers les Juges de l’Enfer : Atakos et Rhodomonthys, assis, enveloppés dans des toges à longs plis.

Palmettes

 Non loin, se trouve la Tombe des Palmettes. D’autres tombes se trouvent à Lefkadia – fermées à la visite »il y a une crise en Grèce » s’excuse le gardien. La tombe des Palmettes doit son nom aux palmettes colorées qui ornent son fronton portant aussi une très belle peinture représentant Perséphone et Pluton. Ici aussi, l’atmosphère est contrôlée et des échafaudages gênent la visite. On nettoie et rafraîchit les fresques. Le plafond de la chambre funéraire est bleu ciel avec des motifs compliqués, entrelacs de fleurs et palmettes. On imagine une fenêtre sur le ciel visible à travers une tonnelle. Les murs sont rouge sang.

Sur la route de Naoussa à Kopanos, une route mène à l’Ecole d’Aristote ou Nymphéum.

Nymphéum : école d’Aristote

. J’ai relu hier les premiers chapitres de La Vie d’Alexandre de Plutarque, cherchant le récit de l’assassinat de Philippe. C’est assez embrouillé mais j’ai trouvé ceci :

« il (Philippe) appela auprès de lui Aristote […]il assigna pour les études et exercices de son fils un lieu appelé Nymphéum près de Mieza (Naoussa) »

Le site est accessible par un escalier à larges marches sous un épais feuillage. C’est une promenade le long du ruisseau. La falaise a été sciée par endroits. On voit des niches artificielles mais aussi des grottes naturelles. On imagine le philosophe marchant avec ses disciples dans cet endroit rafraîchissant ; Une galerie –stoa– abritait cet enseignement, des tuiles ont été retrouvées et sont entreposée au musée.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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